"Si Darcos, ministre de l'Education, son cabinet et ses recteurs ont reconnu le succès de la manif du 19 octobre (même « Le Figaro » évoque une « forte mobilisation »), ils conservent un joli motif de satisfaction : la faible représentation des parents d'élèves et des lycéens au défilé.
Ces derniers seraient-il insensibles au « plan social » à l'œuvre dans l'éducation ? Xavier Darcos le confie volontiers à ses proches (parmi lesquels un prédécesseur à son poste) : « La plupart des mesures que je prends servent surtout d'habillage aux suppressions de postes. » Car le ministre, en bon connaisseur de la maison « Ed Nat », en est conscient : son nom restera surtout associé à l'hécatombe de fonctionnaires - 11 200 l'an dernier, 13 500 à la prochaine rentrée, un nombre équivalent l'année suivante - décidée par Sarko et Bercy. D'autant qu'avec cette saignée c'est tout un pan de la lutte annoncée contre l'échec scolaire qui tombe : 3 000 postes des Réseaux d'aides spécialisées aux élèves de primaire en difficulté disparaîtront l'an prochain. Et les zones d'éducation prioritaires sont elles aussi sacrifiées.
Il convient donc d'« habiller », mais avec discernement. Les lycéens grondent ? La baisse des horaires dans le secondaire, les stages d'anglais gratuits, la promotion des « méritants » dans de meilleurs bahuts devraient en calmer une partie.
Les parents s'inquiètent ? La suppression de la carte scolaire, le soutien scolaire gratuit, le week-end libéré, le service minimum en cas de grève sont des baumes de qualité. Et cette avalanche de mesures pas chères permet aussi d'opposer entre eux différents « publics ». Parents contre profs grévistes, électeurs de droite contre électeurs de gauche opposés au service minimum, etc.
Habile stratégie du « diviser pour mieux saigner » ?"
Canard enchaîné du 22 octobre 2008
Le palmipède donne une grille de lecture des mesures de notre Darcosy...
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