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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 18:59

Tomber sur « Le Post », où je commets quelques articles (qui se retrouvent sur mon deblog-notes), sur un n° du de Funès(te) qui « fait président » où il compromet Michel Rocard, met un coup au moral. D'autant que Rocard est bien présent et que l'histrion secoué de tics et de grimaces s'adresse bien à lui et que non content de subir les niaiseries infantiles dont il est accablé, Rocard déclenche deux ou trois applaudissements.

"Le capitalisme, pour moi, c'est l'effort, c'est le travail, c'est l'esprit d'entreprise. C'est la propriété privée, c'est l'investissement à long terme, c'est l'accumulation -comme dirait Michel Rocard- dans la durée, du capital productif. Je fais plus simple que Michel (rire tonitruant de Rocard en fond, prétend un commentateur) mais c'est quand même ce qu'il pense, je l'espère. Je me permets ça parce que... hommage... rendu à notre proximité... intellectuelle."

 

Il avait infligé à une auditoire relevée (la dame Merkel, le sieur Blair, l'ami Lamy, etc.) ces fortes paroles : le capitalisme financier a perverti la logique du capitalisme ; le capitalisme financier donne la préférence aux signes de la richesse (allusion à sa période bling-bling ?) sur la richesse elle-même ; C'est un système d'irresponsabilité, je vais employer un mot fort, c'est un système amoral ; si on n'est pas d'accord sur ce constat-là, alors on n'est d'accord sur rien ! (pas la peine de faire un colloque puisque notre Ouf 1er a fait le constat indiscutable) et il a continué : La crise du capitalisme financier n'est pas la crise du capitalisme. Le remède à la crise que nous connaissons n'est pas l'anticapitalisme. L'anticapitalisme est une impasse. On doit moraliser le capitalisme, non pas le détruire. Il ne faut pas rompre avec le capitalisme, il faut le refonder.*

 

 

Le même, candidat, vantait les vertus des prêts à l'américaine qui allaient entraîner la crise dite des « subprimes » "Les ménages français sont aujourd'hui les moins endettés d'Europe. Or, une économie qui ne s'endette pas suffisamment, c'est une économie qui ne croit pas en l'avenir, qui doute de ses atouts, qui a peur du lendemain. C'est pour cette raison que je souhaite développer le crédit hypothécaire pour les ménages [...].

Je propose que ceux qui ont des rémunérations modestes puissent garantir leur emprunt par la valeur de leur logement.
Il faut réformer le crédit hypothécaire. Si le recours à l'hypothèque était plus facile, les banques se focaliseraient moins sur la capacité personnelle de remboursement de l'emprunteur et plus sur la valeur du bien hypothéqué. Ceci profiterait alors directement à tous ceux dont les revenus fluctuent, comme les intérimaires et de nombreux indépendants." Une prescience qui l'honorait (trop occupé par le bouclier fiscal, il n'a heureusement pas eu le temps de mettre en place ce si généreux système).

C'était l'époque aussi où M. Rocard déclarait : « Je considère que Nicolas Sarkozy est un danger public. Cet homme incarne la vraie droite. Intellectuellement, il est dans la philosophie de l'optimum des marchés et de la disparition de la régulation étatique. On a dit, ici ou là, que cela en faisait un conservateur américain, d'où des rugissements, sur le thème «il ne faut pas diaboliser les gens, cessons les insultes». Mais ce n'est pas une insulte ! Les conservateurs américains sont une très grande école intellectuelle, dangereuse, qu'il faut combattre, à mon avis, car elle pense faux. »

Le même deux ans après était encore sévère : « Comment réformer un pays quand on n'a pas d'idée directrice ni de constance, et quand on n'a plus de marge de manœuvre financière... certes, par la faute d'une crise globale, mais d'abord par ses propres erreurs? L'incohérence en matière fiscale - on taxe pour colmater après avoir baissé les impôts des Français les plus riches - ruine la crédibilité du gouvernement. [...] Nicolas Sarkozy mène une politique économique buissonnante et incertaine. Il n'a pas assez de connaissances économiques, il ne connaît pas l'industrie. Il n'a ni constance, ni patience. Il gouverne à l'impulsion, dans des rythmes médiatiques et pas économiques. Il a trop d'images dans la tête. Il est à la télévision, dans les annonces. C'était peut-être énergétique au début, c'est devenu paralysant et déstabilisant.»

 

Mais, on ne sait pas quel miracle, il va récemment voir en lui le représentant d'«une droite réformatrice et intelligente» avec laquelle la «gauche non révolutionnaire» peut trouver «une grande convergence». «C'est un homme de droite ouvert. La crise est suffisamment grave pour qu'on respecte ce qu'en dit le président sans y voir, en plus, de la manœuvre politicienne».  

 

Que Pascal Lamy se commette dans ce genre de colloque, dont Besson était le maître d'œuvre, se comprend : en tant que président de l'OMC il pouvait profiter de cette rencontre pour tenter de faire avancer les négociations sur le « cycle de Doha » (sauf erreur) en discutant en coulisse avec Merkel et Sarkozy. La présence de Rocard, surtout d'un Rocard apparemment complaisant avec le champion du « Parler faux », déconcerte, pour rester dans l'euphémisme.

Alors, Rocardien plus orphelin que jamais.

 

* Si cette bouillie conceptuelle a "une proximité intellectuelle" avec l'analyse de M. Rocard sur le crise, c'est que j'ai dû mal lire Rocard : "La confiance ne peut revenir quand le PDG ou le banquier, qui gagnait 40 fois plus que ses salariés pendant les deux premiers siècles du capitalisme, gagne 350 à 500 fois plus. Il faut reconnaître que le moteur de la croissance, c'est la consommation des ménages. Cela implique le retour de la masse salariale à un niveau plus élevé : en moyenne sa part dans le PIB a perdu 10 % en vint-cinq ou trente ans.

Il faudra aussi [...] condamner l'espoir d'une rentabilité à 15 % alors que le PIB croît de 2 % par an. Cet objectif de 15 % est un objectif de guerre civile."

Extraits d'un entretien, Le Temps, 23/10/08

 

 

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J
Ce soir je n'ai plus le temps d'écrire sur mon blog, tellement il y a de "grain à moudre" Cet épisode du concentré de comedie du roisarko, m'avait un peu fait bondir mais il est vrai qu'avec ce guignol je n'arrête pâs de faire des bonds.<br /> Non! ce qui me fait un peu plus rire ce sont les "speechs" justement de l'ex premier ministre de Mitterand, que vous citez ici, mais là aussi, par les temps qui courent, il y tellement d'ex ministres de Miterrand "dits de gauche" qui ônt déjà viré de bord, et d'autres attendent impatiemment avec leur boite de cirage et leur brosse à reluire en espérant pouvoir endosser leur veste réversible.
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