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7 janvier 2019 1 07 /01 /janvier /2019 18:41
SNU et laïcité : "Marianne" polémique petitement

La courageuse Zineb El Rhazaoui relaie sur touitteur un assez calamiteux article d’un Hadrien Mathoux, dans une Marianne, qui poursuit sa dérive laïcarde, de Dély en Polony. Il utilise les ficelles les plus usées de la polémique pour prétendre que l’Observatoire de la laïcité détricote la … laïcité. Il est vrai que ce Mathoux ne fait que marcher sur les brisées de Valls, à l’époque Premier ministre !

SNU et laïcité : "Marianne" polémique petitement

L’Observatoire de la laïcité a été sollicité pour donner un avis juridique sur le futur Service national universel (SNU). Son rapporteur, juriste, Nicolas Cadène, s’appuie donc évidemment sur les grands textes – Loi de 1905, Constitution, Déclaration universelles des Droits de l’Homme… – mais aussi sur toute la jurisprudence. Ainsi rappelle-t-il par exemple, ce qui indigne le polémiste, que « le Conseil  d’Etat  dans  son  étude  du  19 décembre 2013, précise que « l’emploi  par  diverses  sources  et  pour  des  finalités  diverses,  de  la  notion  de ‘collaborateur’,  ‘collaborateur  occasionnel’  ou  ‘participant’  ne  dessine  pas  une  catégorie juridique dont les membres seraient, entre autres, soumis à l’exigence de neutralité religieuse. » Citation reprise donc par M. Mathoux dans Marianne, mais en attribuant ces considérations, non pas au Conseil d’état, mais à l’Observatoire de la laïcité !

Procédé constant. Ainsi, l’étude rappelle une évidence : la loi du 15 mars 2004  dispose  que,  « dans  les  écoles,  les  collèges  et  les  lycées  publics,  le  port  de signes  ou  tenues  par  lesquels  les  élèves  manifestent  ostensiblement  une  appartenance religieuse  est  interdit ». Dès lors, cette loi ne peut s’appliquer qu’aux « élèves des  écoles, collèges et lycées publics ». Or le SNU doit, dans un premier temps, concerner tous les jeunes de 14-16 ans dont une partie est scolarisée dans l’enseignement privé – et marginalement scolarisée à domicile - donc non soumise à la loi de 2004. Elle rappelle aussi que les jeunes  accueillis (qui viennent d’établissements scolaires publics et privés) dans  les  établissements  fermés  relevant  de  la  protection  judiciaire  de  la  jeunesse  (PJJ)  ne sont pas soumis à un tel encadrement du port de signes religieux et de la manifestation d’opinions religieuses.  Il n’écarte pas d’ailleurs la transposition des mesures de la loi de 2004 au SNU, mais précise que le  législateur devra faire un nouveau texte pour imposer l’encadrement du port de signes religieux dans  le  cadre  du  séjour  obligatoire  de quinze jours d’internat de la première phase du SNU. Ce qui pour le polémiste est une « concession accordée à la laïcité » ce qui prouve soit sa mauvaise foi, soit son incapacité à suivre un raisonnement juridique, les deux n’étant pas incompatibles.

SNU et laïcité : "Marianne" polémique petitement

Nicolas Cadène, rapporteur de l'Observatoire de la laïcité à une journée : «Valeurs de la République et laïcité»

Hadrien Mathoux fait aussi un procès en sorcellerie au texte pour avoir émis cette évidence que le  « caractère  ostentatoire » ne  doit  pas  être  confondu avec  la notion d’« ostensible », à propos d’un article  R112-15 qui, pour des Journées de défense et de citoyenneté (JDC),  exige de  « ne pas arborer de  signes  politiques  ou  religieux  qui,  par  leur  nature,  leur  caractère ostentatoire,  ou  les conditions  dans  lesquelles  ils  sont  portés,  constitueraient  une  manifestation  extérieure  de provocation,  de  prosélytisme  ou  de  propagande ».

Là où ça devient risible c’est quand il assène : « S'y ajoute une batterie d'accommodements avec la pratique religieuse* des jeunes de 14 à 16 ans appelés : l'autorisation de la pratique du ramadan ou de la fête juive yom kippour - comme les élèves en ont le droit au collège - , mais aussi la possibilité de demander au chef d'établissement de se rendre dans un lieu de culte, des menu des repas proposés avec et sans viande, ainsi que... l'aménagement d'un espace de prière* si les chambres ne sont pas individuelles. » Il concède que pratique du ramadan et du yom kippour sont de droit, donc pourquoi les qualifie-t-il d’accommodements ? Ignore-t-il que les collèges et surtout lycées (sans parler de l’armée) peuvent avoir une aumônerie. Pense-t-il que, le séjour comportant un week-end, les ardentes familles de la manif (anti mariage) pour tous tolèreraient que leurs rejetons ne puissent aller à la sainte messe** ? Quant à la revendication de repas avec ou sans viande, le rapporteur rappelle que contrairement aux cantines scolaires, la fourniture de repas au sein des futurs internats du SNU constituera un service public obligatoire du fait du caractère contraignant du placement qui  ne  permet  pas  aux  «appelés»  de  prendre leurs repas à l’extérieur.

Il est clair que M. Mathoux a fait – volontairement ou pas – une lecture symptomale (et sans doute en diagonale) du texte. Pour faire le procès, cher aux faux laïcs du Printemps républicain, de l’Observatoire de la laïcité, dans une optique liberticide totalement contraire à la Loi de 1905***. Bien qu’assez ardu – il s’agit d’une étude juridique, pas d’un texte polémique - il mériterait d’être lu, car il clarifie la mission de service public, il rappelle que « les principes de neutralité et de laïcité du service public sont applicables à l’ensemble des services publics, y compris lorsque ceux-ci sont assurés par des organismes de droit privé », il rappelle aussi que l’exigence de neutralité ne peut s’imposer à un intervenant ponctuel (ici dans le cadre du SNU, mais ça peut s’appliquer au système scolaire).

Reste à savoir si cette coûteuse usine à gaz que semble devoir être ce SNU verra le jour.

 

* Préconisation prudente du rapport - « en tenant compte des contraintes inhérentes à l’établissement d’accueil » - et qui obéit à l’article 1 de la Loi de 1905 « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes… »

** Á noter que le rapport sur ce point est relativement restrictif puisqu’il soumet l’autorisation de se rendre dans un lieu de culte au fait que ça ne nuit pas « au bon fonctionnement du SNU ».

*** « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. » A. Briand, à propos de la Loi de 1905.

Suite :

MARIANNE démontre sa totale mauvaise foi en affirmant que "Le ministre de l'Education s'est opposé à l'avis non contraignant de l'Observatoire de la laïcité, qui préconisait de modifier la législation pour autoriser le port de signes religieux lors de la phase en internat du futur service national universel. "C'est évidemment une recommandation que je ne suivrai pas", a affirmé Jean-Michel Blanquer."

L'étude juridique - voir l'article - disait exactement l'inverse*, c'est-à-dire que pour étendre l'interdiction qui s'applique aux écoles, collèges et lycées publics au SNU, il fallait un nouveau texte.

Et BLANQUER ment en parlant de "recommandation" et s'attribue un droit de regard totalement stupide puisque l'Observatoire de la laïcité est rattaché au 1er ministre. Ajoutons que l'étude a été faire à la demande de son secrétaire d'état ATTAL.

 

Pour compléter :

http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/service-national-universel-laicite-que-dit-droit.html

 

et

Le service national universel à l’épreuve de la loi sur le port des signes religieux

Dans une étude publiée le 2 janvier, l’Observatoire de la laïcité signale que la loi de 2004 sur le port des signes religieux ne s’applique pas aux jeunes « appelés » du SNU.

 

* " L’organisme présidé par Jean-Louis Bianco  signale notamment que la loi du 15 mars 2004, prohibant le port de signes et tenues religieux ostentatoires par les élèves de l’enseignement public, ne pourra pas s’appliquer telle quelle à la première phase du SNU, où les jeunes des classes de 2de (de 14 à 16 ans) seront astreints, pour une quinzaine de jours dont au moins un week-end, à une période d’hébergement collectif. Il n’en fallait pas plus pour échauffer les esprits."

 

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 20:32
Au secours la droite revient

Robert Ménard, l’ex-cofondateur de Reporters sans frontière, a tenté de réunir les droites à Béziers fin mai. Les droites surtout extrêmes. Il a fait adopter à cartons bleus levés, sous le signe de « Oz ta droite », par un échantillon représentatif de la droite rance, 51 marqueurs de la droite, la vraie !

Avec des prolégomènes qui affirment notamment que la France a besoin d’identité et d’autorité, qu’à force de naturaliser en masse, on dénature en bloc, que mieux vaut faire des enfants que les importer, le ton est donné, droite dure, identitaire, xénophobe. D’autant que le petit maire de Béziers avoue que son Oz ta droite, ce n’est pas un programme, c’est une frontière.

Midi Libre

Midi Libre

Sur ses 51 fameux marqueurs, beaucoup sont de fait communs aux candidats aux primaires LR comme suppression des 35 heures, retraite à 65 ans, priorité aux économies dans le domaine de l’État-providence…

L’ex Président de Reporters sans frontière ne voue pas un amour immodéré aux journalistes et à la presse puisqu’il préconise l’abolition des privilèges (sic) par la suppression de l’abattement fiscal des journalistes et surtout la suppression de toutes les aides publiques, directes ou indirectes, à la presse ; autrement dit la mort programmée de la presse écrite.

Education le grand bond en arrière

En ce qui concerne l’éducation, il reprend une proposition chère aux libéraux modèle Madelin : un chèque éducation qui supprime de fait l’école de la République ! Un grand bond en … arrière avec la suppression du collège unique lancé par Haby en 1975 et réellement mis en place par Alain Savary – un des plus grands ministres de l’Education nationale – à partir de 1981. Et la sélection à l’université ce qui fera encore régresser la France pour l’accès à l’enseignement supérieur. De quoi enthousiasmer l'UNI !

Inutile de dire que le quasi born again catho qu’est devenu Ménard, sous l’influence de sa dernière épouse, prône la suppression de la diabolique loi Taubira (sans rétroactivité tout de même). Plus fort encore il veut interdire la Gestation par autrui (GPA) qui … n’est pas autorisée ! Quant au PACS, il compte le remplacer par un contrat d’association ouvert à tous ceux qui vivent sous le même toit (serait-ce la porte ouverte à la polygamie contractuelle ?).

On pourrait mettre sur le compte d’un prurit sécuritaire son dangereux et dispendieux projet de création d’une Garde nationale composée de volontaires sélectionnés, âgés de 25 à 50 ans, sans double nationalité – autrement dit beaufs de souche garantis purs gaulois - et constituée sur une base départementale, pour un effectif total de 100 000 hommes et femmes si ce n’est que ça vient s’ajouter à de prétendues zones de « non France » dans laquelle il veut installer un poste de gendarmerie permanent, couplé à des moyens juridiques spécifiques et conséquents ! On serait curieux de connaître la carte de ces 100 (oui cent tout rond) zones.

Au secours la droite revient

Des mesures xénophobes et anti-musulmanes

En tout cas les populations qui y vivent sont clairement identifiées et visées par une série de mesures xénophobes ! Ce n’est pas pour rien que Renaud Camus le barde du grand remplacement a fait un tabac auprès des soi-disant invisibles, tandis que Rioufol du Figaro se faisait siffler pour avoir osé dire qu’il ne fallait pas rejeter tous les musulmans.

Dans la salve de mesures anti-musulmanes on notera une délicieuse autorisation : autorisation du voile islamique au seul espace privé ; autrement dit une mesure à l’iranienne ou à la saoudienne, mais inversée : là-bas le port du fichu est obligatoire, pour Ménard et ses sbires l’interdit remplace l'obligation, c’est la même logique liberticide. Le moratoire sur la construction de mosquées n’est qu’un amuse-gueule, car derrière il y a l’artillerie lourde : instauration de la priorité aux Français pour les logements sociaux et l’emploi ; suppression du droit au regroupement familial pour les étrangers non communautaires ; suppression de la double nationalité hors Europe ; déchéance de la nationalité bien sûr et expulsion des étrangers condamnés en fin de peine ; et surtout un rétablissement du droit du sang et limitation des naturalisations aux cas d’assimilation ! Selon la méthode ménardesque, ce « rétablissement » d’un droit qui a de tout temps existé (un enfant de parents français même né à l’étranger est Français) veut dire en fait la suppression du droit du sol* qui fait qu’un enfant de parents étrangers nés en France peut obtenir la nationalité française.

La fin de l'état de Droit

Mais le marqueur, comme il dit, le plus dangereux est celui qui affirme le principe de supériorité du politique sur le juridique : limitation du contrôle de constitutionnalité. Dans son style habituel, il envisage, en fait, la suppression de l’état de droit. Cela apparaît d’ailleurs dans d’autres items comme l’élargissement de la notion de légitime défense pour les forces dites de l’ordre, en passant par la très poujadiste simplification radicale des normes et obligations administratives pour les agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales, PME mais surtout la dénonciation de l’adhésion de la France aux articles de la Convention européenne des droits de l’homme qui privent la police et la justice françaises des moyens de mener à bien leurs missions. On voudrait bien connaître ces articles qui empêcheraient police et justice de mener à bien leurs missions !

Au secours la droite revient

On peut bien sûr ironiser sur ce rassemblement d’un ramassis de catho-tradis, de nostalgiques de l’OAS, de desouche forcenés et de racistes à peine masqués, ironiser sur son échec à faire venir ne serait-ce que Zemmour ou de Villiers, à qui il avait servi de paillasson avec son « Béziers libère la parole », ironiser sur son intellectuel de service, l’ineffable Tillinac, sodomiseur de rossignol, qui s’est encore surpassé, ironiser encore sur le départ de Marion Maréchal-la-voilà-plus-Le Pen qui n’a pas supporté qu’il prétende ne pas être le marchepied du FN alors que le FN lui a servi de tremplin pour conquérir Béziers. On peut donc arguer que ses marqueurs ne représentent que lui-même et une groupusculaire droite encore plus extrême que le FN. Sauf que les candidats à la primaire de droite, à commencer par le très lisse Le Maire – on ne parle pas de Morano Nadine notre Sarah Palin, ni de Myard le Charasse de la droite -  le non moins lisse Fillon, sans oublier Copé et encore moins Sarkozy, font assaut de propositions outrancières qui ne risquent pas de provoquer l’agit-prop, promis par l’agressif maire de Béziers, contre ceux qui ne s’inscriraient pas dans ses marqueurs.

Il n’est donc pas tout-à-fait interdit de relativiser les griefs dont on accable la gauche de gouvernement et de se souvenir que la droite, la vraie, c’est autre chose ! Quelque peu plus pire !

 

 

 

 

 * Patrick Weil fait remonter le droit du sol à 1515 ! Pour avoir un aperçu historique voir La citoyenneté et la nationalité dans l'histoire. Voir aussi l’état actuel de l’acquisition de la nationalité française.

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30 mai 2016 1 30 /05 /mai /2016 11:01
Enseignement de l'Arabe et xénophobie

Mise à jour 07/10/2020

E. MACRON ayant repris la décision de Najat Valaud-Belkacem (que Blanquer avait dû enterrer ?) on a droit au même déchaînement de l'extrême-droite et de la droite.

Voir plus bas la déclaration d'Emmanuel Macron et l'édito de Thomas Legrand

 

Annie Genevard, déléguée générale des ripoublicains en charge de l’éducation, a interpellé la Ministre de l’éducation sur l’introduction de l’arabe, langue communautaire pour elle, dans le programme national, au détriment, bien sûr, de l’enseignement du français et des langues anciennes !

De quoi s’agit-il en fait ?

 

De transformer un ancien dispositif, les cours d’ELCO, en cours de langue vivante étrangère dispensés aux élèves sur le temps scolaire.

 

Cet Enseignement de langue et culture d’origine, qui devient pour Mme Genevard et  Valeurs actuelles enseignements des langues et cultures des communautés d’origine (ajout mensonger délibéré), concerne neuf pays : l'Algérie, la Croatie, l'Espagne, l'Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie.

Il est mis en œuvre sur la base d'accords bilatéraux, prenant appui sur une directive européenne du 25 juillet 1977, pour maintenir le lien entre les enfants d'immigrés et leur langue et culture d'origine. Les pays concernés se chargent de recruter et rémunérer les intervenants. Les cours (de 1h30 à 3h hebdomadaires) ayant lieu hors temps scolaire. Si l’on en croit Mme Genevard, cet ELCO compte à peu près 100 000 élèves en France. 57 000 pour l’arabe, 15 000 pour le turc, 10 000 pour le portugais. Ce qui est à rapprocher des 12 millions d’élèves du 1er et 2d degré.

« Dans le même temps, vous introduisez officiellement l’étude de la langue arabe dans le programme national, et vous réduisez par votre réforme du collège la place du français, celle des langues anciennes qui sont nos racines, ou des langues européennes comme l’allemand qui prospérait dans les classes bilangues. Cela à coup sûr divisera les Français » « L’urgence commande que notre culture, pour être mieux partagée, s’affirme avec son mode de vie, son histoire et sa langue. Ne croyez-vous pas que l’introduction des langues communautaires dans les programmes scolaires encouragera le communautarisme qui mine la cohésion nationale? »

Et la députée-maire de Morteau de s’appuyer sur un Haut Conseil à l’Intégration* dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne brillait pas toujours par une totale honnêteté intellectuelle.

  Outre que cette langue communautaire qu’est l’Arabe pour Mme Genevard, ex-professeur certifiée de lettres classiques, bénéficie, comme le rappelle Claude Lelièvre d’une agrégation depuis 1907, il s’agit justement, comme le préconisait un rapport de l’inspection générale de l’éducation nationale de 2006, de « fondre progressivement ces enseignements dans le dispositif des langues vivantes dans le premier degré, en renforçant la coopération avec les pays partenaires (...) et de le supprimer dans le second degré en les faisant assurer par des professeurs français issus des concours ».

  C’est donc ce que réalise, dix ans plus tard, la Ministre de l’éducation nationale : « Annie Genevard avait pourtant de quoi se réjouir : la réforme que je mène en ce moment consiste précisément à transformer les cours d'Elco, qui ne font pas l'objet d'un contrôle académique suffisant et conduisent parfois à des dérives, en cours de langues vivantes étrangères inscrits dans le cadre de l'école laïque, gratuite et obligatoire. » (JDD 29/05/2016).

Une question profondément xénophobe

 

« J'aurais aimé pouvoir attribuer cette sortie à la seule inculture de son auteure, ou encore à son intention tristement banale de lancer une énième polémique sur l'éducation […]. Malheureusement, je dois plutôt dénoncer une pensée identitaire qui prône l'exclusion et le repli sur soi d'une virulence inouïe, un combat populiste et démagogique qui instrumentalise l'école de la République à des fins idéologiques inavouées, qu'il ne faut pourtant pas hésiter à qualifier de ce qu'elles sont : profondément xénophobes et opposées à la longue tradition républicaine qui a fait de la France le beau et grand pays qui est le nôtre. » a justement noté Najat Valaud-Belkacem.

Méchanceté et démagogie politicienne

 

Jean-Michel Zakhartchouk sur son blog se demande “s’il faut faire l’hypothèse de la bêtise ou celle de la méchanceté, de l’incompétence ou de la démagogie politicienne.” Il rappelle aussi “que cette dame a fait partie du conseil supérieur des programmes. A ma connaissance, et pour en avoir discuté avec des membres du CSP, elle n’a pas manifesté, pendant longtemps, de vraies divergences […]. Et puis elle s’est mise peu à peu à dénigrer ce travail au moment de la réforme du collège, a fait son choix de « posture » et a démissionné avec une argumentation spécieuse de son poste. Depuis, elle est devenue une porte-parole pure et dure (surtout dure) de la Droite sur l’éducation […]. Mais cette sortie-là est particulièrement honteuse et absurde.... Et, après avoir cité Copé, de s’interroger : “Comment peut-on ainsi d’une part nier le haut caractère culturel de cette langue, son enseignement permettant justement de mettre en avant cet aspect, contre la sous-culture islamiste, et d’autre part ignorer les besoins d’arabisants de la France (dans le domaine commercial, mais pas seulement) ?

A entendre cette déléguée de LR pour l’éducation, on ne peut que se dire que cette dame Genevard n’aurait pas déparé le rassemblement de la droite rance chez Ménard, entre Rioufol et R. Camus. Le même délire anti-arabe l’anime, la même évocation des racines, chères aux identitaires, est dans sa bouche : la course vers la droite la plus extrême fait rage chez ces soi-disant républicains.

Et que celles et ceux qui feignent de ne pas voir de différence entre la gauche de gouvernement et la droite des Sarkozy, Fillon, Le Maire, etc. s’interrogent un peu sur l’école qu’ils menacent de mettre en place !

* Le Journal du dimanche du 1er mars 2015 faisait état d’un « rapport confidentiel » remis au premier ministre au second semestre 2013 et issu du Haut Conseil à l’intégration (HCI), instance dissoute depuis le 24 décembre 2012 ! Ce prétendu rapport aurait conclu qu’il faut « reprendre en main » ces enseignements dont certains cours s’apparenteraient à des « catéchismes islamiques ». (La lettre de l’éducation 09/03/2015)

En complément : Bruno Le Maire en rajoute cyniquement une couche

 

C’est un scandale !

Najat Vallaud-Belkacem scandalise le FN avec une réforme sur les langues à l’école primaire. “L’intervention de la ministre de l’Education Nationale, Najat-Vallaud Belkacem, sur RMC hier a fait polémique. En cause ? La ministre a proposé d’intégrer l’ « Enseignements de langues et de cultures des communautés d’origine » [NB 'communautés' est un ajout, pas innocent]. Au total, neuf pays font partie de ce processus dont l’Algérie, la Croatie, l’Espagne, l’Italie, le Maroc, le Portugal, la Serbie, la Tunisie et la Turquie. L’apprentissage de ces langues pourrait être mis en pratique dès la rentrée de septembre 2016 dans les classes de CP. Si bien évidemment l’apprentissage de l’Italien, de l’Espagnol ou du Portuguais n’a pas trop fait parler, une partie des Français se sont soulevés contre l’apprentissage de l’Arabe… Et surtout le FN !

Et malheureusement le FN n’est pas le seul ! Ainsi, Bruno Le Maire : « L’apprentissage de l’arabe au CP mènera droit au communautarisme ». Pour lui, “... la « priorité absolue est d’apprendre et de maîtriser le français ». Reconnaissant « un retard en matière de langues étrangères », il a affirmé que « s’il y a une langue qu’il faudrait apprendre au primaire c’est l’anglais, pas l’arabe ». Le député LR de l’Eure voit dans cet apprentissage l’une des conditions « d’entrée dans le monde du travail »

 

Jérôme Ferrari dans La Croix propose sa chronique sur ce thème avec pour titre : Décomplexion. Il réagit aux vigoureuses réactions suscitées par une tribune publiée dans le Monde. “La scandaleuse tribune était signée par Marwan Lahoud, directeur général délégué du groupe Airbus, et Hakim El Karoui, ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon. Il ne peut donc s’agir, à l’évidence, que de dangereux salafistes, sans doute occupés, à l’heure même où j’écris, à franchir clandestinement la frontière syrienne. Qu’on en juge : ils proposent de développer l’enseignement de l’arabe à l’école publique ! Dans quel noir dessein ? Écoutons-les : « (…) L’imbrication de la langue et de la religion est telle dans l’islam, a fortiori quand on enseigne l’arabe dans les mosquées, que l’apprentissage de la langue est évidemment une occasion de prosélytisme, notamment dans les mosquées salafistes.
Sauf que l’arabe existe indépendamment du Coran, c’est une langue vivante, une langue de culture, une langue des affaires. » Il s’agit donc pour eux de séculariser l’enseignement de l’arabe pour d’évidentes raisons pédagogiques, et surtout politiques, que je ne peux détailler ici mais qui me semblent toutes pertinentes et salutaires
.”

 

Revue de Presse du CRAP-Cahiers pédagogiques 01/06/16

 

La polémique qui pue...


C’est la suite de la question qui pue... Et la preuve que toute cette affaire commencée la semaine dernière (alors que l’information date de janvier) est sinon orchestrée du moins une opportunité pour toute une partie de la droite et de l’extrême droite. Car ceux qui s’emparent des déclarations tronquées et déformées de la Ministre se situent aussi bien dans le camp des “Républicains” (je ne m’y ferai jamais) que dans celui du Front National.
Nous l’évoquions dans le bloc-notes précédent, mercredi 25 mai, lors des questions au Gouvernement, la députée Annie Génevard (LR) interpelle la Ministre de l’Éducation Nationale. Elle lui reproche d’ajouter l’apprentissage de l’arabe dans les programmes scolaires, au même titre que l’espagnol ou l’allemand et de faire le jeu du communautarisme. Elle reçoit une réponse cinglante de Najat Vallaud Belkacem qui lui rappelle qu’au contraire, il s’agit de le combattre en supprimant les ELCO (Enseignements de langue et de culture d’origine) qui le favorisait. “L’apprentissage de l’arabe, du turc ou du portugais doit se faire dans un cadre scolaire, banalisé, normalisé, comme toutes les autres langues” avait expliqué Najat Vallaud-Belkacem. Fin de la polémique ? Que nenni...


Deuxième étape avec l’interview de la Ministre à BFM TV. Jean-Jacques Bourdin la relance sur ce sujet. Najat Vallaud-Belkacem y a expliqué que l’arabe pourrait être enseigné comme langue vivante 1 dès le CP au même titre que toutes les autres langues concernées . Mais le tweet diffusé par l’équipe de Bourdin est : « L’enseignement de l’arabe se fera dès le CP, dès qu’on aura les moyens pour le faire ». Réaction immédiate du Front National Le secrétaire général du FN Nicolas Bay, suivi de près par le maire de Béziers Robert Ménard, dénoncent ce qu’ils voient comme le signe d’une “défrancisation” (terme utilisé par Ménard). Il faut noter que depuis le tweet a été supprimé et remplacé par celui-ci : « L’arabe pourra être enseigné dès le CP comme d’autres langues ». Car comme cela est annoncé depuis janvier, l’apprentissage d’une langue vivante 1 sera possible dès le CP. Il pourra s’agir de l’anglais, de l’allemand ou d’une des langues aujourd’hui concernées par les ELCO, dont l’arabe. Les élus frontistes ne se sont en revanche pas inquiétés de la possibilité que soit enseigné, dès le primaire, le serbe ou l’espagnol…

 

  Malgré cette rectification, la polémique fabriquée de toutes pièces continue et déborde même du FN avec plusieurs élus LR. Hervé Mariton a lancé une pétition contre “l’enseignement de l’arabe à l’école primaire ”. Bruno Lemaire n’est pas en reste et déclare sur BFM TV que “l’apprentissage de l’arabe au CP mènera droit au communautarisme” et que que " s’il y a une langue qu’il faudrait apprendre au primaire c’est l’anglais, pas l’arabe".
C’est en tout cas la preuve que si beaucoup d’élus ont fait langue de bois en LV2 plusieurs ont rajouté “outrance” et “manipulation” en LV3...

 

Revue de presse CRAP-cahiers pédagogiques 05/06/16

 

 

ELCO et FAUX-CULS

 

DARMANIN, le micro sarko de l'intérieur, vante la grande décision de son cher Président de transformer les ELCO :

 

 
"Nous l'avions constaté, c'est le fameux système des ELCO, des enseignements de langue et culture d'origine, qui conduisait à avoir sur notre sol, dans un cadre contractuel avec les pays d'origine, des enseignants qui ne maîtrisaient parfois pas le français, qui prodiguaient un enseignement dans le cadre de ces ELCO, je rappelle qu'ils faisaient l'objet de contrats avec l'Algérie, le Maroc et la Turquie, des enseignements qui eux-mêmes n'étaient pas conformes aux lois de la République ou aux principes fondamentaux de nos programmes.
Comme je l'avais annoncé à l'hiver dernier à Mulhouse, un travail a été conduit par le ministre de l'Education nationale et le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères pour précisément mettre un terme à ce système et faire en sorte que nous n'ayons qu'un système, celui des EILE, où nous pouvons avoir un enseignement par exemple en langue arabe, une contractualisation avec ces Etats, mais où nous avons un contrôle sur les enseignants, sur le respect de nos valeurs et sur les capacités linguistiques en langue française de ces derniers, c'est-à-dire un vrai contrôle de l'Éducation nationale sur la qualité des enseignants et de l'enseignement. C'est aujourd'hui une réalité. Nous sommes en train de parachever les derniers termes de la négociation. Mais au terme de négociations serrées avec les trois pays que j'évoquais, nous mettons donc bien fin aux ELCO. Ce n'est pas simplement un projet qui avait parfois pu être par le passé agité, discuté ; c'est une réalité."
E. MACRON
 
Outre que M. Macron oublie que ces conventions ne concernaient pas 3 pays mais 9 (Espagne, Portugal, Croatie, Italie, Serbie et même Tunisie passent à la trappe), M. Darmanin, lui, oublie que le parti auquel il appartenait, à commencer par son collègue Bruno Le Maire, a dit pis que pendre de la mesure que feint de découvrir E. Macron, décidée en fait par Mme Valaud-Belkacem.

Enseignement de l’arabe à l’école et clivages politiques…

La plupart des thèmes brassés par l’actualité politique brouillent les vieux clivages, la complexité grandissante des questions qui font débat fait exploser les repères issues des idéologies du 20ème siècle n’opèrent plus. C’est un constat maintenant bien établit et l’une des raisons du succès des offres politiques simplificatrices, des populismes, ou des offres comme le macronisme qui admettent la complexité et se présentent en dehors des clivages habituels (le fameux vieux monde). Comment s’y retrouver… L’extrême-droite se dit laïque et sociale, la droite ne peste plus contre les déficits, LFI remplace les camarades par les gens, et troque l’universalisme pour l’intersectionel. Même les révoltes populaires (les gilets jaunes) sont inclassables… Mais parfois un thème apparait et recrée un clivage évident. Comme avant.

 L’apprentissage de l’arabe à l’école est de ceux-là ?

Oui, c’est un sujet sur lequel les vieux réflexes ressurgissent. La ligne de partage gauche-droite ne passe pas toujours au même endroit. Sur les sujets économiques et sociaux, bien souvent (en France du moins) les libéraux ou les centristes – ici donc LREM - immanquablement se rangeaient avec la droite. Sur les sujets de société, mariage pour tous, PMA, ils sont avec la gauche. Pour la question de l’apprentissage de l’arabe à l’école, il en va de même, le libéralisme, qui était de gauche à l’origine, retrouve son lit… c’est même lui qui propose la mesure : favoriser l’enseignement de l’arabe est un cas d’école (si je puis dire). Ceux qui sont favorable à la mesure, n’ont pas du tout la même vision globale du monde que ceux qui sont contre. Ces derniers, font un lien inéluctable entre la langue arabe, l’islam et le terrorisme. La droite et l’extrême-droite en France divergent sur bien des points, mais là ils sont réunis. Des milliers d’enfants apprennent déjà l’arabe mais dans un cadre religieux et dangereusement incontrôlable. Ils sont bien moins nombreux à pouvoir suivre cet enseignement. Une hérésie républicaine ! Ce serait pourtant une chance pour eux et pour tout le monde. Tous les pédagogues expliquent qu’apprendre une langue, dès le primaire, n’empêche pas, au contraire, de briller en français. Affirmer l’inverse, comme le font ceux qui se dressent contre cette idée, équivaut à affirmer que faire des maths nuit à l’apprentissage d’autres sciences. D’ailleurs, personne ne conteste l’apprentissage précoce de l’anglais ou de l’allemand. Si l’éducation nationale se donnait les moyens d’apprendre l’arabe a ceux des descendants d’immigrés qui le souhaitent, on dé-corrèlerait cette langue si riche, de la langue du coran et de ses interprétations qui, on le sait, est utilisée largement par  les porteurs d’un projet politico-religieux. Refuser l’apprentissage de l’arabe, entretient l’amalgame xénophobe : immigration, religion, terroristes.  Il y a des sujets qui agissent comme des révélateurs de certaines permanences, et vérités politiques bien encrée : l’enseignement de l’arabe à l’école en est un.

THOMAS LEGRAND 07/10/2020

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 21:51
Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

« Caroline Fourest, cette figure centrale de la domination intellectuelle d'aujourd'hui, qui a table ouverte dans toutes les radios et toutes les télévisions du service public » comme dit salement Schneidermann, est la cible des hyaineux de tout bord. Elle n’est pas exempte d’excès, mais ceux qui l’accablent tout autant ! Et elle s’explique avec sérénité sur Info-Halal.

C’est grâce à un touitte de l’excellent Luc Cedelle que j’ai découvert ce long entretien de Caroline Fourest avec ce site, pour moi inconnu, mais se référant visiblement à l’islam. Un Luc Cedelle heureusement surpris par le ton de l’essayiste.

copie d'écran

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Or, contrairement à une réputation faite par d’aucuns, s’agissant de laïcité, elle a, sur l’essentiel, fait preuve de mesure. D’entrée, alors que ce groupuscule haineux n’avait pas encore révélé tout son vrai visage xénophobe, elle a pris soin de se distinguer de Riposte prétendument laïque : « Quand Cassen a créé Riposte laïque, j’ai été l’une des premières à dénoncer son discours anti-musulmans. Je le fais régulièrement. Ce qui me vaut d’être l’une des cibles de cette organisation d’extrême droite », avec des attaques des plus ignominieuses, spécialité de ces zélotes de l’anti-islam.

Sur l’affaire dite de la burka, elle manifestait la plus grande prudence quant à la nécessité d’une loi : « Une loi symbolique contre le voile intégral aurait l'inconvénient d'être particulariste et prendrait le risque d'être inapplicable. » Et elle préconisait des mesures pragmatiques autorisant, par exemple, les commerces à pouvoir obliger toute personne y entrant à s’identifier pour raisons de sécurité ; même chose bien sûr pour récupérer son enfant à la crèche, chercher un colis à la poste, prendre le bus, etc. et elle concluait « En dehors de ces situations, libre à elle de porter un voile pour se protéger de la colère d'un dieu misogyne, ou de la grippe A. Libre aux autres de continuer à dire ce qu'ils en pensent. »

 

L’attribution d’un « Y’a bon awards », en 2012, a aussi contribué à brouiller (salir ?) son image*. Ce prix satirique est censé récompenser les pires déclarations racistes prononcées par une personnalité dans l’année. Parmi les lauréats précédents, on comptait Éric Raoult, Pascal Sevran, Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Jacques Séguéla, Éric Zemmour, Brice Hortefeux, Jean-Paul Guerlain, Robert Ménard…

On conviendra que se retrouver en si charmante compagnie puisse sembler quelque peu déshonorant.

Elle avait, en 2010, dans une intervention sur l’égalité et la laïcité, cité l’exemple d’un maire (UMP) ayant mis à disposition d’une association proche de l’UOIF une salle de sports, pour un tournoi de basket féminin inter-mosquées, dont les spectateurs masculins étaient exclus (certes sa formulation montre une certaine méconnaissance du sport puisqu’elle parle de « concours de basket non mixte », or c’est le lot de toute compétition sauf en double mixte au tennis). Le but du tournoi était de récolter de l’argent pour une organisation d’aide aux orphelins palestiniens, pour elle émanation du Hamas. Après un article dans Le Parisien, le Maire avait retiré l’autorisation et l’association organisatrice avait plaidé un dysfonctionnement interne. Cependant, les faits évoqués étaient réels, contrairement aux allégations sur la piscine de Lille. Et le côté raciste – sauf à considérer que toute attaque d’une association musulmane ou du Hamas est raciste – de ce propos est nettement moins évident que l’équipe de France black, black, black, chère à Finky ! D’autant que dans le même temps, elle attaquait fermement le FN justement sur son racisme antimusulmans, ce qui lui valait des attaques assez ignobles.

Elle a aussi beaucoup souffert, chez certains, d’avoir été proche de Val. Sauf que, c’était du temps où Charlie-Hebdo faisait paraître les caricatures dites du Prophète (paradoxe d’ailleurs que l’on puisse les nommer ainsi puisque - en principe - le prophète Mohammed n’a jamais été représenté !). Mais un Schneidermann – assez langue de pute – écrira, alors qu’elle venait de subir, à la gare de Nantes puis à celle de Paris-Montparnasse, les assauts haineux de la clique curetonne de Civitas du coup : « Fourest "harcelée, pourchassée, traquée" se lamentait ce lundi matin sur France Inter, la station de son ami Philippe Val. »

Ce qui explique sans doute la relative surprise de Luc Cedelle devant ses propos que n’aurait pas désavoués, je pense, Jean Baubérot !

Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

Islamophobie ou racisme antimusulmans

Elle clarifie, d’abord, et bien mieux que Madame Badinter, son rejet du terme « islamophobie ». « Je suis antiraciste de conviction, donc anti-"phobes" en tous genres. Mais [dans mes travaux j’ai dénoncé] l’intégrisme (juif, chrétien ou musulman). Ce qui m’a valu d’être traitée d’« islamophobe » par des islamistes, de « christianophobe » par l’extrême droite catholique et d’avoir été dépeinte en « collabo des nazis » par des extrémistes juifs lorsque j’ai critiqué la politique de la droite israélienne (…). (…) comme l’accusation d’antisémitisme peut parfois servir à disqualifier la critique d’une certaine politique israélienne, l’accusation d’« islamophobie » (…) peut servir à amalgamer tout propos simplement critique envers l’intégrisme, l’instrumentalisation politique et liberticide du religieux avec une forme de rejet de l’Islam ou des musulmans. » Mais elle ajoute « Le racisme antimusulmans existe. »

La laïcité de la loi de 1905

Certes elle s’égare quand elle reprend les accusations de Valls – qui ont d’ailleurs fait long feu – sur le rôle joué par l’Observatoire de la laïcité.

Mais sur les cantines scolaires elle tient un discours de bon sens sur l’impossibilité de servir des repas par religion des parents, car il faudrait plusieurs cuisines, pour séparer vraiment les ustensiles, pour que cela soit vraiment casher ou halal. Et elle propose de donner le choix entre un menu avec ou sans viande. . Si possible entre plusieurs plats. Pour ceux qui veulent respecter des interdits alimentaires (religieux ou médicaux). Pour qu’ils puissent manger tous ensemble. En bref les propositions d’Yves Jego.

Et elle ajoute : Je ne suis pas souvent d’accord avec Jean Baubérot, mais je pense moi aussi, (…), que nous ne devons pas aller trop loin dans la norme et l’interdit. J’ai soutenu la loi de mars 2004, mais j’ai pris position pour le droit des mères voilées à participer aux sorties scolaires (…) et je suis contre l’interdiction du voile à l’université. C’est un lieu où, contrairement au collège et au lycée, des élèves majeures font l’apprentissage d’expression publique et politique.

On est donc loin, très loin, de certains faux apôtres d’une laïcité liberticide qui ajoutent l’interdit à l’interdit. Loin donc de Mme Badinter. On peut – même si son dessin est très ambigu par l’amalgame avec le terrorisme – ironiser avec Plantu sur l’attrait mercantile de certaines marques pour une mode dite islamique. On a le droit de trouver ridicule le burkini** qui n’est ni burka ni kini.

Mais, s’il y a de vrais combats à mener, contre tous les intégrismes, c’est sur l’homophobie (dont, hélas, le Maroc vient de faire preuve), le mariage pour tous, l’IVG, le droit à une mort digne, etc. Combats laïques, au demeurant, contre les cléricalismes qui veulent imposer leurs dogmes à toute la société.

* Dans le jury de ce "y'a bon awards" on trouvait Jean Baubérot (que diable allait-il faire dans cette galère ?) Dans sa riposte, C. Fourest le qualifiera de pape des accommodements raisonnables à la canadienne.! Outre que le titre de pape pour un parpaillot affirmé est cocasse, il est plus que probable que C. Fourest, du coup, emprunte la vision caricaturale des rrrépublicains intransigeants sur ces accommodements.

Et on conviendra que le Ministre de la Défense du Canada, un Sikh, avec son beau turban rouge, ça a de la gueule. Son premier ministre, Justin Trudeau, avait eu cette riposte face à son adversaire conservateur pendant la campagne : « M. Harper, je trouve que vous avez du cran (...) de parler de défense du droit des femmes. Il y a plus d'hommes dans votre caucus qui sont contre l'avortement que de femmes qui portent le niqab au Québec. »

 

 

Source :

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-1/

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-2/

** Sur le burkini et son interdit par quelques maires ripoublicains, elle reste sur une position non liberticide :

 

À propos du burkini et du grotesque

 

Les arrêtés pris par la mairie de Cannes et d'autres mairies de droite du sud pour interdire le burkini, juste après l'attentat de Nice, ont fait sourire Outre-manche et Outre-Atlantique. En France aussi, beaucoup y ont vu une polémique dérisoire, preuve d'une focalisation aberrante sur l'Islam. Il est vrai que la démarche interroge quand elle vient de maires se souciant des droits des femmes l'été, à la plage, mais soutenant les mouvements intégristes ayant retiré les enfants des écoles en raison de programmes voulant les sensibiliser aux stéréotypes de genres le reste de l'année...

La plage n'est pas l'école. Les nageuses ne sont pas des élèves ni des mineures. Refuser qu'on se couvre la tête dans un lieu civique, d'éducation à la citoyenneté et à l'égalité, est une chose. Obliger quelqu'un à se dévoiler dans un lieu de plaisance est plus excessif […]

Comme pour le voile à l'université, ceux qui croient pouvoir faire reculer la mode intégriste en l'interdisant partout se trompent. Ils obtiendront l'effet contraire à celui recherché : faciliter la propagande victimaire et donc la mode du burkini chez les plus jeunes ou les plus influençables.

Extraits Huffington Post 16/08/2016

 

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12 mars 2016 6 12 /03 /mars /2016 18:09
Hidalgo-Polinière-FN : Á quoi jouent les juges ?

A deux jours d’intervalle Anne Hidalgo, Maire de Paris, et Sylvie Polinière, enseignante, syndicaliste CGT, ont été condamnées face au FN . La première le 11 mars 2016, pour diffamation, la seconde le 9 mars 2016, pour outrage envers le Maire FN de Beaucaire. Propos tenus en septembre 2012 pour A. Hidalgo. Plus récents pour l’enseignante – juin 2014 – mais entre-temps la Justice avait eu le temps de condamner en 1ère instance puis de blanchir en appel, Julien Sanchez, le Maire, pour injures !

Lenteur d’un côté, justice à 3 vitesses de l’autre.

La maire de Paris a été condamnée à une amende avec sursis pour diffamation. En effet le 24 septembre 2012, encore première adjointe de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo invitée sur ITélé déclare: "L'Histoire a du sens, le Front national n'est pas un parti qui s'est constitué dans le cadre républicain, c'est un parti qui a lutté contre la République, qui a soutenu pendant la guerre la collaboration avec les nazis".

Son avocat a eu beau plaider – non sans raison bien sûr sur le fond – qu’un "parti politique est toujours le résultat d'une histoire", et que le FN s’inscrit dans la lignée de la "famille nationaliste ou même néofasciste", il a eu beau énumérer les fondateurs du FN, "collaborateurs notoires, d'un antisémitisme débridé" et rappeler certaines déclarations de Jean-Marie Le Pen, qui n'a "jamais considéré le maréchal Pétain comme un traître" et soutenu que "l'occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine", il n’en restait pas moins que ce parti fondé en 1972 n’existait donc pas pendant la guerre.

On peut donc considérer que le tribunal correctionnel, sans prendre parti sur le fond, ne pouvait que constater l’erreur manifeste de la formulation qui laissait donc place à la plainte du FN. Mais on ne voit pas très bien pourquoi il a fallu trois ans et demi pour prononcer ce verdict sur des faits qui n’ont demandé aucune instruction.

Bien que les délais soient plus courts, le fonctionnement de la Justice est encore plus singulier dans l’affaire opposant une syndicaliste enseignante au maire FN de Beaucaire (Gard).

Julien Sanchez

Lors d’un conseil d’administration (C.A.) du  Lycée professionnel Paul-Langevin à Beaucaire, le 17 juin 2014, Sylvie Polinière, enseignantes, syndicaliste CGT, avait lu un communiqué syndical taxant le Maire FN, Julien Sanchez et un de ses adjoints Stéphane Vidal de « membres d’un parti raciste et xénophobe ». L'équipe municipale FN avait alors contre-attaqué dans un communiqué parlant de  "quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires", "dont le comportement n'a rien à envier à celui de racailles".

Plaintes croisées furent déposées : côté syndical pour injure, côté maire FN pour outrage. La plainte pour injure passe en 1ère instance le 22 septembre 2015 : condamnation de Julien Sanchez ; mais il est relaxé en appel le 12 janvier 2016. Relaxe motivée par le fait que ces propos ne "dépassaient pas le cadre du débat politique".

Or donc, cette relaxe prononcée, la plainte pour "outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique" était jugée par le tribunal correctionnel de Nîmes et allait aboutir, le 9 mars 2016, à la condamnation de la syndicaliste, porte-parole de l’ensemble des élus du personnel au conseil d’administration de son lycée : 1 euro de dommages et intérêts, 2.000 euros de frais d’avocat à Julien Sanchez et son adjoint et une amende de 300 euros.

Laisser entendre – éléments de langage actuels de la CGT – que cela participe d’un climat politique anti-syndical, entendez que les magistrats sont aux ordres du vilain Valls ou du méchant Macron, est encore plus absurde sur ce dossier que sur celui des syndicalistes de Goodyear

Il s’agit bel et bien de décisions de juges et la magistrature dite du siège est parfaitement indépendante de l’exécutif. Quant aux magistrats du Parquet – procureurs et substituts – Christiane Taubira s’était engagée à ne plus donner que des instructions générales. Il n’y avait, jusqu’à présent, que Paul Bismuth et son avocat pour mettre en doute cet engagement.

Et ce jugement, contrairement à celui frappant Anne Hidalgo est idéologique, en ce sens qu’il ne constate pas une erreur factuelle, ni un outrage direct aux personnes, mais l’expression d’une opinion sur un parti politique, opinion au demeurant assez largement partagée. D’autant que l’actualité de l'époque, nationale et locale, étayait l’opinion émise quant au caractère raciste et xénophobe du FN. Le Pen père venait de réitérer des propos abjects (« fournée » pour parler des chambres à gaz) et le maire de Beaucaire à peine élu s’en était pris à des commerçants musulmans qui ouvraient plus tardivement pendant le Ramadan (à noter que le jugement sur cet arrêté, lui, n’est toujours pas prononcé).

Le tribunal correctionnel de Nîmes en sanctionnant la libre expression des syndicalistes a, en fait, entériné l’opération de dédiabolisation lancée par Le Pen fille, inspirée par le cynique Philippot.

Deux jugements donc au profit du FN. Mais si le premier peut paraître strictement fondé sur des motifs juridiques, le second lui est une atteinte à la liberté d’expression. Il faut espérer que la cour d’appel, logique avec elle-même, considère que la déclaration des représentants du personnel à un C.A. ne dépassait pas le cadre du débat politique !

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18 janvier 2016 1 18 /01 /janvier /2016 18:07

Deux jugements scandaleux !

Rapprochement hardi ? Des syndicalistes condamnés à des peines de prison ferme pour séquestration, un policier  relaxé pour légitime défense après avoir abattu un malfrat en lui tirant dans le dos. D’un côté des magistrats professionnels, de l’autre un jury populaire.

Huit ex-salariés de l’usine d’Amiens-Nord de Goodyear ont écopé de 9 mois de prison ferme par le Tribunal correctionnel d'Amiens, le 12 janvier 2016. Ils étaient poursuivis pour séquestration  de deux cadres  de l’usine - le directeur de la production, Michel Dheilly et le directeur des ressources humaines, Bernard Glesser - pendant 30 heures, en 2014. Bien que et les séquestrés et l’entreprise aient retiré leur plainte, le Parquet avait décidé de maintenir les inculpations.

Une accusation anti Taubira indigne

Et la CGT Goodyear Amiens-Nord de réagir en qualifiant ce jugement  d’« arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leur droit et leurs emplois ».

De telles accusations étaient jusqu’à présent l’apanage des dirigeants de droite ou d’extrême-droite poursuivis par la Justice. Sarkozy-Bismuth, Balkany, les Le Pen père et fille, par exemple.  Que la section d’entreprise ait une réaction épidermique soit.

Légende modifiée

Légende modifiée

Mais que Martinez, numéro un de la CGT, qui, malgré la rusticité de son look, a prouvé une grande intelligence tactique pour succéder à Lepaon, ose dire que "C’est un message fort et dans le mauvais sens que donne le gouvernement aux salariés" et qu’il ajoute "Le procureur de la République a décidé seul de demander une peine d’emprisonnement. Il est le porte-parole du gouvernement (sic) et la lourdeur de la condamnation peut nous interroger sur le fait que cette demande a été faite au plus haut niveau de l’État, de l’Élysée ou de Matignon", est un scandâle, comme aurait dit Marchais. Il ment sciemment.

Le procureur a bien décidé seul ! et sans ordre aucun.

 

La Garde des Sceaux, Christiane Taubira, a fait clairement savoir, dès sa prise de fonctions, que, contrairement à ses devanciers, elle n’interviendrait plus dans les affaires individuelles auprès du Parquet, se contentant de donner des instructions générales*. Paradoxalement, c’est ce retrait, en principe garant d’une plus grande indépendance du judiciaire par rapport à l’exécutif, qui a permis à ce procureur de requérir lourdement contre ces syndicalistes.

N’en déplaise à L’Huma ce n’est pas « le procureur de la République [qui] a condamné les salariés à 24 mois de prison, dont 9 ferme », mais un tribunal correctionnel présidé par un juge du siège qui, lui, est totalement indépendant. La droite et l’extrême-droite sont promptes à dénoncer les juges rouges. Il serait peut-être temps, qu’à gauche, il n’y ait pas que les seuls anars à se souvenir que la magistrature penche majoritairement à droite !

"Je le déclare une fois de plus, je le dis bien souvent et je le répète : ce sont des choses que je n’aime pas, d’abord parce qu’elles risquent de compromettre par une apparence superficielle de barbarie, la beauté des promesses de civilisation que le prolétariat porte en lui, et puis parce que la violence des gestes, la destruction partielle ou totale des machines, des fils, des lignes, des rails, ou bien la violence des gestes ou des paroles contre les personnes, tout cela c’est l’effet et le signe d’une organisation insuffisante.

 

Plus l’organisation ouvrière est forte, plus sont nombreux les militants groupés dans les syndicats, plus est faible chez le militant, chez le syndiqué, chez le gréviste, la tentation de recourir à ces moyens de violences sommaires."

 

Jean Jaurès, Février 1912

Inefficace et préjudiciable

 

« Au bout de 30 heures, les deux cadres étaient ressortis, laissant les salariés sans garantie d’obtenir de meilleures indemnités. » écrit L’Humanité. Donc, du pur point de vue de l’action syndicale, cette séquestration a été d’une totale inefficacité. Le blocage des stocks de pneus l’a été certainement beaucoup plus. Pire, en faisant de ces cadres des victimes, elle a nui à l’image de la CGT, donc du syndicalisme.

Voir, comme à Air France, un cadre – salarié d’ailleurs et peut-être lui aussi syndiqué – la chemise en lambeaux obligé de franchir un grillage pour fuir ses poursuivants est médiatiquement catastrophique. « Sous la chemise, y a la peau » dit une très belle chanson et cette chemise déchirée a comme un avant-goût de lynchage !

Et l’action syndicale elle-même est détournée de ses buts, puisqu’elle va se focaliser sur la défense des auteurs de ces violences.

Plus qu’une faute voire un délit, une erreur !

"La justice acquitte et la police assassine"

Le vendredi 15 janvier 2016, la Cour d'Assises de Bobigny a prononcé la relaxe pour un policier poursuivi pour avoir tué d'une balle dans le dos un malfrat.

Amine Bentounsi, un braqueur en cavale condamné à 22 ans de réclusion, qui avait oublié de revenir en prison après une permission de sortie, est signalé anonymement comme se trouvant devant un bar de Seine-Saint-Denis, le 21 avril 2012.

Selon la version du policier  le délinquant avait sorti une arme. « J’ai tiré parce que j’ai failli mourir. C’était lui ou moi », dit-il. Sauf que le fugitif est mort d’une balle dans le dos. Et si l’on en croit les témoins – dont une avocate, là par hasard – Bentounsi, après une course-poursuite, s’est écroulé face contre terre.

Le procureur, qui n’est pas le porte-parole du gouvernement mais est chargé de défendre l'intérêt de la société et l'application de la loi, avait requis 5 ans de prison avec sursis et la radiation de la police.

De faux témoignage du co-équipier de l’inculpé, de pressions des syndicats de police, en intervention du préfet de police, Christian Lambert, tout avait été fait pour saboter l’enquête. Ainsi, le deuxième policier s’était blessé à la jambe en se jetant à terre quand le fuyard avait jeté une grenade factice. Bien qu’il n’ait rien vu, il prétendra le contraire, affirmant qu’Amine Bentounsi a bien braqué son arme sur son collègue. La position des douilles fait aussi planer le soupçon que les policiers aient même maquillé la scène du crime.

« L’impact de la balle n’est pas dans la poitrine, pas dans l’abdomen ou sur le flanc. Il est en plein milieu du dos. Et la version la plus cohérente, c’est qu’à cet instant, Amine Bentounsi s’enfuit et qu’on lui a tiré dans le dos ! » explique le Procureur (Le Monde, 17-18 janvier 2016).

   Finalement, la cour et le jury populaire ont décidé que les actes commis par l’accusé étaient commandés « par la nécessité de sa défense », autrement dit la thèse de la légitime défense a été validée. Le doute, aussi ténu soit-il, aura profité à l’accusé, diront d’aucuns.

Cependant, dans le cas des syndicalistes condamnés à la prison ferme, comme dans celui de ce policier acquitté, le poids des préjugés des magistrats professionnels – antisociaux – ou des jurés – marqués par les événements de novembre – a joué un rôle décisif.

Très instructive aussi a été l’attitude de policiers  qui, comme dans un feuilleton récent furent pesamment présents au procès de Bobigny pour marquer leur solidarité à leur collègue accusé : « Pressions par la voie syndicale. Pressions sur les témoins pour qu’ils ne viennent pas déposer. Mensonges d’un policier » énonce le Procureur. Et tout cela en toute impunité. Un projet de loi se propose d’assouplir encore plus les règles de la légitime défense des policiers et de leur donner toujours plus de possibilités d’agir sans contrôle.

Au regard de ce type d’événement, l’inquiétude, pour rester dans l’euphémisme, me gagne !

 

* « Le ministre de la justice conduit la politique d'action publique déterminée par le Gouvernement. Il veille à la cohérence de son application sur le territoire de la République. À cette fin, il adresse aux magistrats du ministère public des instructions générales d'action publique. »

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 16:21
LOI DE 1905 : 110e anniversaire

Ouest-France

9 décembre 2015

Entretien avec Jean Baubérot

Laïcité, nous écrivons ton nom

Ligue de l'enseignement

 

  Le guide pratique de la laïcité.

Une clarification par le concret

Jean Glavany

Fondation Jean Jaurès

 

 

 

 

La laïcité selon Marine Le Pen

Un principe perverti au service de l'islamophobie

J-P De Lisle

 

La Séparation 1905 Loi de séparation des Eglises et de l'Etat

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9 août 2015 7 09 /08 /août /2015 11:03
ESPAGNE : Les internats de la peur

Maltraitances psychiques et physiques, abus sexuels, travail forcé, pratiques médicales douteuses : des milliers d’enfants furent incarcérés dans ces internats de la peur durant le franquisme et jusqu’aux premières années de la démocratie. Collèges religieux, orphelinats, préventorium se transformèrent en ces sortes de prisons pour jeunes. Et contrairement à des pays comme l’Irlande qui ont tardivement reconnu les mauvais traitements infligés dans des établissements religieux sous la responsabilité de l’état, en Espagne ces abus ont été occultés, passés sous silence, donc non jugés, et n’ont donné lieu à aucune réparation.

« Ils m’ont brûlé le cul avec des bougies et m’ont frotté les couilles avec des orties parce que j’avais pissé au lit » ; « ce que me faisait faire ce Monsieur s’appelle une fellation, mais à l’époque je n’en avais aucune idée » ; « je pensais me suicider : qu’un enfant de 12 ans pense à cela montre la dureté de ce qu’on subissait »… Ce sont quelques-uns des témoignages de ces milliers de garçons et de filles qui passèrent tout ou partie de leur enfance enfermés dans ces internats ou centres de bienfaisance (!) durant le franquisme et les premières années de la transition démocratique.

 

Beaucoup y furent victimes de passages à tabac, de viols, de travail forcé et tous de vexations, d’humiliations, dans ces centres que le régime utilisait pour sa propagande.

    Des images des actualités cinématographiques, en blanc et noir, montraient de nombreux enfants, propres comme des sous neufs, vêtus de blanc qui jouent, s’amusent, écrivent sur leurs cahiers et mangent sur des petites tables rondes dans de grands réfectoires aux immenses baies vitrés, sous le regard maternel de quelques bonnes sœurs… Le commentaire contait la vie privilégiée de ces enfants dans un paysage de montagne aux vertes prairies et pinèdes immenses. D’autres filmaient des adolescents travaillant dans un atelier ou dans des vergers, faisant de la gym ou jouant au foot, posant en groupe autour d’un prêtre jeune et athlétique, tandis que le commentaire vantait cette saine vie de formation et de vie au grand air. Sans oublier, bien sûr, les saintes images de retraite de première communion…

ESPAGNE : Les internats de la peur

Une entreprise de dépersonnalisation

Les témoignages recueillis montrent la cruauté et le sentiment de totale impunité dont faisait preuve l’encadrement religieux à l’encontre de mineurs qui ne pouvaient ni se défendre ni les dénoncer. Une jeune fille contestant l’arbitraire d’une religieuse était punie avec des électrochocs, comme une malade mentale. Un ado raconte que le prêtre tout en l’attouchant se branlait sous sa soutane : « Et le même personnage disait la messe le lendemain ; ma croyance en dieu en fut sérieusement ébranlée. »

Beaucoup d’adolescents furent quasi réduits en esclavage. « Ils m’ont vendu. On m’a ôté du collège pour m’envoyer dans le León m’occuper du bétail, seul, dans les montagnes, à 13 ans ! » « Nous faisions la lessive du matin au soir avec de la soude. J’avais les mains pleines de crevasses, avec du sang et du pus. Dans ce centre religieux nous étions des esclaves. »

   D’autres témoignages relatent les dérouillées quotidiennes et les vexations devant les autres enfants. Certes, les châtiments corporels, du style coups de règles sur les doigts, sévissaient dans les écoles à cette époque. Mais là ça relevait quasiment de la torture : de véritables passages à tabac, des humiliations publiques de manière à terrifier tous les autres. Sur fond d’endoctrinement national-catholique, une entreprise de dépersonnalisation méticuleusement programmée pour que ces enfants, ces jeunes se sentent comme des riens, des moins que rien, des déchets irrécupérables !

Les pauvres gosses qui étaient livrés à ces institutions étaient d’abord des enfants de Républicains* – les plus jeunes étaient vendus à des familles bien pensantes en mal d’enfants – les orphelins, les enfants abandonnés par des mères célibataires qui ne pouvaient supporter les stigmates de la « fille-mère » - enfants du péché pour les religieux bornés -, enfants enlevés aussi à des mères abandonnées par l’époux ou dont l’époux était emprisonné. Un centre de protection de la femme - el Patronato de Protección de la Mujer – créé pour prévenir la ‘chute’ de la femme dans la prostitution n’hésitait pas à confier à ces internats de la peur, des adolescentes violées par des proches et enceintes ; double peine pour la victime (sans parler de l’enfant : certains subiront ce bagne de la naissance à 18 ou 19 ans !).

Contrairement à ce qui s’est passé en Irlande où aussi bien l’état que l’église ont fini par reconnaître et condamner les cas d’abus sur mineurs, en Espagne ni l’église ni l’état ne se sont préoccupés de ces abus ni de leurs victimes. Quelques-unes de ces victimes se sont liées à l’action engagée en Argentine contre les crimes du franquisme par la juge María Servini de Cubria. Aucune n’espère en la justice espagnole.

 

* Le régime franquiste, dans une grande opération de propagande, a réussi à convaincre la majorité des pays d’accueil des enfants des républicains, évacués à l’étranger pendant la guerre civile, de favoriser leur rapatriement. Mais ces enfants ne furent pas remis à leurs familles, ils furent placés directement dans ces internats de la peur !

 

Sources :

Los internados del miedo, Almudena Grandes, El País 12/07/15

Un documental desvela las torturas a menores en los internados del franquismo, La marea 27/04/15

Documentaire

PARACUELLOS

« Sur ce sujet je te renvoie aussi à la bande dessinée de Carlos GIMENEZ qui a subi  ce type d'internat et en raconte la vie dans  : "Paracuellos" » me signale PL.

 

La serie 'Paracuellos' es uno de los mejores y más terribles relatos de la posguerra española écrit El País. La série Paracuellos est un des meilleurs et plus terribles récits de la post-guerre civile espagnole.

Cette bande dessinée conte l’enfance de son auteur Carlos Giménez : orphelin de père, sa mère tuberculeuse ayant dû aller en sanatorium, il se retrouve placé dans un foyer de l'Auxilio Social.

La violence et le sadisme sont personnifiés par le père Rodriguez qui dirige le foyer et les instructeurs phalangistes Antonio et Mistrol. "El instructor de la Falange Mistrol pegó 72 bofetadas al niño Antonio Sánchez. Esto ocurrió en 1948 en el hogar General Mola de Madrid. Antonio Sánchez tenía siete años y se meó de la paliza".

 

Seuls les deux premiers tomes ont été traduits en Français, dont le 1er par Gotlib.

 

 

 

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19 janvier 2015 1 19 /01 /janvier /2015 18:26

Dans la série, J'irai cracher sur vos tombes, Delfeil est rejoint, entre autres, par un curé mondain et un économiste spinozien. Sans oublier un trouduc Schneidermannien.

CHARLIE : Delfeil n’a pas le monopole du glaviot

Glaviot sacré

Commençons par un sacré glaviot ou un glaviot sacré, celui d’un père Zanotti-Sorkine, "prêtre catholique, prédicateur, écrivain, compositeur et chanteur", comme il se présente, en toute modestie. Voulant me la jouer “libéral avancé” – style vous voyez le prétendu bouffeur de curés est capable de faire suivre la prose d’un prêtre catholique, etc. -  j’avais transféré le saint texte reçu d’un collègue.

 

Je n’avais fait qu’une lecture en diagonale du texte ecclésial. Ce prône, au ton empreint de componction un peu jésuitique et confit de dévotion, m’était apparu comme un hommage insolite. "Certes, vous demeurez Cabu, Wolinski, Charb et Tignous, dessinateurs de profession, crayonneurs d’idées, trublions de vie politique, insulteurs de justes et de coupables, souvent drôles et méchants sous le crayon vulgaire et obsessionnellement blasphémateur du sacré, mais à mon esprit éduqué par le Christ à dépasser les apparences, vous apparaissez plus grands que votre œuvre, plus grands que vos dessins offerts aux combats rétrécis de la terre. Seule la bonté personnelle qualifie un être et l’ennoblit jusqu’à la moelle, je le crois, et pour cela, je mourrais. Tout le reste n’appartient qu’à la petite histoire qui finit sous le dégueuloir conventionnel des hommages et des récompenses accordés entre hommes, au gré des intérêts particuliers et des partis. Bah ! que tout cela est bas !"

 

Mais m’avait échappé cette énormité “D’une certaine façon, vous avez touché de votre humour grinçant les régions les plus viscéralement haineuses de la nature humaine assoiffée de justice et de vengeance, et par là, vous avez provoqué l’avénement de la barbarie”*. Certes, ce “vous avez provoqué...” vient en conclusion d’une phrase assez contournée, mais ça n’en reste pas moins une accusation infamante qui fait des victimes des coupables.

 

Pour ma pénitence, je me suis astreint à revoir une à une les cartes postales tirées des Corbeaux.

 

* Vertement, mais justement, signalé par un des destinataires : je soupçonne donc les autres de n'avoir lu, comme moi, qu'en diagonale cette prose cléricale.

Chacun son rêve !

CHARLIE : Delfeil n’a pas le monopole du glaviot

Glaviot sectaire

Frédéric Lordon, économiste plus atterrant qu’atterré, avoue, ce qui est son droit, "n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, «Je suis Charlie» était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment. Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation."

 

Et poursuit dans ce délicieux style de donneur de leçons qui, dans un genre moins mielleux, n’est finalement pas loin de celui du père (qui, en principe, ne l’est pas … père), car comme lui, Lordon possède la vérité : "Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs." (?)

 

  Rien n’y manque ! Un néo-poujadisme qui revêt les oripeaux de l’ultragauche : des médias globalisés et des politiques discrédités ; la liberté de la presse vilipendée : sans doute faut-il louer les douces contrées où la turpitude des médias est expurgée par la suppression de cette liberté bourgeoise ; mais on atteint le sommet , non pas de l’abjection mais du grotesque avec cet affreux Libé, injurié au passage – que veut dire ce vendu à tous les pouvoirs temporels ? – à qui il reproche de n’avoir pas hébergé les survivants de Charlie clandestinement. Auquel cas d’ailleurs, gageons qu’il l’aurait taxé de lâcheté.

 

Autre constance d’une certaine ultragauche cracher sur Libé, Le Monde ou L’OBS.

Et, tout en pourfendant la prétendue pensée unique,  mépriser avec morgue ceux qui ne partagent pas totalement leur point de vue.

Il voit des bites partout

 

Charlie a manipulé la France, pas moinsse, affirme sans rire un incertain Olivier Berruyer qui dit militer pour plus d’humanisme et de fraternité.

 

Et ce brave jeune homme – qui ressemble étrangement à notre Brutus vendéen, Retailleau, jeune – affirme sa sympathie pour l’ineffable Schneidermann. Il est vrai qu'il partage avec lui l'arrogance du donneur de leçons.

 

Et que nous révéle-t-il, que laisse subodorer son guide ?

Que comme dans certains dessins devinettes – style cherchez l’éléphant caché dans le baobab – Luz a caché d’horribles bites dans la couverture du dernier Charlie, tiré à 1, 2, 3, qui dit mieux, millions d’exemplaires.

 

Et, contrairement à ce qu’affirme Daniel – eh oui, il l’appelle par son prénom - "Personne, sur la couverture, ne nous dit qu’il s’agit de Mahomet" -  le dessinateur a hélas été clair : « Désolé on a encore dessiné Mahomet ». On note le hélas consterné de l’humaniste.

 

Qu’y a-t-il sur la couverture ? : “Tout est pardonné” + Mahomet.  On avait un message de pardon, presque chrétien (sic.) donc extrêmement fort, avec une nouvelle caricature de Mahomet, donc une nouvelle provocation de Charlie Hebdo.

Mais pour lui le message positif l’emporte trop sur le négatif ! Car c’est comme cela qu’il résonne.

 

On remarquera la très subtile pancarte "Attention manipulation" qu'a ajoutée la tête de noeud ! Et parler de "manipulation" à propos de bites...

On remarquera la très subtile pancarte "Attention manipulation" qu'a ajoutée la tête de noeud ! Et parler de "manipulation" à propos de bites...

Il faut donc après une pâteuse démonstration sur la façon dont Luz a déjà dessiné le turban en arriver à ce scandââââle suprême : il y a deux bites cachées dans le visage de Mahomet. Il suffit de retourner la couverture. CQFD !

 

Et notre indigné de nous souligner que la bite fait partie du pedigree de Charlie en montrant une une qui reprend elle-même une photo-montage d’Harakiri et quelques autres dessins où les bites sont des plus explicites.

 

Et dans une syntaxe un peu approximative, il conclut :  « Le problème c’est que le cœur de leur métier de faire des bites !!!! Ils glissent des bites comme d’autres glissent des quenelles ! »

 

Délicat glaviot de l’admirateur et invité de Schneidermann, qui compare Charlie-Hebdo à Dieudonné.

 

Et tout le reste est en fait la condamnation de cette liberté d’expression dont se revendique Charlie-Hebdo , avec, évidemment – c’est le jeu aussi de Delfeil qui opposait Wolinski à Charb – un hommage à Cabu opposé à Luz. Sauf que cet ignare ignore – c’est la caractéristique des ignares – que Cabu est l’auteur du fameux « C’est dur d’être aimé par des cons ».

Mais, en l’occurrence, ça correspond tout-à-fait à l’admiration que semble lui vouer le jeune homme.

 

 

 

 

Eh oui ! M. Berruyer, bite et couilles sont bien dans le pedigree de Charlie-Hebdo, comme le prouve cette délicieuse image tirée de son ancêtre Harakiri qui va remplir d'un saint courroux le père Zanotti-Sorkine !

Luz et Camille Emmanuelle

 

 Dans la foulée des crachats, si l'on peut dire, cet article de Camille Emmanuelle, compagne de Luz et journaliste :  Charlie-Hedbo : être aimé par des cons, c'est dur, être haï par des amis, c'est pire qui pointe quelques saloperies émises par Nancy Huston, écrivaine canadienne et Cécile Lhuillier, militante LGTB, pour qui Charlie Hebdo «est devenu un journal raciste, homophobe, transphobe, sexiste et tout particulièrement islamophobe».

 

Pour nous changer de ces faux-culs, un beau texte de Leïla Slimani

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22 décembre 2014 1 22 /12 /décembre /2014 18:32
Cannabis, drogues et réflexe pavlovien

NB L'OBS du 30 juin 2016 sort un dossier (voir en annexe)

 

Le rapport de Terra Nova, Cannabis : Réguler le marché pour sortir de l’impasse, a déclenché, comme en un réflexe pavlovien, les critiques umpenistes. Mais aussi de la vice-présidente de l’UDI (mais si) Rama Yade, qui a sorti quelques niaiseries. Nul n’a rappelé un rapport de la Commission mondiale pour la politique des drogues de juin 2011 !

Les membres de la commission pour la politique des drogues

Les membres de La commission (de haut en bas et de gauche à droite) : 1 Asma Jahangir, 2 Carlos Fuentes, 3 César Gaviria, 4 Ernesto Zedillo, 5 Fernando Henrique Cardoso, 6 George Papandreou, 7 George P. Shultz, 8 Javier Solana, 9 John Whitehead, 10 Kofi Annan, 11 Louise Arbour, 12 Maria Cattaui, 13 Mario Vargas Llosa, 14 Marion Caspers-Merk, 15 Michel Kazatchkine, 16 Paul Volcker, 17 Richard Branson, 18 Ruth Dreifuss, 19 Thorvald Stoltenberg

 

La guerre mondiale contre la drogue a échoué. Avec des conséquences dévastatrices pour les hommes et pour les sociétés du monde entier, écrivent-ils d’entrée. Et ils préconisent de mettre un terme à la criminalisation, à la marginalisation et à la stigmatisation des consommateurs de drogues qui ne causent pas de préjudice à autrui.

 

Mme Yade jugera-t-elle donc stupide ce rapport commis, entre autres, par un ex-secrétaire général de l’ONU, cinq ex-chefs d’état ou de gouvernement, sans oublier de joyeux bambocheurs comme un ancien président de la réserve fédérale des E-U ; certes le patron de Virgin a un louque un peu à la Beigdeber (le vrai, celui de Lui, pas son franginde droite extrême), mais à part lui, même les deux grands écrivains s’ils sont accros à une ligne c’est à celle qu’ils tracent sur la page blanche.

 

Eh bien Mme Yade figurez-vous qu’ils encouragent l’expérimentation par les gouvernements de modèles de régulation légale des drogues, de manière à réduire le pouvoir du crime organisé et à protéger la santé et la sécurité de leurs citoyens. Et, tenez-vous bien ils ajoutent que si cette recommandation s’applique particulièrement au cannabis, pour d’autres drogues ils encouragent également d’autres expériences en matière de dépénalisation et de réglementation capables d'atteindre les mêmes objectifs.

Certes ils n’ont pas bénéficié de votre expertise. "En plus le cannabis, on peut m'expliquer tout ce qu'on veut, c'est nocif pour la santé; on ne peut pas m'expliquer que le cannabis c'est bon pour la santé. Ça envahit les poumons, ça se fixe dans les graisses du cerveau et ça reste là longtemps, il n'y a rien qui l'arrête. L'alcool, c'est dangereux mais l'alcool est ingéré par le système digestif. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le cannabis ce n'est pas si grave". (L'Express) Pour l’alcool, vous n’avez pas dû entendre parler du delirium tremens, trouble neurologique du sevrage alcoolique, qui prouve que le cerveau est en état de manque.

Evaluation du niveau de risques

Droits de l'Homme et santé publique

 

Mais surtout vous n’avez pas compris ce qu’affirme Terra Nova, après la commission mondiale : Les faits démontrent de façon éclatante que les stratégies répressives ne résolvent pas la problématique des drogues, la «guerre à la drogue» est vouée à l’échec.

 

Et nos chenus experts mondiaux énoncent comme principe que les politiques des drogues doivent être basées sur les droits de l’homme et la santé publique. Il faut cesser la stigmatisation et la marginalisation des personnes qui consomment des drogues, et de celles impliquées aux niveaux inférieurs de la production et de la distribution. Il faut traiter les personnes dépendantes comme des patients, non pas comme des criminels. Autrement dit, l’objet des ces préconisations n’est pas de discuter de la nocivité relative de telle ou telle substance, mais d’agir dans une optique de santé publique. Ainsi préconisent-ils des mesures ayant fait leurs preuves de "réduction des risques" : une approche incluant l’échange de seringues et les traitements ayant démontré leur efficacité comme la méthadone ou la buprénorphine, pour réduire le risque de décès par overdose, ainsi que la transmission du VIH et d’autres infections véhiculées par le sang. Tout ce que vous et vos amis rejettent.

L'échec d'une politique répressive

Le constat est clair et net, ne vous en déplaise.

 

Durant la majeure partie du siècle dernier, c’est le gouvernement états-unien qui a imposé le développement et le maintien de politiques répressives contre les drogues. La France, malgré une politique répressive à grand spectacle dans les années Sarko, est en tête de la consommation de drogues avec le Danemark, en Europe. Loin devant les laxistes Pays-Bas. Un élève de troisième sur quatre a fumé du shit.

 

Les statistiques mondiales qu’affiche le rapport de 2011 confirment l’échec de cette politique répressive que les Etats-Unis eux-mêmes commencent à mettre en doute. Vingt états y admettent l’usage thérapeutique du cannabis et deux son usage ludique. Les États ayant introduit ces réformes n’ont pas connu une plus forte augmentation de l’usage du cannabis parmi les adultes ou les adolescents que les états restés dans une politique répressive.

Il y a actuellement 250 millions de consommateurs de stupéfiants illicites dans le monde et des millions de personnes impliquées dans la culture, la production et la distribution. Nous ne pouvons simplement pas tous les traiter comme des criminels. Sur les 250 millions de consommateurs de stupéfiants estimés dans le monde, l’organisation des nations unies estime que moins de 10% peuvent être classés comme dépendants, ou « consommateurs problématiques de stupéfiants », constate la commission.

Arrêter et condamner les consommateurs de stupéfiants a très peu d’impact sur la réduction du niveau de consommation de stupéfiants, évincer les dealers de bas niveau crée simplement une opportunité de marché pour d’autres. L’éradication de la culture de l’opium, du cannabis ou de la coca déplace seulement la culture illicite vers d’autres régions.

La majorité des vendeurs de drogues à petite échelle arrêtés ne sont pas des gangsters ni des membres du crime organisé – ce sont des jeunes qui sont exploités pour faire le travail risqué de vente dans la rue, des toxicomanes qui tentent de faire de l’argent pour leur propre consommation, ou encore, des « mules » menacées ou intimidées afin de faire passer des drogues à la frontière.

Les gouvernements remplissent les prisons de délinquants mineurs, de « petits poissons », purgeant de longues peines, à grands frais, et sans aucun impact sur l’échelle ou la rentabilité du marché, car facilement remplacés.

Des milliards de dollars sont gaspillés dans des programmes inefficaces. Des millions de citoyens sont envoyés en prison inutilement. Des millions d’autres souffrent de la toxicomanie de leurs proches qui n’ont pas accès aux soins de santé et aux services sociaux. Des centaines de milliers de personnes meurent de surdoses et de maladies qui auraient pu être évitées grâce à la réduction des risques.

 

Le réquisitoire de ces sages est donc sans appel. Et ils encouragent l’expérimentation par les gouvernements de modèles de régulation légale des stupéfiants (par exemple avec le cannabis) conçus pour contrecarrer le pouvoir du crime organisé et protéger la santé et la sécurité de leurs citoyens. Il est absurde d’ignorer ceux qui argumentent en faveur d’un marché taxé et réglementé des stupéfiants actuellement illicites.

 

C’est-à-dire ce que propose le stupide rapport de Terra Nova qui s’inscrit dans le droit fil de celui de la commission mondiale et ses vénérables membres. Et ce qui est mis en place dans le stupide état d'Uruguay*.

 

Jose Pepe Mujica, Président sortant de l'Uruguay,  pays qui, sous son mandat, a initié le mouvement pour la légalisation de certaines drogues en Amérique latine, disait, modestement qu'il ne savait pas quel pourrait être le résultat de cette politique. Mais ce qu'il savait c'est que 70 ans de répression avaient échoué : pire que la drogue qui est un poison, c'est le narcotrafic qui empoisonne, l'état, la société, tout ! "Vale la pena que discutamos estas cosas pùblicamente." Est-ce si stupide, Mme Yade ?

 

ANNEXE

L'OBS du 30 juin publie un dossier :

Cannabis : et si on légalisait ?

La France est le pays d'Europe le plus répressif avec les joints… et aussi celui où l'on en fume le plus ! Comment sortir de cette absurdité ? Chez nos voisins européens comme aux Etats-Unis, le mouvement de dépénalisation, voire de légalisation est enclenché. Alors pourquoi pas chez nous ?

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