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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 18:53

affaire-tarnac3 

 

De brèves en articles, la Sous-direction antiterroriste (SDAT) semble avoir trouvé une courroie de transmission au Nel Obs, dans l’affaire Tarnac, avec O. Toscer. Affaire, faut-il le rappeler, qui concernait un acte de vandalisme sur les caténaires d’une ligne de TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008.

 

Ainsi le 25 octobre 2012 pouvait-on découvrir cette “INFO OBS. Tarnac : la dernière cartouche de Julien Coupat. On y lisait “Julien Coupat et son épouse Yldune Lévy, n’en finissent pas de clamer leur innocence. Après déjà quatre ans d’instruction, ils s’apprêtent à abattre leur dernière carte.” A croire que l’auteur, comme MAM qui, au moment de l’arrestation du fameux groupe de Tarnac dénonçait l'ultra-gauche, mouvance anarcho-autonome, prône la présomption de culpabilité. Sauf qu’en droit, en principe, les inculpés sont présumés innocents. Donc ce passage est grotesque : depuis quatre ans la police et le juge d’instruction n’ont pas cessé de proclamer la culpabilité de J. Coupat et d’Y. Lévy, ils sont jusqu’à maintenant incapables de le prouver, voilà ce qu’on aurait dû lire.

 

Quelle était donc cette dernière cartouche ? un relevé de retrait par carte bancaire de 40 € qui apparaissait bizarrement dans le dossier, quatre ans après. Et pas à l’initiative des « présumés coupables » : une négligence policière de plus ! Relevé qui indiquait que la carte bancaire de Yldune Lévy avait donc servi à un retrait à Pigalle vers 2 h 40 du matin, la fameuse nuit de novembre 2008. Y. Lévy ne s’en était pas servi comme alibi, « s’amuse un policier » ! Et notre journaliste d’ajouter sans rire cet ultime rebondissement ne semble pas empêcher les enquêteurs de dormir.

 

 

Toujours plus fort, O. Toscer remettait le couvert, le 8/11/12 : INFO OBS. Tarnac : l'alibi du couple fragilisé. On y retrouve la présomption de culpabilité puisqu’il écrit que les inculpés pensaient même pouvoir apporter enfin la preuve de leur non-implication. Et visiblement reprenant un tuyau policier, il nous assène qu’elle n’avait pas [sa carte bancaire] dans ses affaires lorsqu'elle a été arrêtée trois jours plus tard. Ce qui, dans la logique policière voudrait dire qu’elle aurait passé carte et mot de passe à un complice pour se fabriquer un alibi… qu’elle n’a jamais excipé.

 

 

Tuyau crevé

Mais encore plus fort, le 22/11/12, « Tarnac dans l’œil du FBI » nous apprend une note confidentielle que ‘le Nouvel Observateur’ s’est procuré en exclusivité. Entendez qu’un policier a transmis au journaliste. Le FBI nous révèle, par cette note du 19 mars 2012, que le couple Coupat-Lévy a participé à une réunion d’anarchistes, à New-York entre 11 et 13 janvier 2008.

affaire-tarnac-mark-kennedy-lg  Ce tuyau est bien crevé puisqu’il émane d’un infiltré britiche, Mark Kennedy, dont les infos à son service, le National Public Order Intelligence Unit, un organisme britannique chargé de lutter contre le terrorisme intérieur - dissous, pour cause de scandales - sont pour le moins douteuses.

D’autant plus crevé, et le journaliste qui le répercute complaisamment ne pouvait l’ignorer, que ce fameux service britannique avait déjà fait part au juge d’instruction Fragnoli d’informations sur la présence de Coupat à cette réunion.

La SDAT avait dû en être avertie officieusement en 2008, puisque l’épicerie de Tarnac avait été mise sur écoutes illégales bien avant que les caténaires soient vandalisés. Ecoutes qui n’ont pas dû donner grand-chose car O. Toscer ne nous en livre aucun écho. Mais pour faire bon poids il nous donne un extrait de notes manuscrites de Coupat, sans photocopie cependant, où on lirait : "Gants 25.000 V, scotch, pince, Barbour-caban, tubes + ficelles, 2e paire de gants, frontales, essai, livres, acétone-dégraissant-graissant ". Et il ajoute : Les policiers y voient un mode d’emploi pour des actions suspectes(sic), comme la pose de crochet sur les caténaires d’une ligne TGV.

 

Aucune preuve tangible

Sauf que, lesdits policiers, généreux fournisseurs de documents exclusifs, ne sont pas foutus capables de prouver quoi que ce soit. Car, en 2008, “la police, qui affirme avoir suivi le couple Coupat cette nuit-là” (7 au 8/11/08), malgré 10 véhicules et 20 fonctionnaires mobilisés l’a perdu de vue ! Les PV ne manquaient pas non plus de cocasseries, puisque la Mercedes de l’affreux terroriste réussissait, comme le rappelle Le Canard enchaîné, à rouler à près de 160 km/h de moyenne sur une départementale ! Mais des policiers firent mieux encore puisqu’ils réussirent à se déplacer à plus de 300 km/h ! Ils ont été incapables de prendre le couple en flagrant délit ni de copulation ni de vandalisme. Mieux, les traces de pneus relevés près de la voie ferrée ne correspondaient pas à ceux de la Mercedes, etc.

 

Certes, bien longtemps après, ont été repêchés dans la Marne, à plusieurs km, des tubes plastiques qui auraient pu servir à Coupat (ou à d’autres) pour accrocher un fer à béton sur les caténaires. Mais là encore, les rois de la filoche n’ont pas vu Coupat balancer ces tubes.

Plus fort encore, le juge d’instruction, décide en février 2012 d’une perquisition dans l’atelier de ferronnerie d’un prétendu proche du groupe de Tarnac. 7 heures de fouilles où ils ont fait cette extraordinaire découverte qu’il y a du fer chez un ferronnier. Surtout nos fin limiers ont réussi à oublier sur les lieux une serviette contenant des documents et surtout leurs n° de portables. Sachant que la bourde allait être révélée par Le Canard, le juge Fragnoli balançait un courriel des plus grotesques adressé à ses "amis de la presse libre (je veux dire celle qui n'est affilée à Coupat/Assous)", faisant référence à Julien Coupat et à son avocat Jérémie Assous. Dessaisissement obligatoire, qu’il eut encore le culot de feindre de demander. Depuis, la chambre d’accusation de Versailles a autorisé l’audition de 18 policiers impliqués dans la filature des suspects.

 

Ces confidences et fuites exclusives, dont O. Toscer se fait le relai, sont d’assez minables contre-feux de la SDAT pour retarder le quasi-inéluctable non-lieu. Certes, comme on ne fait pas de bonne police sans de bons indics, on ne fait pas de journalisme judiciaire sans de bonnes fuites de la police, du parquet ou d’avocats. Encore faut-il ne pas se faire, avec servilité, la voix ou la plume de la source.  

 

Que des accusés clament ou pas leur innocence, ils n’ont pas à la prouver.

Que dans une liste à la Prévert, la poésie en moins, l’un d’eux note « gants 25000 V », que les policiers perdent un signal GPS d’un émetteur illégalement posé sous une voiture à proximité d’un Bricorama où l’on vend des tubes plastiques, que des tubes plastiques de deux mètres de long soient retrouvés plus d’un an après, etc. peuvent permettre d’échafauder un scénario, mais pas de prouver une culpabilité. Et la défense est tout-à-fait dans son rôle en utilisant un élément matériel mystérieusement occulté jusqu’alors dans l’enquête ; ou en soulignant les incohérences flagrantes des PV policiers ; ou en s’interrogeant sur une instruction menée, par Fragnoli, uniquement à charge…

 

Et tout cela est une énorme gabegie. Qui plus est, elle aura mis en vedette le couple Coupat/Lévy dont l’activité épicière, louable, et les élucubrations idéologiques, fumeuses, ne méritaient peut-être pas un tel coup de projecteur.

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