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26 mai 2008 1 26 /05 /mai /2008 17:05
"Entre les murs" : réactions

La palme d’or inattendue pour « Entre les murs », m’a amené à une petite revue de presse pour alimenter une page d’un site dont je suis ouèbemaître (enfin, jusqu’à présent).

Occasion aussi de jeter un coup d’œil aux réactions. Je suis toujours surpris par les pseudos débiles qu’utilisent la plupart des lecteurs : ont-ils peur que des proches découvrent l’inanité de leurs propos pour se réfugier dans la clandestinité ?

Ma quête s’est limitée au Monde (l’article sur le film qui commençait par une comparaison entre Classe et chambre à coucher), Libé et le Nel Obs.

 

Pour le contenu, on n’est pas déçu.

Il y a ceux qui sont revenus de tout. "Mais pour qui c'est important le festival de cannes, à part pour le bizness et les parasites, piques assiettes en tout genre".... Plus fort encore (et qui pourra servir tous les ans) : "Depuis des années le festival de Cannes n'a plus rien à voir avec le cinéma. C'est un rassemblement mondain ou la bienpensance mondiale se donne rendez-vous pour faire connaitre au monde entier son engagement mondial en faveur de la diversité. Conséquence : les films primés sont "prévisibles", ils enfoncent des portes ouvertes, ils ignorent l'imagination, en fait ils sont à l'opposé de ce qui fait la beauté du cinéma. Manque d'imagination, manque de vraie générosité, manque de respect du spectateur, manque de vraie diversité, en gros à force de vouloir faire différent, on colle à un conformisme désespérant." Ne nous plaignons pas, on a quand même échappé à la pensée unique, que dénoncent tous ceux qui n’en ont pas (de pensée), mais dans le genre alignement de phrases creuses, c’est pas mal du tout.

 

Et puis d’ailleurs : "Demandez aux collégiens de Dompierre-sur-Besbre(03) ou de Chamalières(63)s'ils se reconnaissent dans un collège du 19ème arrondissement de Paris. On peut dire ce qu'on veut, le 19ème, c'est la France, mais pas toute la France. Or, à l'heure actuelle, seule cette France-là semble être visible pour les 'intellos'." écrit l’un.

"Ce film tourné dans un collège parisien, n'est absolument pas représentatif des collèges de province et notamment des collèges ruraux." ajoute l’autre.

 

C’est vrai quoi ! pourquoi n’ont-ils pas tourné ce film à Chavagnes-en-Paillers ? Mais un autre, qui doit prendre le 19e pour une bourgade du Bas-Poitou assène : "Après les Ch'ti et la bêtise de proximité associée au mauvais goût de proximité, c'est désormais le provincialisme de proximité. Franco-français. La victoire du cinéma français, dites-vous ?"

 

Il y a aussi, la horde des donneurs de leçons.

 

Un des seuls non anonymes du lot essaie, à propos de l’article du Monde, de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : "Il m'est arrivé d'inviter des collègues, des amis, des parents dans ma classe, mais ...jamais dans ma "chambre conjugale". De toute façon, tout le monde sait ce qui se passe dans mes classes, depuis l'administration jusqu'à ...mes futurs élèves. Et c'est pareil pour tous les professeurs, ou peu s'en faut. Mais on continue à amuser la galerie avec des clichés. Pour quel profit ? Pour promouvoir un film sous couvert d'un "mystère" à la mie de pain ?" On veut bien croire qu’il ait invité tout ce monde dans sa classe, mais de là à affirmer que c’est ainsi pour tous les professeurs !

 

Un homonyme, prof de philo, va un peu dans le même sens, mais en y ajoutant de profondes réflexions, d’une originalité sidérante : "Si je ne haïssais pas viscéralement cette tyrannie de l'image et cette prétention barbare de la caméra, je dirais : venez donc dans ma classe de philo. Vous y verrez comment on y concilie diversité et culture "unique" (?), intégration et discipline. Dans un lycée "sensible", ce n'est pas toujours facile. Mais on y arriverait vraiment si on n'était pas dans une société acharnée à promouvoir la marchandise, le gaspillage, l'esbroufe, l'indécence, et le bruit. En France ou ailleurs." J'aime bien cette "prétention barbare de la caméra" : objets inanimés avez-vous donc une âme ?

 

Mais là ça visait l’article et non le film et ses protagonistes.


D’abord, une leçon de politesse : "Surprenant, pas un mot de remerciement pour l'Éducation Nationale. Précisons-le tout de même : pour qu'une équipe de tournage puisse s'installer si longtemps dans un établissement scolaire, et "travailler" avec les élèves (acteurs professionnels ou participation à un projet pédagogique ?), il y faut l'accord, l'aide et le soutien du chef d'établissement, de la communauté enseignante, certainement de l'Inspection d'académie ou du rectorat" (et pourquoi pas du ministre ?).

 

Ensuite une bonne leçon de pédagogie : "Plutôt "Dans le mur". Le livre de Bégaudeau montre un enseignant en relation duelle avec ses élèves, passant de la séduction à la soumission. C'est en grande partie cela l'échec de l'Ecole, cette relation. Il n'y a pas d'apprentissage parce que la situation pédagogique est mal construite, et favorise la joute orale, narcissisme du prof. Ce sera l'intérêt du film de montrer ce qu'il ne faut pas faire en tant que prof. Bégaudeau montre son échec dans ce métier ayant choisi le plaisir immédiat celui de la relation au détriment de l'apprentissage." Mais on sait pourquoi cet agrégé est aussi mauvais : "Ah, si les profs du secondaire avaient la formation pédagogique de ceux du primaire, les choses seraient bien différentes... un prof de primaire devenu proviseur dans un quartier dit 'difficile'."

 

Ce Bégaudeau ayant eu l’outrecuidance d’affirmer qu’il fallait montrer ce film aux vieux qui font rien qu’à dire du mal des jeunes, il s’est attiré cette sévère riposte : "Tu n'as que 37 ans, un touche à tout quand on lit ta biographie et tu viens donner des leçons de morale aux vieux en voulant les inciter à voir ton film tout ça pour t'enrichir les poches ?
Mais mon pauvre, tu n'as rien inventé du tout ; le décalage entre les générations, le progrès, les problèmes rencontrés dans les lycées, collège etc... cela a toujours existé !
Faudrait peut-être te remettre en question !
" Scrogneugneu !

 

Mais s’il fallait donner une palme, je l’attribuerais à Line : "je pense qu'avec ce film et tout ce qu'on en raconte, on va nous faire avaler des couleuvres, noyer le poisson en nous prenant pour des pigeons, et occulter ainsi les vrais problèmes des enseignants qui, eux, ne prennent pas leurs compatriotes en otages mais ont vraiment besoin qu'on s'occupe d'eux au lieu d'être méprisés et par le pouvoir et par le peuple français... qui affiche une jalousie de fort mauvais aloi pour leur soit-disant statut de privilégiés."  

 

Gageons que la clique de la rétropensée appuyée par les pseudos rrrépublicains va aussi se déchaîner.

Rassurez-vous, dans ces réactions il y en a de positives : "Personnellement, j'enseigne dans un LP du Sud de la France et ce que je vis tous les jours dans mon établissement correspond assez bien à l'univers que brosse F. Bégaudau dans son ouvrage "Entre les murs". C'est à un américain que l'on doit ce choix, un choix qui va à l'encontre des langues de bois, ces mêmes langues de bois qui ne veulent surtout pas voir les choses en face : la panne du sacro-saint modèle républicain, la fracture sociale au cœur de notre système éducatif, des profs de plus en plus éducateurs, et j'en passe. Thank you Mr Penn". Ces "langues de bois qui ne veulent pas voir les choses en face" sont assez surréalistes.

 

Télérama a eu la bonne idée de republier un entretien avec François Begaudeau

 

Voir aussi :

Finkielkraut et "Entre les murs"

"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

Entre les murs et les "pédagogues"

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