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3 mars 2014 1 03 /03 /mars /2014 16:08
Cordoue : Hold-up de l’évêque sur la Mosquée !
Cordoue : Hold-up de l’évêque sur la Mosquée !

30 euros, c’est la somme qu’a dû débourser Demetrio Fernández González, évêque de Cordoue, pour s’approprier, au nom de l’église, la mosquée de Cordoue. Un évêque de choc, modèle non défranquisé, qui accuse l’UNESCO d’avoir pour but, dans les vingt prochaines années, que la moitié de la population soit homosexuelle.

 

A peine 30€, de frais d’inscription sur le registre de propriété de Cordoue, c’est ce qu’a coûté le hold-up des 23400 m2 de la Mezquita, la Mosquée de Cordoue, un des joyaux du Patrimoine mondial de l’Humanité. « Ce vol a été rendu possible grâce à deux miracles. Le premier, du fait que José María Aznar a modifié la loi "hypothécaire" en 1998 pour permettre à l'Eglise de s'approprier les bâtiments du domaine public, bien qu'ils fassent partie du patrimoine de tous les Espagnols: il suffit que l'évêque dise et certifie  qu'ils appartiennent à l'Eglise, sans besoin de notaire. Le deuxième miracle, c'est que disposer d'un bâtiment de 23400 mètres en plein centre de Cordoue ne coûte pas un sou à l'Eglise: elle ne paye pas l'IBI (taxe foncière) et ne s'occupe pas non plus des frais d'entretien. » (extraits de la pétition, voir le texte intégral plus bas).

Hold-up financier d’abord puisque le million de visiteurs annuel rapporte 8 millions d’euros qui entreront comme dons non imposés, alors que l’entretien et les frais de restauration restent à la charge de la collectivité. Hold-up spirituel aussi, puisque Demetrio Fernández González veut quasiment gommer l’appellation « mosquée » "¿Catedral o Mezquita? Catedral, sin lugar a dudas". Cathédrale ou Mosquée ? Cathédrale sans l’ombre d’un doute, affirme-t-il donc, avec un argument imparable : comme on y trouve la chaire épiscopale (Cátedra del Obispo) c’est bien une cathédrale ! Affiche, ticket d’entrée ne sont marqués que cathédrale.

Un évêque de la Reconquista

Cet évêque de combat ferait passer Ludivine de la Rochère et Béatrice Bourges pour d’inoffensives chaisières. Ses prêches appelant les jeunes à fuir la fornication à laquelle incitent tous les moyens de communication et même certaines écoles secondaires lui ont valu un quasi buzz dont il s’est réjoui ("me alegro de que la palabra de Dios haya llegado a todo el mundo mundial (sic)"). (Luis Viadel) Inutile de dire qu’il est en première ligne dans le combat contre l’IVG. Mais délire suprême, il a prétendu que le Cardinal Ennio Antonelli lui aurait dit que l’UNESCO avait pour but, dans les vingt prochaines années, que la moitié de la population soit homosexuelle ; des programmes éducatifs lancés par cet organisme de l’ONU auraient pour but de promouvoir la satanique idéologie du genre qui permettrait à chacune et chacun de choisir son sexe sans tenir compte de la réalité biologique ! (El Pais)

 

C’est donc ce prélat digne de la « reconquista » qui s’est approprié la Mezquita. Les gardiens font preuve d’un saint zèle, en s’en prenant en 2010 à des touristes autrichiens musulmans qui priaient devant le Mirhab. Un juge Cordoban conclura par un non lieu, car non content de les avoir agressés, ce service d’ordre privé avait porté plainte. Le contrôle est tel que même des particuliers qui expliquent ce qu’est vraiment le monument peuvent se voir rappeler à l’ordre par ces gardiens.

 

Face à cette défiguration de l’image de Cordoue, la ville des trois cultures (musulmane, juive et chrétienne) une pétition a été lancée. Elle vise d’abord à redonner au monument l’appellation de Mosquée-Cathédrale décidée par la municipalité en 1994 ; elle demande qu’il redevienne le bien de la cité avec une gestion transparente sur le modèle de celui qui régit l’Alhambra et un code de bonne conduite pour éviter les actions sectaires qui nuisent à l’image du monument.

 

 

 

ANNEXE

A la Iglesia Católica (Diócesis de Córdoba): Que devuelvan la Mezquita de Córdoba a la ciudad

 

Pétition à l’attention de M. Demetrio Fernández

A l’église catholique (Diocèse de Cordoue) : que la Mosquée de Cordoue soit rendue à la ville.

       

"Avec 23400 m2, la mosquée de Cordoue est la deuxième du monde en superficie, après celle de la Mecque. Douze siècles après sa construction, l'Eglise catholique a inscrit l'ensemble à son nom sur le registre de la propriété nº 4 de Cordoue [...]. La démarche a à peine coûté 30 euros. Ce vol a été rendu possible grâce à deux miracles. Le premier, du fait que José María Aznar a modifié la loi "hypothécaire" en 1998 pour permettre à l'Eglise de s'approprier les bâtiments du domaine public, bien qu'ils fassent partie du patrimoine de tous les Espagnols: il suffit que l'évêque dise et certifie  qu'ils appartiennent à l'Eglise, sans besoin de notaire. Le deuxième miracle, c'est que disposer d'un bâtiment de 23400 mètres en plein centre de Cordoue ne coûte pas un sou à l'Eglise: elle ne paye pas l'IBI (taxe foncière) et ne s'occupe pas non plus des frais d'entretien.

 

Cette aubaine amène pour l'Eglise des recettes de 8 millions par an, puisque l'entrée de la mosquée coûte 8 euros par personne et qu'elle reçoit plus d'un million de visiteurs par an. On ne reçoit pas de facture et il est douteux que l'argent recueilli paye des impôts : il est considéré comme un don et, en tant que tel, non imposé. L'évêché de Cordoue dispose de la mosquée comme de sa propriété absolue. Il décide aussi qui peut y travailler en tant que guide ou non. Il n'est pas rare que certains jours la mosquée soit fermée parce qu'il y a, par exemple, une réunion de prêtres à l'intérieur. Cependant, les frais de restauration et d'entretien ne sont pas payés par l'Eglise: c'est l'Etat qui s'en charge.

 

Depuis 1998, l'Eglise a inscrit à son nom des centaines de bâtiments, beaucoup d'entre eux financés par les habitants de chaque village ou ville. Zapatero n'a pas changé la loi en 8 ans, Rubalcaba a promis de la modifier dans son programme électoral. Il est peu probable que le PP élimine un tel abus mais, avec un peu de chance, peut-être l'Union européenne obligera-t-elle le gouvernement à faire payer l'IBI à l'Eglise, comme elle l'a fait pour l'Italie. C'est beaucoup d'argent. Le fait que l'Eglise soit exemptée du paiement de quelques impôts, privilège médiéval, nous coûte 3 milliards d'euros à l'année, d'après l'Europe laïque. C'est un dixième du déficit que Rajoy doit encore réduire.

 

Une autre question à souligner, étant donné l'actualité (il y a une semaine, le juge a acquitté les 8 musulmans autrichiens qui ont prié dans la mosquée en 2010), c'est l'interdiction des pratiques religieuses alternatives par l'Eglise dans la totalité de l'enceinte de la mosquée. Ce monument historique devrait se transformer en lieu libre de cultes religieux, ouvert à la rencontre entre les cultures. Et au lieu de cela, il est devenu un emblème archaïque de la ville, plein de restrictions et sournois, très éloigné de la sensibilité des Cordouans. Cordoba fut jadis la ville des trois cultures et il ne dépend que de nous qu'elle le redevienne."

 

Traduction littérale (par Bernard Sicot) de la « Petición dirigida a: Sr. Demetrio Fernández »  que vous êtes bien sûr invités à signer (attention "Nombre" veut dire prénom et le nom de famille se met donc à "apellido")

 

 

P.S. Libération (01/04/14) se fait l'écho de ce hold-up : Cordoue : à la reconquête de la mosquée masquée

Une évocation de Cordoue

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28 novembre 2008 5 28 /11 /novembre /2008 12:24

Retour vers le bassin méditerranéen, où, au temps de la Renaissance, Amin Maalouf nous entraîne dans le sillage d'un homme au destin exceptionnel, Léon l'Africain.

 

Par le biais d'une longue lettre à son fils, Léon l'Africain, né Hassan al-Wazzan vers 1488 à Grenade, nous livre cette chronique de 40 années de son parcours aux fortunes diverses et extrêmes. Le découpage des chapitres aux titres très évocateurs correspond à chacune des années de cette autobiographie imaginaire d'un personnage réel.

 

Hassan et sa famille vont devoir fuir Grenade où cohabitaient Juifs et Musulmans pour s'établir à Fès quand les Rois Catholiques de la Reconquista - bien secondés par l'Inquisition qui débusque les « hérétiques »- s'emparent de la ville. Dans la cité impériale, le jeune garçon fera de solides études qui feront de lui un polyglotte et lui permettront de devenir un commerçant-ambassadeur itinérant à-travers le Maghreb et même jusqu'à Tombouctou, Constantinople, Le Caire (au moment où les Ottomans occupent l'Egypte), La  Mecque... C'est  au retour d'un pèlerinage dans la ville sainte qu'il est capturé par des pirates siciliens qui en font présent au pape Léon X. Celui-ci, séduit par sa culture et son esprit, l'adopte, lui donne son prénom chrétien après conversion et en fait un conseiller écouté et un familier de la cour papale. Pour le pape, Léon « l'Africain » rédigera entre autres Description de l'Afrique, ouvrage de référence pour des siècles. Pourtant, il devra en catastrophe quitter Rome au moment du sac de la Ville Eternelle par les troupes impériales de Charles Quint pour rejoindre Tunis comme ultime étape.

 

Par l'étendue de son savoir, par sa maîtrise des langues,  par son rejet de l'obscurantisme, par son esprit de méthode, d'ouverture, de tolérance - il épouse à Rome une jeune femme  d'origine juive - Léon-Hassan, charnière entre l'Occident et l'Orient, apparaît sous la plume de Maalouf comme une figure emblématique de la Renaissance humaniste dans un contexte non dénué de barbarie. L'auteur est un formidable conteur qui intègre avec bonheur les événements politiques et religieux (à cet égard le roman est un véritable condensé de l'histoire méditerranéenne de l'époque) les éléments géographiques, les aspects des différentes civilisations aux pérégrinations de Léon-Hassan à qui il prête en fin d'ouvrage ce testament spirituel à son fils :

 

« N'HESITE JAMAIS A T'ELOIGNER AU-DELÀ DE TOUTES LES MERS, AU-DELÀ DE TOUTES LES FRONTIERES, DE TOUTES LES PATRIES, DE TOUTES LES CROYANCES »

 

LEON L'AFRICAIN  (Amin Maalouf Editions Jean-Claude Lattès 1983, réédité au Livre de Poche)

 

Note précédente :Profondeurs (MLF 5)

 

 

 


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