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20 septembre 2020 7 20 /09 /septembre /2020 21:22
ECOLE, GARDERIE, COVID

Le CONAROVIRUS fait des ravages, même du côté de l’école. A nuancer sans doute, car les résosocios font loupe déformante autant que grossissante. Sauf que quand des supposés bac+5 émettent des jugements dignes de FlyRiderGj, on peut être en droit de s’inquiéter

Olivier Véran, Ministre de la Santé, ayant décidé d’alléger les mesures dans les écoles (fermetures, mises en ‘septaine’, etc.), l’écho de cette décision dans la page fessebouc de Philippe Watrelot a provoqué des réactions indignées.

Ayant eu l’audace de faire état d’une étude de l’Institut Pasteur - Covid-19 dans les écoles primaires : pas de transmission importante du virus entre enfants ou vers les enseignantsavec cependant des précautions oratoire (cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de cas mais qu’ils sont rares), cela m’a valu des commentaires acerbes.

Ainsi une Valérie G. m’interpelle : « pourquoi le sport a la TV, émis par le gvnmt , insiste t il autant pour qu Akim qui peut revoir sa grand-mère, reste a distance masqué... puisqu il n est pas transmetteur ? Moi j ai vraiment l impression d'etre prise pour une conne. Les arrêts coûtent trop chers, on renvoie les personnes vulnérables au boulot ,on remplace quatorzaine par septaine, etc. » (je suppose qu’il s’agit de « spot » à la télé).

Inutile là d’essayer de répondre, puisque elle-même commente un message qu’elle n’a visiblement pas lu, où j’écrivais « Dire, comme le fait l'étude de l'Institut Pasteur, que la transmission entre enfants ou d'enfants vers enseignants est faible ne veut pas dire que ça n'existe pas » et que l’Akim de la télé semble avoir dépassé l’âge de l’école primaire.

Et un Stéphane B. me demande « Que pensez-vous alors du fait qu’il n’y ait que des labos français qui aient relevé cette prétendue faible contagiosité alors que toutes les autres études mondiales prouvent le contraire ? Comment comprenez-vous alors les inquiétudes de l’OMS devant les choix de réduction de mise à l’écart de 14 jours à 7 jours notamment en France ? Ma question est simple : avons-nous les meilleurs médecins au monde en matière de recherche ou une médecine muselée et aux ordres ? »

Outre qu’il est un peu hardi d’affirmer que « toutes les autres études mondiales* prouvent le contraire » (surtout quand on est incapable d’en citer une seule), on retrouve la thèse habituelle sur une médecine « aux ordres » ! En l’occurrence l’Institut Pasteur, avec des médecins mais aussi des chercheurs ayant peut-être fréquenté les mêmes amphis que des profs de disciplines scientifiques. Mais qu’importe, s’ils ne sont pas à la solde des labos, ils sont les laquais du pouvoir. Il n’est pas sûr que ce Monsieur ait tout-à-fait conscience de l’injure qu’il fait à des travailleurs d’assez haut niveau de formation dont il met en doute la conscience professionnelle.

Derrière cette dispute entre toutologues amateurs –mes contradicteurs et moi-même (encore que tout toutologue que je puisse être, je tente, au moins, de référencer mon propos) - se cache un autre débat que résume caricaturalement un anonyme Mu Zephyr : «les personnes à risques deviennent en une nuit plus à risques, les écoles doivent rester ouverte coûté que coûte, en temps de guerre on aurait dit qu'il faut du monde pour servir de chair à canon, la c'est juste pour que tout le monde aille bien bosser pour satisfaire le patronat, qui en échange des 100 Mds n'oublie pas de mettre en place des PSE ou des plans sociaux tout court. »

Cet-te imbécile reprend le discours déjà entendu dès mai, quand il a été question de rouvrir progressivement, là où c’était possible, écoles puis collèges. L’école « garderie » pour permettre aux masses laborieuses intellectuelles et surtout manuelles de reprendre le chemin des entreprises au service du grand capitâl ! Sauf que, comme c’était à effectifs réduits, parfois à temps partiels, ça aidait assez peu les salariés à reprendre leurs chaînes pour engraisser le patronat.

L’annonce de la rentrée a provoqué une conjonction assez singulière, de l’anar de « questions de classe » jusqu’au réac de la confédération générale des cadres (CGC), en passant par le café pédagogique, pour critiquer cette idée, il est vrai saugrenue, de faire la rentrée des classes en septembre. Et on vit refleurir le discours sur une rentrée juste faite pour permettre « aux gens » de repartir au boulot. En oubliant que pour beaucoup de « gens » – ceux qui ont bénéficié du chômage partiel – retrouver un plein salaire avec parfois des HS, quand ils ont quelques emprunts sur le dos, est un soulagement. Et ne parlons pas à ces révolutionnaires en charentaises, de tous les autres, les saisonniers sans saison, les CDD non renouvelés, les ubérisés, les chômeurs, etc. qui, eux, seraient bien contents de (re)trouver un job.

Les syndicats ne sont pas tombés dans cette caricature de l’école-garderie au service du patronat ! Impossible de clamer : Non à la rentrée. Quoique… Il fallait mieux la préparer (une semaine pour l’un, deux jours pour l’autre). Il fallait mieux préciser le protocole sanitaire. Les conditions matérielles n’étaient pas réunies, pas partout au moins…

Et quand elle fut faite, la rentrée, les messages sur les résosocios de s’entrecroiser : explosion de cas dans les collèges clamait un vice-président de conseil départemental (ex-prof), pauvre élève isolé dans la classe privé de récré témoignait un autre, on ferme tout pour rien, on ne ferme rien malgré tout… Les exemples étrangers viennent à la rescousse : voyez l’Italie… raté ça patauge à leur rentrée ; voyez l’Allemagne, sauf que là il faut aller voir Land par Land…

ECOLE, GARDERIE, COVID

On ne me fera pas dire du bien de Blanquer, tenant des propos lénifiants, style « il ne manque pas un bouton de guêtres », au lieu de parler vrai. Mais que proposent d’autre ses contempteurs ? Le confinement, quels que soient les efforts de continuité pédagogique, a creusé les inégalités déjà ancrées dans notre système éducatif. Pour certains élèves il s’est traduit par des conditions de vie très dégradées. Qui oserait clamer qu’une telle situation aurait dû perdurer ?   

Comme souvent, et en particulier dans cette pandémie, on n’a le choix qu’entre deux solutions plus ou moins mauvaises : il vaut mieux choisir la moins mauvaise.

Nul n’ignore que faible contagiosité ou pas, il y aura, il y a, des contaminations, au sein de l’école peut-être, à ses abords plus sûrement (il n’est que de voir les collégiens rejoignant une gare routière pour constater que les consignes qu’ils suivent au collège et les masques sont vite oubliés). Des enseignants seront, sont atteints. Des classes, voire des établissements ferment. Donc des disparités se créent, rompant l’égalité républicaine. Mais sans doute beaucoup moins qu’elle ne le fut, pendant le confinement. Et ceux qui mettent en exergue ces décisions apparemment contradictoires – fermetures ou pas, septaines ou pas, etc. -  sont-ils capables de dire ce qu’il aurait fallu faire et ce qu’il faudrait faire ?

Quant au système éducatif réduit à l’état de garderie au service du système capitaliste, les idiotlogues qui profèrent de telles énormités se rendent-ils compte qu’ils insultent les personnels des crèches – qui ne se contentent pas d’une « garderie » des bambins – et qu’en croyant attaquer le capital et le pouvoir à son service, ils crachent en fait sur l’école : car en quoi serait-elle plus au service du patronat pendant la pandémie qu’avant ? L’école, pour eux, ne serait donc là que pour permettre aux masses aliénées d’aller vendre à bas prix leur force de travail aux ploutocrates voraces ?

MARX réveille-toi, ils sont devenus débiles !

* Une étude étatsunienne démontrerait que les gniards de 5 ans et moins, testés positifs, auraient une charge virale supérieure à celle des plus âgés. Mais, comme les plus jeunes sont beaucoup plus rarement touchés par la maladie, d’autres études tentent d’expliquer ce phénomène. Une étude belge va dans le même sens que celle de l’Institut Pasteur. L’avis du Haut conseil de la santé publique reprend les conclusions de l’étude de l’Institut Pasteur.

 

NB Les citations de mes contradicteurs sont copiées/collées.

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:04

« On ne naît pas femme, on le devient » vs « Et dieu créa la femme »

 

androgynes1

Après l’article sur le cléricalisme de l’église espagnole, un camarade syndiqué m’avait signalé une polémique qui naissait sur les programmes de SVT de 1ère L et ES, avec l’introduction implicite des études du Genre ou gender studies. Un coup de gogol et je tombe sur des sites intégristes déchaînés et sur la dame Boutin qui se fendait d’une « Lettre ouverte à Chatel ». Marginal, ai-je, bien à tort, pensé. Mal m’en a pris, car peu après ce fut, outre les bigotes associations familiales chrétiennes, la Direction de l’enseignement catholique qui partit en croisade. Un peu jésuitiquement, en s’en prenant aux manuels et non frontalement aux programmes.

 

androgyneCdl126pxQue disent-ils de si scandaleux, ces programmes ? Sous le titre « Féminin, masculin », on peut lire :

« L’étude de la sexualité humaine s’appuie sur les acquis du collège. Dans une optique d’éducation à la santé et à la responsabilité, il s’agit de comprendre les composantes biologiques principales de l’état masculin ou féminin, du lien entre la sexualité et la procréation et des relations entre la sexualité et le plaisir. Ces enseignements gagneront à être mis en relation avec d’autres approches interdisciplinaire (philosophie) et/ou intercatégorielles (professionnels de santé). Il s’agit d’aider l’élève à la prise en charge responsable de sa vie sexuelle. »

Mais c’est surtout le sous-titre « Devenir femme ou homme » qui soulève l’ire de la cathosphère.

« On saisira l’occasion d’affirmer que si l’identité sexuelle et les rôles sexuels dans la société avec leurs stéréotypes appartiennent à la sphère publique, l’orientation sexuelle fait partie, elle, de la sphère privée. Cette distinction conduit à porter l’attention sur les phénomènes biologiques concernés. »

 

androgynesContrairement à ce que la cathosphère veut faire croire, les études du Genre ne nient pas les différences biologiques. Elles distinguent le sexe biologique du « sexe social ». Inspirées de penseurs français comme Deleuze, Foucault ou Derrida, les « gender studies » se sont développées aux Etats-Unis. En résumé, elles cherchent à démontrer que c'est l'éducation au sens large, dans le contexte historique et social,  qui construit le «genre» de l'individu.

 

En France les études du Genre sont quasi inexistantes «Les réticences viennent d'une conception étroite de notre universalisme. Car ces débats sur le genre traversent la société française avec la parité en politique ou les débats sur les quotas. Comment expliquer, par exemple, qu'il y ait 80% de filles dans les filières littéraires au lycée ? On nous dit qu'elles ont un esprit littéraire. Qu'est-ce que cela signifie ? », dit Richard Descoings, le directeur de Sciences Po où les questions sur le genre ou sexe social vont faire l'objet d'un enseignement obligatoire.

androgyne Solomon-soul

baiser lesbien Le secrétaire général adjoint de la direction de l’enseignement catholique, Claude Berruer, a donc envoyé une lettre aux chefs d'établissement de l'enseignement catholique par l’intermédiaire des directeurs diocésains pour les alerter sur le chapitre impie «devenir homme ou femme» qui fait «implicitement référence à la théorie du genre, qui privilégie le “genre” considéré comme une pure construction sociale, sur la différence sexuelle[…] L'identité masculine ou féminine, selon cette théorie, n'est donc pas une donnée anthropologique mais une orientation

 

podvin.jpgL’épiscopat sur son site officiel est encore plus explicite :

«Les nouveaux programmes de SVT (Sciences et Vie de la Terre) des Premières ES et L font référence à la « théorie du genre ». Une idéologie qui contredit la conviction chrétienne que l'on naît garçon ou fille. Et que Dieu créa l'homme et la femme l'un pour l'autre, pour qu'ils s'aiment et qu'ils transmettent la vie». « Les responsables de l'Enseignement catholique sont pleinement dans leur mission quand ils interpellent ces contenus, écrit Mgr Bernard Podvin, Porte-parole des évêques de France, dans l'hebdomadaire Famille Chrétienne. Ce qui me préoccupe le plus est que l'on distille, dans les années lycéennes où la pensée ne fait que se forger, un subjectivisme et un relativisme. […] A la lumière de notre vie spirituelle, nous redisons avec Benoît XVI que le masculin et le féminin se révèlent comme faisant ontologiquement partie de la création ».

 

Baiser Gay Mais c’est un prof de philo d’un lycée catho, Thibaud Collin, qui met au jour l’obsession homophobe sous jacente  «La prime à l'indifférenciation sexuelle promeut en fait l'homosexualité. Ces théories sont une tête de pont pour un changement radical de société

 

 

L’association FHEDLES (Femmes et Hommes, Égalité, Droits et Libertés dans les Églises et la Société), qui ne fait pas partie de la cathosphère, car proche de Golias, remet les pendules à l’heure : « Enseigner une anthropologie « naturelle » immuable est une imposture et disqualifier les théories du genre en les faisant passer pour une idéologie de l’indifférenciation est une malhonnêteté. »

 

 

boussole.1262652386.jpg A l’inverse, deux profs de SVT d’un lycée public, Katia Lévy et Matthias Dourdessoule, ont lancé un blog intitulé « L’école déboussolée » qui propose une pétition au Ministre de l’Education nationale où  on peut lire « Profitant de l’ambiguïté de votre circulaire parue au Bulletin officiel du 30 septembre 2010 définissant des programmes qui n’ont été soumis à aucune consultation nationale, ces manuels dénaturent profondément ce cours, en imposant ce qu’il est désormais convenu d’appeler la théorie du « Gender »qui est une théorie philosophique et sociologique et non scientifique. Elle affirme que l’identité sexuelle (qui est un concept non biologique) est une construction culturelle relative au contexte du sujet. » Sur le fond du pur Boutin quand elle s'insurge contre l'imposition "d'une cer­taine vision de l'homme et de sa sexua­lité [...] qu'il ne relève pas du rôle de l'Education natio­nale d'inculquer". Mais tout cela au nom de « l’école publique », avec un détournement éhonté de la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs »* de 1883. Il n’est pas étonnant qu’ils soient flatteusement présentés comme de nouveaux « hussards noirs » (sic) dans Nouvelles de France qui se dit Portail libéral-conservateur.

 

androgyneCdl126pxPhilippe Watrelot, responsable du CRAP (cahiers pédagogiques) note que « Ce n’est pas la première fois (et malheureusement pas la dernière) qu’un groupe de pression s’en prend aux programmes scolaires. On se souvient de la polémique causée par la proposition de députés d’intégrer “les aspects positifs de la colonisation” dans les programmes d’histoire. Ou encore des lobbys patronaux reprochant aux programmes de SES de ne pas assez donner une image positive de l’entreprise. Ce qui est notable ici c’est qu’il s’agit non pas seulement d’un groupe de pression mais d’un pan de l’enseignement français (qu’on le veuille ou non) qui s’oppose à un programme adopté par l’ensemble de la communauté éducative. Cette prise de position vient après d’autres marquées par un durcissement du discours et une volonté de réaffirmer la spécificité de l’enseignement catholique non seulement sur les dispositifs mais aussi sur les contenus. »

 

Et la prise de position officielle des évêques montre que la tentation cléricale d’imposer leurs dogmes – baptisés lois naturelles – à l’ensemble de la société est toujours présente. Comme le rappelle justement l’UNSA éducation « les Eglises, quelles qu’elles soient, n’ont pas à donner leur avis sur des programmes scolaires qui visent à la formation de « citoyens » et non de « croyants », sauf à vouloir défaire la loi de séparation des Eglises et de l’Etat ».

 

 

* Citer la « Lettre de Jules Ferry aux instituteurs » relève d’une certaine ignorance du contexte historique (naissance de l’école publique dans un environnement souvent hostile) et feinte ignorance des enseignants auxquels il s’adresse : les instituteurs à une époque où la scolarité s’arrêtait à douze ans. L’auraient-ils correctement lue qu’ils auraient vu qu’elle ne vise que l’Instruction morale et civique. A vouloir lui faire dire ce que la lettre ne dit pas ils justifient le refus de certains parents – tout aussi « honnêtes » que le père de famille qu’évoque J. Ferry, à propos de précepte ou maxime – de certaines parties des programmes de SVT. Ceux, peu nombreux au demeurant, qu’évoquent perpétuellement les islamophobes. 

 

Pour compléter :

Liberte-des-maeurs-egalite-des-droits_medium.jpgTéléchargez l'essai gratuitement  (433,79 ko)

 

Pour compléter encore : http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298#comment-3671856

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