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6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 18:43

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« Voici la liste de députés qui se prétendent « socialistes » et qui jouent le Medef contre les travailleurs. Nous nous en souviendrons ! » peut-on lire dans un blog. Tout bénéf pour le medef, tout malheur pour l’travailleur, tel est, à peine résumé, le jugement des contempteurs de la flexisécurité.

Un peu de désintox n’est peut-être pas inutile.

 

La messe CGT-FO était dite, même si elle n’a réuni que peu de fidèles : Loi scélérate était-il écrit sur une banderole. C’était le 5 mars et la loi en question ne sera présentée que le lendemain, mais pas besoin d’en avoir le texte puisqu’elle entérine un accord scélérat signé par une CFDT scélérate. Ça aura au moins permis de voir Thibault et Mailly côte à côte !

 

Un accord – donc une loi – qui va donner les mains libres au patronat pour licencier, accroître les contrats précaires, démanteler le code du travail… pour tout dire tout à jeter.

 

Sauf que, des accords non encadrés, eux, par une loi ont lieu. Et pas d’aujourd’hui. Ne voit-on pas dans le film de Robert Guédiguian, « Les neiges du Kilimandjaro »*, la CGT organiser un tirage au sort des victimes d’un plan social qui doit sauver la boîte. Des exemples nombreux sont donnés à la télé ou dans les journaux d’accords d’entreprises, antérieurs à la loi, se traduisant par des sacrifices pour les salariés. Et, ironie de l’histoire, c’est au lendemain de la manif que l’on apprend que FO-Renault s’apprête à signer l’accord de compétitivité proposé par Carlos Ghosn « Il vaut mieux prendre le risque d'un avenir que de ne pas avoir d'avenir du tout", a expliqué Laurent Smolnik, responsable FO.

 

Combien de manifestants d’hier qui brandissaient des pancartes anti Ayrault-Sapin avaient lu le projet de loi ? Aucun ! L’accord signé ? Très peu. Mailly et Thibaut, si. Mais ça ne les empêchait pas de caricaturer à l’extrême.

 

 

 

 

 

Inutile de rappeler que cet accord doit permettre, avant 2016, aux 4 millions de salariés qui en sont dépourvus de bénéficier d’une complémentaire santé collective, prise en charge à 50 % par l’employeur. Broutille.

 

Cet accord, mais c’est la mort du CDI affirment, sans vergogne, ses détracteurs. L’accord prévoit de surtaxer les CDD courts (1 mois + 75 %, 3 mois +40%) et l’embauche en CDI d’un jeune de moins de 26 ans donnera droit à un allègement des charges !

 

Surtout cet accord donne carte blanche au Medef pour le chantage à l’emploi, la mobilité imposée, les licenciements clament ses contempteurs. Si on regarde d’un tout petit peu plus près, on constate d’abord que tant en ce qui concerne les accords compétitivité-emploi que mobilité, les syndicats signataires devront représenter plus de 50 % des salariés. Les accords de « maintien dans l’emploi » seront certainement mieux cadrés que ceux qui sont signés actuellement : graves difficultés conjoncturelles attestées, deux ans maximum, tous les emplois maintenus.

 

Loin de faciliter les licenciements économiques l’accord prévoit des conditions plus strictes d’élaboration des plans sociaux. L’employeur devra soit l’élaborer en négociant avec les syndicats (et entériné majoritairement), soit le faire seul, mais il devra être validé par l’administration. Autrement dit, celle-ci devra vérifier que les droits des salariés sont respectés, donc éviter les licenciements abusifs. Aujourd’hui, c’est a posteriori, après de longs délais, que ce contrôle est fait par le juge et la perte d’emploi effective n’est compensée que par des dommages et intérêts.

 

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Truisme : tout accord syndicats-patronat est un compromis.

 

Certains peuvent voir le verre à demi-vide et d’autres le verre à demi-plein. Refuser l’accord parce que les avantages ne sont pas à la hauteur des concessions faites. Ou au contraire, y souscrire car jugé équilibré. Désaccord donc, mais qui ne se traduit pas par des anathèmes.

 

Là on est dans un discours manichéen. Les éléments de langage ne font pas dans l’argument mais dans le slogan. Et la confrontation des points de vue se mue en dénonciation de prétendues trahisons, sur un ton qu’on croyait d’un autre âge.

 

Le gouvernement, d’entrée, a indiqué qu’il ne se substituerait pas aux partenaires sociaux, que c’était à eux de dessiner les changements qu’ils voulaient voir pris en compte et que la loi ne jouerait qu’un rôle d’accompagnement. Ainsi, instituer un contrôle administratif a priori sur les licenciements économiques passe par la loi. Il faut donc, pour que cet encouragement au dialogue social se concrétise, que la loi reflète l’accord conclu. Cela ne mérite pas une parodique chasse aux sorcières, je veux dire chasse aux députés qui osent se dire socialistes.

 

L’accord, conforté par la loi, va encadrer des accords d’entreprises compétitivité-emploi, pour le moment sauvages, mieux encadrer aussi les temps partiels, accorder des droits nouveaux aux travailleurs… C’est une étape : le chantier de la Formation Professionnelle est déjà ouvert pour les partenaires sociaux, celui de la reprise des sites industriels doit être réglé par la loi, l’encadrement des revenus indécents sur le modèle suisse est encore à l’ordre du jour sans parler des retraites… Les avancées seront toujours insuffisantes pour les adeptes du yakafokontoutésimple.  

Mais la démocratie marche aux compromis.

 

* Certes c’est  de la fiction mais les films de Robert Guédiguian sont nourris de la réalité sociale de Marseille  et, sauf erreur, l’épisode fondateur du film n’a provoqué aucun cri d’orfraie de la CGT, à l’époque.

 


"Les Français en ayant entendu parler sont aussi une majorité relative (49%), à considérer que cet accord favorise autant salariés et entrepreneurs (contre 44% estimant qu’il profite davantage aux employeurs et seulement 6% estimant qu’il profite davantage aux salariés)."

Sondage BVA 08/03/2013

Le détail du sondage est téléchargeable : http://www.bva.fr/data/sondage/sondage_fiche/1251/fichier_bva_actu_-_les_francais_et_la_reforme_du_marche_du_travail6ca5a.pdf

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