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13 décembre 2018 4 13 /12 /décembre /2018 17:50
Une image diffractée des "gilets jaunes"

Le Monde a ouvert ses colonnes à une enquête originale d’universitaires sur le mouvement des « gilets jaunes », enquête intéressante, mais à manier avec précaution.

Au plus fort de leur mobilisation, le 17 novembre, les gilets jaunes ont réuni à peine 300 000 personnes. Quant au nombre, même si les chiffres affichés à l’époque sont exagérés, on est loin de la mobilisation des cagots anti-mariage pour tous.  Depuis, il en reste à peine une petite moitié active le samedi.

Le peuple, au sens institutionnel - Ensemble des citoyens d'un pays qui exercent le droit de vote pour désigner leurs gouvernants - était de 47,5 millions d'électeurs inscrits (et, en ne retenant que les votants, 37 millions au 1er tour de la présidentielle). Donc les gilets jaunes ne représentent même pas 1% des électeurs actifs.

Une image diffractée des "gilets jaunes"

Impossible donc que des sondages classiques puissent analyser quoi que ce soit de ce mouvement puisque dans un échantillon classique, de l’ordre de 1000 sondés,  ils sont à peine 10 et même dans des enquêtes plus lourdes avec plus de 10 000 sondés, ils seraient à peine 100. Les sondages ne peuvent rendre compte que du soutien d’une large majorité de sondés pour ce mouvement.

Une image diffractée des "gilets jaunes"

Échantillon de Gilets jaunes mobilisés aux Sables d’Olonne le 15/12/2018.

Le Monde, le 12/12/18, a publié une enquête auprès de « gilets jaunes » (GJ) lancée par une équipe d’universitaires (sociologues, politistes et géographes).  La double page ne rend compte que des résultats d’un questionnaire, posé en face à face direct (et non en ligne) à 166 personnes, questionnaire administré dans des manifestations, sur des ronds-points ou à des péages. L’équipe nous promet, entre autres, une « analyse lexicométrique des réseaux sociaux », une cartographie, etc.

Une image diffractée des "gilets jaunes"

Bien qu’ils ne soient pas présentés comme tels, les résultats du questionnaire, sous forme de diagrammes, peuvent être pris comme donnant une image de l’ensemble des gilets jaunes mobilisés au lendemain du 17 novembre. Ainsi les deux graphiques sur leur positionnement sur une échelle de droite à gauche est reprise sur fessebouc pour démontrer que nos GJ sont quasi des gauchistes (presque 32% de ceux qui se situent politiquement sont sur les deux cases de  l’extrémité gauche tandis qu’à peine 6% sont à l’extrème-droite). Mais les intertitres de l’analyse de ses résultats les présentent aussi comme une image du mouvement des GJ : « Des manifestants d’âge moyen », « Un mouvement mixte », etc. Et nos analystes eux-mêmes ne résistent pas à la tentation de la généralisation : « cette révolte est bien celle du « peuple » – comme se revendiquent nombre de personnes interrogées – au sens des classes populaires et des « petites » classes moyennes, celle des revenus modestes. ». Et comme seules deux personnes sur les 166 ont mentionné l'immigration, ils en déduisent qu'il faut "reconsidérer les analyses qui font du mouvement une émanation de l'extrème-droite".

Une image diffractée des "gilets jaunes"

Or, si les résultats de ce questionnaire donnent une image de ce mouvement, c’est une image diffractée, sans qu’on puisse estimer le coefficient de diffraction. Et son relatif succès tient plus à son pouvoir de nuisance, en dehors même de la violence constatée dans les mobilisations urbaines du samedi, par le blocage de ronds-points et des péages, qu’au nombre de personnes mobilisées.

 

 

Pour compléter :

 

L’étude sur les gilets jaunes publiée dans le journal Le Monde : une tribune politique maquillée en propos scientifique

On a épluché les profils Facebook des porte-parole des Gilets jaunes

Qui relativise l'appel à "reconsidérer les analyses qui font du mouvement une émanation de l'extrème-droite".

 

Voir aussi :

Les "gilets jaunes" représentent-ils vraiment le peuple ?

"...une minorité, même très mobilisée, même bénéficiant d’un soutien de l’opinion publique, ne peut pas se substituer à la majorité et effacer les résultats des élections. Les "gilets jaunes" sont un mouvement d’ampleur, mais on n’a jamais eu plus de 300 000 personnes dans la rue. La foule n’est pas le peuple et 300 000 personnes ne peuvent pas décider pour le peuple."

Olivier Costa

 

Message envoyé par courriel à Mesdames Camille BEDOCK, Magali DELLA SUDDA, Tinette SCHNATTERER, Centre Emile Durkeim, Sciences Po Bordeaux, CNRS :

 

Mesdames,
 
Vos noms apparaissant parmi les signataires d’un article du Monde daté du 12/12/2018 et le centre E. Durkheim étant signalé comme à l’initiative de cette “enquête pionnière” sur la “révolte des revenus modestes”, c’est-à-dire “"les “gilets jaunes”, je me permets de vous soumettre des interrogations.
Certes, le titre même indique bien qu’il s’agit d’une enquête et non d’un sondage, mais aussi bien les diagrammes qui illustrent l’article, que les intertitres et même les conclusions font apparaître les résultats tirés de cette enquête comme ceux d’un échantillon représentatif de l’ensemble des gilets jaunes “actifs” (les questionnaires en face à face ayant été passés dans les manifestations, sur les rond-ponts et les péages).
En témoigne presque caricaturalement, le fait que comme seulement “2 des 166 personnes interrogées ont mentionné” l’immigration, cela inviterait “à reconsidérer les analyses qui font du mouvement une émanation de l'extrème-droite”. Et la conclusion va tout-à-fait dans le sens de cette généralisation (“cette révolte est bien celle du peuple” etc.).
N’étant ni sociologue, ni politiste, ni géographe, je ne me permettrais pas une critique méthodologique, mais je suis quand même curieux – pour autant que vous ayez le temps de faire oeuvre de vulgarisation –  de savoir comment de 166 personnes interrogées, on peut arriver à des conclusions générales.
Très cordialement,
 
JF launay
Luçon
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25 juillet 2018 3 25 /07 /juillet /2018 16:12
Dessin emprunté à Courrier International

Dessin emprunté à Courrier International

« Qu’ils viennent me chercher ! » Ce défi  puéril d'E. Macron, style « tartagueuleàlarécré », qui se veut bravache n’est que lâche. L’article 67 de la Constitution le protège. Et sa déclaration clanique – devant ses féaux et courtisans – est un véritable bras d’honneur. Sarkozy n’avait donc pas tort quand il déclarait : « C’est moi, en pire ». Même attitude d’ado attardé, narcissiquement ivre de son pouvoir.

Sarkozy en pire, mais dans l’exercice de sa fonction. Car s’il a peut-être bénéficié de remises pour sa campagne, il n’a pas eu recours à des financements exotiques et son mouvement était trop récent pour bygmallioniser, c’est-à-dire pulvériser le plafond de dépenses autorisées. Mais comme Président il fait preuve de la même faconde outrancière. Et on l’a vu marcher sur les brisées de son prédécesseur par des déclarations devant les prélats, et la remise solennelle des plus grotesques du titre de Chanoine de Latran. Et si son interpellation du collégien, coupable d’un « Manu » fut moins grossière et plus didactique que le « Casses-toi pauvre con ! », elle fut inutilement longue et vexatoire.

Même si j’ai pu comprendre celles et ceux qui ont voté tactiquement Macron dès le 1er tour, non par adhésion, mais pour éviter d’avoir un choix style Fillon/Le Pen au 2e tour, je fus de celles et ceux qui, pour que le score de la candidate d’extrême-droite soit le moins élevé possible, n’a voté Macron qu’au 2e tour.  Sans trop d’illusions, en tout cas pas celle de me faire prendre celui qui apparaissait comme un jeune Bayrou technocrate, pour un nouveau Mendès-France.

Il est vite apparu, qu’en bon centriste il n’était ni de gauche ni de gauche. Il est vite apparu aussi que, sous prétexte de rétablir une fonction présidentielle qu’il jugeait amoindrie par le côté bling-bling de l’un puis le côté velléitaire et bavard de l’autre, loin de ses discours de campagne, il méprisait tous les corps intermédiaires – collectivités territoriales, syndicats, associations... – avec des mesures brutales et non négociées (et pour la plupart, comme la suppression de la taxe d’habitation, très mal préparées).

Mais il bénéficiait d’un contexte favorable : outre une majorité parlementaire confortable et soumise, la gauche de gouvernement complétement implosée, en lambeaux, il n’avait en face de lui que les outrances de Mélenchon et la dérive ultra-droitière de Wauquiez.

Macron : Sarkozy en pire !

Il aura donc fallu qu’il se tire lui-même une balle dans le pied avec cette minable affaire Benalla.

Un cabinet où on oublie de tirer la chasse

Elle eût pu et dû être réglée dès le 2 mai.

Mais qu’un collaborateur de l’Elysée – tellement en vue que personne ne le voyait finalement à côté de Macron – profite de son jour libre pour tabasser du manifestant en se faisant passer pour un flic est jugé comme une peccadille et ne lui a valu qu’une remontrance et une mise à pied de 15 jours. Pendant ce temps une vidéo, œuvre d’un « insoumis »,  courait sur les réseaux sociaux, mais qu’un supposé flic se comporte en voyou ne surprenait finalement personne.

Il a donc fallu que ce soit un journal, Le Monde, qui, pour Mélenchon et sa clique, est le porte-drapeau du « parti médiatique », qui révèle que le tabasseur avait usurpé les attributs policiers et était un membre clandestin du cabinet présidentiel pour que, après quand même une guignolade du porte-parole de l’Elysée, le pauvre Bruno Roger-Petit, affirmant que l’Alexandre avait subi une sanction sévère, jamais infligée jusqu’alors, pour qu’enfin le licenciement s’impose et que des poursuites judiciaires soient lancées. En toute logique, le supérieur direct, le chef de cabinet, eut dû lui aussi être prié de prendre la porte.

On ne peut plaider l’exemplarité quand de telles erreurs d’appréciation sont commises sans que le responsable direct en subisse les conséquences. 

"L’affaire Benalla met une fois de plus en lumière des conseillers occultes, des organisations parallèles, des privilèges et des passe-droits. Tout ce qui nourrit la défiance des Français, fussent-ils en vacances, avec une démocratie française toujours malade.”

Le TEMPS (journal suisse)

Macron : Sarkozy en pire !

Au lieu de ça, un petit personnage faraud, la surjouant sous les applaudissements mous de ses séides, de clamer sa seule responsabilité et de lancer ce faux défi « Qu’ils viennent me chercher ! ». Faut-il ajouter qu’il a osé – disciple de Mélenchon, le procureur du parti médiatique – affirmer  « Nous avons une presse qui ne cherche plus la vérité » ? Et de rebondir sur des bruits de chiottes répandus par l’extrême-droite qui faisait de Benalla son amant et une information d’un Le Gorafi belge sur la prétendue détention des codes nucléaires par le garde du corps.

Un cabinet pléthorique et interventionniste

L’affaire a au passage révélé que, des simples CRS jusqu’au Préfet de Police, l’onction de l’Elysée permettait à un membre subalterne et clandestin du cabinet présidentiel d’avoir accès au debriefing des manifs du 1er mai. Et ce cabinet est déjà surdimensionné puisqu’on y compte officiellement une cinquantaine de membres, sans compter les militaires et les administratifs. Sans compter non plus ceux qui, comme Benalla, n’apparaissent pas sur l’organigramme.

Ces conseillers du prince outrepassent leur rôle en jouant les tuteurs des ministres. Ainsi, la pauvre Ministre de la culture, envisageant de renouveler l’actuel responsable à la tête de l’opéra, se heurterait au veto de la conseillère culturelle qui n’a toujours pas digéré une histoire de suppression de cloisons fixes entre des loges de l’Opéra Garnier en 2015, qui avait déclenché une pétition qu’elle avait signée.

Plus globalement, le cabinet intervient sur la composition des cabinets ministériels, mettant leurs membres en état de sujétion.

Il est malheureusement très peu probable que l’affaire Benalla mette fin à cette dérive qui voit des petits marquis surdiplômés et surmenés s’arroger des pouvoirs au détriment de ministres responsables, eux, devant le parlement. Au contraire, par son intervention Macron leur dit clairement qu’il leur garantit l’irresponsabilité judiciaire. Tant qu’ils sont ses hommes-liges.

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 16:33

LE MONDE 20 février 2015

Avec ce parler cru et dru dont il se réclame, Mélenchon se déchaîne une fois de plus contre un journaliste (et le journal qui l’emploie bien sûr) pour crime de lèse-imprecator. En termes d’une grande mais méritée sévérité,  il se livre à une féroce attaque ad-hominem, dont il a l’art. Applaudi par son fan club !

 

Or donc, les plumitifs du Journal de Plantu* – ah ! ce dessin de Plantu véritable caricature du prophète de la gôche ! il lui est resté sur le jabot – ont osé persifler sur le Front de gauche.

 

L’article portait sur les désaccords, au sein dudit Front, sur le vote de la motion de censure de l’UMP déposée après l’utilisation du fameux 49-3 pour faire passer en force l’abominable loi Macron. André Chassagne, PCF, annonçait que le groupe FdG (en fait PCF) de l’Assemblée voterait cette motion. Mélenchon, dans son blog le 17/02 semblait d’accord puisqu’il appelait à « censurer le chantage ». « La seule façon de bloquer la loi (…) c’est de voter la censure. Soit celle déposée par la droite (…) soit en en déposant une autre de gauche. » Vérité le mardi, erreur le mercredi où il déclare à France info « qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite dans une aventure pareille ».

 

Comme il dit « Du journalisme sans enquête ni recoupement des infos, entre deux tournée au bar du plazza. » On suppose que le bar en question est proche du Monde. Mais l’accoudé, comme il va désigner le journaliste, ne faisant que reprendre ses propres propos, n’a guère besoin de recoupements.

 

Pas plus quand il cite deux de ses seconds, l’un Coquerel clamant : « Si j’étais à l’Assemblée nationale, j’essaierais de m’opposer jusqu’au bout », l’autre Corbière se récriant « Les attendus de la motion de l’UMP demandent encore plus de réformes libérales ». Mais c’est cela être le Chef : se contredire, mais soi-même.

 

Et s’agit-il de « ragots et bruits de couloirs » quand la petite cervelle journalistique fait dire à l’Imprecator, à propos du Front de gauche,  que ce n’est qu’un « cartel de partis sans ancrage de masse ni volonté d’en avoir – à noter que dans ces partis il y a le sien, le parti de gôche – sans organe (sic) représentatif et sans volonté d’en avoir. »

 

Non, ce qui provoque l’ire jupitérienne du lider maximo, c’est que ses saillies sont qualifiées de bravades et qu’Olivier Faye fait donc dire à un élu communiste “Quand Tsipras parle, il a l’air sympathique. Quand c’est Mélenchon, on a l’impression de se faire engueuler”.  

 

Aurait-il voulu démontrer que ce n’était pas qu’une impression, qu’il ne parle pas mais qu’il éructe, il ne s’y serait pas pris autrement.

 

Le vilipendeur, en parlant de publi-reportages sur le FN, accuse clairement Le Monde d’être à la solde du FN. Ses journalistes stipendiés sont de plus portés sur la boisson, bâclant leurs articles sans enquête ni recoupemententre deux tournée au bar du plazza. Le Swissleaks, cette gigantesque affaire HSBC, dont les plumitifs du monde entier se sont saisis, en témoigne.

Olivier Faye est un accoudé de comptoir, bien sûr. Mais, bizarre révélation, le député européen, nous apprend qu’il est en CDD. Il sait qu’il ne passera pas en CDI sans montrer patte blanche à la chefferie. Car, bien sûr, il faut avoir son brevet d'antimélenchonnisme pour être engagé définitivement au Monde.

 

Et on est à mille lieux du Nous sommes tous Charlie quand, dans son délire,  il s’en prend à la presse écrite : personne n’est obligé de lire la presse écrite et, surtout pas « Le Monde ».

 

Je me garderais de tout autre commentaire sur cette réaction quelque peu excessive et un brin infamante, ayant pu apprendre à mes dépens, que les affidés de l’Imprecator ne supportent aucun commentaire sur leur idole qui ne soit laudatif. Il n’est que de voir les commentaires extasiés sur ce pet de souris sorti de son auguste derrière, pour en juger.

Quand Mélenchon s'en prenait à un stagiaire de la plus méprisante façon !

* En fin de diatribe, Mélenchon fait allusion aux propos de Plantu dans Haaretz ("Mieux vaut se promener sur internet, champ libre que monsieur Plantu, fou de rage de nous voir échapper à ses mantras haineuses dans « Le Monde », est allé à Jérusalem, comparer une dictature nazie") qui n'ont aucun rapport avec l'article d'O. Faye. Le fou de rage haineux le décrit mieux qu'il ne décrit le dessinateur, même si là, il semblerait que Plantu ait pulvérisé le fameux point Godwin, comme en témoigne son double dessin :

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