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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 17:30
MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Marcial Maciel est, sans doute, la personnalité la plus diaboliquement perverse que l’église catholique ait engendrée depuis plus d’un demi-siècle. En dépit de sa richesse démesurée et de sa vie de pervers narcissique, pédophile, bisexuel, escroc, menteur, psychopathe, manipulateur, incestueux, criminel, plagiaire, charlatan, voleur, morphinomane, sacrilège et apostat, il bénéficia d’une totale impunité des années 40, jusqu’à sa mort, de Pie XII à Jean-Paul II. Jean-Paul II qui célébra même les 60 ans de prêtrise du fondateur des Légionnaires du Christ. Et la prétendue sanction de Benoît XVI en 2005 est purement fictive, puisqu’elle lui inflige cette bénine condamnation « à une vie réservée de prière et de pénitence ».

J’ai déjà abordé le cas Marcial Maciel. Cas si caricatural que son impunité totale montre que la cécité de l’église catholique sur les abus sexuels en son sein est systémique. On ne voit pas, parce qu’on ne veut pas voir. Jean-paul II est l’exemple même de cet aveuglement volontaire.

Marcial Maciel Degollado naquit en 1920 à Cotija de la Paz, dans l’état de Michoacán, à l’ouest de Mexico. Si sa vocation fut précoce – cela en pleine période de guerre des cristeros et surtout de ses séquelles – ses premiers abus pédophiles le furent aussi puisqu’en 1938, séminariste dans le diocèse de Veracruz, il introduit de jeunes enfants dans l'enceinte du séminaire et abuse d'eux. Mais il est surpris, puis dénoncé par des femmes de ménage.  Il est viré.  Après s'être fait exclure de plusieurs séminaires, Maciel atterri dans le diocèse de Cuernavaca où il obtient la protection de l'évêque, un parent, et qui l'autorise à fonder une congrégation, l'ordonne prêtre et le maintient dans ses fonctions alors que les premières accusations d'abus sexuels lui sont rapportées par un père de famille.

Sa congrégation baptisée les Légionnaires du Christ, qui se donne des buts éducatifs et caritatifs, est vue au départ, aussi bien à Mexico qu’au Vatican, avec une certaine méfiance, par son caractère quasi sectaire, basé sur le culte de la personnalité du fondateur. Mais au bout de quelques années, grâce à son énergie hors du commun mais surtout à d’obscures sources de financement, Maciel a fondé un grand nombre de collèges, des universités et des associations caritatives. Et en 1959 il ajoute une branche laïque, Regnum Christi, à la congrégation des légionnaires du Christ.

Le curé Maciel, à la tête de cette armée, toute dévouée à sa personne, recrute des milliers de séminaristes et récolte des dizaines de millions. Il a créé une organisation rigide et fanatique dans laquelle les séminaristes font vœu de chasteté, de pauvreté (tous leurs biens sont propriétés de l’ordre y compris des étrennes familiales), astreints à une loi du silence qui interdit toute critique de leurs supérieurs, et par-dessus tout, bien sûr, le père Maciel, que les séminaristes doivent appeler « notre père ».Tout autant qu’une machine de harcèlement sexuel, les Légionnaires du christ furent une entreprise de harcèlement moral. Les méthodes employées dans l’équivalent des petits séminaires ne diffèrent guère de celles décrites dans le petit séminaire vendéen de Chavagne-en-Paillers : censure du courrier, directeur de conscience, etc. Mais en plus fanatiquement voués au « padre ». Et avec surtout une grande pauvreté intellectuelle et une indigence théologique.

La double vie du chef des légionnaires est connue de longue date au Vatican.

Ses abus sexuels avaient été signalés aux évêques mexicains, dès les années 40. Mais surtout en 1956, Ferreira Correa, un prêtre qui le secondait, a écrit une lettre à l’archevêché de Mexico des plus explicites. Il décrit comment Maciel, prétextant des douleurs aussi atroces qu’imaginaires, obligeaient des séminaristes à la masturber.

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

"Le père Maciel m'appelle à l'infirmerie et commence à raconter qu'il a des douleurs terribles au ventre qui l'empêchent d'accomplir sa mission dans le monde, qu'il en avait parlé avec le pape Pie XII et que, voyant comment cela l'empêchait de servir l'Eglise, le Christ et le monde, il lui avait donné l'autorisation qu'on lui fasse des massages afin de soulager ses souffrances. «Alors – raconte Aménabar - il m'a pris la main et m'a dit: 'Aie confiance, aide-moi'. Il a fait en sorte que je lui masse le ventre. Ensuite, il a commencé à baisser la main et a fini en voulant que je le masturbe. J'ai eu très peur, mais Maciel m'a dit: 'Ne t'inquiète pas, j'ai la permission du Pape pour faire cela. Et puis en plus, je vais te donner l'absolution. Comme ça, si tu as encore des inquiétudes, tu sais que tu peux communier sans problème' ".

L'affaire Juan Manuel Aménabar (extrait)

Il décrit aussi sa totale addiction : « il me semble que le père Maciel s'est toujours fait des injections de drogues: Dolantine, Sedol et Demerol », dérivés de la morphine. Il conte les invraisemblables  mensonges et manipulations du padre pour se procurer ses drogues ou faire croire qu’il va se soigner. Et ce fondateur adulé s’exonère de la prière du bréviaire, il ne célèbre pas quotidiennement la messe, tout en faisant croire le contraire, ne se livre à aucun exercice spirituel ni même à la prière. « Quant à la pauvreté, il est notoire qu'il cherche toujours le plus confortable et le plus agréable. La nourriture la plus exquise. (…) Il fait allègrement des appels téléphoniques intercontinentaux pour traiter d'affaires non urgentes et il voyage toujours en première classe quand il prend l'avion, même quand le frère qui l'accompagne voyage en classe touriste. Il s'héberge toujours dans les meilleurs hôtels et mange dans les meilleurs restaurants. »

Dès 1956, deux évêques mexicains alertent donc, au Vatican, Arcadio Larraona, secrétaire de la Congrégation des Affaires Religieuses, sur le « comportement déviant et faux, usage de drogues, actes de sodomie sur des garçons de la Congrégation » de Maciel. Il est suspendu. Une enquête – une visite apostolique – est lancée et malgré la loi du silence imposée aux Légionnaires, l’enquêteur conclut à la destitution définitive de Maciel et à une reprise en main d’une congrégation fanatisée. Mais bizarrement deux autres enquêteurs sont nommés qui contredisent largement ces conclusions, parlant même du mysticisme héroïque du fondateur ! Et, encore plus bizarrement, pendant le bref interrègne pontifical entre la mort de Pie XII et l’élection de Jean XXIII en octobre 1958, Maciel, comme si de rien était, fut rétabli à la tête de son Institution. Serait-ce médire que suggérer que quelques dons en liquide à quelques cardinaux – pour leurs bonnes œuvres – ont pu lui donner quelques précieux alliés ?

Plagiat

Maciel mit à profit cette période de suspension de 1956 à 1958 pour rédiger un saint ouvrage "El Salterio de mis días" (Le Psautier de mes jours), qui connaîtra bien sûr un grand succès auprès des légionnaires. Sauf que le padre s’était contenté de pomper une œuvre peu connue d’un certain Luis Lucia, homme politique catholique espagnol, intitulée « El Salterio de mis horas » (Le Psautier de mes heures). Ecrit en 1941* quand Luis Lucia était emprisonné à Barcelone par les Franquistes (après l'avoir été par les Républicains), il fut édité, en 1956, après sa mort.

* Lors de la guerre civile, bien que Lucia ait pris position pour le gouvernement de la République contre le coup d'état, il fut emprisonné comme catholique de droite par les Républicains ; mais sa prise de position en 1936, lui valut d'être emprisonné par les franquistes...

Bien que Maciel eût été à nouveau dénoncé en 1962 pour sa consommation de drogue, qu’il eût même été arrêté en Espagne, en 1965 le pape Paul VI reconnut les Légionnaires du Christ dans un décret qui les rattachait directement au saint-siège.

Absout et même légitimé par Paul VI, Maciel redoubla d’efforts pour développer son organisation. Le personnage avait l’art de susciter des dons de multimillionnaires, comme Carlos Slim. Il amassa une fortune sur des comptes secrets, mais aussi en biens immobiliers, de plusieurs centaines de millions de dollars.

Il puisait d’ailleurs allégrement dans ces fonds pour se donner un train de vie exceptionnel, non seulement pour l’époque, mais surtout pour un curé qui avait fait vœu de pauvreté. Le saint homme, qui affichait en public l’humilité absolue, vivait en privé dans une maison blindée et conduisait des voitures de sport de haut de gamme.

Le prédateur continua bien sûr d’abuser sexuellement des petits et grands séminaristes en toute impunité. Mais, il ajoute, si l’on peut dire, une corde à son arc, en se mettant en concubinage avec une première femme, puis une deuxième et peut-être une troisième. Et en abusant de deux de ses fils et de sa fille.

En 1977, Blanca, 19 ans, travaillait à Tijuana comme domestique quand elle a rencontré «Raul Rivas», 57 ans, un homme qui prétendait être veuf et travailler comme détective privé pour Shell. Il lui a acheté une maison à Cuernavaca, une ville de style colonial, aux abords de Mexico. Il a accepté de devenir le père adoptif de son fils de trois ans, Omar, fruit d'une relation précédente. Il a avec elle deux enfants, Raúl, et Christian. Raul a raconté : «Quand j'avais 7 ans, j'étais allongé à ses côtés, comme n'importe quel garçon, n'importe quel fils avec son père. Il a baissé mon pantalon et a essayé de me violer.»  «Rivas» a commencé à emmener Omar et Raul dans des voyages en Europe, abusant d'eux, entre 8 et 14 ans.

Norma Hilda Baños, à Acapulco, en 1987, âgée de 27 ans, lui a donné un enfant, également appelé Norma Hilda. «Quand j'ai rencontré cet homme, j'étais mineure». «Ni ma fille, ni moi-même n'avons su qui était vraiment cet homme, jusqu'à la fin.» La fille «a été abusée par son père, Maciel,» avoue la mère dans un article d'El Mundo. «Elle souffre de terribles traumatismes de son enfance, et je crains qu'elle n’arrive jamais à s'en remettre.» Maciel a laissé aux Baños «deux maisons à leur nom, dans des bâtiments récents de Madrid, où elles vivent actuellement, ainsi que trois autres résidences, le tout évalué à environ deux millions d'euros.»

Selon des journalistes espagnols, Maciel a eu également trois enfants avec une autre femme mexicaine, qui vit maintenant en Suisse, ce qui ferait en tout six enfants naturels, conçus avec trois femmes différentes.

Et selon Alejandro Espinosa, un ex légionnaire, que le fait d’être un neveu de Maciel n’a pas empêché de tomber entre ses griffes, Talita Reyes, Pepita Gandarillas, Pachita Pérez, Deme de Galas, Dolores Barroso, Guillermina Dikins, Josefita ou Consuelo Fernández, veuve d’un diplomate espagnol en poste au Mexique, entre autres, ont succombé devant son apparence de piété et de grande sainteté.

D’après Comment le père Maciel a construit son empire et La fille du pécheur Légionnaire du Christ

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Le pontificat de Jean-Paul II est pour lui l’apothéose. Le pape, polonais aveuglé par son anti-communisme, voit dans cette Légion en pleine expansion le rempart, voire le fer de lance contre la théologie de la libération. Macial a-t-il aussi alimenté des fonds secrets à destination de l’église polonaise ? c’est ce que sous-entend F. Martel dans Sodoma. Le pape a-t-il été aussi influencé par le fait que l’accusation de pédophilie était employée par le régime communiste polonais pour poursuivre des prêtres ? Toujours est-il que, non content d’approuver en 1983 des Constitutions de la congrégation, contraires au droit Canon, à l’occasion du 50e anniversaire de leur fondation, en 1994, il ira jusqu’à écrire à Maciel : "Depuis le jour de votre ordination sacerdotale, vous avez voulu mettre le Christ, l'Homme Nouveau qui révèle l'infini amour du Père aux hommes qui ont besoin de rédemption, comme critère, centre et modèle de toute votre vie, et de celle de ceux qui, depuis 1941 vous ont suivi, découvrant en vous un père spirituel proche et un guide efficace dans l'aventure passionnante du don total à Dieu dans le sacerdoce."

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

En 1997, huit anciens séminaristes publient dans le Hartford Courant, un quotidien états-unien, un témoignage sur les abus dont ils furent victimes et les errements de Maciel. Ils le font après avoir alerté en vain l’Église.

En 1998, Carlos Talavera, l'évêque de Coatzacoalcos, a transmis la lettre au cardinal Ratzinger, responsable de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Ratzinger l'a lu devant lui. Mais la réponse du cardinal fut : «Monseigneur, je suis vraiment désolé, mais le père Maciel est une personne très appréciée par le saint père, et il a fait beaucoup de bien à l'Eglise. Il n'est pas prudent d'ouvrir une enquête

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le parrain de Maciel au Vatican était le premier ministre de Jean-Paul II, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’état. Par principe, il défendait, a priori, les prêtres soupçonnés d’abus sexuels. Pour lui les accusations de pédophilie n’étaient que des ragots. Et il partage avec le pape l’aversion pour la théologie de la libération et donc, considère la Légion de Maciel comme une arme dans cette guerre.

Car Maciel a fait de ses Légionnaires du Christ une formidable machine de guerre, digne de tous les éloges, de toutes les louanges, étouffant donc toutes les rumeurs sur son fondateur. A la fin de sa carrière, cet organisation comptait 15 universités, 50 séminaires et centres d’études supérieures, 177 instituts secondaires, 125 maisons religieuses, 200 centres éducatifs, des centaines d’oratoires et chapelles, des associations caritatives...

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

La légende veut que Benoît XVI ait sanctionné Maciel. De fait, l’encore Cardinal Ratzinger, en décembre 2004, scandalisé, dit La Vie, par le faste avec lequel le Saint-Siège a célébré les 60 ans de sacerdoce de Maciel, le 30 novembre 2004 en présence de Jean Paul II, lance une enquête, une nouvelle visite apostolique. Le chapitre général de la Légion met fin aux fonctions de Maciel en janvier 2005, officiellement en raison de son âge, 85 ans. 

Mais le successeur de Jean-Paul II renoncera à un procès canonique. Et en mai 2006, la Congrégation pour la doctrine de la foi condamne officiellement Maciel « à une vie réservée de prière et de pénitence, en renonçant à tout ministère public ». A peine une petite tapette sur les doigts. Et inutile de dire que Maciel n’en fit rien. Et la Légion persévèrera dans son culte de la personnalité. À son décès, le 30 janvier 2008, elle osera proclamer que "le cher père fondateur est parti pour la patrie céleste".

Et en novembre 2008, lorsque les légionnaires ont appris que le padre l’était vraiment, car il avait eu une liaison et avait une fille, trois cardinaux de la Curie, sans vergogne, sont allés dans leur maison religieuse à Rome pour leur tenir un discours rassurant, expliquant qu'au fond, le père Maciel était un homme au cœur pur, un instrument docile dans les mains de Dieu, et que, à travers ses  erreurs et ses faiblesses, il a pu faire lui aussi l'expérience amère du péché !

"Un homme choisi par Dieu, Marcial Maciel, a recueilli la lumière divine et a fait ce que Dieu attendait de lui !

Ne soyez pas de ceux dont l’Église et le monde pourront dire demain : « Voici ceux qui ont dévêtu leur père, qui ont dévoilé ses fautes au regard du monde » ! Non ! Le fils ne doit pas juger son père !

Laissez le monde juger ! C'est un monde corrompu et hypocrite ! Qu'il juge ! Mais de grâce : qu'il n'y ait aucun légionnaire qui, comme le mauvais fils de Noé, se moque des fautes de son père. Le couvrir, ce n'est pas étouffer la faute : c'est le revêtir avec le manteau affectueux de la famille.

Maintenir l'esprit du fondateur, ce n'est pas maintenir l'esprit de Marcial Maciel : c'est maintenir l'esprit que l'Esprit Saint lui-même lui a transmis."

Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei et ancien préfet de la Congrégation pour le clergé (extraits)

Et Angelo Sodano, Doyen du Collège Cardinalice, osera affirmer que "sa vie sainte des dernières années nous enseigne que si nous avons pu fauter à un moment ou à un autre, nous pouvons toujours demander pardon au Seigneur et continuer avec plus de générosité dans notre mission."

Le récit de sa mort fait dans un supplément d’El Mundo donne un autre son de cloche. Loin de la pénitence et de la prière, lors de ses dernières années de sa vie,  Maciel ne va même pas à la messe. Il manifeste même une « répulsion à l’égard de la religion ».

Le 30 janvier 2008, dans la chambre de Maciel se trouvaient Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, Evaristo Sada, secrétaire général, John Devlin, secrétaire personnel du fondateur et deux autres responsables de la Légion ; et les deux Norma Hilda, la mère et sa fille. Et en prime un prêtre exorciste. Après l’avoir refusé, il n’est même pas sûr que le mourant, cédant à la pression, se soit confessé.

Si Sodano ignorait cette fin impie, c’est qu’il ne voulait rien savoir.

Et ça continue encore et encore...

En 2017, les Paradise papers révéleront qu’Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, avec une vingtaine d’autres légionnaires, disposaient de fonds secrets, grâce à des montages financiers off-shore aux Bermudes, à Panama et aux Îles vierges britanniques. On découvrit aussi que 35 prêtres de la Légion du Christ étaient impliqués dans des cas d’abus sexuels. Benoît XVI s’est contenté de chapeauter la direction par un administrateur, le Cardinal Velasio de Paolis, mais sauf le décrochage des innombrables portraits du fondateur, rien n’a changé dans le fonctionnement de l’organisation.

Maciel face à Rivera

Maciel face à Rivera

Pendant plus de 60 ans, ce personnage toxique aura sévi en toute impunité.

Impunité due d’abord à d’incontestables talents de manipulateur qu’il déployait tant auprès des riches héritières que des Cardinaux et évêques qui le protégeront jusqu’au-delà de la mort, comme Hoyos ou Sodano. Du Cardinal Clemente Micara en 1958 au Cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, en 1997 – un super Barbarin mexicain – en passant par le secrétaire personnel de Jean-Paul II, Dziwisz, et bien d’autres, il a su se trouver d’éminents parrains. A son art de la manipulation, il ajoutait un art de se faire des obligés, offrant de somptueuses réceptions pour fêter une nomination comme cardinal, voire des pots-de-vin. Il est probable que, sachant leurs faiblesses, il exerçait un implicite chantage sur leur vie privée. Son dynamisme, dans une église en perte de vitesse, se traduisait par des constructions spectaculaires y compris à Rome.

Loi du silence à l’intérieur de la Légion, cécité volontaire dans l’église, il a pu se livrer à tous ses vices, dont le plus jouissif, sans doute, pour ce personnage sans foi ni loi, fut d’exercer un pouvoir sans limites sur ses troupes qui l’adulaient et de duper cette église qui ne demandait qu’à l’être.

SOURCES

Outre le chapitre de SODOMA sur Maciel, un blog d'anciens "légionnaires du christ" :

EXLCBLOG.INFO Prévention à l'égard de la Légion du Christ et du Regnum Christi

Aussi étonnant que ça paraisse, ces ex-légionnaires semblent être restés catholiques.

Leur animateur "Xavier" a sous-titré une série de vidéos chiliennes sur

Les péchés du père Maciel

La France n'est pas épargnée par l'extension de cette Légion toxique :

Ecole apostolique de Méry-sur-Marne: Des Légionnaires du Christ pédophiles

 

A lire :

Légion du Christ : comment l'église a voulu étouffer le scandale

Document *.pdf ci-dessous, cliquer pour télécharger

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 18:01
« François Démission » crie un anti pape !

La déclaration papale sur une homosexualité relevant de la psychiatrie quand elle est détectée dans l’enfance a fait passer à l’arrière-plan la lettre d’un Monseigneur Carlo Maria Viganò qui appelle François à démissionner. Cet ex- nonce aux Etats-Unis est encore plus homophobe que son pape qu’il exècre et qui, lui, joue sur les deux tableaux, avec des paroles de compassion pour les homos en perdition. Mais il porte des accusations précises.

Deux paragraphes cinglants condensent l’acte d’accusation du Pontife :

Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.

Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout (….) Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours à cause de l’attention des médias, qu’il a agi [à l'encontre de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.

 

NB L'affaire du Honduras - une accusation de détournement de fonds sur fond politique - n'a absolument rien à voir avec celle du Chili. 

« François Démission » crie un anti pape !

Ce cardinal McGarrick, qui termina sa carrière comme archevêque de Washington, a été accusé d’avoir de 1980 à 1996 partagé « son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Beaucoup de ces séminaristes, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque, ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark.

Ces accusations étaient étayées par le témoignage d’un prêtre, Gregory Littleton, lui-même réduit à l’état laïc pour viol de mineurs, où il racontait l’histoire des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes.

Notre Nonce quand il prit connaissance de ce témoignage fait éclater sa sainte ire :

Les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume ; c’était des crimes que de séduire, de provoquer des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, en se moquant d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, de donner l’absolution à ses complices de ces actes dépravés, et, après avoir commis de tels actes, de commettre une célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres.

Mais ce que révèle le prélat c’est que lui, comme ses prédécesseurs, avait envoyé une note au Vatican et que des hauts responsables de la Curie comme Angelo Sodano*, Tarcisio Bertone ou Leonardo Sandri étaient informés.

Il prétend que Benoît XVI aurait, en 2009 ou 2010, sanctionné McCarrick en lui intimant de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.

L’effet de ces mesures supposées** ne fut guère évident puisque le nonce dit avoir découvert, dans une publication archidiocésaine, une annonce invitant des jeunes qui pensaient avoir la vocation à une rencontre avec le Cardinal McCarrick. Et toujours d’après lui, il alerta le Cardinal Wuerl – célèbre depuis avec l’affaire de Pennsylvanie – cardinal qui prétend depuis n’avoir pas été au courant des méfaits du prédateur ni des sanctions de Benoît XVI !

Toujours est-il qu’avec l’élection de François, McCarrick, pour autant qu’il ait été vraiment sanctionné, retrouve toute sa place, se voyant même confier des tâches de représentation dans de lointaines contrées. Et il faudra qu’il soit accusé, non plus de batifoler avec des séminaristes, mais d’abus sexuels sur un enfant de 11 ans, pour qu’il soit enfin, renvoyé à la pénitence.

« François Démission » crie un anti pape !

Les réseaux homosexuels dans l’église

Notre monseigneur n’en pince vraiment pas pour les homosexuels. Et il lance des accusations pas piquées des vers sur divers prélats, « le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité » ;  « le cardinal Tarcisio Bertone, était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité ». « L’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire » a, elle, des faiblesses envers l’IVG.

Mais refusant d’admettre que l’homosexualité ne signifie pas pédophilie – il argue que dans plus de 60% les victimes de crimes pédophiles sont des garçons comme s’il ignorait que seuls les garçons étaient enfants de chœur ou petits séminaristes – il fait preuve d’une homophobie pathologique :

La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Eglise tout entière.

On ne s’étonnera donc pas que Carlo Maria Viganò soit repris, avec une fausse indignation, par les sites cathos intégristes. Son texte a été traduit en français par la « Fraternité Pie X » (les Lefebvristes) et diffusé par un site qui se dit de réinformation. (Mais au delà c'est toute l'aile conservatrice, y compris dans la Curie, qui espère pouvoir se livrer à la curée du pape François).

Il insulte allègrement les prélats qu’il soupçonne de gauche – la gauche pour lui commence avec le pape – ainsi d’un Cupich, évêque de Chicago, qui ose prétendre que le problème de la pédophilie dans l’église n’est pas lié à l’homosexualité mais au cléricalisme.

Il n’en reste pas moins qu’il énonce des faits précis qui, s’ils sont avérés, affaibliraient un pape pourtant bien conservateur sur la doctrine.

 

 

 

* « On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. » Sur Maciel il faut rappeler que Jean-Paul II l'a soutenu en toute connaissance de cause.

 

** La principale faille de ce récit est toutefois documentée par une série de photos du cardinal McCarrick venant au Vatican rendre visite à Benoît XVI, après sa présumée condamnation à vivre une discrète vie de pénitence. (La Presse)

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 17:11

Denis Tillinac, grand écrivain corrézien, ami de Chirac, après avoir défendu les époux Tiberi, victimes comme chacun sait d’un « lynchage médiatique », se fait l’avocat de Zemmour, bien sûr contre « les matons cinglés d’un Meilleur des mondes néo bobo ».

 

Mais qui sait que ce membre éminent de l’école de Brive – une école littéraire à classe unique car elle ne compte que trois membres – fut une véritable racaille ! Cancre il est renvoyé de sept établissements, catholiques et laïcs. Il crève les pneus du scooter d’un professeur de dessin… Plus tard, à Sciences-Po Bordeaux, un couteau à cran d’arrêt dans la poche de son blouson en cuir, il finit une nuit sur trois au commissariat, écrit, sans rire, VSD dans un portrait bidonné de ce voyou !

 

Dtillinacrossignol

C’est du coup Le Figaro qui nous révèle, qu’à propos des déclarations du pape sur le préservatif, il a clamé : «ll a raison. Jamais je n'enfilerai ce truc-là. Je préfère encore me taper un rossignol.» Plutôt que de branler les mouches avec un gant de boxe, occupation favorite des intellectuels de gôche, c’est bien connu, lui préfère sodomiser les rossignols. Et la flicaille bobo de le traiter de fieffé réac quand, toujours d’après Le Figaro, il affirme, à propos de chercheurs en grève «Je ne peux plus supporter ces petits connards du CNRS qui font des études sur la sexualité des papillons dans le Bas Congo avec notre pognon et qui ont l'arrogance de venir nous donner des leçons.» Il est vrai qu’il confesse : «Je ne comprends rien à la politique. Je ne regarde jamais la télévision, je n'écoute jamais la radio et je lis le journal à peine une fois par semaine

 

zemmour2Or donc, le gaillard de Brive part en guerre : « Il faut défendre Eric Zemmour pour que les mots renouent avec un sens, contre les faux bergers du puritanisme qui crient au loup pour néantiser l’autre. » Défendant au passage Frèche et Longuet – et Hortefeux, quoi, il sent pas bon, l’auvergnat ? – il va s’en prendre à la police langagière qui, tenons-nous bien, ne lésine pas avec les rafles ; à un Big Brother invisible qui lâche ses fatwas médiatiques ; à une curée digne de l’Inquisition.  Tous les poncifs les plus éculés (pléonasme) ont rendez-vous dans la prose de l’imprécateur. Et l’immortel auteur de Chirac le gaulois ne craint pas le gigantesque amalgame, en glissant même une vacherie à l’encontre de son ex-idole : « le « Gaulois », comme disent les jeunes des cités […], est sommé de se tenir à carreau. Préfère-t-il Mozart au rap, Giotto aux tags et le baroque aux arts premiers, on suspecte la morgue de l’Occidental ; on croit apercevoir l’ombre portée de l’esclavagiste, du colonialiste, et caetera. » On comprend que cette diatribe enchante les identitaires souchiais. (tiré de Marianne 2, ce texte a été repris par de faux-laïques que la xénophobie transforme en souteneurs du papophile corrézien aux moeurs zoophiles).

 

Ce qui est passionnant dans ce texte, qui vire après dans un délire que l’auteur lui-même serait bien en peine de déchiffrer (où de grands mots démonologie, nihilisme, doxa masquent le vide de la pensée), c’est d’abord qu’il ne cite pas les propos précis de Zemmour. Ensuite que ces affreux bobos restent totalement anonymes et qu’à vrai dire l’aigle du Mont Bessou serait bien en peine de citer des écrits précis pour étayer ses accusations. C’est la méthode Finkielkraut : on se fabrique un ennemi caricatural (les pédagogogues, chers aussi à Julliard) qu’on aura aucune peine à vaincre en lui prêtant des positions caricaturales. Enfin, si l’insulte fleurit, l’argument manque.

 

Rappelons que M. Zemmour est censé écrire au Figaro (même si les mauvaises langues prétendent qu’il y serait payé à ne rien faire), au Figaro Magazine et au Spectacle du Monde, sans compter quelques piges diverses, il cause dans le poste (RTL), il chronique dans les étranges lucarnes (I-télé), joue les roquets agressifs chez Ruquier (FR2), il est invité sur d’autres plateaux (chez Ardisson, par exemple) et publie des libelles. Comme martyr de la liberté d’expression, on ne peut mieux choisir.

 

Il a justifié donc les contrôles d’identité au faciès par le fait qu’une grande majorité de trafiquants seraient noirs ou arabes. Tillinac autorise-t-il à dire que, si les contrôles d’identité permettent de coincer des sans-papiers (donc de faire du chiffre), ils ne peuvent déceler un trafiquant, il y faut au moins une fouille. Peut-on ajouter que si on recherche les dealers, dans de grandes opérations de ratissage, que dans les quartiers-ghettos, on a toutes les chances de les trouver dans la population de ces ghettos ? Beigbeder et ses semblables ne vont pas s’approvisionner en cocaïne au pied des tours de Tremblay-en-France, pourtant la drogue circule dans les beaux quartiers et pas seulement de la Rive gauche.

 

Et si les affaires de pédophilie familiale, à quelques exceptions près, concernent très majoritairement une population « de souche », comme disent nos identitaires, plutôt victime du chômage et de l’alcoolisme, c’est peut-être parce que, dans les milieux plus huppés, comme dans les familles immigrées, la loi du silence est encore très pesante. Loi du silence qui a longtemps profité au clergé.

 

B16TillinacMais là on tombe sur un autre cheval de bataille de notre spadassin de Tulle, la défense du pape. « Je crois que l’on s’en prend à ce pape parce qu’il est un intellectuel et parce qu’il avance une analyse critique et radicale de la modernité. De BHL à Onfray en passant par Finkielkraut, aucun n’y résiste. Benoît XVI est le seul vrai rebelle de la modernité(sic). C’est cela que l’on tente de lui faire payer. Et en particulier un certain système médiatique qui a trouvé toutes les indulgences à Roman Polanski, qui a été condamné pour pédophilie, ou à Frédéric Mitterrand, qui en a fait l’apologie dans un livre. Il y a enfin, et particulièrement en France, un vieil anticléricalisme qui ne demande qu’à prospérer sur de telles polémiques. » La sainte cause autorise même le mensonge : Roman Polanski n’a pas été condamné – il a quitté les Etats-Unis avant la conclusion des audiences menées par un juge, estimé déloyal y compris par la partie adverse – et n’était pas inculpé de pédophilie.

 

Il a donc co-signé un texte*, avec, entre autres un certain Vanneste, député homophobe déclaré – mais ce n’est pas cela qui va le choquer – où dans un jeu plus qu’usé on tente de faire passer pour victimes ceux qui ont longtemps jeté un voile complice sur les coupables.

 

Tibéri, Zemmour, Benoît XVI… je serais pape que ça m’inquièterait d’avoir un tel avocat.

 

* Luc Chatel, pas le ministre, le patron de Témoignage chrétien s'insurge également contre les termes employés par l'Appel à la Vérité, qui minimise, selon lui, le rôle de l'église. "En devenant bourreaux, des prêtres n'ont pas été seulement sources « d'offenses portées au Christ ». Et en les couvrant, des membres de la hiérarchie catholique ne se sont pas limités à de simples « dysfonctionnements » ou « manquements », selon les mots employés par l'appel à la Vérité. L'église aurait dû se placer, selon lui, du côté des "victimes." "Plutôt que de se lamenter sur les assauts extérieurs qui maltraitent l'Eglise et son pape, (...) certains catholiques feraient mieux de se recueillir et de méditer sur les raisons d'un tel renversement de son message et de sa mission, qui l'a amenée à protéger des bourreaux, condamnant des victimes innocentes à une double peine: le crime et le silence."

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26 septembre 2008 5 26 /09 /septembre /2008 18:12

Un ami de 40 ans m'a transmis une pétition intitulée « La laïcité ne doit pas plier devant Benoît XVI ». Outre que la formulation est un peu incongrue  (Les laïcs ne doivent pas plier devant Benoît XVI  ou La laïcité ne doit pas plier devant le cléricalisme de Benoît XVI m'auraient paru plus logiques), le problème n'est pas B. XVI mais Sarko.

 

Que B. XVI réinstaure la messe en latin, remette des habits sacerdotaux à la somptuosité indécente et veuille que ses fidèles s'agenouillent devant lui langues tendues pour recevoir une petite rondelle de pain azyme... en bref veuille tirer un trait sur Vatican II (comme d'autres veulent le faire sur Mai 68), me semble navrant. Mais les cathos pourront me rétorquer que c'est leur problème et pas le mien. Qu'il veuille interdire le divorce, la contraception, les relations homosexuelles, etc. à ses ouailles, là aussi, c'est leur problème.

 

En revanche, si, affirmant que ces prescriptions obéissent à une "loi naturelle", son église tente, comme en Italie, comme en Espagne, de remettre en cause des lois votées par les pouvoirs législatifs de ces pays (ou de bloquer la discussion de ces lois), on est en droit  d'attendre, d'exiger même, de nos gouvernants que, comme Zapatero en Espagne, ils sachent dire non à ce cléricalisme* agressif.

Notre Chanoine de Latran avait servi sur un plateau une "laïcité positive" dont B. XVI s'est empressé de se saisir. Accoler un adjectif à laïcité ne serait pas un crime, si, en parlant d'avènement, on ne laissait entendre que la laïcité serait négative. Démontrant soit leur ignorance, soit leur cynisme, le pape et le chanoine inversent les rôles. Ne leur en déplaise, entre Aristide Briand et Pie X, le libéral (au sens politique du terme) et l'homme de compromis fut le premier, l'esprit obtus et sectaire, le second.

 

Cette inversion se retrouve s'agissant de la science où B. XVI voudrait nous faire croire que la raison est du côté de la recherche de Dieu** et non de celui de la science. Comme le rappelle Y. Quiniou (« Le pape contre la science », Le Monde 20/IX/08), la science n'a pu « se développer qu'en s'appuyant sur une raison qui a fait abstraction des croyances religieuses ». Galilée (qui ne fut jamais réhabilité au prétexte que le tribunal qui l'avait condamné n'existait plus) ou Darwin furent la preuve de l'obscurantisme de l'Église catholique. Il eût été bien inspiré, ce pape, de lire Jean Baubérot, un parpaillot il est vrai, qui distingue l'agnosticisme en quelque sorte méthodologique auquel il s'astreint dans son travail scientifique et le plan du symbolique où il se situe comme croyant.

 

Et c'est Alfred Grosser, dans un éditorial d'Ouest-France (23/IX/08) qui interpelle le pape sur la morale : « Pénétré de ses certitudes, Benoît XVI savait-il vraiment que, dans le public qui l'écoutait [...] au collège des Bernardins, nombreux étaient ceux qui ne croyaient en aucun dieu et surtout pas en un fils de dieu ressuscité ? [...] Sa raison n'était pas leur raison. [...] Benoît XVI a paru considérer que le Dieu de l'Écriture était la seule source de la morale ». Évoquant une dimension fondamentale, à ses yeux, de la morale - la tolérance, le respect de l'autre - Alfred Grosser ajoute : « Le pape se veut "semeur de charité". Mais l'Église catholique n'a accepté la liberté religieuse et n'a condamné la coercition que le 7 décembre 1965 » au concile Vatican II.

 

Peu me chaut que M. Ratzinger, dit Benoît XVI, affirme que la raison est du côté de la foi ou qu'il n'y a de morale que fondée sur sa croyance, serait-on tenté de dire. Sauf que, s'agissant de la morale, dans sa comparaison entre le curé et l'instituteur, le chanoine de Latran disait à peu près la même chose.

 

Le problème n'est pas Benoît XVI, le problème c'est Sarkozy !

 

* Cléricalisme, volonté obstinée des papes et du clergé à subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective (d'après Marc Ferro).

** Une  « culture purement positiviste » qui relèguerait dans le subjectif la question de Dieu constituerait un abandon de la raison, autant qu’un abandon de Dieu et que la recherche de Dieu constitue « le fondement de la culture véritable » (Discours des Bernardins)

Le premier montage est l'oeuvre de Maître Eolas (www.maitre-eolas.fr)

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1 novembre 2007 4 01 /11 /novembre /2007 17:57

Présentées comme une pétition des questions signées notamment d’Yvette Roudy ou Corinne Lepage:

- Acceptons-nous, dans notre pays, que des mineures soient voilées ?

 

Faut-il accepter aussi que des mineurs soient confiés aux scouts intégristes qui se disent bizarrement d’Europe ? Que de jeunes juifs hassidims se promènent en redingote, avec chapeau et mèches de cheveux longues ?

 

- Acceptons-nous, dans la rue, que des femmes portent hijabs, niquâbs ou des tchadors leur couvrant entièrement le visage ?

 

Alors que depuis la disparition de Pie XII, ils avaient eux-mêmes disparus, nous subissons à nouveau les corbeaux en soutane. Croiser une femme avec niqab donne froid dans le dos et donne tout autant le désir de crier « Croâ, croâ » !

 

- Acceptons-nous, à l’université et dans les établissements d’enseignement supérieur où on délivre des diplômes nationaux, que des femmes puissent suivre des cours en portant le voile islamique, ou d’autres tenues religieuses ?

 

Les universités et établissements supérieurs ont longtemps reçu quelques prêtres ensoutanés et bonnes sœurs avec leur « tchador » catho… Ce sont les enseignants qui ne doivent pas arborer des tenues « religieuses » (cette règle pouvant d’ailleurs souffrir des exceptions pour des intervenants extérieurs).

 

Etonnant, en revanche, que nos pétitionnaires ne relèvent pas les derniers appels du pape Benoît XVI demandant aux pharmaciens de faire de l’objection de conscience en refusant, entre autres, la pilule du lendemain… Les appelant donc à l’illégalité, ne serait-ce que par le refus de vente !

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