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28 octobre 2023 6 28 /10 /octobre /2023 21:07

Les témoignages glaçants de victimes d'abus de la part de prêtres : "Il m'a pris les mains et les a emmenées vers son pénis"

Le rapport sur la réalité de la pédophilie dans l'Église catholique espagnole préparé par le Défenseur du peuple reprend les témoignages poignants de 487 victimes. Le rapport estime à quelque 440 000 le nombre de victimes de pédophilie « dans le domaine religieux » et appelle à élargir la prévention et la réparation.

Abus sexuels dans l'église espagnole

Le Médiateur , Ángel Gabilondo, a remis ce vendredi 27 octobre 2023 au Congrès des députés un rapport sur les abus sexuels commis au sein de l'Église espagnole au cours des dernières décennies. Un document, qui s'intitule "Une réponse nécessaire". Une enquête qui a duré un an et demi par la  commission mandatée par le Parlement en Mars 2022. Un document qui, après de nombreux entretiens et enquêtes, estime que quelque  440 000 personnes ont été victimes de pédophilie dans le domaine religieux Le rapport souligne également que la pédophilie au sein de l'Église espagnole est « cachée et niée » par sa hiérarchie ecclésiastique depuis des décennies.  Il appelle à élargir la prévention mais aussi à mener des actions de réparation pour ceux qui ont subi ces crimes alors qu'ils avaient moins de 18 ans. C'est pourquoi ils proposent, entre autres, un fonds de compensation étatique "en coopération avec l'Eglise ou subsidiairement à sa responsabilité".

"Il a mis sa main sur leurs chemises, leurs fesses, leurs pénis, il a touché à les garçons, il ne nous a pas touché du tout, nous les filles. Il n'a touché que les garçons et seulement certains d'entre eux. Devant nous, nous étions assis. individuellement à nos bureaux. , et il passait devant les tables et, selon l'envie, il s'arrêtait et faisait ses affaires".

Témoignage 232

 

1,13 % de la population adulte actuelle, soit quelque 440 000 personnes, ont subi des abus dans le domaine religieux, selon une extrapolation de l'enquête à grande échelle réalisée par le Médiateur avec l’institut GAD3 auprès d'un échantillon de plus de 8 000 personnes. Un chiffre effrayant bien au delà des près de 500 plaintes officielles que cette organisation a enregistrées et des 720 cas reconnus  par la Conférence épiscopale. Sur le total, 0,6%  des personnes interrogées déclarent avoir été abusées directement par des prêtres ou des religieux , et le reste, par des personnes liées à des institutions religieuses. L'étude indique que ce pourcentage est "un chiffre similaire à celui trouvé dans des études réalisées dans d'autres pays".

"L'agresseur a décidé d'avoir des relations avec moi après que je lui ai avoué avoir embrassé une fille. Peu de temps après, il s'est couché dans mon lit la nuit. La première nuit où il est entré, j'ai dit : "Qui es-tu ? ?", et il me couvre un peu la bouche et me dit "Je suis le père". La première image qui m'est venue à l'esprit était celle de mon père. Mes parents étaient séparés et, pour différentes raisons, j'avais été à l'hôpital psychiatrique de [ville]. Jusqu'à ce que je réalise à la voix que c'était lui [nom de l'agresseur]. Il m'a parlé et m'a dit que, depuis que mes parents étaient séparés, je manquais d'affection et qu'il m'avait remarqué parce qu'il J'avais besoin et ce que nous avons fait, c'était de l'amour, que je ne m'inquiéte pas"

Témoignage 380

Abus sexuels dans l'église espagnole

Témoignages de plus de 400 victimes

C'est ce qu'a expliqué vendredi le médiateur, Ángel Gabilongo , lors d'une conférence de presse ce vendredi après avoir remis le rapport à la présidente du Congrès des députés, Francina Armengol. Un document « sans parti pris, ni idéologique ni dans aucun autre sens » et qui a inclus « les témoignages des victimes », qui ont été interrogées « en profondeur », certaines même pendant des jours, pour expliquer leurs expériences et leurs positions sur les abus subis. Mais des évêques, des écoles ou des représentants ecclésiastiques ont également été impliqués pour analyser et démontrer l'impact de ces crimes.

"Un jour, il m'a fait asseoir sur ses genoux, après avoir mangé, et il a commencé à m'embrasser sur la joue, et il m'a serré très fort, d'une manière que mes parents n'avaient pas fait, et j'ai commencé à sentir une très forte haleine alcoolisée. Et soudain il me regarde et se met à pleurer, et je m'enfuis violemment, en bas des escaliers"

Témoignage 272

Abus sexuels dans l'église espagnole

- Sainteté, le curé du village a abusé des enfants.

- Quelle barbarie ! Nous allons le changer de paroisse pour qu'il ne continue pas à abuser de ces enfants.

"C'est un rapport qui n'a pas l'intention d'offrir ou de dicter ce qui doit être fait, mais plutôt de fournir deux cadres de conclusions et de recommandations pour la prise de décision", a déclaré Gabilondo, qui a rappelé que "le médiateur n'est pas un juge, il n'est pas le législateur et n'est pas l'administration". Cependant, le représentant de cet organisme, sur la base des témoignages de plus de 400 victimes directes et d'une enquête de terrain, "révèle l'impact dévastateur que les abus sexuels ont eu sur la vie des gens". Des victimes "dévastées par les dérives de l'Eglise catholique, de qui on aurait pu attendre de l'exemplarité et une capacité unique à affronter la situation". Et le rapport accuse directement l'Église d'avoir caché les abus pendant des années et d'avoir réagi de manière "insuffisante, dilatoire et inappropriée". "Pendant des années, a prédominé une certaine volonté de nier, de protéger les agresseurs, en transférant les agresseurs vers d'autres paroisses ou centres éducatifs, et même vers d'autres pays", ce qui a été décrit comme une "mauvaise pratique" qui s'est produite "de manière récurrente" et qui "n’a pas permis de répondre au problème".  Et il a souligné que les procédures du droit canonique révèlent un déficit important dans les droits des victimes, qui "ne font pas partie du processus ; leur voix n'a pas non plus la place dont elle a besoin et qu'elle mérite". 

Abus sexuels dans l'église espagnole

"J'ai fait ce qu'il m'a dit, parce que pour moi, il était comme Dieu. Il devait me protéger, il était comme mon coffre-fort. Il a dit qu'il priait Dieu pour moi et que Dieu me donnerait tout ce dont j'avais besoin. Sucer son pénis, ce n'était rien comparé au fait d'obtenir de Dieu ce dont j'avais besoin"

Témoignage 384

Un fonds de compensation de l'État

Gabilondo a souligné que les condamnations ne garantissent pas l'indemnisation, en effet, « les quelques cas qui ont été fait l’objet de poursuites avec condamnations ne garantissaient pas toujours l’indemnisation des victimes.  C'est pourquoi il a proposé la création d' un « fonds d'État » pour le paiement des indemnisations en faveur des victimes, « un organisme spécial à caractère temporaire et dont le but est la réparation dans les cas où il n'a pas été possible » d’engager des poursuites pénales contre l'auteur."

"Cette obligation peut être remplie en coopération avec l'Église catholique, ou à titre subsidiaire par rapport à sa responsabilité", a-t-il déclaré, notamment en raison de la réaction tiède du milieu ecclésiastique. 

"Je me souviens avoir ressenti du dégoût lorsqu'il approchait sa bouche de la mienne et j'ai remarqué sa respiration animale incontrôlée. Parfois nous restions debout, et d'autres fois je tombais sur le canapé [...]. Presque toujours, pendant qu'il me tenait saisi et piégé, Il se frottait contre moi comme bien plus tard j'ai vu certains chiens faire avec les jambes de leurs maîtres. C'est alors que j'ai remarqué son sexe dur contre mon corps et sa respiration rapide d'extase"

Témoignage 75 (j'avais environ 9 ou 10 ans)

Il a également appelé à la mise en place de davantage de mesures de prévention et demandé l'ouverture des archives par l'Église. "Elle doit faire un effort pour ouvrir ses archives."Un acte du Concordat indique que les archives de l'Église sont privées et ne peuvent donc pas être ouvertes par un organisme autre que l'Église, mais l'Église peut les les mettre à la disposition des chercheurs", a-t-il expliqué.

"Sans même me dire bonjour, il m'a dit : 'Mets-toi nue.' Il m'a dit de venir faire un premier bilan physique, ou quelque chose comme ça, pendant qu'il mettait la chaise avec les accoudoirs face à moi. Moi. Mon esprit est devenu vide. C'était la panique, j'étais plus que terrifiée, je ne sais pas s'il faisait chaud ou pas, mais j'étais figée, au bord de frissonner. Quand je l'ai senti commencer à me caresser, tous mes doutes se sont envolés et mes pires craintes ont commencé à devenir réalité. Il s'est levé et je me souviens de ses mains qui me frottaient [...]. Puis j'ai ressenti une douleur terrible et une brûlure à l'entrée de mon anus. Il a essayé d'insérer son doigt et ça m'a fait terriblement mal. Je me suis retourné du mieux que j'ai pu et je me suis retourné pour le regarder. À ce moment-là, je n'ai toujours rien compris et j'ai touché la zone de mon cul. C'était mouillé, c'était collant et ça sentait très mauvais, je ne savais pas ce que c'était, ce qui se passait et de quoi il s'agissait, mais je voulais sortir de là. Je suis entré dans une panique totale, mais une panique refoulée, en silence. Il m'a dit pour m'habiller. Je n'ai pas regardé son visage, je me suis habillé en silence, terrifié. Il s’est caché, faisant semblant de remplir un papier, ou autre. J'étais morte, je ne comprenais rien du tout, je ne savais pas ce qui s'était passé"

Témoignage 17 (J'avais 12 ans)

Une « collaboration » disparate au sein de l’Église

Il a souligné la "collaboration disparate" au sein de l'Église, qui "n'a pas participé, mais a collaboré". "Nous avons écrit à tous les évêques, certains nous ont répondu. Pas tous.,un évêque même, non seulement ne nous a pas répondu, mais a mis en cause notre enquête. D'autres l'ont bien fait, ce qui " montre que cela peut être bien fait ", a-t-il déclaré. Il y a donc un changement d'attitude dans l'Église, et j'ai confiance en en ce qu’elle puisse affronter réellement la situation dans sa totalité.. Parce que les victimes ne peuvent plus attendre", a-t-il ajouté.

Après cette présentation, dans laquelle Gabilondo lui-même a défendu dans la salle de presse de la Chambre basse sa légitimité à le remettre au milieu des négociations pour l'investiture de Pedro Sánchez, ce rapport sera débattu en détail par les groupes parlementaires de l'hémicycle car il répond à une  proposition non législative (PNL) approuvée par le Congrès des députés le 10 mars 2022 qui chargeait le Médiateur de « créer une commission indépendante chargée de préparer un rapport sur les plaintes pour abus sexuels dans le domaine de l'Église catholique et du rôle des pouvoirs publics ». Elle a été soutenue par une grande majorité, à l'exception de Vox, extrême-droite, qui a voté contre le lancement de ces travaux

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9 février 2021 2 09 /02 /février /2021 16:56

Entretien avec Christian Terras, rédacteur en chef de Golias, la revue catholique critique cliquer ici

 

4 pages dans l'OBS du 20/05/2021 cliquer ici

Réaction de J. P. Sautreau après la publication du rapport de la Commission Sauvé cliquer ici

CRIEZ POUR NOUS

Et la chair s’est fait verbe, des décennies après. La chair meurtrie, violée de gamins de 11, 12, 13 ans. Une croix sur l’enfance en Vendée a provoqué, au fil de signatures et de rencontres, de nouveaux témoignages. Le Jeanjean, tout secoué encore de son mal de mère, est devenu aussi, volens nolens, celui qui va transmuter ces « cris crevant des années de solitude », en témoignages tous plus glaçant les uns que les autres.  Mais il revient aussi sur son aussi long silence, ce long mutisme commun à la plupart des victimes. Et il décrit avec précision, il en démonte les rouages, l’omerta qui a régné, qui règne sans doute encore, dans l’église catholique.  

En septembre 2018, paraissait “Une croix sur l’enfance”, un récit dans lequel mon père racontait sa jeunesse claquemurée dans un séminaire catholique, les amitiés bâillonnées, les jouets et joies volées, la discipline inique et la violence quotidienne, notamment pédocriminelle. Cet essai cathartique a fait grand bruit dans la Vendée chrétienne d’abord puis partout ailleurs et son écho médiatique en a entraîné beaucoup d’autres, de plus intimes. Mon père a reçu chaque semaine (et pendant un temps, chaque jour) des témoignages d’hommes et de femmes d’âge mûr, qui, parfois pour la première fois de leur vie, racontaient leur douloureux secret, tous et toutes victimes des mêmes crimes tus et enfouis. Des voix fragiles qui, depuis assemblées en communauté, sont devenues plus fortes, et qui ont crié justice. Ce nouvel opus fait entendre leurs histoires et les avancées de leur combat. Une prose poétique et fraternelle qui tente de redonner leurs voix aux égosillés. (Criez pour nous, éditions Nouvelles sources)

Manon Sautreau

Paradoxalement, c’est une lettre anonyme, reprochant à l’auteur d’Une Croix sur l’enfance de vouloir surfer sur la vague dénonciatrice, de s’adonner à une surenchère à la délation des prêtres pédophiles assez sordide, qui résume bien le terreau socioculturel sur lequel les pédocriminels ensoutanés ont pu agir en toute impunité.

Victime, lui aussi, des attouchements d’un serviteur de l’église il veut garder sa souffrance muette. « Mes parents m’avaient mis en pension pour mon bien, ils voulaient le meilleur pour moi… À la ferme on parlait peu. [Mes parents] respectaient aveuglément les prêtres et les religieux, porteurs des valeurs dans lesquelles j’ai été éduqué. »

Les prédateurs étaient sûrs de leur impunité car leurs victimes, s’ils leur prenaient l’idée de conter les agressions sexuelles qu’ils leur faisaient subir, passeraient pour des affabulateurs auprès de parents sous l’emprise d’une église dont ils étaient les ministres sacrés. Et ils pouvaient aussi compter sur le silence complice de leurs pairs ou de leur hiérarchie.

L’Église incestueuse :

Avant de revenir à des écrits plus légers dans quelques jours, je voudrais, un peu harponné par de livre de C Kouchner et les débats qu’il suscite, vous faire partager cette vérité parallèle dont je parle dans « criez pour nous » mais que je ne développe peut-être pas assez :

L’agression sexuelle d’un enfant par un clerc se traduit ainsi : une personne consacrée par l’Église donc sacrée viole le corps sacré d’un enfant.

Or, cet agresseur criminel se trouve être par définition un père de cette Église.

La notion de paternité est la colonne vertébrale de l’Église catholique.

De Dieu le père (Notre père qui es aux cieux) au prêtre de paroisse (le père curé). En passant par le Pape, le Papa suprême et toute la chaîne des pères cardinaux et évêques. Tous des pater familias.

Au séminaire nous appelions tous les prêtres « mon père ». Tout en haut le père supérieur…

Alors sans contestation à propos des crimes sexuels commis par les prêtres de l’Église, quelle que soit leur place dans la hiérarchie, nous devons parler d’inceste.

J. P. Sautreau (facebook)

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La loi du silence

Une figure des plus représentatives de cette loi du silence institutionnalisée est dans doute Louis-Marie Billé. Bien que né dans le Loiret, à Fleury-lès-Aubray, le 18 février 1938, arrivé dès l’âge de deux ans, à Fontenay-le-Comte, il a baigné dans le catholicisme de combat d’Antoine-Marie Cazaux qui va régner sur la Vendée de 1941 à 1967. Formé au grand séminaire de Luçon, il y revient après des études de théologie, en tant que professeur d’écriture sainte.

Jean-Pierre Sautreau conte comment le frère d’un Noël Lucas, qui devait accéder au diaconat, était venu informer les responsables du séminaire des actes incestueux dont il avait été victime de la part de ce frère. C’est Billé qui le reçoit en ce printemps 1967. Il coupe court, refuse d’entendre plus longuement les confidences et interrogations de l’adolescent. Noël Lucas, devenu prêtre et prédateur, va pouvoir ainsi sévir jusqu’en 1996. Entre autres saloperies, celle narrée dans Criez pour nous, d’un neveu de curé que, dans une colo comme on disait, il a violé et laissé martyrisé par d’autres gamins.

Ce brillant prêtre, lui aussi enseignant au grand séminaire, mais à Nantes, et avec de nombreuses responsabilités à l’évêché de Luçon, savait se faire inviter au sein même des familles, comme le racontait le père d’une victime au tribunal en 1999 :   « Nous sommes catholiques. Avec son aura d'ecclésiastique, il avait gagné notre estime. Nous le recevions en ami. Il venait dormir chez nous et, là, il abusait de nos enfants. »

Le frère de Noël Lucas, au procès, dira avoir averti Billé, qui, devenu entre temps archevêque de Lyon, affirmera « n’avoir absolument aucun souvenir d’une rencontre comme celle dont il est question ». Garnier, évêque de Luçon à l’époque, dans un entretien de départ de Vendée (12/01/2001) déclarera je reste l'ami de ce prêtre, son frère. Et Castet, évêque de Luçon, à la mort du pédo-criminel en 2015, invitera les prêtres de Vendée à une prière pour leur ex-collègue !

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Billé avait-il aussi perdu le souvenir de cette Blandine, non pas jetée aux lions, mais au « saint homme de frère », par sa propre mère ? Ce saint homme, son oncle donc, prêtre, sa mère va lui faire partager le même lit. Et l’oncle de 30 ans va violer la fillette d’à peine 6 ans. Et la mère va éponger le sang et étouffer cette histoire. La sœur et le frère vont sceller leur silence dans le sang de Blandine. L’oncle étant devenu directeur de lycée privé à Aix, Blandine va informer, en 1995, l’évêque du coin qui n’est autre que Billé : distant et cassant, il conclura par « N’allez pas croire que je vais jouer les justiciers » et nommera un peu plus tard le violeur à la tête de la paroisse de Martigues.

Billé continue une brillante carrière épiscopale puisqu’il devient « primat des Gaules », archevêque de Lyon, et Jean-Paul II lui donne le chapeau de Cardinal. Lyon où sévissait le père Preynat qui va conter sa rencontre avec son patron : « Je l’ai vu dix minutes, il m’a demandé si les faits étaient prescrits. Comme je ne le savais pas, il m’a dirigé vers un avocat. Et c’est tout. »

Et c’est donc le même Billé, devenu président de la conférence des évêques de France, qui présentera un rapport de deux cents pages sur la pédophilie dans l’Eglise : « Les prêtres qui se sont rendus coupables d’actes à caractère pédophile doivent répondre de ces actes devant la justice » Entre temps, il avait nommé Preynat pour piloter une quinzaine de paroisses !

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Un évêque fait repentance

Il aura fallu deux ans à l’évêque de Luçon, Jacolin, pour faire solennellement acte de repentance. Mais cet évêque qui a honnêtement, après avoir entendu des victimes, et notamment Jean-Pierre Sautreau, tiré, dans doute péniblement, la conclusion qui s’imposait, annonce-t-il un véritable examen de conscience de l’église de France. La création d’une Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise, dite Commission Sauvé, laisse espérer une prise de conscience et surtout une prise en compte plus globale.

Cette recension est à la fois trop bavarde et bien incomplète. Elle ne rend pas compte et de l’écriture et de la composition du livre. Cet équilibre entre l’évocation des méfaits subis par les victimes qui, pour la première fois pour beaucoup, se sont confiées, l’analyse encore plus creusée des mécanismes familiaux et socioculturels qui ont permis ces crimes, mais aussi des échappées vers la poésie, cette merveille du langage qui l’a si souvent sauvé.

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Pour compléter

 

Vous pouvez lire ici quelques extraits du livre ainsi que sur la page facebook de Jean-Pierre Sautreau

Zoom express sur le dernier livre de Jean-Pierre Sautreau "Criez pour Nous" sur TV 3 Provinces

Un entretien sur Alternances FM (radio nantaise).

Un autre sur France bleu Loire Atlantique

 

 

Plus de 150 personnes se sont déplacées à la cathédrale de Luçon, en Vendée, le dimanche 14 mars pour le dévoilement de la plaque « en mémorial pour les enfants victimes de violences sexuelles par des prêtres ». Une première en France.

La pose de la plaque a été annoncée en octobre 2020 par l’évêque de Luçon Mgr François Jacolin, au cours d’un « acte de repentance » où il avait publiquement annoncé la reconnaissance de « 43 agresseurs entre 1940 et aujourd’hui », parmi lesquels 36 prêtres, cinq frères et deux laïcs. De très nombreux faits se sont produits au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers dans les années 1950 et 1960 essentiellement. Les enfants avaient une dizaine d’années.

 

Après une courte présentation, l’évêque lit la « prière de repentance de l’Église en Vendée en mémorial pour les enfants victimes de violences sexuelles ». Le texte évoque la responsabilité du diocèse face aux actes des prêtres violeurs : « Des pasteurs à la tête du diocèse ont manqué de lucidité, de courage et de justice devant de tels actes, aggravant ainsi les souffrances des enfants violentés et exposant d’autres enfants aux mêmes risques. »

L’instant est particulièrement émouvant pour les victimes, qui ont découvert le texte par la lecture de l’évêque. Parmi elles, l’écrivain Jean-Pierre Sautreau. Son livre Une Croix sur l’enfance en Vendée avait déclenché de très nombreux témoignages.

 

Extraits d'Ouest-France 15/03/21

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LIBERATION DU 26/03/2021 consacre 4 pages à la pédocriminalité dans l'église, avec l'exemple du petit séminaire de Chavagnes

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L'OBS du 20/05/2021 consacre 4 pages à Jean-Pierre Sautreau

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OUEST-FRANCE 06/10/2021

 

Pédocriminalité dans l’Église en Vendée. Jean-Pierre Sautreau n’est « pas surpris par les chiffres »

La Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église annonce 330 000 victimes entre 1950 et 2020. Membre d’un collectif de victimes qui a dénoncé les viols et agressions sexuelles commis au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, l’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau avait été entendu comme témoin par la commission.

Pour son travail d’enquête, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) avait entendu de nombreuses victimes. Entendu comme témoin, l’écrivain Jean-Pierre Sautreau avait rejoint l’un des « groupes miroirs » chargés de veiller sur le travail des experts.

 

Quelle est votre réaction à l’annonce des chiffres du rapport de la Ciase, qui estime qu’entre 1950 et 2020, 330 000 enfants ont été victimes de viols et agressions sexuelles par des laïcs, bénévoles ou salariés missionnés par l’Église ?

C’est énorme, mais je ne suis pas surpris par les chiffres. Ce que l’on a vu ici en Vendée avec le petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, est certainement d’une ampleur exceptionnelle, mais cette histoire montre bien combien, derrière quelques témoignages, se cachent de très nombreuses agressions. Le collectif des victimes de violences sexuelles de Vendée, dont je fais partie, recense au moins 135 victimes en Vendée, dont 80 victimes avec 14 prêtres agresseurs à Chavagnes-en-Paillers (1). Régulièrement, de nouveaux témoignages arrivent. On en a encore reçu deux ces jours-ci. Pour nous, c’est mathématique : ces prêtres ont fait au moins une centaine de victimes. Pas seulement au séminaire, mais, on le sait pour certains, également dans leur entourage.

Le rapport marque une étape importante ?

En deux ans et demi, le travail est considérable. En tant que témoin puis comme membre d’un groupe miroir chargé de veiller sur le travail des experts, je peux témoigner de la volonté de la commission de ne pas se cantonner à un rapport technique. Il y avait une véritable volonté de réparer les victimes. Je suis évidemment heureux que l’on renonce à cette idée de forfait qui était une aumône. Il faut bien sûr des réparations financières individuelles.

Vous êtes en revanche déçu de la réaction du président de la conférence des évêques, Mgr Eric de Moulins-Beaufort ?

Beaucoup. C’est le patron des évêques. Il fait une demande de pardon, mais aucune annonce. Il se contente de renvoyer, pour les actions, à la prochaine assemblée plénière, à Lourdes, en novembre. Ce n’est pas satisfaisant. Le rapport de la Ciase conforte notre travail. Nous allons continuer à nous battre pour obtenir notre dû.


Contact : https://collectif85.com/

(1) Publié en 2018 par Gestes Editions, Une Croix sur l’Enfance en Vendée est depuis quelques jours disponible en format poche chez Harper Collins (6,90 €).

 

Pédocriminalité dans l’Église : « Un début de prise de conscience, mais… »

Un mois après la publication du rapport choc de la commission Sauvé, 120 évêques catholiques réunis à Lourdes début novembre ont eu la révélation. Vendredi 5 novembre, jour du poisson, le gratin catholique a reconnu « la responsabilité de l'Église catholique » dans les crimes sexuels commis par des prêtres et des religieux et leur dimension « systémique » depuis 1950. Christian Terras, rédacteur en chef de Golias, la revue catholique critique, revient sur ce début de prise de conscience mais prévient : le problème réside aussi dans la toute-puissance des prêtres.

"Je ne suis pas sûr que les 120 évêques aient compris que c’était la sacralisation de la prêtrise qui est en cause dans cette affaire-là. Tant qu’on ne remettra pas en cause cette sacralisation du prêtre dans l’Église, on ne s’en sortira pas."

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3 juillet 2019 3 03 /07 /juillet /2019 17:30
MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Marcial Maciel est, sans doute, la personnalité la plus diaboliquement perverse que l’église catholique ait engendrée depuis plus d’un demi-siècle. En dépit de sa richesse démesurée et de sa vie de pervers narcissique, pédophile, bisexuel, escroc, menteur, psychopathe, manipulateur, incestueux, criminel, plagiaire, charlatan, voleur, morphinomane, sacrilège et apostat, il bénéficia d’une totale impunité des années 40, jusqu’à sa mort, de Pie XII à Jean-Paul II. Jean-Paul II qui célébra même les 60 ans de prêtrise du fondateur des Légionnaires du Christ. Et la prétendue sanction de Benoît XVI en 2005 est purement fictive, puisqu’elle lui inflige cette bénine condamnation « à une vie réservée de prière et de pénitence ».

J’ai déjà abordé le cas Marcial Maciel. Cas si caricatural que son impunité totale montre que la cécité de l’église catholique sur les abus sexuels en son sein est systémique. On ne voit pas, parce qu’on ne veut pas voir. Jean-paul II est l’exemple même de cet aveuglement volontaire.

Marcial Maciel Degollado naquit en 1920 à Cotija de la Paz, dans l’état de Michoacán, à l’ouest de Mexico. Si sa vocation fut précoce – cela en pleine période de guerre des cristeros et surtout de ses séquelles – ses premiers abus pédophiles le furent aussi puisqu’en 1938, séminariste dans le diocèse de Veracruz, il introduit de jeunes enfants dans l'enceinte du séminaire et abuse d'eux. Mais il est surpris, puis dénoncé par des femmes de ménage.  Il est viré.  Après s'être fait exclure de plusieurs séminaires, Maciel atterri dans le diocèse de Cuernavaca où il obtient la protection de l'évêque, un parent, et qui l'autorise à fonder une congrégation, l'ordonne prêtre et le maintient dans ses fonctions alors que les premières accusations d'abus sexuels lui sont rapportées par un père de famille.

Sa congrégation baptisée les Légionnaires du Christ, qui se donne des buts éducatifs et caritatifs, est vue au départ, aussi bien à Mexico qu’au Vatican, avec une certaine méfiance, par son caractère quasi sectaire, basé sur le culte de la personnalité du fondateur. Mais au bout de quelques années, grâce à son énergie hors du commun mais surtout à d’obscures sources de financement, Maciel a fondé un grand nombre de collèges, des universités et des associations caritatives. Et en 1959 il ajoute une branche laïque, Regnum Christi, à la congrégation des légionnaires du Christ.

Le curé Maciel, à la tête de cette armée, toute dévouée à sa personne, recrute des milliers de séminaristes et récolte des dizaines de millions. Il a créé une organisation rigide et fanatique dans laquelle les séminaristes font vœu de chasteté, de pauvreté (tous leurs biens sont propriétés de l’ordre y compris des étrennes familiales), astreints à une loi du silence qui interdit toute critique de leurs supérieurs, et par-dessus tout, bien sûr, le père Maciel, que les séminaristes doivent appeler « notre père ».Tout autant qu’une machine de harcèlement sexuel, les Légionnaires du christ furent une entreprise de harcèlement moral. Les méthodes employées dans l’équivalent des petits séminaires ne diffèrent guère de celles décrites dans le petit séminaire vendéen de Chavagne-en-Paillers : censure du courrier, directeur de conscience, etc. Mais en plus fanatiquement voués au « padre ». Et avec surtout une grande pauvreté intellectuelle et une indigence théologique.

La double vie du chef des légionnaires est connue de longue date au Vatican.

Ses abus sexuels avaient été signalés aux évêques mexicains, dès les années 40. Mais surtout en 1956, Ferreira Correa, un prêtre qui le secondait, a écrit une lettre à l’archevêché de Mexico des plus explicites. Il décrit comment Maciel, prétextant des douleurs aussi atroces qu’imaginaires, obligeaient des séminaristes à la masturber.

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

"Le père Maciel m'appelle à l'infirmerie et commence à raconter qu'il a des douleurs terribles au ventre qui l'empêchent d'accomplir sa mission dans le monde, qu'il en avait parlé avec le pape Pie XII et que, voyant comment cela l'empêchait de servir l'Eglise, le Christ et le monde, il lui avait donné l'autorisation qu'on lui fasse des massages afin de soulager ses souffrances. «Alors – raconte Aménabar - il m'a pris la main et m'a dit: 'Aie confiance, aide-moi'. Il a fait en sorte que je lui masse le ventre. Ensuite, il a commencé à baisser la main et a fini en voulant que je le masturbe. J'ai eu très peur, mais Maciel m'a dit: 'Ne t'inquiète pas, j'ai la permission du Pape pour faire cela. Et puis en plus, je vais te donner l'absolution. Comme ça, si tu as encore des inquiétudes, tu sais que tu peux communier sans problème' ".

L'affaire Juan Manuel Aménabar (extrait)

Il décrit aussi sa totale addiction : « il me semble que le père Maciel s'est toujours fait des injections de drogues: Dolantine, Sedol et Demerol », dérivés de la morphine. Il conte les invraisemblables  mensonges et manipulations du padre pour se procurer ses drogues ou faire croire qu’il va se soigner. Et ce fondateur adulé s’exonère de la prière du bréviaire, il ne célèbre pas quotidiennement la messe, tout en faisant croire le contraire, ne se livre à aucun exercice spirituel ni même à la prière. « Quant à la pauvreté, il est notoire qu'il cherche toujours le plus confortable et le plus agréable. La nourriture la plus exquise. (…) Il fait allègrement des appels téléphoniques intercontinentaux pour traiter d'affaires non urgentes et il voyage toujours en première classe quand il prend l'avion, même quand le frère qui l'accompagne voyage en classe touriste. Il s'héberge toujours dans les meilleurs hôtels et mange dans les meilleurs restaurants. »

Dès 1956, deux évêques mexicains alertent donc, au Vatican, Arcadio Larraona, secrétaire de la Congrégation des Affaires Religieuses, sur le « comportement déviant et faux, usage de drogues, actes de sodomie sur des garçons de la Congrégation » de Maciel. Il est suspendu. Une enquête – une visite apostolique – est lancée et malgré la loi du silence imposée aux Légionnaires, l’enquêteur conclut à la destitution définitive de Maciel et à une reprise en main d’une congrégation fanatisée. Mais bizarrement deux autres enquêteurs sont nommés qui contredisent largement ces conclusions, parlant même du mysticisme héroïque du fondateur ! Et, encore plus bizarrement, pendant le bref interrègne pontifical entre la mort de Pie XII et l’élection de Jean XXIII en octobre 1958, Maciel, comme si de rien était, fut rétabli à la tête de son Institution. Serait-ce médire que suggérer que quelques dons en liquide à quelques cardinaux – pour leurs bonnes œuvres – ont pu lui donner quelques précieux alliés ?

Plagiat

Maciel mit à profit cette période de suspension de 1956 à 1958 pour rédiger un saint ouvrage "El Salterio de mis días" (Le Psautier de mes jours), qui connaîtra bien sûr un grand succès auprès des légionnaires. Sauf que le padre s’était contenté de pomper une œuvre peu connue d’un certain Luis Lucia, homme politique catholique espagnol, intitulée « El Salterio de mis horas » (Le Psautier de mes heures). Ecrit en 1941* quand Luis Lucia était emprisonné à Barcelone par les Franquistes (après l'avoir été par les Républicains), il fut édité, en 1956, après sa mort.

* Lors de la guerre civile, bien que Lucia ait pris position pour le gouvernement de la République contre le coup d'état, il fut emprisonné comme catholique de droite par les Républicains ; mais sa prise de position en 1936, lui valut d'être emprisonné par les franquistes...

Bien que Maciel eût été à nouveau dénoncé en 1962 pour sa consommation de drogue, qu’il eût même été arrêté en Espagne, en 1965 le pape Paul VI reconnut les Légionnaires du Christ dans un décret qui les rattachait directement au saint-siège.

Absout et même légitimé par Paul VI, Maciel redoubla d’efforts pour développer son organisation. Le personnage avait l’art de susciter des dons de multimillionnaires, comme Carlos Slim. Il amassa une fortune sur des comptes secrets, mais aussi en biens immobiliers, de plusieurs centaines de millions de dollars.

Il puisait d’ailleurs allégrement dans ces fonds pour se donner un train de vie exceptionnel, non seulement pour l’époque, mais surtout pour un curé qui avait fait vœu de pauvreté. Le saint homme, qui affichait en public l’humilité absolue, vivait en privé dans une maison blindée et conduisait des voitures de sport de haut de gamme.

Le prédateur continua bien sûr d’abuser sexuellement des petits et grands séminaristes en toute impunité. Mais, il ajoute, si l’on peut dire, une corde à son arc, en se mettant en concubinage avec une première femme, puis une deuxième et peut-être une troisième. Et en abusant de deux de ses fils et de sa fille.

En 1977, Blanca, 19 ans, travaillait à Tijuana comme domestique quand elle a rencontré «Raul Rivas», 57 ans, un homme qui prétendait être veuf et travailler comme détective privé pour Shell. Il lui a acheté une maison à Cuernavaca, une ville de style colonial, aux abords de Mexico. Il a accepté de devenir le père adoptif de son fils de trois ans, Omar, fruit d'une relation précédente. Il a avec elle deux enfants, Raúl, et Christian. Raul a raconté : «Quand j'avais 7 ans, j'étais allongé à ses côtés, comme n'importe quel garçon, n'importe quel fils avec son père. Il a baissé mon pantalon et a essayé de me violer.»  «Rivas» a commencé à emmener Omar et Raul dans des voyages en Europe, abusant d'eux, entre 8 et 14 ans.

Norma Hilda Baños, à Acapulco, en 1987, âgée de 27 ans, lui a donné un enfant, également appelé Norma Hilda. «Quand j'ai rencontré cet homme, j'étais mineure». «Ni ma fille, ni moi-même n'avons su qui était vraiment cet homme, jusqu'à la fin.» La fille «a été abusée par son père, Maciel,» avoue la mère dans un article d'El Mundo. «Elle souffre de terribles traumatismes de son enfance, et je crains qu'elle n’arrive jamais à s'en remettre.» Maciel a laissé aux Baños «deux maisons à leur nom, dans des bâtiments récents de Madrid, où elles vivent actuellement, ainsi que trois autres résidences, le tout évalué à environ deux millions d'euros.»

Selon des journalistes espagnols, Maciel a eu également trois enfants avec une autre femme mexicaine, qui vit maintenant en Suisse, ce qui ferait en tout six enfants naturels, conçus avec trois femmes différentes.

Et selon Alejandro Espinosa, un ex légionnaire, que le fait d’être un neveu de Maciel n’a pas empêché de tomber entre ses griffes, Talita Reyes, Pepita Gandarillas, Pachita Pérez, Deme de Galas, Dolores Barroso, Guillermina Dikins, Josefita ou Consuelo Fernández, veuve d’un diplomate espagnol en poste au Mexique, entre autres, ont succombé devant son apparence de piété et de grande sainteté.

D’après Comment le père Maciel a construit son empire et La fille du pécheur Légionnaire du Christ

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

Le pontificat de Jean-Paul II est pour lui l’apothéose. Le pape, polonais aveuglé par son anti-communisme, voit dans cette Légion en pleine expansion le rempart, voire le fer de lance contre la théologie de la libération. Macial a-t-il aussi alimenté des fonds secrets à destination de l’église polonaise ? c’est ce que sous-entend F. Martel dans Sodoma. Le pape a-t-il été aussi influencé par le fait que l’accusation de pédophilie était employée par le régime communiste polonais pour poursuivre des prêtres ? Toujours est-il que, non content d’approuver en 1983 des Constitutions de la congrégation, contraires au droit Canon, à l’occasion du 50e anniversaire de leur fondation, en 1994, il ira jusqu’à écrire à Maciel : "Depuis le jour de votre ordination sacerdotale, vous avez voulu mettre le Christ, l'Homme Nouveau qui révèle l'infini amour du Père aux hommes qui ont besoin de rédemption, comme critère, centre et modèle de toute votre vie, et de celle de ceux qui, depuis 1941 vous ont suivi, découvrant en vous un père spirituel proche et un guide efficace dans l'aventure passionnante du don total à Dieu dans le sacerdoce."

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

En 1997, huit anciens séminaristes publient dans le Hartford Courant, un quotidien états-unien, un témoignage sur les abus dont ils furent victimes et les errements de Maciel. Ils le font après avoir alerté en vain l’Église.

En 1998, Carlos Talavera, l'évêque de Coatzacoalcos, a transmis la lettre au cardinal Ratzinger, responsable de la Congrégation pour la doctrine de la foi et Ratzinger l'a lu devant lui. Mais la réponse du cardinal fut : «Monseigneur, je suis vraiment désolé, mais le père Maciel est une personne très appréciée par le saint père, et il a fait beaucoup de bien à l'Eglise. Il n'est pas prudent d'ouvrir une enquête

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le cardinal Sodano et Marcial Maciel

Le parrain de Maciel au Vatican était le premier ministre de Jean-Paul II, le cardinal Angelo Sodano, secrétaire d’état. Par principe, il défendait, a priori, les prêtres soupçonnés d’abus sexuels. Pour lui les accusations de pédophilie n’étaient que des ragots. Et il partage avec le pape l’aversion pour la théologie de la libération et donc, considère la Légion de Maciel comme une arme dans cette guerre.

Car Maciel a fait de ses Légionnaires du Christ une formidable machine de guerre, digne de tous les éloges, de toutes les louanges, étouffant donc toutes les rumeurs sur son fondateur. A la fin de sa carrière, cet organisation comptait 15 universités, 50 séminaires et centres d’études supérieures, 177 instituts secondaires, 125 maisons religieuses, 200 centres éducatifs, des centaines d’oratoires et chapelles, des associations caritatives...

MACIEL le pervers toxique dans une église qui se bouche les yeux

La légende veut que Benoît XVI ait sanctionné Maciel. De fait, l’encore Cardinal Ratzinger, en décembre 2004, scandalisé, dit La Vie, par le faste avec lequel le Saint-Siège a célébré les 60 ans de sacerdoce de Maciel, le 30 novembre 2004 en présence de Jean Paul II, lance une enquête, une nouvelle visite apostolique. Le chapitre général de la Légion met fin aux fonctions de Maciel en janvier 2005, officiellement en raison de son âge, 85 ans. 

Mais le successeur de Jean-Paul II renoncera à un procès canonique. Et en mai 2006, la Congrégation pour la doctrine de la foi condamne officiellement Maciel « à une vie réservée de prière et de pénitence, en renonçant à tout ministère public ». A peine une petite tapette sur les doigts. Et inutile de dire que Maciel n’en fit rien. Et la Légion persévèrera dans son culte de la personnalité. À son décès, le 30 janvier 2008, elle osera proclamer que "le cher père fondateur est parti pour la patrie céleste".

Et en novembre 2008, lorsque les légionnaires ont appris que le padre l’était vraiment, car il avait eu une liaison et avait une fille, trois cardinaux de la Curie, sans vergogne, sont allés dans leur maison religieuse à Rome pour leur tenir un discours rassurant, expliquant qu'au fond, le père Maciel était un homme au cœur pur, un instrument docile dans les mains de Dieu, et que, à travers ses  erreurs et ses faiblesses, il a pu faire lui aussi l'expérience amère du péché !

"Un homme choisi par Dieu, Marcial Maciel, a recueilli la lumière divine et a fait ce que Dieu attendait de lui !

Ne soyez pas de ceux dont l’Église et le monde pourront dire demain : « Voici ceux qui ont dévêtu leur père, qui ont dévoilé ses fautes au regard du monde » ! Non ! Le fils ne doit pas juger son père !

Laissez le monde juger ! C'est un monde corrompu et hypocrite ! Qu'il juge ! Mais de grâce : qu'il n'y ait aucun légionnaire qui, comme le mauvais fils de Noé, se moque des fautes de son père. Le couvrir, ce n'est pas étouffer la faute : c'est le revêtir avec le manteau affectueux de la famille.

Maintenir l'esprit du fondateur, ce n'est pas maintenir l'esprit de Marcial Maciel : c'est maintenir l'esprit que l'Esprit Saint lui-même lui a transmis."

Dario Castrillon Hoyos, président de la Commission pontificale Ecclesia Dei et ancien préfet de la Congrégation pour le clergé (extraits)

Et Angelo Sodano, Doyen du Collège Cardinalice, osera affirmer que "sa vie sainte des dernières années nous enseigne que si nous avons pu fauter à un moment ou à un autre, nous pouvons toujours demander pardon au Seigneur et continuer avec plus de générosité dans notre mission."

Le récit de sa mort fait dans un supplément d’El Mundo donne un autre son de cloche. Loin de la pénitence et de la prière, lors de ses dernières années de sa vie,  Maciel ne va même pas à la messe. Il manifeste même une « répulsion à l’égard de la religion ».

Le 30 janvier 2008, dans la chambre de Maciel se trouvaient Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, Evaristo Sada, secrétaire général, John Devlin, secrétaire personnel du fondateur et deux autres responsables de la Légion ; et les deux Norma Hilda, la mère et sa fille. Et en prime un prêtre exorciste. Après l’avoir refusé, il n’est même pas sûr que le mourant, cédant à la pression, se soit confessé.

Si Sodano ignorait cette fin impie, c’est qu’il ne voulait rien savoir.

Et ça continue encore et encore...

En 2017, les Paradise papers révéleront qu’Alvaro Corcuera, Directeur Général des Légionnaires, Luis Garza Medina, vicaire général, avec une vingtaine d’autres légionnaires, disposaient de fonds secrets, grâce à des montages financiers off-shore aux Bermudes, à Panama et aux Îles vierges britanniques. On découvrit aussi que 35 prêtres de la Légion du Christ étaient impliqués dans des cas d’abus sexuels. Benoît XVI s’est contenté de chapeauter la direction par un administrateur, le Cardinal Velasio de Paolis, mais sauf le décrochage des innombrables portraits du fondateur, rien n’a changé dans le fonctionnement de l’organisation.

Maciel face à Rivera

Maciel face à Rivera

Pendant plus de 60 ans, ce personnage toxique aura sévi en toute impunité.

Impunité due d’abord à d’incontestables talents de manipulateur qu’il déployait tant auprès des riches héritières que des Cardinaux et évêques qui le protégeront jusqu’au-delà de la mort, comme Hoyos ou Sodano. Du Cardinal Clemente Micara en 1958 au Cardinal Norberto Rivera Carrera, archevêque de Mexico, en 1997 – un super Barbarin mexicain – en passant par le secrétaire personnel de Jean-Paul II, Dziwisz, et bien d’autres, il a su se trouver d’éminents parrains. A son art de la manipulation, il ajoutait un art de se faire des obligés, offrant de somptueuses réceptions pour fêter une nomination comme cardinal, voire des pots-de-vin. Il est probable que, sachant leurs faiblesses, il exerçait un implicite chantage sur leur vie privée. Son dynamisme, dans une église en perte de vitesse, se traduisait par des constructions spectaculaires y compris à Rome.

Loi du silence à l’intérieur de la Légion, cécité volontaire dans l’église, il a pu se livrer à tous ses vices, dont le plus jouissif, sans doute, pour ce personnage sans foi ni loi, fut d’exercer un pouvoir sans limites sur ses troupes qui l’adulaient et de duper cette église qui ne demandait qu’à l’être.

SOURCES

Outre le chapitre de SODOMA sur Maciel, un blog d'anciens "légionnaires du christ" :

EXLCBLOG.INFO Prévention à l'égard de la Légion du Christ et du Regnum Christi

Aussi étonnant que ça paraisse, ces ex-légionnaires semblent être restés catholiques.

Leur animateur "Xavier" a sous-titré une série de vidéos chiliennes sur

Les péchés du père Maciel

La France n'est pas épargnée par l'extension de cette Légion toxique :

Ecole apostolique de Méry-sur-Marne: Des Légionnaires du Christ pédophiles

 

A lire :

Légion du Christ : comment l'église a voulu étouffer le scandale

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4 septembre 2018 2 04 /09 /septembre /2018 15:38
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Mise à jour 21 novembre 2020 : Jean-Pierre Sautreau signe l'éditorial de la revue GOLIAS.

Mise à jour 9 novembre 2020 : M le magazine (Le Monde) consacre une page à cet acte de repentance de l'évêque et le Sans culotte 85 publie l'intégralité de son enquête en 2012.

Mise à jour 23 octobre 2020 : l'évêque de Luçon, François Jacolin, fait acte de repentance.

De l’enfance à l’enfer. Vocation supposée, vocation imposée. Ainsi un gamin de 11 ans est coupé des siens, de sa mère surtout, pour l’enfermement du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, pas loin de Montaigu.

Un récit, sur fond de pédophilie, qui vient en résonance avec l’actualité.

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Rentrée des sixièmes en 1960 (sauf erreur, Jean-Pierre Sautreau est le 1er à gauche au 1er rang).

Un arrachement

 

Dans mes deux derniers livres Dans le jardin de mon père et Au fil de ma mère  j’ai, à travers ces figures parentales, évoqué mon enfance, sa décennie heureuse. Leurs lecteurs attentifs ont pu, par endroits, entrevoir des allusions aux cruelles années de déchirure qui allaient la suivre. L’année de mes onze ans, j’ai été mystérieusement recruté pour devenir prêtre. Et je me suis retrouvé avec une centaine de gamins, cette année-là, en sixième au Séminaire de Chavagnes en Paillers. J’ai vécu cet exil comme un véritable arrachement, des miens, de mes copains, de mon lieu, de ma vie ordinaire. Là, n’ayant pas la vocation supposée et me trouvant pris dans des rouages implacables, j’ai paradoxalement traversé de longues années d’enfer.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

D’une décennie heureuse à 6 ans d’enfermement

 

Ce récit s’attache à relater ce basculement d’une décennie heureuse dans une très longue période de six années d’enfermement physique et psychologique au Séminaire. J’y décris, en revenant particulièrement sur l’atmosphère des deux premières années de formation et fondation, sixième et cinquième, le quotidien disciplinaire, la rigide organisation interne et les rudes règles de vie inhérents à l’établissement. Avec l’idée de notamment mettre à jour les mécanismes très réfléchis mis en place par lesquels on visait à déconstruire les personnalités pour construire de parfaits soldats de l’Église. Je n’irais pas jusqu’à parler de soldats de Dieu, car Dieu dans tout ça…J’évoque aussi malheureusement les mœurs pédophiliques de certains prêtres, dont j’ai été moi-même victime.

Sous forme d’enquête, de recoupements, je me suis aussi intéressé à l’invraisemblable machinerie du recrutement sacerdotal. Car pendant des années et particulièrement dans les années 50 et 60 pour faire face à son développement et ses ambitions hégémoniques, l’Église a bâti toute une stratégie, tout un réseau d’enrôlement. Une fabrique à grande échelle de vocations avec, à sa tête, une éminence, elle aussi à la main leste, vouée entièrement au recrutement des « vocations » et qui a parcouru pendant des dizaines d’années la Vendée, allant de foyers en retraites paroissiales pour semer la bonne graine à prêtrise dans des têtes innocentes.

Dans des têtes innocentes…voilà bien l’autre scandale de cette époque et de cette triste réalité. Comment imaginer dans ces têtes d’enfants de 10 ans et de surcroît dans ces années 50 et 60 une réflexion mûrie autour d’un tel choix et une libre détermination. Le taux de renoncement en cours de parcours (autour de 90% en est une preuve). Pensons qu’aujourd’hui l’on situe à 15 ans l’âge de maturité affective et de consentement…Ainsi, beaucoup sortiront très marqués de cette épreuve, rincés psychologiquement et physiquement écartés d’une normalité de l’existence dans laquelle ils devront, à leur sortie, se réinsérer. Alors, souvent seuls, ils s’éloigneront plus ou moins des leurs, se renfermeront en gardant le silence sur ces années et s’investiront dans des situations que leur ouvriront (seul point positif) ces très exigeantes années de discipline et d’instruction.

Une forme de résilience

 

Cette histoire dont j’ai entamé l’écriture il y a trois ans, mon histoire, remonte à 60 ans. Jusque-là, je l’avais mise sous le boisseau par peur de réveiller des monstres en remuant tout ça. Par lâcheté et peur de devoir affronter l’incompréhension et la condamnation dans une Vendée tellement marquée par sa relation historiquement intouchable avec l’Église. Mais justement, j’arrive à un âge où j’estime que cette Histoire doit être connue, peut-être débattue. Et puis elle est l’histoire d’un tas de gamins de cette époque qui, pris dans ce système, vivent avec encore, souvent dans le silence et le déni de sa réalité. Et il y a l’actualité qui devrait gommer les éventuels doutes sur mon témoignage.

J’ai voulu aussi l’écrire pour trouver enfin une certaine forme de la résilience chère à Boris Cyrulnik. En écrivant mes deux derniers livres j’ai refait avec bonheur un bout de chemin vers mes parents, des parents dont longtemps j’ai questionné la responsabilité dans cet enrôlement. Reste à me réconcilier avec moi-même et repartir de plus belle dans l’écriture.

 

Jean-Pierre Sautreau

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La fabrique du cléricalisme

La fabrique du cléricalisme, tel pourrait être un sous-titre du dernier livre de Jean-Pierre Sautreau.

Non pas celui des anti-cléricaux – « le cléricalisme voilà l’ennemi » - celui qui veut imposer – et qui impose souvent (Argentine par exemple) – son dogme à la société entière. Mais le cléricalisme que dénonce le pape, celui de ces prêtres, de ces religieux ou religieuses, qui, se voyant sacralisés, se croient au-dessus du troupeau des fidèles. Et ce livre décrit bien comment cette distinction sert d’appeau pour attirer des gamins de familles calotines vers l’enfermement du petit séminaire, en leur prêtant une vocation que certains n’ont même pas exprimée ! À 9, 10 ou 11 ans. Et ensuite, pour formater ce futur pasteur des pauvres pécheurs, il est soumis à un véritable lavage de cerveau, une castration mentale ; la violence physique n’est pas absente avec un surveillant ensoutané et sadique ; mais la violence est d’abord dans un reconditionnement par le silence et la prière ; reconditionnement vérifié et renforcé par le directeur de conscience qui, chaque semaine, va disséquer, dans sa chambre, les résultats scolaires, le comportement, sans oublier la classique confession avec une chasse obsessionnelle aux pensées impures.

"L'emphase portée sur l'élection divine du prêtre, dont la vocation est appelée à se développer comme un "germe" à l'abri du monde dans le milieu fermé des séminaires triomphe au XIXe siècle,"siècle des curés". Face à un peuple de fidêles sans aucun pouvoir au sein de l'institution, s'impose la figure d'un prêtre porteur de tous les attributs du sacré...

La famille devient le lieu par excellence de son [l'église] emprise normative, avec une obsession croissante pour le contrôle de la sexualité des fidêles, principalement à travers la confession."

D. Hervieu-Léger

Télérama

 

La loi du silence

Alors comment appeler les seize heures qui s’égouttent entre la prière du matin et celle du soir, uniquement entaillées dans l’air goulûment avalé des récréations ? Le temps de la langue arrachée. Le temps de la parole gelée. Silence est leur mot étalon qui tranche nos minutes et chaîne tous nos actes et mouvements. Silence est leur mot clef qui nous verrouille et nous séquestre. Silence est leur mot scélérat qui leur offre l’ecchymose des corps et le blanchiment des consciences. Silence est leur mot dieu pour changer en eau bénite notre jeune sang fou. Silence est leur mot silence qui referme sa gueule sur nos bêlements. Silence est le mot totem de notre abattoir à ciel ouvert.

(…)

Couper notre langue, c’est nous couper de nos arrières, c’est couper cette langue ombilicale qui nous relie encore à notre terre d’enfance, à ce terreau de nos fables.

(…)

Silence on prie ! Du matin au soir, du soir au sommeil. La nuit, on garde un œil en prière.

 —Benedicamus Domino, claironne le soutaneux.

 — Deo gratias, gémissent les voix pâteuses.

 — Ave, Maria purissima.

  — Sine peccato concepta, croasse, en se signant, le dortoir agenouillé.

Notre premier souffle est pour le Seigneur. Le dernier le sera aussi : In pace in idipsum dormiam et requiescam, in manus tuas, Domine, commando spiritum meum. Les prières dentent notre noria, battent notre temps. Elles entament et closent chaque repas. Sucres lents. (Benedicite…Benedic, Domine, nos et haec tua dona de tua largite… Amen… Agimus tibi gratias, omnipotens deus…), démarrent et bouclent chaque étude, chaque classe. Tranquillisants sécables. Elles s’écoulent sous le long péristyle d’un vase à l’autre. Notre-Dame du Sceptre est saluée d’un Sub Tuum avant chaque sortie en promenade. Il est bien vu d’abréger la récréation pour faire une visite au Saint Sacrement. Ces prières-là sont pour le rythme, pour la bonne hygiène. Elles sont les amuse-bouches, les mignardises autour des plats de résistance, des mets aux riches fumets qui tiennent à l’âme, la Sainte messe du matin, la méditation apéritive, la salivante lecture spirituelle d’avant le souper, enfin, l’office du soir, gardant le corps, au moins jusqu’à minuit, dans la sainte digestion des sucs spirituels. Le dimanche et les jours de grande fête, on noce, on banquette, messe solennelle, heures catéchistiques et vêpres reculent notre ligne d’oraison. Mal de foi.

 La prière nous ficelle. La prière nous enroule.

 

Extraits

 

Tout cela, sur fond de pédophilie.

Le recruteur-chef, affublé du titre de Monseigneur pour service rendu à la grande chasse vendéenne aux vocations, n’hésite pas à pogner, comme disent les québécois, les délicates coucougnettes des gamins qu’il recrute, des milliers, dans son bel apostolat, dans le saint but, bien sûr, de leur faire confesser ces vilaines et impures pensées. Le sadique surveillant est, pour avoir été surpris avec deux élèves, exfiltré dans une cure (et ses deux victimes virées du séminaire). Et les autres victimes de ces pédotraficants se taisent*. Car, inconsciemment sans doute, ils savent que leur parole serait inaudible, dans cette Vendée où au début du siècle suivant, un évêque fera preuve de repentance, pour cette Eglise trop présente, qui occupait l'espace social et laissait peu de place à des manières de penser et de vivre la vie humaine et la foi d'une manière différente. Poids du cléricalisme donc, omnipotent. Jusque dans leur propre foyer pour des parents si fiers de donner un prêtre à l’église.

Chers parents, j’ai un nouveau Directeur de conscience, mon professeur de mathématiques. Mon stylo se bloque là. Comment leur confier cet incident, cette bêtise comme dit la chansonnette ? Depuis vendredi, je retourne ces instants de confession. Comment mettre en mots cette scène, cette imposition de main ? Comment faire avec ces mots collés au corps ? Quels mots mettre sur cette main hors de portée des mots ? Cette main avancée dans le silence, glissée dans la prière. Comment concilier le complaisant abandon reptilien de mon confesseur et sa traque obstinée de mes mauvais désirs, de mes mauvaises pensées, de mes mauvais touchers ? Comment relier son geste moite à son cramponnement moralisant qui damne mes jeux d’été, animalise mes moindres fibres, bestialise mes pulsions ? Comment regarder ce pourfendeur hérissé par la luxure, par ailleurs s’enflammant à toutes les illuminations de la chair contenues dans ses pénitentiels et caressant dans le poil mes confidences ? Comment le nommer ? Le mot n’existe pas. Il ne fait pas partie des 73 000 articles du Petit Larousse de mon trousseau de rentrée. Je ne trouve pas mon Directeur de conscience entre pédonculé et pédum.

 

Extrait

S’il entre si fort en résonance avec l’actualité, ce livre n’est cependant pas une œuvre de circonstance, ni un simple témoignage, ni un réquisitoire. Mis en chantier depuis trois ans, il vient en contrepoint des œuvres précédentes où papa bine et maman coud. Il conte le dernier été de l’enfance, avant l’enfermement entre les murs gris du séminaire. Il dit la foi simple de parents emberlificotés par les bonimenteurs en soutane. Il fait saisir de l’intérieur l’aveu indicible. Et cette croix sur l’enfance est aussi une croix sur le lien avec la mère.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Ce temps semblait bien fini. Celui où grâce à un système de propagande s’appuyant sur tous les réseaux – écoles confessionnelles, mouvements de jeunesse, curés et vicaires, etc. – visant les mères, qui sont la clé des prétendues vocations, avec une revue à elles réservée, puis la retraite spirituelle où le grand rhéteur Arnaud venait ferrer les gamins appâtés, des cohortes de plus de cent élèves entraient en 6e à Chavagnes. Le vent conciliaire a fait vaciller la quasi théocratie vendéenne de Cazaux. Le petit séminaire a fermé ses portes en 1972.

Mais, depuis peu, on voit réapparaître de jeunes clercs arrogants, parfois à nouveau ensoutanés, incarnant un renouveau d’un cléricalisme qu’ils revendiquent.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Une croix sur l'enfance en Vendée

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Le vendredi 16 novembre, à 20 h 15, une soirée débat sera organisée à l'Espace Plaisance (derrière le collège du Sourdy), à Luçon, en présence de Jean-Pierre Sautreau, animé par Pierre-Yves Bulteau (journaliste).

 

* Cependant un mensuel local s'était fait l'écho, en février 2012, des témoignages de victimes des prêtres du petit séminaire :

 

Victimes de prêtres pédophiles, leur souffrance est éternelle…

 

Abusés dans leur chair et dans leur âme, certains se sont reconstruits ou tentent encore de le faire, d’autres ont enfoui leur extrême souffrance au plus profond d’eux-mêmes pour se protéger ; certains survivent à coups de neuroleptiques, quelques-uns auraient en cours de route décidé d’en finir avec la vie…Tous ont un point commun, celui d’être passé par le petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, qui se révèle pour beaucoup être une machine à broyer les êtres humains plus qu’à les éduquer sainement selon les préceptes vertueux de l’église catholique. Enfants victimes d’abus sexuels (attouchements et viols en tous genres), ces hommes âgés de 50 à 60 ans veulent aujourd’hui témoigner des souffrances qui les hantent toujours, afin qu’elles soient écoutées et reconnues. Les faits subis étant prescrits pénalement, ils ont pour cela choisi la voie médiatique, qui reste leur ultime issue pour se faire entendre de tout le monde.

 

Le Sans Culotte N° 52 (février 2012)

 

 

Ouest-France du 27/09/2018 donne un entretien avec Jean-Pierre Sautreau mais sur la page locale (Luçon), alors que le sujet même est en totale résonance avec une actualité dont témoignait Le Monde, daté du 26/09/2018, titrant sur la grande réticence de l'église de France à faire un véritable bilan des abus sexuels commis par ses clercs.

NB Finalement une note de lecture de Philippe Ecalle rend compte du récit de J. P. Sautreau, en page régionale (voir plus bas)

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

La page régionale d'Ouest-France accueille un "on a lu" - signé de Philippe Ecalle - le 28/09/2018.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Dans une pleine page (section "France") intitulée "Les abus sexuels une onde de choc dans l'église", et qui fait écho au communiqué de l'évêque de Luçon, François Verceletto revient sur le récit de Jean-Pierre Sautreau.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Dans un article intitulé

Abus sexuels dans l’Eglise: en Vendée, d’anciens séminaristes brisent le silence

Mediapart fait écho au livre de J.-P. Sautreau :

"Ces derniers mois, les révélations se sont accumulées dans le diocèse de Luçon. Pour la première fois, des prêtres témoignent auprès de Mediapart d’affaires cachées pendant des décennies en Vendée, en suivant un mode opératoire classique, fait de déplacements et de silence organisé. Après deux ans de scandales au sein de l’Église catholique, la chape de plomb a enfin sauté* dans ces terres rurales et conservatrices.

Pour une grande partie des victimes, l’électrochoc s’est produit lors de la publication du livre de Jean-Pierre Sautreau, Une croix sur l’enfance en Vendée (Geste, 2018), paru à la fin août dernier. Dans cet ouvrage, l’auteur décrit un sacrifice des « agneaux » au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers [...]

Jean-Pierre Sautreau, l'auteur du livre Une croix sur l’enfance en Vendée, se rappelle lui aussi précisément de son agresseur, son confesseur. « Il rapproche avec perfidie les aveux du prie-dieu de ses propres observations, écrit-il dans son livre. Là, l’agenouillé est sa proie. La petite bête qui monte, le petit animal immonde est dans ses griffes. Là, il touche à la tache mortelle, à la souillure qui fait du confessé un délinquant. Soudain, fébrile, il se venge ou se risque. »"

 

 

* Dans un communiqué - Pédophilie "Pour l’Eglise il n’y a pas de prescription à la souffrance" le nouvel évêque de Luçon, François Jacolin, reconnaît clairement que  "Dans la période allant de 1950 à 1979, certains prêtres ont failli gravement en commettant des abus sexuels, gestes inacceptables, sur des enfants qui leur étaient confiés dans le cadre du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers ainsi que dans le cadre de l’institution Saint-Joseph de Fontenay-le-Comte. "

 

Le communiqué épiscopal fait réagir :

OUEST-FRANCE : Vendée. Des affaires de pédophilie secouent le diocèse

mais aussi  l'AFP et d'autres

 

GOLIAS se fait l'écho du livre de Jean-Pierre Sautreau :

Les sacrifiés de Dieu

 

"Parmi les témoignages de victimes d’abus commis par des prêtres, celui porté par Jean-Pierre Sautreau dans son livre est précieux. Il met en lumière des pratiques ecclésiales pour satisfaire le besoin de prêtres et démontre surtout que les abus dans l’Eglise ont toujours existé. L’auteur de cet ouvrage délicat, magnifiquement bien écrit, narre l’expérience vécue au début des années 1960 dans l’ancien Petit Séminaire de Chavagnes-en-Paillers, en Vendée..." Lire la suite

Article et extrait du livre

Un débat sur BFM TV

Prêtres pédophiles: la fin de l’Omerta ?

Depuis 4 jours, les plus hauts responsables de l'Église catholique sont réunis pour lutter contre la pédophilie et les abus sexuels au sein du clergé. Le scandale est mondial avec des milliers de cas d'abus sexuels sur des mineurs. Des communautés pratiquantes s'interrogent dans l'Est des Etats-Unis, en Italie ou encore en Pologne. Que fait la fille ainée de l'église pour protéger les plus jeunes fidèles en France ? - On en parle avec: Jean-Pierre Sautreau, victime d'un prêtre-enseignant en 1959 et 1962. Carole Damiani, psychologue, directrice de l'association Paris aide aux victimes. Et Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne. - Priorité au décryptage, du dimanche 24 février 2019, présenté par Patrick Sauce, sur BFMTV

 

 

Pour compléter :

Splendeur et misère d'un petit séminaire

Actes de la Recherche en Sciences Sociales

 

SOIREE DEBAT 16 novembre 2018

Au moins 200 personnes étaient présentes à cette soirée animée par le journaliste Pierre-Yves Bulteau.

Après un échange entre l'animateur et Jean-Pierre Sautreau, est venu le moment de deux témoignages particulièrement émouvant.

La partie débat fut en fait marquée essentiellement par d'autres témoignages.

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
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UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

CHARLIE HEBDO du 13-02-19 rend compte du livre de Jean-Pierre SAUTREAU

Double page centrale

Article de Laure Daussy et dessins de RISS

 

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Des anciens petits séminaristes vendéens - dont J. P. Sautreau - victimes d'abus sexuels appellent toutes les autres victimes à témoigner devant la Commission Sauvé

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

JDD du 30 juin 2019

 

Pédophilie dans l'Eglise : les victimes des prêtres brisent le silence

 

Un retraité a raconté les attouchements au séminaire

Jean-Pierre Sautreau, 70 ans, a appelé la plateforme dès le 3 juin. Il s'est raconté lui, garçon de 11 ans, subissant les attouchements d'un prêtre au petit séminaire de ­Chavagnes-en-Paillers (Vendée). "J'ai vécu dans le silence, dans la souffrance, dans le déni, soupire-t‑il. C'était indicible, le poids de l'Église était si énorme…" De cette innocence brisée, le retraité a fait un livre, Une Croix sur l'enfance en Vendée (éditions La Geste). Depuis la parution de celui-ci en août 2018, il assure avoir reçu "une centaine de témoignages de victimes", mettant en cause une trentaine de prêtres dans son département.

Extrait

 

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

Jean-Pierre Sautreau a appelé la plateforme le 3 juin pour dénoncer les attouchements d'un prêtre lorsqu'il avait 11 ans. (YOHAN BONNET POUR LE JDD)

La visite de la commission Sauvé, à Nantes, le mardi 11/02/2020 a des répercussions en Vendée.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée
UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

 

Pédophilie. L’évêque Jacolin en Vendée : « J’ai honte pour mon Église, que je représente »

Au côté de plusieurs victimes réunies à La Roche-sur-Yon, vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin a fait « acte de repentance ». Un moment fort qui marque une étape importante avec la reconnaissance publique d’agressions sexuelles et de viols pour 65 personnes dont douze femmes « entre 1940 et aujourd’hui ».

« En les écoutant, j’ai découvert peu à peu la gravité des meurtrissures physiques, morales et spirituelles que les violences sexuelles ont causées en elles. » Dans l’amphithéâtre du lycée privé des Etablières. à La Roche-sur-Yon (Vendée), vendredi 23 octobre, l’évêque de Luçon, Mgr François Jacolin, ne cache pas une part de chemin personnel. Jusqu’à ce jour où, deux ans après les révélations en chaîne déclenchées par la parution du livre de l’écrivain vendéen Jean-Pierre Sautreau, Une Croix sur l’Enfance en Vendée, il fait « acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées ».

Quarante-trois agresseurs connus

L’évêque évoque « quarante-trois agresseurs connus », rapporte la rencontre de 65 personnes victimes de violences sexuelles dont douze femmes, entre 1940 et aujourd’hui. « Je suis conscient que ces personnes rencontrées ne représentent qu’une partie des victimes », insiste l’évêque. À ses côtés à la tribune, quatre victimes participent à la « conférence de presse », dont Jean-Pierre Sautreau. Pour en arriver là, ils regrettent d’avoir eu à « se battre », notamment à travers un collectif. Trois témoignages, dont celui d’une femme violée par son oncle prêtre, soulèvent des sanglots étouffés dans la salle où ont pris place des victimes et des proches.

« Une première en France »

« J’ai honte pour mon Église, que je représente aujourd’hui », expose l’évêque avant d’officialiser : « Certains pasteurs à la tête du diocèse de Luçon ont manqué de lucidité, de courage et de sens de la justice devant de tels actes, aggravant ainsi les souffrances des enfants violentés et exposant d’autres enfants aux mêmes risques. » L es faits se sont notamment déroulés au petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, dans les années 1960-1970.

La démarche est, selon l’évêché, « une première en France ». Une plaque sera posée à la cathédrale de Luçon. Une célébration de « repentance pour tout le diocèse » est annoncée dimanche 22 novembre. Des déclarations accueillies par un silence pesant.

« Nous considérons que ces actes qui nous rendent justice sont normaux », explique Jean-Pierre Sautreau. Il salue toutefois la démarche de l’évêque « un homme qui a su passer par-dessus le corporatisme de la profession. » Concernant les réparations financières, Mgr François Jacolin a indiqué : « Si les choses n’allaient pas assez vite au niveau national, je suis prêt à y réfléchir avec les victimes. »

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Pédophilie dans l’Église. L’acte de repentance de l’évêque de Vendée salué mais « normal »

Après la conférence de presse de l’évêque de Luçon qui a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des crimes sexuels commis sur des enfants par des religieux, des victimes réagissent.

Ce jeudi 23 octobre, Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, a fait acte de repentance au nom de l’Église de Vendée pour des actes pédocriminels commis sur des enfants par des religieux vendéens. Des actes notamment dénoncés depuis la prise de fonction de l’évêque de Vendée il y a deux ans et demi et qui ont émergé après la parution du livre de Jean-Pierre Sautreau Une Croix sur l’enfance en Vendée.

« J’ai honte pour mon Église »

« Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées », a officiellement exprimé Mgr Jacolin devant des victimes de religieux pédophiles en Vendée et en présence de la presse. « J’ai honte pour mon Église que je représente aujourd’hui », a endossé l’évêque devant une assistance silencieuse.

Après son allocution, des victimes ont pris la parole pour témoigner. À l’issue de la conférence de presse, certaines d’entre elles, confient leur sentiment sur cet acte inédit.

 

« Ces actes sont normaux »

Jean-Pierre Sautreau, auteur d’Une Croix sur l’enfance en Vendée , a pris la parole après l’acte de repentance de l’évêque : « Au nom du collectif, nous voulons saluer l’acte de repentance de Mgr Jacolin. Mais nous considérons que ces actes nous sont dus, qu’ils sont logiques, normaux. »

« C’était très attendu »

François, victime, qui se dit « toujours dans l’Église » : « Cet acte de repentance, il est très courageux, très pertinent. C’était très attendu tellement il y a eu d’impacts, non seulement chez les victimes, mais aussi sur les familles vendéennes. C’était un système qui était en place. Pour le diocèse de Vendée, ça méritait qu’il y ait cet acte-là. Pour l’Église, ne pas faire ça, c’est ne pas se reconstruire. L’Église devait passer par un moment comme ça, pour nettoyer, balayer, arrêter de mettre des rustines sur un mur qui s’effondre. »

François évoque aussi l’affaire récente de soupçons de viols sur 19 mineurs au sein de la Fraternité Saint-Pie X à Saint-Germain-de-Prinçay, une communauté catholique intégriste qui ne dépend du diocèse puisqu’elle ne reconnaît pas Rome. « Ce qui m’a le plus choqué, c’est la phrase du prieur qui disait « je ne pouvais pas le soupçonner, c’est un homme de Dieu ». C’est dramatique, parce que ça veut que, à nouveau, comme dans les années 60-70, le prêtre, le frère, le religieux est intouchable. Ça veut dire qu’il admet que le clerc, le religieux est intouchable et ça, c’est hyper grave. J’ai vraiment connu ça, l’emprise de l’abus spirituel fait que, à un moment, on procède à des attouchements… Et on ne réagit même pas. »

 

«Une date qui restera gravée »

Paul Bernard, victime : « Pour moi, c’est ce que j’attendais de l’évêque. Je l’ai trouvé vraiment sincère et touché. Pour toutes les victimes, c’est une date, le 23 octobre 2020, qui restera gravée. On attend la suite. La reconnaissance, c’est fait, maintenant, on attend la réparation. »

« On ne remercie pas, c’est une chose due »

Jean-René : « On est contents que le travail qu’on a, nous, collectif, avec Mgr Jacolin depuis plusieurs mois aboutisse à quelque chose. Comme Jean-Pierre l’a dit « On ne remercie pas, c’est une chose due. » Et ça n’est qu’une étape vers le règlement de tout. Il faudra aborder un jour la compensation financière. En ce qui me concerne, sur l’indemnisation, ce que nous avons eu n’est pas une opération tarifée et personnellement, tout l’argent que je recevrais, si j’en perçois, je le reverserai à des œuvres caritatives. Je ne veux pas gagner un seul sou là-dessus. Et je pense que c’est ce que beaucoup pensent dans le collectif. »

 

L’engagement de l’évêque à la réparation financière « c’est important »

Yveline, victime : « Je suis contente parce qu’on voit aussi que c’est avec empathie qu’il a pris cette décision courageuse. Dans les années précédentes, j’avais contacté d’autres évêques qui prenaient à la légère mes dénonciations et là, grâce au collectif, nous avançons. C’est une juste reconnaissance de toutes les souffrances. Et la réparation qui est envisagée, même si ça n’avance pas au niveau national, Mgr Jacolin s’est engagé à prendre les choses en mains, ça, c’est important. »

 

 

« C’est insuffisant mais c’est déjà ça »

Vincent, victime : « J’étais de ceux qui étaient très réticents à venir. Je me suis décidé au dernier moment. J’étais de ceux qui cherchent réparation, qui demandaient plutôt justice contre l’institution. Mes camarades m’ont convaincu de venir. Je voulais quelque chose de plus fort mais je crois qu’il faut accepter les premiers pas. C’est insuffisant, mais c’est déjà ça. On va le prendre comme ça. Moi, ça fait plus de cinquante ans que j’attends, faut attendre encore. »

 

En Vendée, l’Eglise ­demande pardon pour les abus sexuels

Le livre de témoignage d’une victime a brisé l’omerta. En Vendée, des dizaines, voire des centaines d’enfants auraient été abusés. L’évêque local a fait acte de repentance. Une première en France.

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

« J’ai honte pour l’Eglise que je ­représente. » Les mots de monseigneur Jacolin, évêque de Luçon (Vendée) depuis 2018, sont forts. Ils sont aussi très rares. Le 23 octobre, le prélat catholique a convoqué la presse pour reconnaître publiquement la souffrance des victimes de pédophilie au sein de l’Eglise et faire acte de repentance pour demander pardon. Une première en France. Et une avancée exceptionnelle pour ce département de forte tradition catholique, où le silence a longtemps été une règle sacrée. Selon le diocèse, soixante-cinq personnes y ont été victimes de violences sexuelles entre 1940 et aujourd’hui. Pour quarante-trois agresseurs connus. « Même si on ne connaîtra jamais les chiffres exacts », se désole Jean-Pierre Sautreau, qui estime que les victimes sont dix fois plus nombreuses.

Sans ce retraité de 71 ans, l’acte de repentance de l’Eglise vendéenne ne serait probablement pas d’actualité. Cet ancien banquier a largement contribué à la libération de la parole sur le sujet dans la région. Un livre, Une croix sur l’enfance en Vendée, sorti en septembre 2018 (Geste Éditions), a fait l’effet d’un électrochoc. Dans cet ouvrage, il décrit son enfance dans une famille modeste d’agriculteurs très catholiques. Il consacre plusieurs pages à ses cinq années au séminaire de Chavagnes-en-Paillers, à soixante kilomètres de Luçon. Là-bas, comme 31 autres enfants (au minimum), il sera abusé à l’âge de 10 ans plusieurs fois par des prêtres. « C’était un vrai cluster pédophilique », tente-t-il de plaisanter aujourd’hui. Son livre est très vite en rupture de stock, et Jean-Pierre Sautreau a reçu depuis une centaine de témoignages.

« J’avais peur, je pensais me faire massacrer à la sortie du livre », confie l’auteur, qui a eu un déclic inexpliqué en 2016. Ceux qui osaient parler étaient jusque-là très minoritaires. « En Vendée, l’omerta fait partie du terroir, regrette le retraité. Le prêtre avait un statut d’intouchable. Ceux qui en ont parlé à leurs parents ont reçu une taloche en retour. »

Un an après la parution du livre, le Luçonnais crée un collectif de victimes et exige de l’Eglise de Vendée une reconnaissance de ses crimes. Avant le Covid-19, ces personnes se réunissaient tous les mois, entre « copains ». Jean-Pierre Sautreau a aussi rencontré ­ monseigneur Jacolin plusieurs fois. La première rencontre a été houleuse, avant que l’évêque de Luçon prenne le temps d’écouter les victimes et fasse « un choix très courageux », reconnaît le lanceur d’alerte.

Un abbé condamné en 1999

Pourtant, plusieurs événements locaux auraient pu pousser bien avant l’Eglise à une telle initiative. En 1999, Noël Lucas est condamné à seize ans de réclusion criminelle pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Cet abbé vendéen a, entre autres, abusé de sept frères d’une même famille. L’un d’eux, Jocelin Tesson, raconte : « Quand on est enfant, on pense qu’on est tout seul, alors cette histoire est restée enfouie plusieurs années. Une fois l’affaire révélée, l’évêque Garnier est venu personnellement à la maison pour demander à nos parents de retirer la plainte. Le procès nous a un peu libérés, mais il n’était qu’une bulle qui n’a pas eu d’effet sur la société. »

En 2001, des victimes témoignent dans une émission de France Bleu Loire Océan. Sans conséquences. En 2004, le livre d’une victime évoque déjà les agressions sexuelles, à Chavagnes-en-Paillers, que racontera quatorze ans plus tard Jean-Pierre Sautreau. En 2012, ce séminaire fera l’objet d’une enquête du Sans-Culotte, journal satirique local, qui ne changera pas grand-chose non plus. Alors pourquoi Une croix sur l’enfance en Vendée a-t-il fait autant de bruit ? Jean-Pierre Sautreau tente une explication : « On était dans la période de l’après #metoo, la société avait mûri et était prête à accueillir la parole des victimes. »

Aujourd’hui, l’évêque de Luçon est décidé à ouvrir une nouvelle ère au sein de l’Eglise. « Il est venu le temps de l’écoute, confie ­monseigneur Jacolin. C’est ainsi que l’on pourra lutter contre ces abus. » Même s’il est conscient que pour bon nombre de ­personnes, souvent âgées, il est encore très ­difficile de parler ouvertement de ces faits, le plus souvent prescrits.

« En discuter, c’est appuyer de nouveau sur cette blessure qui ne se refermera jamais », avoue Jocelin Tesson. D’autres ne veulent plus avoir aucun lien direct avec l’institution. Au sein du collectif créé par Jean-Pierre Sautreau, les deux tiers ont coupé les ponts avec la religion. « Je suis incapable de rentrer dans une église aujourd’hui, témoigne l’initiateur du groupe. Il y a un rejet physique. »

Un livre à paraître en 2021

Après l’acte de reconnaissance et de repentance, le retraité espère maintenant une réparation de la part de l’Eglise. Pour l’instant, l’évêque de Luçon s’est engagé à fixer une plaque mémorielle dans la cathédrale, le 22 novembre, pour rendre hommage aux victimes. « Même si le séminaire de Chavagnes-en-Paillers reste un sujet tabou, notamment pour les prêtres de plus de 60 ans, il y a une volonté de faire quelque chose en Vendée, témoigne un prêtre lui-même victime d’abus sexuels dans sa jeunesse et souhaitant rester anonyme. Est-ce qu’il y a la même volonté dans tous les d­iocèses de France ? Je n’en suis pas sûr. »

Jean-Pierre Sautreau, lui, a écrit un nouveau livre dans lequel il s’­attaque au silence de l’Eglise et recueille plusieurs ­témoignages de victimes. L’ouvrage devrait sortir en début d’année prochaine, et son auteur espère bien de nouveau faire bouger les mentalités. En Vendée comme ­ailleurs.

 

 

Editorial de GOLIAS

n° 646

UNE CROIX SUR L'ENFANCE en Vendée

Le 23 octobre 2020, l’évêque de Vendée a fait acte de reconnaissance et repentance pour les victimes de violences sexuelles commises par ses clercs pendant des dizaines d’années. Cela s’est passé devant toute la presse invitée en conférence et une trentaine de victimes accompagnées parfois de membres de leur famille.


Ces déclarations n’arrivent pas comme un cheveu immaculé sur la soupe catholique. Ils viennent deux ans après la sortie du livre Une Croix sur l’enfance qui a créé un véritable tsunami dans le département, si conservateur, de la Vendée en favorisant la libération de la parole de dizaines de victimes et leur organisation, en collectif à partir de l’été 2019.


Deux mois après sa création, le collectif s’est tourné vers l’évêque pour demander la mise en place d’une commission dans l’esprit de celle de la Ciase, mais vendéenne et la reconnaissance publique de la responsabilité du diocèse dans ces actes pédo-criminels. Avec notamment la dénonciation de sa politique de recrutement des vocations dans les années incriminées, de ses abus de conscience, de pouvoir et d’emprise et de l’omerta qui a couvert ces crimes pendant plus de trente ans.


D’entrée la commission a été refusée. Concernant les autres demandes, il a fallu une vraie détermination au collectif. Longtemps, nous avons eu le sentiment d’une incapacité de l’Église à entendre, surtout appréhender dans sa chair la souffrance des victimes, les terribles conséquences physiques et psychologiques de ces violences sexuelles sur leur existence. Le collectif a été reçu trois fois, en janvier, juillet et octobre 2020. La première réunion a été un fiasco total conduisant le collectif à refuser tout nouveau travail sur les bases imaginées par le diocèse. Les liens ont été renoués en juillet, et en octobre ont été soumis à la discussion les actes de reconnaissance et repentance envisagés par monseigneur Jacolin.


Il a donc fallu deux ans pour entendre la déclaration solennelle de l’évêché. Mais il faut souligner que l’évêque de Luçon est, à ce stade, le premier à avoir eu cette lucidité et ce courage. Bien sûr, il y a le contexte vendéen très particulier avec au moins quatre établissements mis en cause dont le cluster du petit séminaire de Chavagnes-en-Paillers, de nombreuses paroisses, des dizaines de victimes et d’abuseurs (43 cités) dont le célèbre recruteur des vocations, monseigneur Arnaud. Mais il y a sûrement le chemin personnel parcouru par l’homme Jacolin frappé aux tripes par l’écoute des témoignages.


Mais, il est clair que beaucoup de victimes présentes le 23 octobre n’auraient jamais pensé entendre de cet évêque : « Au nom du diocèse de Luçon, la honte au cœur, je fais acte de repentance pour tous les faits de violences sexuelles commis contre des enfants par des prêtres du diocèse dans les décennies passées. »


Pour sa part, le collectif a réagi ainsi : « Nous saluons ces actes forts de reconnaissance et repentance de Mgr Jacolin. Ils révèlent une vraie humanité et un réel courage. Nous les recevons d’un homme profondément marqué dans son cœur et dans sa chair par la terrible vérité des témoignages entendus. Nous les acceptons d’un responsable de l’Église qui a su passer par-dessus le corporatisme de l’institution pour oser, le premier, regarder la cruelle réalité de cette histoire et en endosser la responsabilité.Cependant, même si nous en mesurons l’importance, nous considérons que ces actes de reconnaissance et repentance nous sont dus. Nous rendent simplement justice. Qu’ils sont des actes logiques, normaux. Qu’ils doivent être considérés comme une avancée, une étape sur notre chemin dont le but final est la réparation. »

Jean-Pierre Sautreau

Pour aller plus loin :646. Golias Hebdo n° 646 (Fichier pdf)

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28 août 2018 2 28 /08 /août /2018 18:01
« François Démission » crie un anti pape !

La déclaration papale sur une homosexualité relevant de la psychiatrie quand elle est détectée dans l’enfance a fait passer à l’arrière-plan la lettre d’un Monseigneur Carlo Maria Viganò qui appelle François à démissionner. Cet ex- nonce aux Etats-Unis est encore plus homophobe que son pape qu’il exècre et qui, lui, joue sur les deux tableaux, avec des paroles de compassion pour les homos en perdition. Mais il porte des accusations précises.

Deux paragraphes cinglants condensent l’acte d’accusation du Pontife :

Au Honduras, un scandale aussi important que celui du Chili est sur le point de se répéter. Le Pape défend son homme, le cardinal Rodriguez Maradiaga, jusqu’au bout, comme il l’avait fait au Chili avec Mgr Juan de la Cruz Barros, qu’il avait lui-même nommé évêque d’Osorno contre l’avis des évêques chiliens. Il a d’abord insulté les victimes d’abus. Puis, seulement quand il a été contraint par les médias et par une révolte des victimes et des fidèles chiliens, il a reconnu son erreur et présenté des excuses, tout en déclarant qu’il avait été mal informé, causant une situation désastreuse pour l’Eglise chilienne, mais continuant à protéger les deux cardinaux chiliens Errazuriz et Ezzati.

Même dans l’affaire tragique de McCarrick, le comportement du Pape François n’était pas différent. Il savait depuis au moins le 23 juin 2013 que McCarrick était un prédateur en série. Bien qu’il sache qu’il était un homme corrompu, il le couvrit jusqu’au bout (….) Ce n’est que lorsqu’il a été contraint par le signalement d’abus d’un mineur, toujours à cause de l’attention des médias, qu’il a agi [à l'encontre de McCarrick] pour sauver son image dans les médias.

 

NB L'affaire du Honduras - une accusation de détournement de fonds sur fond politique - n'a absolument rien à voir avec celle du Chili. 

« François Démission » crie un anti pape !

Ce cardinal McGarrick, qui termina sa carrière comme archevêque de Washington, a été accusé d’avoir de 1980 à 1996 partagé « son lit avec des séminaristes », en invitant cinq à la fois pour passer le week-end avec lui dans sa maison près de la plage. Beaucoup de ces séminaristes, qui avaient été invités dans cette maison et avaient partagé le lit de l’archevêque, ont été plus tard ordonnés prêtres pour l’archidiocèse de Newark.

Ces accusations étaient étayées par le témoignage d’un prêtre, Gregory Littleton, lui-même réduit à l’état laïc pour viol de mineurs, où il racontait l’histoire des abus sexuels commis à l’époque par l’archevêque de Newark et par plusieurs autres prêtres et séminaristes.

Notre Nonce quand il prit connaissance de ce témoignage fait éclater sa sainte ire :

Les faits attribués à McCarrick par Littleton étaient d’une telle gravité et d’une telle bassesse qu’ils provoquaient chez le lecteur un sentiment de confusion, de dégoût, de chagrin profond et d’amertume ; c’était des crimes que de séduire, de provoquer des actes dépravés de la part de séminaristes et de prêtres, de façon répétée et simultanée avec plusieurs personnes, en se moquant d’un jeune séminariste qui tentait de résister aux séductions de l’archevêque en présence de deux autres prêtres, de donner l’absolution à ses complices de ces actes dépravés, et, après avoir commis de tels actes, de commettre une célébration sacrilège de l’Eucharistie avec les mêmes prêtres.

Mais ce que révèle le prélat c’est que lui, comme ses prédécesseurs, avait envoyé une note au Vatican et que des hauts responsables de la Curie comme Angelo Sodano*, Tarcisio Bertone ou Leonardo Sandri étaient informés.

Il prétend que Benoît XVI aurait, en 2009 ou 2010, sanctionné McCarrick en lui intimant de se consacrer à une vie de prière et de pénitence.

L’effet de ces mesures supposées** ne fut guère évident puisque le nonce dit avoir découvert, dans une publication archidiocésaine, une annonce invitant des jeunes qui pensaient avoir la vocation à une rencontre avec le Cardinal McCarrick. Et toujours d’après lui, il alerta le Cardinal Wuerl – célèbre depuis avec l’affaire de Pennsylvanie – cardinal qui prétend depuis n’avoir pas été au courant des méfaits du prédateur ni des sanctions de Benoît XVI !

Toujours est-il qu’avec l’élection de François, McCarrick, pour autant qu’il ait été vraiment sanctionné, retrouve toute sa place, se voyant même confier des tâches de représentation dans de lointaines contrées. Et il faudra qu’il soit accusé, non plus de batifoler avec des séminaristes, mais d’abus sexuels sur un enfant de 11 ans, pour qu’il soit enfin, renvoyé à la pénitence.

« François Démission » crie un anti pape !

Les réseaux homosexuels dans l’église

Notre monseigneur n’en pince vraiment pas pour les homosexuels. Et il lance des accusations pas piquées des vers sur divers prélats, « le cardinal Francesco Coccopalmerio et l’archevêque Vincenzo Paglia, qui appartiennent au courant homosexuel en faveur de la subversion de la doctrine catholique sur l’homosexualité » ;  « le cardinal Tarcisio Bertone, était notoirement favorable à la promotion des homosexuels à des postes de responsabilité ». « L’aile déviante de la Compagnie de Jésus, malheureusement aujourd’hui majoritaire » a, elle, des faiblesses envers l’IVG.

Mais refusant d’admettre que l’homosexualité ne signifie pas pédophilie – il argue que dans plus de 60% les victimes de crimes pédophiles sont des garçons comme s’il ignorait que seuls les garçons étaient enfants de chœur ou petits séminaristes – il fait preuve d’une homophobie pathologique :

La gravité du comportement homosexuel doit être dénoncée. Les réseaux homosexuels présents dans l’Église doivent être éradiqués Ces réseaux homosexuels, désormais répandus dans de nombreux diocèses, séminaires, ordres religieux, etc., se cachent sous le secret et les mensonges, avec le pouvoir des tentacules de poulpes, et ils étranglent des victimes innocentes et des vocations sacerdotales, et étranglent l’Eglise tout entière.

On ne s’étonnera donc pas que Carlo Maria Viganò soit repris, avec une fausse indignation, par les sites cathos intégristes. Son texte a été traduit en français par la « Fraternité Pie X » (les Lefebvristes) et diffusé par un site qui se dit de réinformation. (Mais au delà c'est toute l'aile conservatrice, y compris dans la Curie, qui espère pouvoir se livrer à la curée du pape François).

Il insulte allègrement les prélats qu’il soupçonne de gauche – la gauche pour lui commence avec le pape – ainsi d’un Cupich, évêque de Chicago, qui ose prétendre que le problème de la pédophilie dans l’église n’est pas lié à l’homosexualité mais au cléricalisme.

Il n’en reste pas moins qu’il énonce des faits précis qui, s’ils sont avérés, affaibliraient un pape pourtant bien conservateur sur la doctrine.

 

 

 

* « On sait que Sodano a tenté de dissimuler le scandale du père Maciel jusqu’à la fin. Il a même renvoyé le nonce à Mexico, Justo Mullor, qui refusait de se rendre complice de son projet de couvrir Maciel, et a nommé à sa place Sandri, alors nonce au Venezuela, qui était prêt à collaborer à la dissimulation. » Sur Maciel il faut rappeler que Jean-Paul II l'a soutenu en toute connaissance de cause.

 

** La principale faille de ce récit est toutefois documentée par une série de photos du cardinal McCarrick venant au Vatican rendre visite à Benoît XVI, après sa présumée condamnation à vivre une discrète vie de pénitence. (La Presse)

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19 août 2018 7 19 /08 /août /2018 16:04
PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

« C’est toujours le même scénario. Il faut attendre un séisme médiatique pour que le pape François soit enfin contraint à prendre la parole – et ce ne sont que des mots, aucun acte. »

François Devaux

Le pape François a pu faire illusion, mais du coup le jésuite est démasqué. Déjà au Chili, il avait apporté son soutien à des prélats qu’il a ensuite condamnés quand preuve fut archi-faite de leur duplicité devant des actes pédophiles de leurs prêtres. Il nous rejoue le grand scénario de la honte et de la pitié après le scandale de la Pennsylvanie. Or le Vatican était au courant depuis 1963 ! et a couvert les prélats qui couvraient les prêtres pédophiles.

Les 1356 pages de l’horreur du rapport du Grand Jury de Pennsylvanie révèlent des réseaux sado-masochistes, des viols de mineurs dans des hôpitaux ou sous somnifères et cela commis pendant des dizaines d’années. Des descriptions crues et effroyables.

Par exemple, dans le diocèse d’Erie, un prêtre a avoué avoir commis, dans les années 80, des viols anaux et oraux sur au moins quinze gamins, un d’entre eux n’avait que sept ans. Quand il rencontrait ce prédateur sexuel, l’évêque du diocèse, Donald W. Trautman, le félicitait : cette personne « candide et sincère » faisait des progrès dans le contrôle de son addiction. Et quand finalement ce curé fut quand même expulsé, l’évêque refusa d’en expliquer le motif.

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

Les investigations démontrent une volonté délibérée de tolérer les actes pédophiles dans 54 des 67 comtés de Pennsylvanie avec parfois la complicité des procureurs. Cependant la plupart de ces abus sont soit prescrits soit éteints par la mort de leurs auteurs. Seuls deux cas sont instruits. Mais ces révélations vont peut-être aboutir à inculper des prélats comme le Cardinal Donald Wuerl, ex-évêque de Pittsburgh de 1988 à 2006, pour avoir occulté ces actes.

Les exemples les plus scabreux abondent. Ainsi de ce curé qui viole une petite fille quand il lui rend visite à l’hôpital après une opération des amygdales. Un prêtre obligea un enfant de neuf ans à pratiquer le sexe oral en lui disant qu’une eau bénite allait jaillir pour lui purifier la bouche. Un autre saoula un enfant pour lui faire oublier qu’il l’avait violé analement. Et même, un religieux qui avait été obligé de démissionner après trois années d’accusations bénéficiait de sa hiérarchie d’une recommandation pour obtenir un emploi dans un … Disney land !

Le procureur Shapiro a aussi raconté que l’un des prédateurs remettait des croix en or aux enfants qu’il avait abusés pour les distinguer des autres. Il conte aussi le cas d’une jeune fille qui fut violée par un prêtre et, tombée enceinte, dut avorter.

Le Grand Jury a révélé que Thomas Skotek, un prêtre du diocèse de Scranton s’attaqua à une jeune fille de 1980 à 1985 : il la viola, la mit enceinte et l’aida à se faire avorter.

Les documents des archives épiscopales indiquent qu’en 1986 l’évêque était « pleinement conscient » des actions de ce prêtre. Skotek démissionna de son poste et fut envoyé dans un centre de traitement catholique pour le clergé.

Dans une lettre de 1986, l’évêque exprime ses condoléances au prêtre : « C’est un moment difficile dans ta vie […] Je partage ta douleur (…) Avec l’aide de dieu, qui jamais ne nous abandonne et qui toujours est près de nous quand nous en avons besoin, ceci néanmoins passera » et la vie pourra reprendre son cours.

Une année après, en 1987, Skotek fut réaffecté à une autre paroisse de Pennsylvanie.

La même année, Timlin envoya un courrier au Vatican où il reconnaissait que le prêtre avait aidé à organiser un avortement – ce qui selon la loi canonique devrait amener à le relever de toute tâche sacerdotale – mais il plaida pour que le coupable soit épargné par cette loi ! Le fait que, si avortement il y avait eu, était dû au fait que Skotek avait engrossé une jeune fille n’était pas évoqué dans la lettre.

Le prêtre put continuer à exercer son sacerdoce jusqu’en 2002.

Les enquêteurs qui ont témoigné devant le grand jury ont décrit une sorte de manuel pour cacher la vérité en quelques points.

D’abord utiliser des euphémismes pour décrire les abus sexuels, par exemple, au lieu de parler de viol on dira contacts inappropriés. Si une enquête doit être lancée on la confiera à des personnes inexpérimentées, comme d'autres religieux. Et ces enquêteurs, sans souci de crédibilité, vont recueillir les seuls témoignages des prédateurs sexuels, exfiltrés dans des centres psychiatriques religieux. Si le diocèse estime que le scandale est tel qu’il faut retirer de la paroisse le prêtre agresseur, on évite d’en donner la cause : on évoquera des raisons médicales comme la fatigue nerveuse. Cependant, le plus souvent, quand les abus vont être découverts, on transfère le délinquant dans une autre paroisse où personne ne sait que c’est un pédophile. Même dans des cas gravissimes, l’église préfère  mettre le curé sur la touche, mais en lui donnant toujours de quoi vivre et surtout n’informe jamais la police ou la justice de quoi que ce soit.

Par exemple, dans le diocèse d’Erie, l’évêque a découvert en 1986 qu’un révérend avait masturbé à plusieurs reprises des adolescents, dans les dix années précédentes, sous prétexte de leur apprendre à découvrir de possibles signes précurseurs d’un cancer. Quand le père d’une des victimes s’était plaint, il lui fut conseillé la discrétion et donc d’éviter de répandre l’information car ce serait préjudiciable et inutile.

À Harrisburg, un curé a abusé de cinq sœurs et il recueillait des échantillons de leur urine et de leur sang menstruel. L’église ne prêta aucune attention aux plaintes de la famille, jusqu’à ce que, des années plus tard, le religieux fit des aveux quand la police enquêta. A Pittsburgh, le diocèse négligea les plaintes d’un jeune de 15 ans, estimant que le mineur avait cherché à séduire le prêtre. Il existait même dans cette ville, selon le rapport, un réseau de prêtres se livrant à des actes sadiques avant de violer leurs victimes.

Les enquêteurs se sont plaints de ne pas avoir reçu de documentation récente. Ils supposent que, malgré les réformes promises par la hiérarchie ecclésiastique étatsunienne après le scandale de Boston en 2002, les habitudes de dissimulation n’ont pas disparu. Et selon le Procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro, beaucoup de cas sont remontés jusqu’au Vatican.

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

Le premier de ces cas fut celui de Raymond Lukac, prêtre du diocèse de Greensburg. En 1963, Lukac a cumulé au moins trois cas d’abus sexuels sur mineurs : non content d’avoir une relation avec une organiste de 18 ans, il avait eu un enfant avec une fille de 17 ans, s’était marié clandestinement et avait abusé d’une autre fille de 11 ans. Lukac, envoyé dans un centre religieux aux environs de Chicago et interdit de recevoir des confessions, sollicita William Connare, évêque de Greensburg, pour être rétabli dans ses fonctions. Connare transmis le cas au Saint Office qui donna son approbation. Donc l’évêque, avec le feu vert du Vatican, a pris le risque délibéré de remettre en activité ce prêtre prédateur.

Selon le Grand Jury, le Vatican était en contact avec les évêques de Pennsylvanie et recevait des informations sur les cas d’abus sexuels pédophiles. Mais il n’a pas trouvé trace des répercussions de ces révélations. En 1988, par exemple, une femme a envoyé une lettre au diocèse de Pittsburgh et au Vatican pour dénoncer le prédateur de son enfant, elle n’a jamais reçu de réponse.

Un Parquet complice

L’enquête a révélé que la hiérarchie ecclésiastique a aussi bénéficié de l’énorme pouvoir social de l’église. En 1962, Ernest Paone, prêtre de Pittsburgh, a été convaincu d’abus sexuels sur des enfants qu’il menaçait d’une arme. Le diocèse l’a transféré dans une autre ville. Et en 1964, le procureur du district, Robert Masters, envoya une lettre au diocèse pour l'informer qu’il cessait son enquête sur Paone, pour éviter une publicité nuisible à l’église. En 2017, devant le Grand Jury, Masters allégua qu’il avait agi ainsi par respect envers l’évêque, mais aussi pour obtenir son appui pour sa carrière politique.

Le Vatican a dit éprouver « honte et colère » après les révélations du Procureur Shapiro, comme s’il découvrait l’affaire. « Les victimes doivent savoir que le pape est de leur côté. Ceux qui ont souffert sont sa priorité et l’Eglise veut les écouter pour éradiquer cette horreur tragique qui détruit la vie des innocents ».  Sauf que jusqu’à la publication du rapport du Grand Jury, l’Église a protégé les prédateurs en se fichant bien du sort des victimes.

 

 

 

 

 

 

 

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

 

Voir aussi

Pédophiles catholiques

 

 

 

 

Un article d'un journaliste catholique de Philadelphie :

Pédophilie. Si l’Église ne change pas, nous la déserterons

 

 

 

 

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

Proposé par Géhèm :

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19 mars 2017 7 19 /03 /mars /2017 17:42
Cardinaux Drag queens

Le carnaval de Las Palmas (Canaries) a connu son point d’orgue avec un Gala de Drag Queens qui couronnait les meilleures prestations. Le premier prix était à forte connotation religieuse avec un crucifié et une madone plus quelques pénitents. Il n’en fallait pas moins pour provoquer la sainte ire de l’épiscopat local et la plainte d’une obscurantiste association d’avocats chrétiens. Plainte heureusement mise à la poubelle par le parquet.

Cardinaux Drag queens

L’association des avocats chrétiens avait porté plainte auprès du Parquet de Las Palmas contre la performance attentatoire du groupe Drag Sethlas, le gagnant du gala Drag Queens, à l’issue du Carnaval, pour son numéro mettant en scène la vierge Marie et le Christ crucifié.

Cette association d’avocats cul-bénits est une habituée de ce genre de démarche puisqu’elle avait déjà déposée une plainte contre un groupe de féministes (et des syndicalistes) pour un supposé délit d’atteinte aux sentiments religieux : le 1er mai 2014, dans une parodie des manifestations de la semaine sainte, elles avaient organisé la Procesión del "Coño Insumiso".

Si la vidéo ne s'affiche pas  cliquez sur le lien https://fb.watch/j5NI-1YI4u/

Cette association considérait donc que cette performance Drag était une manifestation de haine à l’encontre des sentiments religieux. Et elle espérait que le Parquet agirait contre ce délit de haine de la religion avec la même célérité qu’il avait montré pour empêcher l’autobus d’ Hazte Oir de circuler dans les rues de Madrid.

Polonia Castellanos, sa présidente, a affirmé que des milliers de personnes se sont montrées offensées et elle a invoqué la nécessaire protection de ces personnes devant des actes qui attentent à leur sentiment religieux, en invoquant la Constitution espagnole et la Convention européenne des Droits de l’Homme !

Cardinaux Drag queens

Une église homophobe

Bien que ses cardinaux donnent, dans les grandes cérémonies, dans le style drag queen – to drag : traîner – avec leurs ridicules immenses traînes portées par des larbins ensoutanés, l’épiscopat ibère donne, lui, dans une homophobie qui attente, elle, à la dignité des personnes gays ou lesbiennes.

Cardinaux Drag queens

Ainsi l’évêque de Saint Sébastien, José Ignacio Munilla, a écrit un livre intitulé Le sexe avec son âme et son corps, dans lequel il affirme que les pratiques homosexuelles ne peuvent être approuvées ; dans une image hardie il compare le sexe hétéro et le sexe homo à deux variétés de jambons : jamón de jabugo et jamón de paleta* ! On peut supposer que pour arriver à cette conclusion culinaire et gustative, l’évêque a testé lui-même diverses postures et pratiques homo et hétérosexuelles : fellation, cunnilingus, copulations à la grecque ou la française, et bien sûr à la missionnaire...

Cardinaux Drag queens

Le cardinal Fernando Sebastián avait, lui, qualifié l’homosexualité de sexualité déficiente et recommandé un traitement médical et psychologique pour résoudre ce problème. Pour un homme dont la sexualité journalière, en principe, est à zéro, il ne fait pas de doute que l’adjectif déficient n’incite en aucun cas les gays et lesbiennes à baiser davantage ou à se masturber à deux mains. Il veut dire qu’il ne doivent pas se masturber et encore moins baiser !

Cardinaux Drag queens

La liste des déclarations homophobes des évêques espagnols est sans fin. Leur indulgence, en revanche, devant la pédophilie de leurs prêtres est constante. Mais ne trouble pas nos avocats chrétiens.

Cardinaux Drag queens

Le Parquet classe la plainte sans suite

Avocats qui ont essuyé un revers cinglant, puisque le Parquet de Las Palmas a classé leur plainte sans suite. Il a estimé que la performance des Drag Sethlas ne manifestait pas une volonté d’offenser, mais juste une critique acide de la religion, dans un contexte de carnaval. Dans ses attendus le Parquet a précisé que le délit supposait une claire intention d’offenser et ne pouvait reposer sur un sentiment d’offense manifesté par un collectif de croyants : l’application du code pénal ne peut se fonder sur la plus ou moins grande sensibilité de ceux qui professent une religion déterminée !

Cardinaux Drag queens

Faut-il ajouter que même si le carnaval envahit les rues, nul n’est obligé de le regarder et encore moins de se rendre au gala qui l’a conclu ?

 

* Le jambon de Jabugo est le nec plus ultra des jambons :  selon les scientifiques, un jamón de jabugo éveille jusqu'à 20 goûts différents dans notre palais ; en revanche le jambon de palette, c'est-à-dire de l'épaule et non de la cuisse, est en fait, un faux jambon (CQFD).

 

 

Sources :

Y los obispos, reminiscencias de drag queens

La Fiscalía archiva la denuncia contra Drag Sethlas porque no ve "voluntad de ofender"

 

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30 octobre 2016 7 30 /10 /octobre /2016 18:57

Tusi récitant le Coran à la scéance inaugurale du nouveau Parlement iranien.

De quoi réjouir Barbarin et Boutin, il n’y a pas que les curés qui sont soupçonnés de s’en prendre aux scouts ou aux enfants de chœur. Au pays des mollahs et autres ayatollahs, religion et pédophilie vont aussi de pair et la tentation d’étouffer les affaires est la même. Tartufferie sans frontière !

Le récit d’une des victimes dans une émission de radio a choqué l’opinion publique

 

Les accusations de viols de mineurs par un célèbre récitant de Coran ont déclenché une polémique en Iran. Elle devient la pierre de touche de l’impartialité du pouvoir judiciaire iranien. Quatre anciens élèves ont accusé Mohamad Gandomnejad Tusi, célèbre sous le patronyme de Saied Tusi, d’avoir abusé sexuellement une douzaine de gamins de 12 à 14 ans, durant les sept dernières années. Cinq années après que la plainte a été déposée contre lui, ces accusations ont filtré dans la presse.

Non seulement, Tusi, 46 ans, est un des plus célèbres récitants d’Iran, mais il est aussi le muezzin officiel de la radiotélévision d’état et membre du Conseil suprême du Coran ; il enseigne ce livre saint aux enfants et adolescents. Sa célébrité est due aux nombreux premiers prix gagnés dans des concours internationaux de récitation qui lui ont valu de lire les saintes écritures dans des cérémonies officielles comme l’inauguration de l’actuel Parlement iranien et même de participer à des rencontres de récitation du Coran avec le Chef suprême, l’ayatollah Ali Khamenei !

Le cas Tusi est apparu au grand jour pour la première fois en juin dernier quand une agence de presse de l’opposition, Amad News, assura qu’elle possédait des preuves et qu’elle allait les publier si le pouvoir judiciaire ne traitait pas les plaintes. Quatre mois après, l’émission en persan de la Voix de l’Amérique, l’a accusé d’avoir violé 19 enfants qui assistaient à ses cours. Mais ce qui a le plus alerté et choqué l’opinion publique ce fut l’interview accordé à la BBC en perse, la semaine passée, par deux des victimes. L’un des plaignants a décrit les abus sexuels et a expliqué qu’il les avait dénoncés, il y a presque six ans, alors qu'il était âgé de 12 ans. Venant d’une famille religieuse ce ne fut pas facile de le faire, mais des années après, alors qu’il y a des preuves suffisantes, il espère obtenir justice.

Selon le récit des plaignants, les premières  entrevues du juge ont eu lieu. Y compris avec Tusi à qui il fut proposé, contre la promesse formelle de ne pas renouveler son comportement, de suspendre le processus judiciaire ! Tusi a rejeté toutes les accusations dans un communiqué où il dénonce une attaque de médias sous la coupe de l’impérialisme et du sionisme. "L’ennemi tente à travers moi de diffamer le leader suprême", affirme-t-il.

 

Quelques médias étrangers présentent Tusi comme le récitant favori de l’ayatollah Khamenei, ce qui a amené le secteur le plus conservateur à agiter les sentiments antiimpérialistes et à accuser les plaignants d’être les laquais des ennemis de la République Islamique. Ceux-ci ont démenti tout lien avec l’étranger dans une lettre adressée au Président du pouvoir judiciaire, Sadegh Laryani, dans laquelle ils lui demandent d’attacher une importance particulière à leurs cas.

« En ce qui concerne le cas de Monsieur Tusi il est difficile de démontrer certaines accusations. Peut-être que le plaignant a raison, mais il est impossible de le prouver » a répondu le porte-parole de la Justice, Gholamhossein Mohseni Ejeí. Ce responsable a ajouté que si le crime de viol était écarté, une enquête serait menée pour incitation à la corruption.

Après l’escalade de la polémique dans les médias locaux et internationaux, certaines autorités iraniennes ont condamné la publication d’informations sur ces cas, dans un avertissement clair à la presse. Mohammad Reza Heshmati, vice-ministre de la culture et de l’orientation islamique pour les affaires du Coran,  a dit qu’indépendamment du fait qu’il y ait ou non délit, ce qui est de la compétence de la justice, la publication de cette nouvelle équivaut à faire l’apologie de la prostitution !

Cependant, le journal Jomhuri Eslami, qui bénéficie du soutien de chefs religieux influents, demande aux autorités judiciaires de répondre à l’opinion publique. « L’idée d’étouffer l’affaire pour ne pas affaiblir le système islamique est une illusion » conclut le texte.

Les iraniens sont divisés entre ceux qui plaident la défaillance individuelle, dans laquelle ni le Coran ni ses récitants ne sont en cause et ceux qui estiment que c’est la conséquence des privilèges exorbitants accordés à ceux qui appartiennent aux obédiences religieuses du système islamique.

Mais, tous demandent que toute la lumière soit faite et que justice soit rendue !

 

D’après El País 30/X/2016

A part cet article d'El País, on trouve trace de cette affaire dans un site russe au Français approximatif et où les noms propres sont en cyrilliques : "En Iran, le célèbre lecteur du Coran, accusé de violence sexuelle sur les enfants"

Echantillon de la prose avec le 1er paragraphe :

"En Iran, les élèves de la célèbre récitant le Coran Saida Tusi accusé de harcèlement sexuel. Iranienne de la rédaction de»la Voix de l’Amérique» a publié une interview avec plusieurs jeunes iraniens qui accusent les Tusi de viols." Said devient Saida et on peut supposer qu'il s'agit de la rédaction iranienne de la "Voix de l'Amérique"...

 

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31 mars 2016 4 31 /03 /mars /2016 14:32

Quatre affaires sont en cours avec au moins 17 inculpés pour des délits d’escroqueries, de fraude fiscale, de détention illégale, d’abus sexuels et de corruption de mineurs.

Depuis qu’en 2012, le vol du Codex Calixtinus a amené des enquêteurs à se pencher sur l’affaire, ils ont découvert incidemment des secrets insoupçonnés au cœur de l’église galicienne. Les affaires judiciaires se succèdent et impliquent des religieuses, un moine et douze membres d’un ordre religieux.

La réincarnation de saint-Michel archange

Commençons par le plus folklorique Miguel "el brujo", Michel le sorcier, de son vrai nom Feliciano Miguel Rosendo da Silva qui, après avoir ouvert, à Vigo, une herboristerie, à l'ésotérisme sulfureux, s’est découvert "élu de dieu", et même réincarnation de Saint-Michel Archange ! Miracle tel que notre herboriste, voix nouvelle de l’archange, parlait araméen (car chacun sait que l’araméen est la langue des archanges). Fort de cette révélation et après avoir subjugué des fidèles, notre Miguel fonda l’Orden y Mandato de San Miguel Arcángel qu’on peut traduire par l’Ordre des missionnaires de Saint-Michel Archange.

Il réussit à attirer plus de quatre cents disciples et de nombreux sympathisants et surtout à capter leurs dons. Ce qui permettait à l’archange de réunir autour de lui, dans une tranquille propriété, de pseudos nonnettes qu’il soumettait à ses vexations et aussi à quelques caprices sexuels. Ainsi de la sainte et apostolique fellation, qu’il ponctuait d’un prenez et buvez, en assurant que cela purifierait l’âme de la dévouée fellatrice !

Vidéo très saint-sulpicienne de notre ordre pour convertir les incroyants !

Mais en même temps ses saintes troupes michelistes étaient très connues et appréciées pour leur activités apostoliques : participations aux semaines saintes, gravures de disques de cantiques pieux, organisations de pèlerinages massifs et multiples prestations de services pour l’église galicienne.

Si bien que quand la justice a commencé à s’intéresser à ce qui tenait plus d’une secte sous la coupe d’un gourou qu’à un ordre religieux, l’évêque de Tui-Vigo, Luis Quinteiro, s’est fait un peu forcer la main pour expulser notre Miguel Rosendo de la tête de l’ordre et y nommer un administrateur.  Car un juge d’instruction de Tui (Pontevedra) a inculpé les douze membres de l’état-major de la secte pour les délits présumés d’abus sexuels envers leurs disciples et d’association de malfaiteurs pour escroquerie et blanchiment de l’argent extorqué.

Un franciscain lubrique

Il y a un peu plus d’un an les habitants d’O Cebreiro (Lugo), porte de la Galice sur le chemin français de Saint-Jacques de Compostelle, ont été sidérés quand ils ont vu la Garde Civile mettre la main sur le plus populaire des frères franciscains qui veillaient sur le sanctuaire local.

Le religieux âgé de 56 ans a avoué son repentir pour avoir eu des relations sexuelles avec une mineure dans la sacristie de l’église romane. Il est vrai que les nombreuses preuves trouvées sur son téléphone mobile ont dû encourager sa repentance. Plus de 250 photos récupérées avec de nombreux messages.

Là pas de gogos séduits par un gourou, mais une jeune handicapée mentale. Il a été inculpé de corruption de mineure et de prostitution illégale, bien que la jeune fille assure qu’elle ne s’offrait pas au moine pour de l’argent mais par attirance pour l’homme à la soutane marron. Mais elle a aussi appris aux enquêteurs que le moine l’avait sautée la première fois après l’avoir enivrée et qu’il a tenté ensuite d’attirer sa cousine. Dans cette sordide affaire, le diocèse de Lugo a immédiatement condamné les faits.

Un Barbarin ibère

L’église de Galice vit un calvaire judiciaire

L'apologie du viol par l'archevêque fanatique !

Loin de la Galice, puisqu’il s’agit de Francisco Javier Martínez Fernández, archevêque de Grenade, nous trouvons un Barbarin local, lui aussi lancé avec fanatisme dans une croisade, mais du coup anti IVG ! Et lui aussi empêtré dans une sombre histoire de non dénonciation de prêtres pédophiles.

La chronologie des affaires devrait d’ailleurs conduire à dire que Barbarin est un Martinez gaulois !

Son affaire dite du « clan des Romanones » préfigure étrangement celle qui embarrasse notre Primat des Gaules (!). Un jeune adulte qui écrit au pape pour dénoncer les sévices sexuels dont il dit avoir été victime dans son adolescence de la part de prêtres formant un groupe très compact et fermé (forman un grupo muy compacto y cerrado) et se tenant les coudes comme un clan mafieux. Clan surreprésenté dans le conseil épiscopal.

Notre archevêque, qui a aussi une activité éditoriale édifiante, a fait montre de la plus extrême mauvaise volonté à collaborer avec la justice et de la plus extrême irresponsabilité en laissant ce clan de prêtres sans vergogne – ils ont été jusqu’à accuser le Vatican de violer le secret de l’instruction – continuer son activité dans les paroisses.

Des jeunes indiennes séquestrées

Il n’en a pas été de même, au contraire, dans une affaire de séquestration ! La supérieure du couvent de Las Mercedarias de Santiago et deux autres membres de l’ordre sont mises en examen pour détention illégale pendant quinze ans de trois adolescentes attirées, en Inde, par le noviciat et qui depuis, jusque donc leur trentaine, ont vécu cloîtrées entre les murs de ce couvent galicien, loin, très loin, de leur Inde natale.

Mais là l’archevêque de Saint-Jacques de Compostelle, Julián Barrio Barrio, a pris publiquement la défense des nonnes faisant part de sa douleur, perplexité et consternation devant cette inculpation !

Enfants volés

Deux religieuses du Foyer "Mère de l'incarnation" répondant à une convocation des juges de Lugo le 11 mars 2016

 

On atteint les sommets de l’ignominie avec une sombre histoire d’enfants volés pour adoption sur fond d’immigrées, de prostitution, de mafia russe mais surtout de services de l’enfance de la province de Galice et de religieuses d’un foyer d’accueil de mères célibataires ou abandonnées. Un concentré.

 

Cette affaire est connue comme étant l’Opération bébé de Lugo. Elle implique de nombreux fonctionnaires des services des mineurs de la région Galice, des travailleurs sociaux, du personnel sanitaire et trois sœurs franciscaines du Foyer Mère de l’incarnation. Elle est née de la découverte de nombreux cas d’enfants retirés à leurs mères biologiques pour adoption sur des bases administratives fortement  soupçonnées d’irrégularités.

Parmi les cas, celui de cette fille, victime d’une mafia de la prostitution, qui a tenté de se suicider, après qu’on lui a enlevé son enfant, en sautant du 6e étage d’un hôpital. Paraplégique, elle réclame cet enfant depuis 10 ans ! Une autre, étrangère, raconte qu’une des Sœurs de l’ordre lui faisait miroiter les demandes de familles prêtes à payer pour son enfant (”le dijo que “había dos familias interesadas” y que una de estas podía “pagar más que la otra”). Le dernier cas sur lequel porte l’enquête date de 2011 !

L’horreur des enfants volés du franquisme – qui s’ajoutait à l’horreur des internats de la peur – a donc continué, à plus petite échelle certes, jusqu’au XXIe siècle, toujours avec la complicité active de religieuses !

 

Une église espagnole non défranquisée continue dans la voie du national-catholicisme, malgré les scandales.

 

Source : La Iglesia vive su propio calvario judicial en Galicia

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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 11:39
Barbarin paye ses négligences à la hauteur de ses outrances

Ouest-France 20 mars 2016

Comme il se doit, la grenouille de bénitier, Jeanne-Emmanuelle Hutin, éditorialise dans Ouest-France de ce saint dimanche des rameaux sur le « lynchage médiatique » du pauvre Barbarin, martyr. Avec diversion vers l’Education nationale et affirmation controuvée sur des positions de l’église devenues intransigeantes à partir de 2000.

Que l’éducation nationale ait eu tendance – tout comme l’église – à traiter les affaires de pédophilies en son sein par la loi du silence et à déplacer le fautif plutôt que le radier est indéniable.

Cependant il est d’une extrême malhonnêteté intellectuelle que d’opposer l’affaire du professeur de mathématiques de l’Essonne à celle des prêtres pédophiles du diocèse de Lyon. Certes l’enseignant bien que condamné en Grande-Bretagne pour relation sexuelle avec mineur a été réintégré dans l’Education nationale en 2006. Mais cela à cause d’un dysfonctionnement d’une instance paritaire – c’est-à-dire composée à part égale de représentants du personnel et de l’administration – qui a été abusée, en 2007, par une présentation fallacieuse du dossier, auquel elle n’avait pas directement accès. La hiérarchie de l’éducation nationale – si ce n’est le Recteur local abusé comme les 34 autre membres de la Commission académique paritaire siégeant en instance disciplinaire – n’est aucunement impliquée. Et, dans un état de Droit, il est heureux que la radiation ou pas d’une fonction ne soit pas laissée à l’arbitraire d’une autorité mais confiée à des instances, ce qui ne met pas lesdites instances à l’abri d’une erreur. Gilles de Robien, Ministre de l’EN en 2007, n’est évidemment pas responsable de la réintégration du prof condamné en Grande-Bretagne et encore moins Najat Valaud-Belkacem qui a découvert le cas au moment de la nouvelle inculpation du professeur.

Jean-Paul II bénissant Marcial Maciel, prêtre père, pédophile notoire !

Jean-Paul II bénissant Marcial Maciel, prêtre père, pédophile notoire !

En revanche, dans le fonctionnement des diocèses ou des ordres religieux, ce sont bien des supérieurs qui ont décidé de fermer les yeux. Faut-il rappeler le cas de Marcial Maciel, fondateur des Légionnaires du Christ et qui, bien qu’il était dèjà connu comme un prêtre fornicateur, père de famille, pédophile y compris avec ses propres enfants, était béni par Jean-Paul II, car un allié dans sa lutte contre la théologie de la Libération en Amérique Latine ? Loi du silence dont se glorifiait encore assez récemment un Pican, évêque de Bayeux-Lisieux .

"Je vous félicite de n’avoir pas dénoncé un prêtre à l’administration civile. Vous avez bien agi, et je me réjouis d’avoir un tel confrère dans l’épiscopat, qui (…) aura préféré la prison plutôt que de dénoncer son fils prêtre." le félicitait même le  cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation pour le clergé au Vatican ! Illustration jusqu’à la caricature de cette loi du silence mafieuse et c’est écrit en 2001 !

Autre insinuation : Barbarin serait victime de son rôle en pointe dans le combat contre le mariage pour tous !

Eh quoi ! celui qui clamait que le diabolique mariage de personnes de même sexe mettaient les enfants en péril ne devrait pas, en boomerang, se voir retourner ses propos outranciers ? Propos qui d’ailleurs anticipaient ceux de Marion Maréchal-Le Pen puisqu’il clamait que le mariage gay allait ouvrir la porte à la polygamie !

Or ce grand défenseur de l’enfance et de la famille traditionnelle en péril, au lieu de nommer aumônier d’une maison de retraites de bonnes sœurs ses prêtres pédophiles, leur aurait confié des responsabilités élargies et qui surtout les maintenaient au contact d’enfants et ados.

Ce n’est certes pas à un premier ministre de décider si cet évêque doit démissionner. Mais à la Justice de décider si, comme l’évêque Pican, il est coupable de non dénonciation de crimes et éventuellement au Vatican de s’inquiéter d’une gestion pour le moins hasardeuse des prêtres de son diocèse.

Mais il y a quelque indécence à présenter ce prélat comme victime, fût-ce d’un prétendu lynchage médiatique.

Alors qu’il n’est victime que de ses outrances qui laissent moins excusables ses négligences !

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