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5 octobre 2021 2 05 /10 /octobre /2021 16:36

Pour ne pas m’attirer, illico presto, les foudres des gardiens farouches du dogme qui, après la papesse Fourest et le pape Pena-Ruiz, bannissent une laïcité adjectivée, précisons que cette double transgression nous vient de nos cousins québécois.

Empruntée à Paul Laurenceau – alias Ysengrimus – un marxiste pur rouge – converti par Mao, admirateur de Lénine et essayant de réhabiliter Staline – par ailleurs poète, linguiste, etc. J’ai déjà cité ce qu’il met derrière cette laïcité doublement adjectivée. Mais une remise en perspective n’est pas inutile.

Petit détour par le blog d’un collègue où il fait une rapide recension de « Racée » de Rachel Khan, en pourfendant au passage les « accommodements raisonnables » (on retrouve donc nos Québécois). Ce livre, explique-t-il, est fondé sur l'explication de mots regroupés en trois parties :

  • Les mots qui séparent : souchien, racisé, afro-descendant, intersectionnalité, minorité, quota, cause ;
  • Les mots fourre-tout qui ne vont nulle part : vivre-ensemble, diversité, mixité et non-mixité, collectif ;
  • Les mots qui réparent : intimité, silence, invisible, création, désir, créolisation, signature.
« Laïcité ouverte, laïcité définie »

Son livre a eu un écho favorable du côté de la droite, y compris extrême, mais aussi du Grand Orient. Sa curieuse taxinomie a été mise à mal par celle qu’elle qualifie de « rentière » de l’antiracisme*, Rokhaya Diallo, qui lui a rappelé que « racisé » n’est pas une revendication. « C’est un terme qui vient d’une sociologue qui s’appelle Colette Guillaumin qui l’a formulée dans un ouvrage de 1972. Quand on parle de personnes racisées, il ne s’agit pas d’un état ou d’un statut mais d’un processus. […] C’est la société qui racise, on n’est pas racisé de naissance. Naître noir en Gambie, ce n’est pas naître noir à Paris, aux États-Unis, au Japon… […] Ce n’est pas lié à la naissance, c’est lié à l’expérience sociale. Je peux citer Pap Ndiaye, l’historien, qui lui parle d’identité subie. On ne choisit pas. On n’a pas le luxe d’échapper aux discriminations qui sont liées à notre condition. Si on est, par exemple, un jeune homme noir […] et la vingtaine, il est prouvé statistiquement qu’on a vingt fois plus de risque d’être contrôlé par la police que quand on ne l’est pas. Même si on écrit un livre et qu’on se proclame "racée", lorsqu’on sort de chez soi, les policiers vont se concentrer sur soi vingt fois plus.»

Mon collègue d’évoquer en conclusion cette universalité, « tout le contraire du communautarisme que certains tentent de nous imposer ».

« Laïcité ouverte, laïcité définie »

Les canadiens français : le "communautarisme du charbonnier"

Et c’est là qu’on retrouve mon marxiste québécois. « Peut-on donner tort aux Québécois d’avoir continué de faire cuire leur couscous et de porter leurs voiles, si vous me passez l’analogie ? Peut-on les accuser de replis identitaire pour avoir perpétué ainsi leur existence nationale, produisant une des cultures francophones les plus originale au monde hors de France, et imposant de facto à toute l’entité canadienne la notion profonde et définitoire de multiculturalisme, dont celle-ci, sans le dire trop fort, se serait bien passé autrement? Conseil d’ami: n’allez pas dire aux Québécois qu’ils auraient aussi bien pu s’assimiler, cela les crisperait fort. La notion d’assimilation est hautement péjorative pour eux. »  

Capitulation de Montréal 1759

Capitulation de Montréal 1759

Il rappelle qu’après la conquête anglaise de 1760, « Spontanément communautaristes, du communautarisme du charbonnier en quelque sorte, les canadiens français du temps vaquaient à leurs affaires, leur religion de chapelle, leur cadastre rural, le mariage de leurs fils et de leur filles, leurs corvées villageoises, leur pot-au-feu, selon leurs lois, us, pratiques et coutumes traditionnels. Le conquérant, un peu ébahi par la cohérence bourrue de cette autonomie vernaculaire, a vite vu qu’il ne pouvait pas réformer et angliciser tout ça. Il a donc justement fait la part du feu. Les crimes, impliquant notamment mort d’homme, les arnaques majeures, les insurrections, seraient traités selon les lois de l’occupant. Pour le bazar de litiges, de cadastre, de récoltes, de constructions de chapelles et de mariages, arrangez-vous entre vous avec vos lois françaises. Le Québec a, encore aujourd’hui, un code civil français et un code criminel de common law britannique. »

« Laïcité ouverte, laïcité définie »

"La notion promue c’est la notion de laïcité, pas celle de christianité. Alors, on veut que tout le monde, immigrants inclus, découvre les vertus d’une civilisation permissive, non-coercitive, égalitaire, civique, et articulée en rationalité."

Il ne tient bien sûr pas, après s’être débarrassé des curés (qui régnèrent au Québec, selon le modus vivendi d’une intendance théocratique coloniale, de 1840 à 1960), à laisser les mollah les remplacer. « Ce qu’on veut, ce qu’on souhaite donc, c’est que notre déréliction sociétale, bien engagée depuis un demi-siècle, poursuive son cours tranquillement, sans se faire perturber par les effets indésirés d’une conjoncture migratoire. Il est important de comprendre ce point. Ceci n’est pas une croisade. La notion promue (hypocritement ou sincèrement) c’est la notion de laïcité, pas celle de christianité. Alors, on veut que tout le monde, immigrants inclus, découvre les vertus d’une civilisation permissive, non-coercitive, égalitaire, civique, et articulée en rationalité. Ce genre de programme civilisationnel (osons le mot), militant (pourquoi pas) doit se donner une méthode. Il faut, en un mot, que, graduellement, et par delà les réflexes autoprotecteurs typiques des diasporas déracinées, nos compatriotes [immigrés] aient envie d’embrasser nos valeurs pluralistes et laïques, sereinement et sans crispation. Pensez-vous vraiment, en saine intendance, qu’une intervention autoritaire grossière et frontale  (…) va réaliser cet objectif ? C’est de la bien mauvaise sociologie que de s’imaginer ça. On va tout simplement fabriquer des martyrs (…). On voulait la déréliction sereine et graduelle, on va se retrouver avec la polarisation abrupte et crispée. »

« Laïcité ouverte, laïcité définie »

Distinguer le secondaire de l'essentiel

 

Et il résume cette démarche en distinguant le secondaire de l’essentiel :

Laïcité ouverte pour toutes particularités ethnoculturelles sans conséquences juridiques effectives: vêtements, façades de temples, arbres de Noël, Menora, citrouilles d’Halloween, Ramadan, croix dans le cou, grigris, papillotes, fétiches, totems et statues, moulins à prières, turbans, voiles, hidjab, tchador, niqab, sari, brimborions et colifichets, minarets et clochers (avec cloches et crieurs inclus, sauf la nuit), yoga, occultisme, horoscope, pèlerinages, baptême collectif en piscine olympique, les chrysanthèmes du culte, en un mot.

Laïcité définie et fermement imposée as the law of the land dans le strict espace de portée juridique citoyenne : droits des femmes, droits des enfants, instruction publique, soins hospitaliers, banques, héritage, justice, vie politique et/ou politicienne, sécularisation intégrale de tous les corps administratifs, interdiction de la théocratie, prohibition du port d’armes (y compris les armes blanches…), crime organisé, code civil, code criminel, taxation, charte des droits, les choses sérieuses du tout de la vie civile, en un mot.

 

NB Pour éviter tout procès inutile, rappelons que l'auteur est Québécois et qu'au Canada avoir le visage couvert pour une femme est légal, ce qui n'est pas le cas en France (mais pas pour des questions de laïcité).

* Rachel Khan oublie que, naguère (2018), elle jouait dans une pièce (en totale « non mixité » : que des femmes noires) où les actrices, dont elle, faisaient monter Assa Traoré sur la scène à la fin de la pièce pour la faire applaudir.

 

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10 août 2017 4 10 /08 /août /2017 14:00
Vidéos pornos en ligne et vie sexuelle

La vie de sexologue est un calvaire : ainsi se sont-ils mis à trois de l’Université de Québec (Montréal) pour se taper les 50 vidéos les plus vues de Pornhub. Pas pour ce que vous croyez bandes de gros dégoûtants, mais pour analyser si les acteurs – hommes et femmes – prennent leur pied ou pas et comment !

Or donc, Léa J. Séguin, Carl Rodrigue et Julie Lavigne, du département de sexologie de L’Université de Québec, se sont intéressés à la représentation de l’orgasme masculin et féminin dans la pornographie. Et surtout à sa présence. Leur matériel d’investigation : les 50 vidéos les plus vues du site Pornhub. La plus courue et de loin est une sextape de Kim Kardashian – eh oui ! – avec son Ray J qui pulvérise les records avec plus de 125 millions de vues, loin, loin devant la suivante – une mature qui se tape le fiancé de  sa fille - à 35,6 millions la dernière du classement – une chaude blonde - étant encore à 16,4 Millions.

 

A l’arrière-plan de cette austère étude, pour Léa J. Séguin qui dirigeait l’équipe, le constat que l’orgasme est très important pour la plupart des gens, pour de multiples raisons et, en particulier pour les hommes, la conviction que l’orgasme de la femme prouve leur talent d’amant ! Croyance aussi que d’être en mesure, pour la femme d’atteindre l’orgasme vaginal est meilleur que de l’obtenir que par stimulation clitoridienne. Et on conçoit que l’absence d’orgasme pendant les rapports sexuels peut-être ressentie comme déplaisant pour beaucoup.

Mais cette nécessité de l’orgasme et sa représentation même est largement façonnée par les médias populaires et en particulier les sites pornographiques facilement accessibles.

Vidéos pornos en ligne et vie sexuelle

L’étude de l’équipe de sexologues, publié dans le Journal of Sex Research, a consisté, à partir de leur corpus des 50 vidéos les plus populaires de PornHub, de recenser les orgasmes féminins et masculins manifestes ou ambigus, ainsi que les actes qui ont induit l’orgasme. 45 des vidéos montrent une rencontre sexuelle entre un homme et une femme. Les 5 restantes dépeignent du sexe en groupe.

Vidéos pornos en ligne et vie sexuelle

1 femme sur 5, 4 hommes sur 5

L’inégalité femme/homme est manifeste puisque nos chercheurs ont constaté que seules 18,3 % des femmes semblaient avoir atteint l’orgasme, contre 78 % des hommes !

Il en ressort que ces vidéos propagent des images des plus irréalistes des performances sexuelles masculines et, à l’inverse, malgré un bruitage sonore trompeur, que, contre toute attente, les femmes, dans le porno, atteignent rarement l’orgasme. Et si orgasme féminin il semble y avoir, il est provoqué par pénétration vaginale, voire anale, sans stimulation clitoridienne.

Léa J. Séguin reconnaît, elle-même, les limites de son étude dont l’échantillon ne reflète pas toute l’étendue de la production pornographique. Les acteurs de ces vidéos étaient très majoritairement blancs. La pornographie réalisée par des femmes hétéro ou homosexuelles doit donner une autre image de l’orgasme féminin.

Reste que l’étude de l’influence réelle du porno de large diffusion sur la représentation que se font ses consommateurs de la sexualité, et notamment de l’idée que se font les hommes de la façon dont les femmes atteignent l’orgasme est à mener. Et que l’étude au titre anglo-saxon ambigu - “Consuming Ecstasy: Representations of Male and Female Orgasm in Mainstream Pornography“ – où on peut supposer que l’ecstasy en question n’est pas la drogue, mais bien l’extase, et dont le résumé en anglais aussi est traduit à la truelle*, relève finalement de l’enfonçage des portes ouvertes.

* Les représentations sociales qui apparaissent dans une variété de médias, peuvent influer sur la façon dont les expériences sexuelles sont perçues et comprises. Alors que la pornographie n'est pas le seul milieu dans lequel l'orgasme est représenté, il est le plus explicite, et il est très répandu et facilement accessible. A ce titre, la pornographie est un moyen idéal pour examiner les représentations de l'orgasme masculin et féminin. 50 vidéos les plus vues de PornHub de tous les temps ont été vus et codés pour la fréquence des hommes et l'orgasme féminin, les actes sexuels induisant l'orgasme (et si l'activité induisant des orgasmes féminins inclus une certaine forme de stimulation clitoridienne) et auditive (verbale, vocale) et visuelle indicateurs (corps) de l'orgasme. L'analyse du contenu a été utilisé pour coder et analyser les données. Les résultats ont été analysés à la lumière de la théorie de script sexuelle et de la recherche de l'orgasme précédent. Seulement 18,3% des femmes, contre 78,0% des hommes, ont été montrés à atteindre l'orgasme. Les différences de sexe dans les représentations de l'orgasme, au-delà de l'apparence de sperme, ont été documentés. Les résultats prennent en charge le script de la performance masculine aussi évidente dans les représentations pornographiques de l'orgasme, ainsi que des impératifs coïtale et l'orgasme. En conséquence, les représentations de l'orgasme masculin et féminin dans la pornographie mainstream peuvent servir à perpétuer les croyances et les attentes irréalistes par rapport à l'orgasme féminin et la performance sexuelle masculine.

L'ABSTRAIT - comme il est écrit pour l'ABSTRACT - c'est-à-dire le résumé est certes tiré d'un journal scientifique de langue anglaise, mais les travaux ont été réalisés par des sexologues d'une Université du Québec : on était en droit d'attendre un texte en langue française et non ce charabia.

 

En annexe

Asapscience, sur YouTube, qui fabrique des petites vidéos pédagogiques, a tenté de répondre à une des questions les plus importantes de l’histoire de l’humanité : quel orgasme est le meilleur, le masculin ou le féminin ?

Il ressort d’une analyse, on ne peut plus objective, que l’orgasme masculin dure moitié moins que l’orgasme féminin. 10 secondes et… c’est fini ! En revanche, les mâles atteignent cette brève mais intense extase dans 95 % des cas tandis que leurs compagnes que dans 65 % ; ce chiffre étant beaucoup plus élevé dans les relations lesbiennes.

Cette différence serait dû à ce que les couples de lesbiennes passent de 30 à 45 minutes à faire l’amour contre les 15 ou 30 minutes des couples hétéros.

L’étude met aussi en évidence, qu’après un coït, les deux sexes vont se sentir somnolents après avoir atteint l’orgasme, sensation qui serait quatre fois plus forte qu’avec la masturbation !

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15 juin 2008 7 15 /06 /juin /2008 16:51
Le modèle québécois cité en exemple par Xavier Darcos...

Si l'on en croit Caroline Brizard, du Nel Obs, Xavier Darcos ne jurerait plus que par le modèle québécois ! Et le crétin de la fabrique qui affirmait, il y a peu, qu'il ne jurait que par la Corée et le Japon (le modèle japonais de retour, car il avait eu sa vogue sous l'ère chevénémentesque avec ses ouvriers bacheliers, sauf que, si l'on en croit Hervé Hamon, ce que le Che prenait pour notre bac n'était qu'une certification de fin d'études) !

 

Tant pis pour la Finlande ! après tout la « Belle province » étant francophone, le modèle sera plus facile à copier. Et on ne rétorquera pas, comme le fit un éminent chercheur, que la langue finnoise est ceci ou cela : outre Atlantique, nos cousins se coltinent un français qu'ils défendent avec énergie.

 

Apparemment, pourtant, ces québécois ont tendance à donner dans un pédagogisme éhonté, fort loin des prétendus fondamentaux fort à la mode dans l'hexagone. Rendez-vous compte, loin de proférer le « Savoir » du haut de sa chaire professorale, l'enseignant se préoccupe de « chercher l'attention » des élèves. Ainsi, un prof de maths, pour aborder les fonctions sinusoïdales (y'a que les matheux pour nous inventer des trucs pareils) fait enregistrer des instruments de musique à ses élèves. « Les professeurs, quelle que soit leur matière, s'ingénient à multiplier ce genre de démarches. Ils sont rompus à cela. Pendant leur formation, ils passent le tiers du temps à étudier la discipline, le reste à travailler la didactique, la psychologie, la pédagogie. Philippe, 34 ans, est en 2e année à l'Université de Montréal pour devenir instituteur : «Je n'ai ni cours de grammaire ni cours de maths. Tout l'accent est mis sur les manières d'enseigner, de gérer la classe, voire de se remettre en question quand les élèves ne suivent pas.»

  C'est le leitmotiv de Roch Chouinard, professeur de psychopédagogie à l'Université de Montréal : «L'école doit susciter l'engagement des élèves dans leurs apprentissages.»» Eh oui ! vous avez bien lu « professeur de psychopédagogie ». «Au Québec, l'école a adapté ses attentes aux élèves qu'elle accueille. On apprend moins, mais on apprend mieux»

Quant on pense que le fameux « mettre l'élève au centre » a été voué aux gémonies (avec une malhonnêteté intellectuelle rare) et l'on prendrait pour modèle une école qui adapte ses attentes aux élèves et non une école où les élèves doivent s'adapter aux attentes des maîtres détenteurs du Savoir ! Une école où l'on n'allège pas l'horaire pour mieux alourdir la barque des exigences !

 

Faut-il s'en étonner ? ces québécois versent dans le communautarisme débridé. «Cette semaine, nous fêtons les cultures d'origine, explique Chantal, chargée des activités péri scolaires. Nous accueillons une école de danse d'Haïti; demain, ce sera l'Irlande avec une troupe de gigue, puis l'Algérie avec des chants...» La démarche est efficace. «Il y a un moindre rejet du système éducatif quand vous retrouvez des éléments de votre propre culture à l'école»

 

« L'enseignement a longtemps été abordé de manière abstraite, comme si cette occupation  ne  mettait  en  scène  qu'un  maître  formel  chargé  de  faire apprendre un objet de savoir aseptisé à un sujet désincarné dans un contexte a-social  et a-historique. Pourtant, la situation  est tout autre. Le  maître est  un acteur  social et  son  travail est  soumis  à de multiples pressions  internes, dans son lieu même de travail, et externes, provenant de  la société, qui  influent sur son rôle,  sur  ceux à qui  il  s'adresse,  c'est-à-dire  les élèves,  et sur  ce qu'il doit leur  faire  apprendre.  La  classe,  loin  d'être  un  lieu  clos,  libre  des  influences extérieures,  est  traversée,  pétrie,  en  son  sein  même  par  toute  une  série  de phénomènes qui colorent sa nature et son fonctionnement. »*

 

« C'est en 2001, par la publication de nouvelles orientations, d'un référentiel de compétences professionnelles et de profils de sortie assortis, que s'est véritablement fait l'arrimage entre le renouveau pédagogique et la formation à l'enseignement. Une approche culturelle de l'enseignement a été privilégiée, approche qui non seulement prend acte de la complexification de la profession enseignante, mais qui convie également le personnel enseignant à un changement de culture professionnelle. Désormais, l'enseignante ou l'enseignant, dans l'exercice de son mandat d'instruire, de socialiser et de qualifier, est appelé à s'interroger sur la manière de donner à la culture la place qui lui revient, sur les moyens de concrétiser son rôle de passeur culturel, sur sa façon de former des élèves, jeunes et adultes, ouverts à la pluralité des idées et capables de porter un regard critique sur leurs propres pratiques culturelles. »** préconise un document sur la formation des enseignants.

« Le Ministère a choisi de mettre l'accent sur une formation professionnalisante qui permet de "construire un savoir enseigner, c'est-à-dire une culture professionnelle intégrant des savoirs, des schèmes d'action, des attitudes". »**

 

Que M. Darcos s'inspire de ces orientations serait souhaitable. Il est fort probable que ce souhait soit illusoire.

 

 

* La formation à l’enseignement les orientations et les compétences professionnelles

** La formation à l'enseignement, les orientations relatives à la formation en milieu de pratique

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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 11:12
Accommodements raisonnables, interculturalisme et laïcité

21/09/16 :  Alain Juppé est la cible de Sarkozy et de Le Maire pour avoir, naguère, parlé d'"accommodements raisonnables" ! Souvenir sans doute de son séjour canadien. Ces "accommodements" sont la cible des faux laïques et vrais identitaires que nos deux lascars - Sarkozy et Le maire - caressent dans le sens du poil, en vue des primaires de la droite.

Mais si on y regardait de plus près pour savoir ce que sont vraiment - et dans le contexte québécois - ces accommodements raisonnables ?

 

 

 

Grace à Jean Baubérot, j'ai découvert les travaux d'une commission québécoise sur, finalement, la laïcité.

Certes, l'histoire du Québec, dont la population canadienne-française à longtemps été sous la coupe d'une église catholique aussi peu ouverte que celle qui sévissait dans une partie de l'Ouest de la France, population elle-même soumise à un Canada à majorité anglophone, population qui s'est sécularisée et dont la fécondité a chuté, un Québec pour qui l'immigration n'est pas subie, mais acceptée, souhaitée même, n'est pas la nôtre.

Cependant ces quelques extraits d'une réflexion sereine montrent qu'il ne serait peut-être pas tout-à-fait inutile de sortir de notre position arrogante de détenteurs de la Vérité laïque universelle et, pour une fois, accepter de prendre des leçons chez nos cousins québécois.

Au passage, une définition de "libéral" à laquelle, j'ose espérer, tout démocrate souscrira.

 

Commission de consultation sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles

 

Dans toute société où se côtoient deux ou plusieurs cultures surgit inévitablement la question de la gestion de la diversité. Cette question s'est posée de tout temps. Jusqu'à récemment, elle était généralement résolue de façon autoritaire : une culture, plus puissante, tentait soit de dominer les autres en les marginalisant, soit de les supprimer en les assimilant. Des pratiques d'assouplissement ou de conciliation ont cependant toujours existé, et ce, même au sein des empires.

Depuis quelques décennies, en Occident surtout, les mentalités et le droit ont évolué. Davantage respectueuses de la diversité, les nations démocratiques adoptent maintenant des modes de gestion du vivre-ensemble fondés sur un idéal d'harmonisation interculturelle.

 

La conception classique de l'égalité, fondée sur le principe du traitement uniforme, a fait place à une autre conception plus attentive aux différences. Peu à peu, le droit a été amené à reconnaître que la règle de l'égalité commande parfois des traitements différenciés.

C'est cette conception que reflète la disposition juridique qu'on appelle l'accommodement raisonnable.

L'ajustement des règles vise donc à empêcher que des personnes soient désavantagées ou exclues, et que leur droit à l'égalité soit ainsi compromis. L'obligation d'accommodement créée par le droit n'exige pas d'annuler un règlement ou une loi, mais seulement d'atténuer ses effets discriminatoires sur certaines personnes en prévoyant une exception à la règle ou une adaptation particulière. Un traitement peut être différentiel sans être préférentiel.

 

On a donc affaire ici à deux conceptions non pas du droit à l'égalité, mais de ses modalités d'application, soit a) une conception formelle, doctrinale, très rigide ; ou b) une conception modulée, flexible, plus inclusive parce que plus attentive à la diversité des situations et des personnes. L'obligation d'accommodement n'est pas sans limites. Une demande peut être rejetée si elle entraîne un coût déraisonnable, si elle bouleverse le fonctionnement de l'organisme, si elle porte atteinte au droit d'autrui ou si elle nuit au maintien de la sécurité et de l'ordre public.

 

On voit émerger dans le milieu scolaire une véritable philosophie qui consiste à intégrer les pratiques d'harmonisation au sein d'une démarche générale d'accompagnement éducatif. Dans le cadre d'une démarche pédagogique centrée sur le cheminement de l'élève, les ajustements deviennent un élément parmi d'autres dans la somme des facteurs ou des variables dont il faut tenir compte. Ce modèle souligne l'importance d'une approche contextuelle qui, seule, permet de saisir la complexité et la singularité des situations (le "cas par cas"). Ouvert à la dimension interculturelle, ce modèle évite de marginaliser l'élève et favorise la discussion et les solutions de compromis qui respectent les valeurs fondamentales (égalité hommes-femmes, liberté de conscience, équité, laïcité...).

 

Un régime politique démocratique et libéral

Le régime politique québécois est à la fois démocratique et libéral. Il est démocratique en ce sens que le pouvoir politique y est placé, en dernière instance, entre les mains du peuple, lequel le délègue à des représentants qui l'exercent en son nom pour une période donnée. Notre démocratie est donc représentative. Mais elle est aussi libérale en ce sens que les droits et les libertés de la personne sont jugés "fondamentaux" et sont, à ce titre, affirmés et protégés par l'État. Nul ne voudrait, par exemple, qu'un gouvernement, même dûment élu, bafoue les droits fondamentaux d'un groupe de citoyens au nom des intérêts de la majorité. C'est précisément pour assurer une protection supplémentaire aux droits et libertés garantis à toutes les personnes qu'ils sont inscrits dans une charte, celle-ci posant des limites à l'action des gouvernants et encadrant les relations entre les citoyens. Elle garantit le droit à la vie et à l'égalité, la liberté de conscience et de religion, la liberté d'expression et d'association, ainsi que des droits politiques et des garanties juridiques. Elle proscrit aussi plusieurs formes de discrimination, dont celles fondées sur le sexe, l'origine ethnique et la religion. L'exercice de ces droits et libertés n'est pas absolu ; il doit respecter les droits des autres et l'intérêt collectif.

 

L'interculturalisme

    Au Québec, le français est la langue officielle. Mais l'État s'est engagé à faire la promotion du français dans un esprit de respect envers les minorités linguistiques présentes sur son territoire. L'immigration est essentielle au développement de la société québécoise. Quant à la diversité culturelle, elle est perçue comme une richesse, dans la mesure où son expression est balisée par les chartes des droits et libertés et où elle se réalise dans un esprit d'interaction plutôt que de cloisonnement. Les immigrants sont invités à apprendre le français et à contribuer au dynamisme culturel, économique et politique de la société. L'interculturalisme s'efforce de concilier la diversité ethnoculturelle avec la continuité du noyau francophone et la préservation du lien social.

 

  • Les membres du groupe ethnoculturel majoritaire (en l'occurrence, les Québécois d'origine canadienne-française), tout comme les membres des minorités ethnoculturelles, acceptent que leur culture soit transformée à plus ou moins long terme par le jeu des interactions.
  • Les différences culturelles (et en particulier religieuses) n'ont pas à être refoulées dans le domaine privé. La logique qui sous-tend ce choix est la suivante : il est plus sain d'afficher ses différences et d'apprivoiser celles de l'Autre que de les occulter ou de les marginaliser.
  • Le principe des identités multiples est reconnu, de même que le droit de préserver l'appartenance à son groupe ethnique.
  • Le plurilinguisme est encouragé, parallèlement au français comme langue publique commune.
  •  

La laïcité

L'argument selon lequel "la religion doit rester dans la sphère privée" a souvent été invoqué par les partisans de la laïcité. Bien qu'il semble clair à première vue, cet énoncé ne l'est pas autant qu'on pourrait le croire. En effet, le mot "public" peut être entendu au moins de deux manières distinctes. Selon le premier sens, est public ce qui relève de l'État et des institutions communes (on parlera ainsi des « institutions publiques »). Selon le deuxième sens, est public ce qui est ouvert ou accessible à tous (on parlera alors de « lieux publics » : par exemple, d'un « jardin public »).

Le premier sens s'accorde avec le principe laïque de la neutralité de l'État face aux religions. Selon ce premier sens, il est donc juste d'affirmer que la religion doit être "privée". Toutefois, il ne va pas de soi que la laïcité exige de la religion qu'elle soit absente de l'espace public au sens large. Si une institution publique doit être neutre, les individus qui la fréquentent doivent-ils être eux-mêmes soumis à cette exigence de neutralité ?

La notion de neutralité est aussi plus complexe qu'elle peut le sembler. Ainsi, il est communément admis que l'État laïque doit rester neutre face à toutes les religions. L'État ne doit pas prendre parti entre religion et non-religion. Il doit maintenir sa position de neutralité face à toutes les convictions morales profondes, qu'elles soient religieuses ou séculières. En revanche, l'État laïque et démocratique se fonde sur une morale politique et sur certains principes qui ne sont pas négociables. C'est le cas de la démocratie, des droits de la personne, de l'égalité entre tous les citoyens. Lorsque ces principes sont en jeu, l'État ne peut pas rester neutre.

 

Quatre principes fondent la laïcité.

1. L'égalité morale des personnes.

2. La liberté de conscience et de religion.

3. La séparation de l'Église et de l'État.

4. La neutralité de l'État à l'égard des religions et des convictions profondes séculières.

 

Tout régime de laïcité institue une forme d'équilibre entre ces quatre principes. Certains régimes posent des limites assez strictes à la liberté d'expression religieuse. La France, qui vient d'adopter une loi restrictive relativement au port de signes religieux à l'école, est considérée comme ayant un régime de ce genre, quoiqu'elle soit beaucoup plus souple dans la réalité que sa réputation ne le laisse croire. Ce type de régime définit la neutralité de l'État de façon très étendue, ce qui mène à l'exclusion de certaines expressions religieuses de la sphère publique. S'il en a été ainsi en France, c'est peut-être parce qu'une certaine conception de la neutralité de l'État, consacrée par la tradition nationale, a été élevée au rang de finalité profonde. Les débats récents qui ont eu lieu en France, où la laïcité a été souvent présentée comme un pôle identitaire essentiel de la République, illustrent ce déplacement. Pour certains républicains français, l'école laïque doit avoir pour mission d'émanciper les élèves de la religion. Pour d'autres, les identités culturelles et religieuses ne font que nuire à l'intégration sociale, laquelle devrait être fondée sur une citoyenneté excluant tout particularisme.

Nous croyons que ce type de laïcité restrictive n'est pas approprié pour le Québec, et ce, pour trois raisons :

a) il n'arrive pas vraiment à arrimer les structures institutionnelles aux finalités de la laïcité ;

b) l'assignation à l'école d'une mission émancipatrice dirigée contre la religion n'est pas compatible avec le principe de la neutralité de l'État entre religion et non-religion ;

c) le processus d'intégration d'une société diversifiée s'effectue à la faveur d'échanges entre les citoyens, qui apprennent ainsi à se connaître (c'est la philosophie de l'interculturalisme québécois), et non par la mise en veilleuse des identités.

 

EXTRAITS (c'est moi qui ai mis en gras)

 

  • Le rapport final abrégé :

http://www.ccpardc.qc.ca/documentation/rapports/rapport-final-abrege-fr.pdf

 

  • Le rapport intégral :

http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports/rapport-final-integral-fr.pdf

 

  • Les 37 recommandations de la commission :

http://www.accommodements.qc.ca/communiques/2008-05-22c.html

 

  • Les rapports des experts :

http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports-experts.html

Dont Éduquer au vivre-ensemble dans une perspective interculturelle- que faut-il attendre de l'école et de l'éducation dans le contexte actuel de la société québécoise caractérisée par un pluralisme culturel, religieux et linguistique croissant?

http://www.accommodements.qc.ca/documentation/rapports/rapport-4-saint-pierre-celine.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
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Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

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