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15 décembre 2015 2 15 /12 /décembre /2015 21:40
Christine

Réservé aux + de 18 ans

Un récit inédit

Quand Christine s’approcha de la Sainte-Table, pour recevoir la Sainte Communion des doigts du prêtre, elle ne put s’empêcher de se remémorer l’autre Communion mystique que l’angélique vicaire lui avait fait avaler la nuit précédente, sur l’autel et le regard extatique qu’elle leva vers lui, en ouvrant la bouche, reflétait avec intensité ce vif souvenir.

 

C’était leur secret sacré, inviolable, qui, pour les croyants ordinaires, aurait été non seulement incompréhensible, mais source d’un scandale inouï. Comment auraient-ils pu admettre, s’ils les avaient surpris, au cœur de la nuit, lui étendu sur l’autel, à demi nu, soutane relevée sur un membre dressé, elle, entièrement dénudée, agenouillée sur une banquette d’enfants de chœur, surmontée de plusieurs coussins et suçant le saint vit du ministre de Dieu, tout en se caressant un sexe que le prêtre avait sanctifié d’eau bénite, comment auraient-ils pu admettre que ce rite répondait aux volontés divines ? Elle-même, parfois, elle devait se l’avouer, avait de la peine à admettre l’extraordinaire révélation et se demandait encore pourquoi elle faisait partie des rares élus, elle, la rebelle, la fille du libertin notaire, virée de l’Institution des Sœurs de la Sainte Hostie, pour “ mauvais esprit ” et qui poursuivait des études, au demeurant brillante, au Lycée “public” de Jeunes Filles, au grand dam de sa mère.

 

L’arrivée d’un nouveau vicaire, frais émoulu du grand séminaire, avait provoqué un émoi certain, chez les paroissiennes. Le curé Doyen, soixantaine colérique, l’avait vu arriver d’un œil moins indulgent, d’une part, parce qu’il était aussi grand que lui – raison totalement inavouable, mais il aimait, inconsciemment, dominer ses semblables, à commencer par ses subordonnés – et surtout parce que c’était une vraie gravure de mode et il devinait facilement les ravages que sa beauté allait causer dans la gent féminine. Ancien capitaine pendant la Grande Guerre, ayant goûté aux plaisirs de la chair, avant, devenu veuf, de répondre à l’appel d’une tardive vocation, il ne pouvait que s’inquiéter des tentations qu’elle ferait subir à ce puceau. Il fut donc désagréable au-delà de l’habituel, au point même que sa fidèle Marie, bonne sans âge qui tenait la cure depuis la nuit des temps, la fidèle Marie qui subissait, sans broncher, ses foucades et ses injustes colères, la fidèle Marie lui en fit reproche. Mais l’abbé Henry subissait ses plus dures avanies avec une totale longanimité et, malgré son inexpérience, sut remplir toutes les nombreuses tâches dont il l’accablait. Le curé fut bien obligé d’admettre son efficacité et revint au régime de vexations plus classiques qu’avaient subies tous ses précédents vicaires. L’abbé put se tailler des fiefs et la prise en charge des jeunes fut un domaine où il eut pratiquement carte blanche, le curé ne se réservant que l’examen de catéchisme et d’histoire sainte, avant la Communion solennelle.

Christine

Cependant, il avait drainé vers lui la crème des bourgeoises locales. La mère de Christine, sans doute lasse de subir les remarques sarcastiques du Curé (« Toutes ces chienneries que votre mari vous impose, avouez que vous y prenez goût ! » : ce qui, si elle avait voulu faire preuve de lucidité, était vrai, mais totalement inavouable, car l’aveu aurait fait tomber toute la double et hypocrite construction sur laquelle reposait la tranquillité de son âme, complaisante et soumise aux fantaisies libertines de l’époux, tout en feignant de ne s’y plier que contrainte et forcée – délice des lanières matant sa fausse rébellion – faussement repentante de fautes dont elle ne voulait pas se sentir coupable) fut la première à opter pour ce blond angélique, dont le doux et bleu regard était nimbé d’indulgence.

 

Christine

Il avait beau avoir été, au séminaire, instruit de toutes les turpitudes que peut commettre l’espèce humaine, il n’en demeura pas moins interdit en entendant la confession de la belle Thérèse. Confession qu’elle avait sollicitée avant la grand-Messe, car les soirées fines du notaire se déroulaient le samedi. Maître Lepetit – nom qui lui allait parfaitement car dès qu’elle mettait des chaussures à talons elle le dépassait, mais petite taille qui ne lui faisait rien perdre de sa superbe, ni de son autorité – avait invité trois de ses collègues, anciens compagnons d’études et, elle l’apprit vite par leurs récits, de débauches. Comme presque tous les samedis, ils avaient déserté la maison de ville pour la propriété campagnarde, laissant les enfants à la garde de leur bonne, mais le dîner, préparée par la femme de l’intendant du domaine, était quasiment prêt : elle n’aurait plus qu’à faire réchauffer le plat principal. Son époux lui avait dit vouloir faire un dîner entre hommes, ce qui, première humiliation, réduisait la maîtresse de maison à l’état de servante, attendant à la cuisine les coups de sonnette du seigneur et maître. Elle ne put s’empêcher de lui en faire reproche avant l’arrivée de ses confrères. Dressé sur ses ergots, il lui promit une correction cuisante. Elle n’avoua pas au confesseur que cette promesse la fit atrocement mouiller, crainte et désir mêlés. Les quatre hommes se retrouvèrent au salon, où, dans une robe d’une stricte élégance, avec cependant un décolleté profond, dont les regards des invités se repaissaient quand elle se penchait pour leur tendre leur verre, elle servit l’apéritif. Quand elle eut terminé le service, son tyran de mari proclama haut et fort, qu’il était temps qu’elle reçoive la correction promise : « Va me chercher le martinet ! » Les supplications d’usage le laissèrent de marbre et elle revint avec l’humiliant objet. « Enlève ta culotte, relève bien ta robe et penche toi sur la chaise ! » Sous les regards brillants des quatre compères, elle dut d’abord dégrafer les attaches du porte-jarretelles, avant de faire glisser une délicate culotte de dentelles ; puis, robe relevée sur un splendide fessier, elle s’offrit aux coups, bien penchée, mains accrochées au dossier d’une chaise. Le Maître sut strier, puis faire rougir uniformément l’opulent postérieur. Les gémissements se muèrent en une sorte de mélopée, coupée de quelques cris quand, vicieusement, le bourreau atteignait les lèvres de la vulve ou quand, lancées de bas en haut les lanières, s’insinuait dans la fente fessière, jusqu’à ce que, secouée de spasmes, la victime s’abandonne à une étrange jouissance. Son époux ajouta à sa délicieuse honte en conviant ses complices à venir voir comme elle mouillait (voir étant une façon de parler puisqu’ils plongèrent les doigts dans son sexe trempé, mais cela elle omit de le dire dans la pénombre du confessionnal).

 

Christine

Visage aussi rouge que son fessier, elle fut ensuite invitée à un complet effeuillage pour ne plus porter, pour le service, qu’un petit tablier qui ne cachait rien de ses seins pointus et couvrait juste la chatte dont la toison soignée formait un étroit triangle.

Pas question qu’elle se replie à la cuisine après chaque plat, elle devait rester prête pour remplir les verres, disponible aussi à des mains baladeuses qui palpait les fesses encore chaudes de la fouettée, voire explorait le sexe, voire même glissait insidieusement dans son petit trou froncé et elle était invitée à sucer les doigts inquisiteurs, goûtant ainsi ses propres sucs (elle s’était adonnée aux délices d’un lavement, comme chaque samedi, mais cela aussi, elle omit de le confesser, car, après tout ce n’était que mesure d’hygiène, et pourquoi dire le plaisir trouble qu’elle prenait à enfoncer dans l’anus la longue canule recourbée et à sentir son ventre se gonfler, plaisir encore plus vif quand, avec son amie Lucienne, l’épouse d’un dentiste, complice de débauches de son mari, elles se rendaient mutuellement ce service, avant quelques parties fines où les entraînaient leurs époux).

Charitablement, un des compagnons la prit sur ses genoux pour qu’elle puisse se restaurer. Elle passa ainsi de l’un à l’autre sentant sous elle une queue gonflée. Mais quand elle eut servi un magnifique gâteau au chocolat et empli les verres d’un délicieux Banyuls, son époux lui intima l’ordre de passer sous la table, pour goûter, elle, à la liqueur de chacun des invités qui lui donnerait un morceau de gâteau – elle l’adorait – s’il était satisfait.

« Et vous avez accepté, demanda le prêtre, qui recouvrait enfin ses esprits, après cette avalanche de révélations ?

- Refuser, c’était recevoir des coups de cravache sur tout le corps, jusqu’à ce que je cède ! »

Elle se garda bien d’ajouter qu’elle était assez fière de la réputation de pipeuse qui, sans répugnance, avalait la ‘fumée’ : déboutonner la braguette, extraire délicatement le membre dur du caleçon, le caresser d’abord, explorer les couilles aussi, avant de l’emboucher et de le sucer avec une grande habileté, elle faisait cela avec une sorte de conscience professionnelle, si l’on peut dire. De la belle ouvrage ! À vrai dire, dans sa casuistique, elle ne voyait dans cette pratique que péché véniel ; elle s’y était d’ailleurs adonnée avant le mariage moins par sensualité que par générosité et prudence : soulager l’ardent cavalier d’un trop plein de semence, éviter ainsi qu’il n’ait la tentation de chercher à lui dérober ce bien précieux à préserver jusqu’à la nuit de noces. Elle eut donc droit, par trois fois, à sa part de gâteau et chacun lui fit goûter aussi d’un peu de banyuls. Son époux, comme de coutume, bien que bandant comme un cerf, ne la laissa pas le sucer.

Les fruits furent l’occasion de jeux lubriques. Ayant débarrassé la table, elle fut mise sur la nappe, jambes repliées, pieds et genoux bien écartés et se fit farcir la vulve de gros grains de raisins que les joyeux drilles vinrent y chercher à coups de langue gourmande léchant goulûment les jus mélangés de grains éclatés et du sexe excité. Puis l’hôte des lieux versa le champagne entre ses seins –prenant appui sur ses talons, elle décolla légèrement les fesses – pour qu’il s’écoule sur son ventre jusqu’à son sexe où chacun vint le boire ou plutôt le laper.

Elle dut ensuite, après qu’ils sont revenus dans le salon, dénuder les trois lascars qui, caleçons tombés, démontrèrent une arrogance retrouvée. Des loups vinrent masquer à demi les visages. Elle-même fut aveuglée par un bandeau qui ne l’empêchait pas de distinguer la forte lumière des projecteurs allumés par son époux qui, comme à l’habitude, allait filmer la scène sur sa caméra 16 mm. Un des trois, étendu sur le canapé, enfila le sexe juteux ; elle eut un cri, quand un  deuxième lui força l’anus, mais ses plaintes furent étouffées par le vit du dernier s’enfonçant dans la bouche. Elle devinait, dans la pénombre, l’effroi du jeune prêtre, visage penché vers elle pour saisir ses confidences murmurées. Elle se garda bien de lui avouer le sentiment de plénitude que lui procurait la triple pénétration, ni la jouissance inouïe, qui la laissait pantelante, à demi évanouie, à laquelle elle la menait (et que son mari prenait un malin plaisir à montrer au cercle d’amis quand le film revenait de quelque discret laboratoire).

 

Quand elle eut fini ses aveux impudiques, un long silence régna : ses yeux maintenant habitués à la quasi obscurité percevaient, à travers la grille qui la séparait de lui, le pauvre vicaire visage entre les mains, comme abattu. Après, ce qui lui parut être une éternité, il réussit à prendre la parole, d’une voix mal assurée, pour lui dire qu’elle ne pouvait pas être jugée coupable d’autre chose que de ne pas faire preuve d’héroïsme, mais qu’on ne pouvait exiger de tous les chrétiens une vocation de martyr. Elle ne récolta donc qu’un chapelet, même pas le rosaire que lui infligeait naguère le curé, avant de dire son acte de contrition et de recevoir l’absolution.

 

 

L’abbé Henry mit longtemps à sortir du confessionnal. Heureusement que la soutane masquait un sexe d’une dureté et d’une ampleur douloureuse. Quand il arriva à l’hospice de vieillards où il devait dire la messe – le curé lui célébrait la Grand Messe – la bonne sœur qui l’accueillit s’inquiéta de sa pâleur ce qui le fit rougir de honte car son érection, malgré qu’il en eût, gardait sa terrifiante dureté. Il put cependant dire la messe, dans une sorte de brouillard (il fut tout surpris, quand, après l’office, les sœurs et les personnes qui, rendant visite à leurs vieux parents, s’économisaient un tête-à-tête pénible avec le vieux père et, le plus souvent, la vieille mère, en assistant avec eux à la messe, le félicitèrent d’un prêche d’une grande audace de pensée mais d’une grande élévation d’âme). Sa réputation de prédicateur talentueux fit bien vite le tour d’une paroisse, un peu lasse des sermons bourrus du Doyen. Doyen qui, quand la rumeur lui revint amplifiée aux oreilles (les grenouilles de bénitier, chafouines, ne se firent pas faute de s’en faire l’écho) le convoqua pour lui demander ce qu’il avait bien pu clamer aux grabataires, à leurs punaises de prétendues bonnes sœurs et aux hypocrites visiteurs qui économisaient et sur la grand-messe et sur les rencontres avec leurs gâteux de parents. Le pauvre abbé, sans même relever les indéniables manquements à la charité de son supérieur, balbutia des banalités de la plus grande platitude. Ce qu’entendant, son colérique chef décida de couper court à une rumeur née dans des cervelles malades, confites de dévotion recuites ou légères, et de lui laisser la grand-messe prochaine. Chacun pourrait juger des faibles talents de ce jeune gandin bafouilleur.

Marie qui avait tout entendu - sans pécher contre la discrétion, la voix de stentor du curé s’entendait dans tout le presbytère – répandit la nouvelle auprès des grenouilles de bénitier, si bien que le dimanche l’église était pleine. Quand l’officiant sortit de la sacristie, précédé de la cohorte des enfants de chœur, surplis blancs sur des soutanes rouges,  il se fit l’impression d’être un nouveau Daniel entrant dans la fosse aux lions et un ruisseau de sueur froide lui coula le long de l’échine. C’est donc plus mort que vif qu’il monta en chaire. Ses premières phrases bafouillées provoquèrent comme un murmure de déception. Mais soudain, tout s’illumina. Abandonnant des notes fébrilement jetées sur le papier après une nuit stérile, il improvisa un sermon magnifique, tout en sentant l’espèce de robinet qui lui pendait entre les jambes se transformer en sceptre triomphant.

C’est ce jour-là que Christine tomba sous son mystique charme. Elle ne fut pas la seule. Même les hommes, dont certains, compagnons de débauche de son père, étaient de sacrés mécréants qui n’avaient pas le courage de s’afficher comme tels, furent captivés au sens propre du mot par ce verbe étincelant. Sa mère, elle, sentait comme un écho de sa longue confession, quand il évoqua les pécheurs et surtout pécheresses malgré eux. Le curé eût-il été là qu’il aurait tonné contre le quiétisme sous-jacent au discours du prédicateur, quiétisme qui ne pouvait au contraire que séduire les grandes bourgeoises qui se soumettaient avec une secrète complaisance aux désirs pervers de leurs époux, voire, quand l’époux ne faisait pas preuve de telles exigences, le cocufiaient allégrement

Christine avait toujours eu une image un peu de rebelle. Déjà à l’asile, avant d’entrer en onzième, on disait d’elle : elle pince, elle griffe, elle mord. Son caractère entier, doublé d’une petite taille – héritage paternel – expliquait cette attitude farouche. Attitude qui lui avait valu quelques déboires jusqu‘au lycée même, puisqu’elle passait beaucoup de ses jeudis en colles et de ses fins de semaine en consigne. Mais, à partir de ce dimanche-là, elle fit tout pour ne plus être privée de bulletins de sortie ni le jeudi, ni le samedi après-midi. Elle allait faire tout, aussi, pour se retrouver cheftaine de louveteaux, elle qui avait abandonné les guides en ironisant sur l’uniforme que sa sœur aînée continuait d’arborer avec fierté.

Le curé avait appris, de toutes les sources, le triomphe de son second. Il eut l’intelligence de reconnaître son erreur et d’admettre que si le jeune homme, devant lui, semblait plus proche de la débilité que du génie c’était qu’il faisait tout pour le terroriser. L’abbé eut lui l’intelligence de ne pas triompher et de reprendre, dès le dimanche suivant, le chemin de l’hospice.

Par quelle source de renseignement le sut-elle (peut-être un enfant de chœur), toujours est-il que Christine, à la grande surprise de son aïeule, se retrouva aux Récollets ce dimanche. Elle expliqua à la grand-mère sa longue absence par les consignes à répétition qui l’accablaient. De la messe et même du prêche, elle ne retint que le regard du prêtre qui la transperçait. Elle ressentait un émoi qui ne l’avait qu’effleurée lorsque son cousin Alain l’avait un peu lutinée, dans un recoin, lors d’une visite de famille. Il lui sembla que sa gentille culotte s’humidifiait… Elle n’osa communier et sentit comme un reproche dans le coup d’œil que l’abbé lui lança. Dès l’office fini, elle alla vérifier aux toilettes l’état de ses sages dessous : l’humidité ressentie n’était pas imaginaire et elle comprit mieux les allusions de ses camarades au dortoir en réfrénant l’envie qu’elle avait de toucher sa fente toute chaude. Rejoignant sa mémé, elle eut la surprise et la joie mêlée de honte de trouver l’abbé Henry avec elle. Il la félicita de sa présence. La grand-mère, qui était fine, insinua que l’identité de l’officiant n’était peut-être pas étrangère à cette visite. Toute rougissante, Christine protesta mollement. Et sa mémé sortit d’une cachette une bouteille de Porto et trois petits verres pour se faire pardonner. Quand, deux verres après, un peu pompette, elle sortit avec le prêtre, elle lui demanda de la confesser. Ils se retrouvèrent donc dans la chapelle obscure et, dans le noir complet du confessionnal, elle avoua le trouble qu’avait provoqué le sermon pastoral. L’abbé qui, de nouveau, sentait sa molle queue se transformer en raide bâton, l’assura de sa totale innocence : l’émotion spirituelle se traduisait en un émoi corporel ; si cet émoi était trop intense, il n’y aurait que péché véniel à le calmer. Entendant ces paroles, visage sur la grille comme pour les boire – celui du prêtre était aussi presque collé à cette séparation - elle se sentait mouiller, frottant les cuisses l’une contre l’autre, ventre durci et elle sentit comme un spasme quand il lui donna l’absolution, ne lui ayant infligé qu’une pénitence bénigne.

Christine

Le vicaire, cependant, subissait les confessions torrides de ces dames. Lucienne, l’amie de la femme du notaire, lui révéla le jeu du lavement que Thérèse s’était gardée d’avouer. Mais surtout, toutes les turpitudes de la joyeuse bande libertine formée autour du notaire.  Bande dont il identifia les membres, au fur et à mesure que les pénitentes se succédaient : donc un couple de dentistes, Lucienne et son époux, un couple de pharmaciens, pourtant piliers de la paroisse, les Lenoir (l’autre pharmacien, lui, bien que libre penseur, était plus puritain que Cromwell lui-même, mais doté d’une épouse au tempérament de feu qui prêtait sa croupe et sa bouche, sa fidélité se réfugiant dans le sexe lui-même, à qui voulait les prendre et elle confessait régulièrement, ce qu’elle appelait ses incartades), un gros négociant en vins et son épouse, les Chantonnay, un assureur et sa moitié, les Tournet, auxquels s’adjoignaient des couples étrangers à la paroisse. Il n’ignora rien, non plus, des amours saphiques, qui reposaient ces dames, avec la totale approbation des époux, des turpitudes auxquelles elles étaient soumises. Le “ciné-club” était l’occasion de visionner les séquences filmées par le notaire, mais aussi des films échangés avec d’autres amateurs ; soirée qui se terminait par d’autres séances de tournage. La flagellation, à laquelle Thérèse, Lucienne et Marie-Ève, la pharmacienne – Albertine, la femme du négociant et Mauricette, celle de l’assureur étaient plus douillettes et ne se laissaient fesser qu’après de longs préliminaires – se prêtaient avec une feinte rébellion, étaient un autre thème de ces soirées dont le notaire était toujours le démiurge. Concours de déshabillage, chacune se dénudant sur une scène à tour de rôle, sous le regard des hommes qui les notaient, de fellation, de masturbation, les uns pouvant s’enchaîner aux autres, pouvaient aussi réveiller des sens assouvis. Et tout ce petit monde, à l’exception du notaire, trônait sur ses bancs chaque dimanche à la grand messe : sépulcres blanchis aurait tonné le curé, lui essayait d’excuser les brebis égarées victimes de leurs mauvais bergers de maris.

Il ressortait de ces aveux complaisants dans un état second, queue raide, esprit troublé. Mais c’est après une nouvelle confession de Christine, la nuit suivante exactement, qu’il eut comme une révélation. « Et le verbe s’est fait chair… », cette parole divine lui trottait dans la tête à chaque fois qu’il sentait sa propre chair durcir… Et l’exacte concomitance entre l’inspiration qui guidait sa parole et l’élévation irrépressible de son vit ne pouvait pas être autre chose que la volonté de Dieu. Par là, la vérité lui parut éclatante, une illumination, Il lui signifiait que ce vit durci pouvait, devait même, se libérer de sa semence sacrée de représentant du Christ sur la terre. Et seules quelques âmes choisies étaient dignes de cette eucharistie. Il fut épouvanté devant cette révélation. Mais, nuit après nuit, elle s’imposa avec force et le message divin lui enjoignit de n’en révéler le lourd secret qu’à celles qui en étaient dignes.

 

Christine

Il n’en vit qu’une. Les circonstances – et comment ne pas y voir le doigt de la Sainte Providence – se prêtèrent magnifiquement au partage de la révélation. Leur troupe avait été désignée pour organiser un grand rassemblement de louveteaux, sorte de Jamboree régional. Christine, par son sens de l’organisation et sa vive intelligence, s’imposa vite comme son bras droit. C’est elle qui avait convaincu M. Chantonnay de leur laisser à disposition un grand domaine où trônait une immense bâtisse, pompeusement appelée château, et qui ne servait, à vrai dire, aux beaux jours que pour les parties des mécréants et de leurs épouses. Un couple de gardien, logé loin du château, en assurait l’entretien. Les réunions de l’ensemble de l’équipe se prolongèrent vite par des tête à tête entre Luc et Christine (elle avait eu quelque peine à l’appeler par son prénom). C’est tout naturellement, inspiré à n’en pas douter par l’Esprit Saint qu’il lui confia sa révélation. Ses timides objections – Satan n’était-il pas habile à revêtir l’habit de lumière, Lucifer était son nom, et à cacher son discours diabolique derrière un verbe apparemment sacré – furent balayées. Il avait prononcé les prières de l’exorcisme pour s’assurer de ne pas être abusé par Belzébuth. Elle finit par admettre le message qui la plongeait dans un trouble divinement exquis. C’est d’elle même qu’elle défit les innombrables boutons de la soutane ne s’interrompant que pour laisser le prêtre la dénuder elle-même. Elle hésita un peu à déboutonner un caleçon qui ne cachait guère ce goupillon de chair insolente. Elle le laissa descendre sa sage culotte et se débarrassa d’elle-même de ses lourds croquenots. Elle le laissa guider sa main vers son propre sexe, après qu’il eut passé ses doigts sur les siens pour les bénir. Mais c’est encore d’elle-même que, se caressant, elle s’empara du vit, trouvant, d’instinct, le geste de va-et-vient qui allait provoquer la montée de la divine essence. Quand elle sentit, le membre palpiter entre ses doigts, elle pencha la tête et absorba le gland violacé qui lui envoya des jets de sperme dans la gorge, sperme qu’elle avala jusqu’à la dernière goutte, tout en étant secouée elle-même des spasmes de la jouissance qu’elle s’était donnée.

Cette sorte de mariage mystique se poursuivit de fin de semaine en fin de semaine – le grand rassemblement devait avoir lieu à Pâques et ils n’auraient pas trop des huit semaines précédentes, plus le début des vacances où tout s’accélèrerait pour être fin prêt – et ce fut elle encore qui prit de nouvelles initiatives. Quand elle tenta de l’amener à rompre l’hymen pour se répandre dans ce qu’il appelait son calice (que maintenant il buvait pendant qu’elle même avalait sa semence) il repoussa cette offre généreuse : il faudrait attendre un autre Joseph pour féconder l’élue de Dieu. Mais, arguant qu’aux purs rien n’est impur, elle réussit à le convaincre d’emprunter l’autre voie, toute proche, pour répandre au plus profond d’elle sa divine essence. Il sanctifia l’œillet plissé de son souffle, de sa salive, avant de l’oindre d’une huile sainte, afin d’éviter d’être frappé de la malédiction qui s’abattit sur Sodome. Agenouillée, agnelle de Dieu, elle s’offrit, ouvrant même ses fesses des deux mains au Saint sacrifice. Elle crut que l’anus allait se déchirer quand le prêtre introduisit peu à peu le gland dans le sphincter ; elle retint un cri de douleur, les larmes lui brûlaient les yeux, ses poumons se vidaient. Mais, soudain, elle sentit que le bourrelet du gland avait passé l’obstacle et elle se sentit envahie d’un sentiment de triomphe. Ce fut elle qui poussant ses fesses fit coulisser la tige dans son trou offert. Offerte… Offrande…. Offertoire… : ces mots dansaient dans sa tête tandis que ses fesses claquaient à chaque assaut jusqu’à ce qu’elle sente ses entrailles criblées de jets, l’abbé la cramponnant aux hanches avec un sourd gémissement. Abattue, elle l’expulsa dans un flop, mais vite se précipita sur la queue amollie pour y boire les dernières gouttes.

Le grand rassemblement fut une totale réussite. Christine eut la surprise et la joie de voir son Voltairien de père filmer les évènements où elle avait déployé tous ses talents d’organisatrice. Il invita même l’abbé – et le curé lui donna l’autorisation de répondre à l’invitation en l’incitant à déployer tous ses talents de fin casuiste – et elle assista à une joute oratoire dont son guide spirituel (et charnel) se tira avec les honneurs de la guerre, puisque son père lui-même conclut à un match nul, tout en déplorant qu’une telle intelligence fut gâchée à servir l’obscurantisme.

 

 

Christine

C’était donc hier, samedi, que, discrètement, elle avait rejoint le prêtre qui venait de quitter le salon familial après le digestif, par la sacristie et que ceint de la Sainte étole, il l’avait conduite à l’autel, s’offrant à sa bouche tandis que de la main, elle caressait son sexe sanctifié par l’eau bénite pour arriver à l’extase.

Elle avala l’hostie tout en retrouvant le goût de la semence du ministre de Dieu qui maintenant faisait communier sa mère.

 

Maurice-Charles de Thélème

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