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19 août 2018 7 19 /08 /août /2018 16:04
PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

« C’est toujours le même scénario. Il faut attendre un séisme médiatique pour que le pape François soit enfin contraint à prendre la parole – et ce ne sont que des mots, aucun acte. »

François Devaux

Le pape François a pu faire illusion, mais du coup le jésuite est démasqué. Déjà au Chili, il avait apporté son soutien à des prélats qu’il a ensuite condamnés quand preuve fut archi-faite de leur duplicité devant des actes pédophiles de leurs prêtres. Il nous rejoue le grand scénario de la honte et de la pitié après le scandale de la Pennsylvanie. Or le Vatican était au courant depuis 1963 ! et a couvert les prélats qui couvraient les prêtres pédophiles.

Les 1356 pages de l’horreur du rapport du Grand Jury de Pennsylvanie révèlent des réseaux sado-masochistes, des viols de mineurs dans des hôpitaux ou sous somnifères et cela commis pendant des dizaines d’années. Des descriptions crues et effroyables.

Par exemple, dans le diocèse d’Erie, un prêtre a avoué avoir commis, dans les années 80, des viols anaux et oraux sur au moins quinze gamins, un d’entre eux n’avait que sept ans. Quand il rencontrait ce prédateur sexuel, l’évêque du diocèse, Donald W. Trautman, le félicitait : cette personne « candide et sincère » faisait des progrès dans le contrôle de son addiction. Et quand finalement ce curé fut quand même expulsé, l’évêque refusa d’en expliquer le motif.

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

Les investigations démontrent une volonté délibérée de tolérer les actes pédophiles dans 54 des 67 comtés de Pennsylvanie avec parfois la complicité des procureurs. Cependant la plupart de ces abus sont soit prescrits soit éteints par la mort de leurs auteurs. Seuls deux cas sont instruits. Mais ces révélations vont peut-être aboutir à inculper des prélats comme le Cardinal Donald Wuerl, ex-évêque de Pittsburgh de 1988 à 2006, pour avoir occulté ces actes.

Les exemples les plus scabreux abondent. Ainsi de ce curé qui viole une petite fille quand il lui rend visite à l’hôpital après une opération des amygdales. Un prêtre obligea un enfant de neuf ans à pratiquer le sexe oral en lui disant qu’une eau bénite allait jaillir pour lui purifier la bouche. Un autre saoula un enfant pour lui faire oublier qu’il l’avait violé analement. Et même, un religieux qui avait été obligé de démissionner après trois années d’accusations bénéficiait de sa hiérarchie d’une recommandation pour obtenir un emploi dans un … Disney land !

Le procureur Shapiro a aussi raconté que l’un des prédateurs remettait des croix en or aux enfants qu’il avait abusés pour les distinguer des autres. Il conte aussi le cas d’une jeune fille qui fut violée par un prêtre et, tombée enceinte, dut avorter.

Le Grand Jury a révélé que Thomas Skotek, un prêtre du diocèse de Scranton s’attaqua à une jeune fille de 1980 à 1985 : il la viola, la mit enceinte et l’aida à se faire avorter.

Les documents des archives épiscopales indiquent qu’en 1986 l’évêque était « pleinement conscient » des actions de ce prêtre. Skotek démissionna de son poste et fut envoyé dans un centre de traitement catholique pour le clergé.

Dans une lettre de 1986, l’évêque exprime ses condoléances au prêtre : « C’est un moment difficile dans ta vie […] Je partage ta douleur (…) Avec l’aide de dieu, qui jamais ne nous abandonne et qui toujours est près de nous quand nous en avons besoin, ceci néanmoins passera » et la vie pourra reprendre son cours.

Une année après, en 1987, Skotek fut réaffecté à une autre paroisse de Pennsylvanie.

La même année, Timlin envoya un courrier au Vatican où il reconnaissait que le prêtre avait aidé à organiser un avortement – ce qui selon la loi canonique devrait amener à le relever de toute tâche sacerdotale – mais il plaida pour que le coupable soit épargné par cette loi ! Le fait que, si avortement il y avait eu, était dû au fait que Skotek avait engrossé une jeune fille n’était pas évoqué dans la lettre.

Le prêtre put continuer à exercer son sacerdoce jusqu’en 2002.

Les enquêteurs qui ont témoigné devant le grand jury ont décrit une sorte de manuel pour cacher la vérité en quelques points.

D’abord utiliser des euphémismes pour décrire les abus sexuels, par exemple, au lieu de parler de viol on dira contacts inappropriés. Si une enquête doit être lancée on la confiera à des personnes inexpérimentées, comme d'autres religieux. Et ces enquêteurs, sans souci de crédibilité, vont recueillir les seuls témoignages des prédateurs sexuels, exfiltrés dans des centres psychiatriques religieux. Si le diocèse estime que le scandale est tel qu’il faut retirer de la paroisse le prêtre agresseur, on évite d’en donner la cause : on évoquera des raisons médicales comme la fatigue nerveuse. Cependant, le plus souvent, quand les abus vont être découverts, on transfère le délinquant dans une autre paroisse où personne ne sait que c’est un pédophile. Même dans des cas gravissimes, l’église préfère  mettre le curé sur la touche, mais en lui donnant toujours de quoi vivre et surtout n’informe jamais la police ou la justice de quoi que ce soit.

Par exemple, dans le diocèse d’Erie, l’évêque a découvert en 1986 qu’un révérend avait masturbé à plusieurs reprises des adolescents, dans les dix années précédentes, sous prétexte de leur apprendre à découvrir de possibles signes précurseurs d’un cancer. Quand le père d’une des victimes s’était plaint, il lui fut conseillé la discrétion et donc d’éviter de répandre l’information car ce serait préjudiciable et inutile.

À Harrisburg, un curé a abusé de cinq sœurs et il recueillait des échantillons de leur urine et de leur sang menstruel. L’église ne prêta aucune attention aux plaintes de la famille, jusqu’à ce que, des années plus tard, le religieux fit des aveux quand la police enquêta. A Pittsburgh, le diocèse négligea les plaintes d’un jeune de 15 ans, estimant que le mineur avait cherché à séduire le prêtre. Il existait même dans cette ville, selon le rapport, un réseau de prêtres se livrant à des actes sadiques avant de violer leurs victimes.

Les enquêteurs se sont plaints de ne pas avoir reçu de documentation récente. Ils supposent que, malgré les réformes promises par la hiérarchie ecclésiastique étatsunienne après le scandale de Boston en 2002, les habitudes de dissimulation n’ont pas disparu. Et selon le Procureur général de Pennsylvanie, Josh Shapiro, beaucoup de cas sont remontés jusqu’au Vatican.

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

Le premier de ces cas fut celui de Raymond Lukac, prêtre du diocèse de Greensburg. En 1963, Lukac a cumulé au moins trois cas d’abus sexuels sur mineurs : non content d’avoir une relation avec une organiste de 18 ans, il avait eu un enfant avec une fille de 17 ans, s’était marié clandestinement et avait abusé d’une autre fille de 11 ans. Lukac, envoyé dans un centre religieux aux environs de Chicago et interdit de recevoir des confessions, sollicita William Connare, évêque de Greensburg, pour être rétabli dans ses fonctions. Connare transmis le cas au Saint Office qui donna son approbation. Donc l’évêque, avec le feu vert du Vatican, a pris le risque délibéré de remettre en activité ce prêtre prédateur.

Selon le Grand Jury, le Vatican était en contact avec les évêques de Pennsylvanie et recevait des informations sur les cas d’abus sexuels pédophiles. Mais il n’a pas trouvé trace des répercussions de ces révélations. En 1988, par exemple, une femme a envoyé une lettre au diocèse de Pittsburgh et au Vatican pour dénoncer le prédateur de son enfant, elle n’a jamais reçu de réponse.

Un Parquet complice

L’enquête a révélé que la hiérarchie ecclésiastique a aussi bénéficié de l’énorme pouvoir social de l’église. En 1962, Ernest Paone, prêtre de Pittsburgh, a été convaincu d’abus sexuels sur des enfants qu’il menaçait d’une arme. Le diocèse l’a transféré dans une autre ville. Et en 1964, le procureur du district, Robert Masters, envoya une lettre au diocèse pour l'informer qu’il cessait son enquête sur Paone, pour éviter une publicité nuisible à l’église. En 2017, devant le Grand Jury, Masters allégua qu’il avait agi ainsi par respect envers l’évêque, mais aussi pour obtenir son appui pour sa carrière politique.

Le Vatican a dit éprouver « honte et colère » après les révélations du Procureur Shapiro, comme s’il découvrait l’affaire. « Les victimes doivent savoir que le pape est de leur côté. Ceux qui ont souffert sont sa priorité et l’Eglise veut les écouter pour éradiquer cette horreur tragique qui détruit la vie des innocents ».  Sauf que jusqu’à la publication du rapport du Grand Jury, l’Église a protégé les prédateurs en se fichant bien du sort des victimes.

 

 

 

 

 

 

 

PENNSYLVANIE : le Vatican était au courant depuis 1963

 

Voir aussi

Pédophiles catholiques

 

 

 

 

Un article d'un journaliste catholique de Philadelphie :

Pédophilie. Si l’Église ne change pas, nous la déserterons

 

 

 

 

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Proposé par Géhèm :

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