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3 avril 2020 5 03 /04 /avril /2020 08:20

Le virus nous ouvre les yeux et on redécouvre l’utilité de ces métiers que l’on traitait un peu de haut : les transporteurs, les éboueurs, les caissières, les cultivateurs et le personnel de santé dans sa totalité. Ceci m’a rappelé ce poème dont on moquait naguère la morale d’école primaire et que me récitait mon père. Il mérite bien qu’on le relise aujourd’hui.

 

Yoland Simon

Un songe

Le laboureur m’a dit en songe : « Fais ton pain,

Je ne te nourris plus, gratte la terre et sème. »

Le tisserand m’a dit : « Fais ton habit toi-même. »

Et le maçon m’a dit : « Prends ta truelle en main. »

 

Et seul, abandonné de tout le genre humain

Dont je traînais partout l’implacable anathème,

Quand j’implorais du ciel une pitié suprême,

Je trouvais des lions debout sur mon chemin.

 

J’ouvris les yeux, doutant si l’aube était réelle :

De hardis compagnons sifflaient sur leur échelle,

Les métiers bourdonnaient, les champs étaient semés.

 

Je connus mon bonheur et qu’au siècle où nous sommes

Nul ne peut se vanter de se passer des hommes ;

Et depuis ce jour-là  je les ai tous aimés.

 

René-François Sully Prudhomme.

 

Poésie toujours, mais BAUDELAIRE par REGGIANI

(envoyé par G.O.)

ENIVREZ-VOUS

 

Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous ; enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

 

Baudelaire, Le Spleen de Paris, XXXIII
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9 janvier 2020 4 09 /01 /janvier /2020 21:19
Professeurs du Lycée Tarik ibn Zyad AZROU 1968-69

Professeurs du Lycée Tarik ibn Zyad AZROU 1968-69

Et vlan pour Duclos ! balançait P.T.

- Et pan pour Pompidou ! retournait Y. S.*

Pourquoi le (médiocre) joueur de pétanque qui ne connaissait de tennis que celui de table, se retrouvait-il avec d’autres spectateurs au bord d’un court de tennis d’Ifrane ? Autant qu’il m’en souvienne, en ces beaux jours de fin mai 69, des activités sportives diverses avaient opposé profs du collège et du lycée. Pour le tournoi de tennis, le vrai, sur terre battue, les compétiteurs étaient tous du lycée et la finale opposait le solide P.T., le pompidolien, au léger mais virevoltant Y.S.  partisan de Duclos, candidat PC à ces présidentielles 1969, dont la rondeur et l’accent rocailleux donnaient une (fausse) image de bonhomie. Et chacun, accompagnait chaque bon coup de raquette d’un « Pour Pompidou », « Pour Duclos ». En toute logique – sportive et électorale – Pompidou battit Duclos, P.T. l’emporta sur Y.S., Yoland Simon.

J’ai, en effet, connu avec cet estimé contributeur du deblog-notes,  l’expérience de la coopération, à Azrou, au cœur du Moyen-Atlas. Aussi, quand il m’a gratifié du service de son dernier opus – Faut-il qu’il m’en souvienne ? – me suis-je empressé de rechercher les pages sur ces années marocaines communes.

 

Il avait déjà évoqué cette expérience de la coopération, partagée avec des milliers d’autres VSNA (Volontaires du Service national actif), dans une nouvelle intitulée Maroc tristement au cœur**. Nouvelle, où le narrateur prêtait, en mettant en scène un accident tragique (et réel), à ses collègues un certain racisme. Nouvelle, dans laquelle un nommé Launay jouait un rôle assez peu reluisant. Mais c’était de la fiction et il ne faut pas confondre narrateur et auteur, personnage et personne, n’est-ce pas ?

Faut-il qu'il m'en souvienne ?

Sauf que là, le narrateur et l’auteur se confondent et il écrit clairement « Je me souviens maintenant avec quelle facilité les rapports humains se teintent facilement d’un racisme ordinaire, à peine condamnable et presque anodin, ce racisme au quotidien dont j’avais lu les fines analyses dans les librairies du Quartier latin, “La joie de lire” de François Maspero. »

Une vision symptomale, à mon sens.

Que des Français râlent – sur le garagiste ou le plombier, le flic qui vous fait lanterner pour la carte d’étranger, la première paye qui met plus de trois mois à tomber, la paperasse, etc. – rien que d’habituel. Mais prédominait surtout une grande insouciance : pas de paye, mais le Soussi, le boucher, la Grecque même nous faisaient crédit… et pétanque, apéros, fiestas diverses animaient la vie des ‘expatriés’, pour beaucoup fort aises de cette vie loin des contraintes parfois pesantes des familles. Quant aux « fatmas », elles étaient infiniment moins nombreuses à chaparder que les chasseurs et pêcheurs françaouis à braconner !

Sûr que cette sorte de paroisse laïque vivait plutôt en vase clos, avec parfois ses petites frictions. Mais notre auteur de retour en France, entre le syndicat corporatif et la cellule PC d’enseignants, n’était-il pas dans un entre-soi encore plus prégnant ?

Faut-il qu'il m'en souvienne ?

Lecture symptomale de ma part, puisque le chapitre « Coopérer » fait 10 pages sur 240 de Faut-il qu’il m’en souvienne ?.

Pré-boomers – enfants des années de guerre – et boomers de 1946 à 1955 se retrouveront dans ces souvenirs d’un fils d’instit coco de Normandie qui vont de la Résistance à la victoire de Mitterrand en 1981. Le parcours, mais faut-il s’en étonner, est un peu virevoltant. Apparemment thématique, chaque chapitre – engagements, écrire, cinéma, théâtre, etc. – précédé d’une introduction en italique. Mais, malgré des évocations croisées de souvenirs d’enfance d’un chapitre à l’autre, la chronologie reprend parfois ses droits, après les écoles il y aura le lycée puis l’université, après coopérer ce sera revenir.

Ce parcours est évidemment autobiographique, mais l’auteur reste très pudique sur sa vie intime, on se retrouve ainsi dans la cité universitaire d’Anthony avec une épouse et un fils qu’on n’avait pas vu venir. Percent quand même quelques blessures d’enfance avec une mère qui ne supporte pas la concurrence de cette terrible maîtresse qu’est la militance PC du père. Et l’on sent toute l’admiration pour ce père communiste qui « tenait à la fois du rebelle, du savant et du philanthrope. » « J’étais assez fier de partager les idées de mon père. De les avoir reçues en partage et non en héritage. (…) Je les soutenais avec le talent d’un petit Mozart de la politique, la cauteleuse subtilité d’un dialecticien en herbe et l’acharnement d’un redoutable rhéteur. »

De gauche à droite, assis : Jacques Duclos, Maurice Thorez, Marcel Cachin ; debout André Marty.

De gauche à droite, assis : Jacques Duclos, Maurice Thorez, Marcel Cachin ; debout André Marty.

Avec une tendresse légèrement teintée de malice, Y. Simon, à travers ce père, fait comprendre cette vision du monde des communistes s’appuyant sur l’infaillible marxisme-léninisme (voire stalinisme) qui apportait des outils scientifiques pour saisir les lois de l’Histoire. Il fait vivre surtout ce militantisme quasi religieux et il retrace les « âpres affrontements » de l’après-guerre, avec ses procès staliniens contre Marty ou Tillon et autres traîtres, menés par Thorez et Duclos. Petite scène de comédie aussi, quand son père, du côté de Saint-Hilaire-de-Harcouët, l’invite à balancer par le déflecteur de la 203, le surplus de tracts appelant à voter NON au référendum de septembre 1958. Ce précoce passionné de politique nous en retrace aussi quelques grands moments, avec une quatrième secouée par l’instabilité, la paix en Algérie, la surprise du balottage de l’élection présidentielle de 1965, un mai 68 où il ne se retrouve guère dans le mouvement étudiant, une inattendue réhabilitation de Giscard, la lourde déconvenue de 1978…

Mais ce qui fait à mon sens le charme de ces souvenirs c’est qu’Y. Simon sait tisser avec talent l’entrecroisement des grands évènements avec les choses de la vie quotidienne. On y retrouve donc l’engouement pour les héros du sport et particulièrement du Tour de France, les vacances d’été dans la famille avec oncles et cousins, l’école primaire puis le cours complémentaire… La première partie de bac – eh ! oui ! le bac, comme une fusée Ariane était à deux étages – estompe un peu le retour du Général et dix ans plus tard les épreuves pratiques du CPR, quand on a déjà charge de famille, priment sur la révolte estudiantine.

Faut-il qu'il m'en souvienne ?

Aucune trace de cette nostalgie un peu gluante dont nous abreuvent les adeptes du « c’était bien mieux de notre temps ». Ses contemporains, les « vieux vieillards » qui ont suivi les exploits de Koblet et Kubler ou ceux de Charly Gaul ou de Bahamontes, les cinémas REX avec ouvreuses et « Jean Mineur publicité », se retrouveront au fil de chapitres. Les lecteurs moins chenus y découvriront un auteur au ton singulier et à la plume alerte.

* La légende moyenatlasique veut aussi qu’un joyeux drille ait réussi, en pleine nuit, à persuader le toubib français du dispensaire que ce P.T. pompidolien avait, avec son épouse (ce qui valait mieux qu’avec une autre) était victime d’un pénis captivus : le cas étant tellement rare, notre toubib est monté illico délivrer le mâle captif pour tomber, devant leur entrée, sur le couple qui revenait d’un spectacle à Fès !

** Et si on arrêtait la mer ? L’Harmattan 1994

Faut-il qu'il m'en souvienne ?

Faut-il qu'il m'en souvienne ?

de

chez Ed. de l'Aiguille

Collection(s) : Fictions

18€

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8 janvier 2020 3 08 /01 /janvier /2020 16:56
Pourquoi ? Ô ! Mes amis dites-moi pourquoi…

Pas un coin de souriante campagne où les peintres du dimanche posent leur chevalet…

 

Pas une seule enclave de naïve nature où poussent en liberté des plantes réputées sauvages…

 

Pas un seul de ces hectares de bonne terre où, paisibles, paissent des moutons et des bœufs blancs…

 

Pas un mètre carré d’arides garrigues où des troupeaux de chèvres grignotent des arbustes griffus…

 

Pas un sillon de ces labours, tranché par d’antiques charrues et où s’impriment les sabots de lourds chevaux…

 

Pas un pré de moine soigneusement cadastré où l’âne de la fable céda pour son malheur à la tentation…

 

Pas  la moindre parcelle de blé émaillée de coquelicots et de marguerites que les petites filles cueillent pour la maîtresse…

 

Pas un grain de sable posé par le vent sur les dunes des déserts où vont des hommes bleus sur leur dromadaire…

 

Pas un champ de pierrailles et d’argiles recuites où des serpents et des lézards se faufilent sous d’atroces soleils…

 

Pas la plus petite étendue de savane où se pavanent des animaux de cirque, de la Prairie où couraient les bisons du cinématographe, de la steppe où des lynx au regard froid guettaient leurs malheureuses proies…

 

Pas une haie bordant de verts bocages, pas un petit chemin qui sente la noisette, pas un sentier s’enfonçant sous les frondaisons, pas une route traversant une plaine radieuse et prospère.

 

Pas un trou de verdure, pas une forêt, pas un taillis, pas un arbre, pas une plage, pas une île, pas une colline, pas un coteau, pas une montagne…

 

Oui, mes amis, nul endroit qui ne fût au cours des siècles ravagé, dévasté, défoncé, éventré, à jamais défiguré.

 

Pas une cité, pas un village, pas un hameau, pas une paillote, pas une étable qui n’aient été brutalement démolis, détruits, incendiés…

Pas un océan, un bras de mer, une rivière, un étang que n’ait teinté le sang d’hommes et de bêtes massacrés.

 

Pas le plus humble des refuges, l’asile le plus sacré, la plus modeste place d’un marché de village qui n’aient connu le bruit des bottes, le galop de montures caparaçonnées, le tintamarre des épées, le cliquetis des fusils, le crépitement des mitraillettes, le tumulte des canons, le fracas des bombes, le déferlement des panzers, le vrombissement des avions,  le feu du ciel, du phosphore et du napalm…

 

Pas un endroit, encore une fois, pas un lieu si reculé soit-il, si loin, croyait-on du théâtres dit des opérations, qui ne se soit vu un beau jour, une cruelle nuit, traversé, piétiné, envahi, anéanti par des reitres, des sbires, des mercenaires, des janissaires, des uhlans, des légionnaires, des Mamelouks, des samouraïs, des miliciens, des régiments mis au pas, des hordes farouches, des traîneurs de sabre, des soldatesques déchaînées, des barbares hirsutes surgis de tous les horizons…

 

Pourquoi ? Ô ! Mes amis, dites-moi pourquoi ?

 

Yoland Simon

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22 décembre 2019 7 22 /12 /décembre /2019 15:53
Les Français malades de la grève

Un mal qui répand la terreur,

Mal que le peuple en sa fureur

Inventa pour punir le monde des affaires

La grève (puisqu’il faut l’appeler par son nom)

Capable de ruiner en un jour la Nation

Faisait aux usagers la guerre.

Ils n’en souffraient pas tous, mais tous étaient chagrins.

Macron tint conseil et dit : mes amis

Je crois que la France a permis

Pour nos erreurs cette infortune ;

Que chacun d’entre vous s’explique

Et que le premier Ministre

D’abord, fasse son auto-critique.

Hé bien, déclara celui-ci,

Satisfaisant mon goût pour la réformation,

J’ai tondu comme des moutons

Le chômeur et le salarié.

Et même il m’est quelquefois arrivé

D’agacer le Berger.

Edouard, tu es un trop bon chef

Répondit sitôt le Medef.

Tondre le salarié, le chômeur,

Sottes espèces,

Est-ce une erreur ? Non, non

Et vous leur fîtes, mon cher Philippe,

En les tondant beaucoup d’honneur.

Quant au Berger, l’on peut dire

Qu’il est bon de le houspiller

Étant de ces gens-là qui sur le patronat

Se font un chimérique empire.

Ainsi dit le Medef, et médias d’applaudir.

On n’osa trop approfondir

Des ministres et leurs conseillers

Du moindre secrétaire d’Etat,

Les moins pardonnables décrets.

Tous ces gens de pouvoir,

Aux dires des rois de l’encensoir,

Étaient de bons petits soldats.

Une caissière vint à son tour et dit : J’ai souvenance

Qu’en un jour de bonté, qui sait ?

Et poussée par quelque pitié

Devant une telle détresse

Je détournai pour une pauvresse

Un petit pain au chocolat

Que j’offris à la malheureuse.
Je n’en avais nul droit, puisqu’il faut parler net.

À ces mots on cria haro sur la vendeuse.

Un D.R.H. plutôt sévère

Livra aussitôt la caissière

À nos forces de police.

Et fut nommé pour ce haut-fait,

Ministre de plein exercice.

Ainsi que vous soyez

Gens de rien ou bien en cour

Les accidents de vos parcours

Vous feront graine de gréviste

Ou un potentat de service.

 

LA FONTAINE

pcc Yoland Simon

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 08:26

Le chercheur obstiné que je suis a encore déniché un nouvel inédit. Cette fois, c'est Molière. Bien-sûr, il faudra que tu pardonnes à ce grand maladroit, qui fit un jour Alceste, de se moquer, Oh gentiment, d'un leader syndical qui t'es cher.

Y.S.

Molière au chevet du pays

Le Médecin : Dîtes-moi quels sont vos maux ?

Le Pays : Voilà mon cher médecin, je souffre de malaises dans les finances et de troubles de mon budget.

Le Médecin : Et que vous dit-on à ce propos ?

Le Pays : Certains me disent que ce sont des kystes de salariés, d’autres des phlegmons d’assistés.

Le Médecin : Ce sont des ignorants. C’est le cheminot qui est la cause de votre mal.

Le Pays : Le cheminot ?

Le Médecin : Le cheminot, vous dis-je. De quoi souffrez-vous précisément ?

Le Pays : D’un déficit chronique des dépenses publiques.

Le Médecin : Le cheminot !

Le Pays : De parasites qui me sucent le sang.

Le Médecin : Le cheminot !

Le Pays : D’entêtements de certains qui me montent à la tête.

Le Médecin : Le cheminot !

Le Pays : Parfois de thromboses dans la circulation de mes humeurs.

Le Médecin : Le cheminot !

Le Pays : De certains organes qui fonctionnent au ralenti et  prennent les autres en otage.

Le Médecin : Le cheminot ! Le cheminot ! Le cheminot !

Le Pays : Vraiment ! Et qu’importe-t-il de faire ?

Le Médecin : Dites-moi ce que vous conseille le docteur Martinez ?

Le Pays : De ne pas renoncer à mes droits acquis.

Le Médecin : Ignorant !

Le Pays : De me battre contre les projets du gouvernement.

Le Médecin : Ignorant !

Le Pays : De faire grève jusqu’à Noël, s’il le faut.

Le Médecin : Ignorant !

Le Pays : Et de battre le pavé dans toutes les villes et tous les villages du pays.

Le Médecin : Ignorantus ! Ignoranta ! Ignorantum ! Il faut au contraire vous purger à ma façon. D’abord, chaque matin lire une pleine page des Echos. Puis, le soir, avaler une cuillerée de la bonne potion calmante du Révèrend Père Berger. Surtout, suivre les ordonnances du docteur Macron et prendre tous les remèdes concoctés par Monsieur Philippe, son apothicaire attitré.

Le Pays : Et quand dois-je …

Le Médecin : Dès aujourd’hui

Le Pays : Et jusqu’à quand ?

Le médecin : Jusqu’à leur date de péremption.

Le Pays : C’est à dire ?

Le Médecin : Jusqu’à complète guérison, quand sera mort le dernier cheminot.

 

Yoland Simon. Cc Le Malade imaginaire.

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12 janvier 2019 6 12 /01 /janvier /2019 15:38
REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

Ces observations partent du postulat que depuis 1958 les éléments permettant un fonctionnement satisfaisant d’une démocratie active se sont peu à peu affaiblis jusqu’à créer une sorte dévitalisation de celle-ci.

PRINCIPES GENERAUX SUR LE FONCTIONNEMENT D’UNE BONNE DEMOCRATIE

 

Des partis politiques actifs dont la réflexion nourrie par des adhérents relativement nombreux conduit à l’élaboration de programmes appréhendables par les électeurs.

Des partis proposant des coalitions s’entendant sur un minimum consensuel connu des électeurs

Un corps électoral qui, dûment informé, s’implique massivement dans ces choix par ses votes.

Un parlement composé de députés à la fois représentatifs du nombre de voix reçus par ses partis, de la diversité territoriale du pays et de la composition en âge et en origine sociale de la population.

Un parlement dont les prérogatives soient clairement établies en regard des autres pouvoirs (exécutif et judiciaire).

Un pouvoir exécutif (le gouvernement) dont les rapports soient clairement définis avec, d’une part le Président de la République et, d’autre part, avec le Parlement.

SUR CES SIX POINTS LES OBSERVATION SUIVANTES

 

SUR LES PARTIS POLITIQUES

 

Progressivement les partis politiques français se sont vidés de leur substance. Les raisons tiennent à des éléments qui seront traités plus loin (Présidentialisme, prééminence de l’Exécutif, non respect dans ses fondements d’un régime qui demeure en principe parlementaire). Evidemment on peut voir ces évolutions comme des processus historiques qui se sont développés sur le long terme. Je pointerai d’abord l’obsession et une certaine perversion du fait majoritaire. La marque du gaullisme, sa méfiance congénitale à l’encontre du fameux régime des partis ont conduit à instaurer dans la pratique politique la notion de Majorité présidentielle (Celle-ci explicitement revendiquée dans le sigle UMP par exemple). Le fondement constitutionnel de cette notion est plus que discutable et notamment contradictoire avec le fait que la constitution demeure de type parlementaire. (Je n’entends pas ici ouvrir le débat constitutionnel, mais montrer que la façon biaisée dont on envisage ainsi le rôle des partis n’est pas pour rien dans leur progressif affaiblissement).

REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

DE LA CONSTITUTION DE COALITIONS

 

La constitution des coalitions s’est trouvée largement obérée par les dysfonctionnements de l’opposition traditionnels entre la droite et la gauche. D’abord, par la manière dont s’est opéré le rassemblement de la gauche. D’une part le parti socialiste qui se voulait l’axe fédérateur de cette union en est devenu l’élément totalement  dominant traitant son partenaire principal, le parti communiste au départ, comme un pourvoyeur de voix (nécessaire eu égard au mode de scrutin) dont il est chichement récompensé à partir de 1981 par de maigres responsabilités ministérielles. Je n’entends pas ici rendre principalement responsable l’un ou l’autre de ces deux partis. A la tentation du P.S. de marginaliser ses partenaires, aidé en cela par le mode de scrutin instaurant la fameuse notion de vote utile dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts, donc à cette tentation du P.S. on peut apporter l’excuse des lignes pour le moins contradictoires adoptées par le parti communiste, avec ses replis sectaires et son obstination à lier la promotion d’une politique de classe à son appui, même modestement critique, aux pays du bloc de l’Est. Quoi qu’il en soit, les évolutions s’accélérant, on a vu devenir très discutable la notion de coalition permettant encore le succès de Lionel Jospin, mais qui est surtout devenue totalement illusoire avec l’élection de François Hollande dont la majorité présidentielle ne tiendra qu’à la prééminence du PS (si l’on exclut le modeste concours de Radicaux de gauche ou d’écologistes qui ne tarderont pas à s’éloigner.) On voit donc à gauche la distorsion se créer entre la réalité de la force électorale du Président Hollande (28,60% au premier tour) et l’ampleur de sa majorité parlementaire (environ 300 députés). Ceci rend insignifiant le fait de savoir si la gauche du PS (les électeurs de Jean-Luc Mélenchon) avec une autre stratégie auraient pu contrebalancer la dominante, dite alors social démocrate, de François Hollande. Le problème est en effet secondaire et c’est la logique de la fameuse Majorité présidentielle qui est la cause principale de cette situation (J’entends par là, la fameuse obligation de ratifier le choix présidentiel par l’envoi d’une majorité de députés de son camp.)

Ce qui est impressionnant c’est de voir combien les choix politiques doivent s’opérer dans un système contraint qui met en cause jusqu’à la liberté fondamentale de tout choix électoral. On voit d’ailleurs comment ces contraintes faussement partidaires ont fini par agir de façon délétère au sein même de la majorité parlementaire de François Hollande. 

REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

Les causes du dysfonctionnement de nécessaires coalitions ont été d’abord moins évidentes à droite. En effet les forces qui la composent comme l’UDF d’une part et les variantes du parti gaulliste (UNR, UDR, RPR) apparaissent comme bien formelles et les rivalités personnelles y jouent souvent un grand rôle. Tout change avec l’apparition du Front National de plus en plus important (même avec certaines variations comme son affaiblissement à la Présidentielle de 2007) On assiste ainsi à un certain parallélisme entre la gauche et la droite et sensiblement le même écart entre la Majorité présidentielle et la Majorité parlementaire. Le dernier avatar électoral caractérisé par l’apparition d’un mouvement qui se veut « et de droite et de gauche » ne va guère modifier  la distorsion subie par la notion de coalition (écart entre les 24,O1% de Macron et les 300 députés de la République en Marche.) Il est à ce point de vue curieux de constater que la notion de « Et de droite et de gauche » semblait impliquer cette notion de coalition. Il n’en fut rien car le Président, dans l’esprit du présidentialisme dominant préféra à une majorité parlementaire vraiment « Et de Droite et de gauche » assurer une large majorité au parti créé pour sa campagne électorale. On aurait pu imaginer qu’il ait laissé courir sous leurs propres couleurs des éléments issus du Centre gauche (anciens PS et anciens écolos et macroniens de ce bord) ceux plus proches du Centre droit (anciens UMP, centristes de tous poils) enfin, comme seuls ils l’ont fait, des éléments du Modem. Il eût été ainsi nécessaire que des choix s’opèrent entre les différents partenaires, mais le Président a préféré tout faire dépendre de ses choix personnels en dépit des aspirations variées de son électorat. Et l’on voit sans doute ici une des origines des difficultés actuelles.

REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

DE LA PARTICIPATION DES ELECTEURS

 

En principe, les éléments dont nous avons parlé ne sont pas censés expliquer de façon suffisante la diminution de l’esprit civique et l’augmentation des abstentionnistes. Certes il y a l’affaiblissement des partis politiques évoqués dans le point 1. Ceux-ci cependant continuent à nourrir des traditions, des positionnements voire des réflexes politiques, mais cette forme de rémanence ne va pas jouer sur une catégorie d’électeurs vivant sur des territoires qui n’ont pas connu leur action (notamment par des institutions de proximité, petites mairies, cantons ruraux, parties des centres villes). On aura reconnu l’impressionnante abstention dans ces fameux quartiers qui défraient souvent la chronique.

Il convient d’ajouter dans ces lieux la disparition de forces culturatrices  (le PCF et dans une moindre mesure la S.F.IO.) qui instauraient ce qu’on a pu appeler la culture des camarades avec ses valeurs, ses comportements, ses habitus dirait Bourdieu. On voit donc que ces populations, de surcroît souvent issues de l’immigration, ne s’inscrivent dans aucune tradition et ne trouvent aucun repère dans un paysage politique qui leur est parfaitement étranger. De plus, les motivations économiques, qui sous-tendent largement des choix électoraux, sont affectées par les effets d’une économie parallèle dont l’Etat n’a su vraiment ni réglementer ni organiser ni, a fortiori, abolir la pratique. Et à cet égard l’Institution n’est apparente pour ce jeune de banlieue que par son appareil répressif dont la présence ou les méthodes ne sont pas, de façon visible, liées à telles ou telles forces présentes au gouvernement. Ces phénomènes vont créer dans l’expression du corps électoral et sa participation aux scrutins de nouvelles distorsions. Entre les lieux d’habitation et les catégories d’âge liées aux structures démographiques des territoires  (à titre d’indication 74% des 18-24 ne voteront pas au second tour des législatif de 2017 et on voit ce que ce désengagement peut signifier comme symptôme d’un malaise démocratique).

REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

DES INEGALITES LIEES AU MODE DE SCRUTIN

 

Il est banal de constater les inégalités de traitement des diverses forces se confrontant lors des élections législatives du fait de notre mode de scrutin. Cette inégalité n’a cessé de s’accroitre au fil des diverses consultations. Elle atteint aujourd’hui une telle ampleur que l’on pourrait, en caricaturant à peine, évoquer les bourgs pourris dans l’Angleterre de la fin du XVIIIème. On me dira que finalement l’électeur choisit. Mais on reconnaîtra que c’est un curieux choix qui consiste à se résigner à être mal représenté, voire pas du tout représenté, comme ce fut le cas pour les électeurs du Front National lors des élections législatives de 2012. On m’objectera aussi que «  la formule au premier tour, on choisit au deuxième on élimine » laisse entendre qu’après avoir émis une préférence parmi les candidats de son propre camp, l’électeur se rallie à celui que le suffrage a désigné pour être celui qui affrontera le candidat du camp adverse. Ce système a très vite montré ses limites. Celle du fameux vote utile dont je parlais. Les traditions électorales de la circonscriptions, voire les sondages préfigurant le second tour conduisent l’électeur à moins affirmer ses convictions qu’à se conduire en stratège. A choisir celui qui aurait les meilleures chances de gagner. Et, au fil des ans, on a vu que cela conduisit à la prééminence de plus en plus en plus affirmée du Centre gauche d’une part, au détriment des partis se trouvant à la gauche du P.S dont le P.C.F. ou plus tard les écologistes.  Tout cela s’est accentué avec la décision prise par Jospin et Chirac d’inverser le calendrier électoral prévu et de commencer par l’élection présidentielle. Ainsi vont se cumuler les effets du scrutin uninominal à deux tours et celui de devoir apporter une majorité au Président. Cependant la fameuse bi-polarisation entre la droite et la gauche limitait en partie ces effets. La gauche et la droite dites de gouvernement conservant des places fortes et de ce fait une représentation honorable, même en cas de défaite aux Présidentielles. Ces deux forces s’accommodaient d’autant plus du système qu’il leur assurait un quasi monopole dans leur camp en éliminant ce qu’il fut convenu d’appeler les extrêmes. Mais depuis le paysage politique s’est singulièrement modifié. La République en marche a largement cannibalisé le Centre gauche et dans une moindre mesure le Centre droit. De ce fait, le sentiment que les législatives ne sont qu’une façon d’avaliser les Présidentielles et que, pour parler simplement, les jeux sont faits conduit à une abstention considérable et à des députés élus avec une part très faible des inscrits. On peut constater les problèmes créés par ces faits dans la crise actuelle des gilets jaunes. Chaque fois qu’un député de la majorité excipe de son statut d’élu pour donner du poids à ses décisions ou ses positions, il est entouré d’un certain scepticisme, comme si le verdict des urnes était peu convaincant.

L’autre aspect de notre mode de scrutin est qu’il aggrave le caractère très peu représentatif du corps social. On a souvent dit qu’il favorise les notables. Le scrutin de liste permettait de corriger les choses en plaçant à des situations éligibles des catégories variées. Ce que l’on voit, par exemple, dans les élections municipales. Le scrutin actuel pour les législatives aboutit au contraire  à une Assemblée contenant très peu d’employés et aucun ouvrier. A cet égard, il fut souvent reproché au scrutin de liste (plus ou moins proportionnel) de laisser trop de place aux manipulations des appareils des partis. Mais aujourd’hui, on voit  que le rôle joué par ces partis, devenus de vagues écuries présidentielles, est à revoir complétement. (cf plus haut) Il est également assez curieux de constater que La République en Marche qui n’avait guère en son sein (sauf les transfuges d’autres partis) de personnes ayant des positions acquises n’en a pas moins choisi dans son immense majorité des membres issus des classes sociales supérieures. Le poids ici du scrutin uninominal a sans doute joué, mais il faut ajouter à ceci une certaine conception techniciste de l’élu, choisi pour des compétences dans des domaines particuliers et non pour ses valeurs ou ses idéaux, comme citoyen. Enfin la cinquième République a manifesté dès ses débuts une fixation sur la nécessité absolue du fait majoritaire. Cette obsession s’est maintenue avec l’alternance, à l’exception des élections de 1986 où la chambre fut élue à la proportionnelle.

DE L’AFFAIBLISSEMENT DU RÔLE DU PARLEMENT

 

La présidentialisation constante de notre système politique a conduit (hors les périodes dites de cohabitation) à un abaissement tout aussi constant des prérogatives du Parlement. Cependant, cette évolution a précédé l’avènement de la cinquième République. En effet, la tendance à substituer aux lois d’origine parlementaire des décrets lois d’origine gouvernementale n’a cessé de s’amplifier. Contrairement à une idée largement admise, l’instabilité ministérielle de la Quatrième République était moins le fait de la toute puissance du Parlement que de sa faiblesse (Ici, il faudrait revenir sur les manœuvres électorales de la coalition dite de troisième force comme par exemple la fameuse loi des apparentements). Aujourd’hui, c’est une banalité de dire que le parlement est devenue une chambre d’enregistrement où le groupe majoritaire est censé, selon la formule célèbre, se soumettre ou se démettre. On a pu voir comment cette absence de circulation démocratique dans le groupe majoritaire a conduit sous Hollande à la fronde de certains élus sans que des mécanismes de conciliation soient possibles. (Non par entêtement des uns et des autres mais parce que les choix politiques ne relevaient plus, autour du Président, que du gouvernement, le tout créant le blocage que l’on a vu.) Aujourd’hui cette prééminence, y compris pour la production des lois est plus évidente que jamais, les députés du Groupe majoritaire n’étant soudés par aucun consensus politique ou idéologique, mais par la fidélité à un Président dont les décisions programmatiques demeurent, même si l’expression est un peu sévère, le fait du Prince. (De façon anecdotique, on a pu voir comment la commission parlementaire sur l’affaire Benalla a pu être soigneusement verrouillée).

REVITALISER LA DEMOCRATIE FRANCAISE

DES RAPPORTS ENTRE L’EXECUTIF ET LE LEGISLATIF

 

Les rapports entre l’Exécutif et le Législatif, comme ceux entre les diverses instances de l’Exécutif manquent totalement de clarté. Un certain équilibre aurait voulu que, d’une part le gouvernement soit responsable devant le Parlement par le mécanisme de la motion de censure, que, d’autre part, le Président dispose de l’arme de la dissolution. Or, on a vu que la possibilité d’agir par le Parlement,  soit par entente entre les groupes, soit par une décision du groupe majoritaire, est quasiment nulle. (il faudrait ici revenir sur l’utilisation de l’article V comme arme de dissuasion massive*) On voit également d’autres incohérences. Si le Premier Ministre est responsable devant les chambres, pourquoi cette étrange pratique de la lettre de démission remise au Président dès qu’il est désigné et dont le Président peut user comme il le souhaite ? (Voir Mitterrand/Rocard) Ces démissions ne sont pas liées à un désaccord politique entre le Premier Ministre et la Majorité qui le soutient et dont il est soi-disant le Chef. (Aujourd’hui de façon étrange le Premier Ministre n’appartient même pas à cette majorité.) Il peut apparaître normal que des désaccords politiques existent entre le Président et son Premier Ministre. Il apparaîtrait alors normal que ceux-ci soient exposés sinon à l’ensemble de l’Assemblée, au moins au groupe majoritaire. Cette clarté des débats fut pourtant absente de tous les précédents connus. Les séparations relevaient davantage d’incompatibilité d’humeur, comme on voit dans les couples, mais où le Premier Ministre n’avait aucune carte en main.

 

PROP0SITIONS

 

  1. A REHABILITATION AU MOINS MORALE DES PARTIS POLTIQUES, PERMISE AUSSI PAR LES MESURES QUI SUIVENT
  2. B. INSTITUTION DU VOTE OBLIGATOIRE ET DE CE FAIT RECONNAISSANCE DU VOTE BLANC (notons que la seule reconnaissance du vote blanc sans l’institution du vote obligatoire est d’un intérêt quasi nul)
  3. C. RETOUR AU SCRUTIN PROPORTIONNEL (Même mixte comme dans le système allemand permettant après un vote par circonscription une correction entre les partis) Dans ce système, il importe que des partis déclarent appartenir à une coalition clairement présentée aux électeurs. D. Dans ce cadre UNE PRIME A LA COALITION ARRIVEE EN TETE PERMETTRAIT DE DEGAGER UNE MAJORITE.
  4. D. INSCRIPTION DANS LA CONSTITUTION D’UN CALENDRIER IMPLIQUANT QUE TOUTE ELECTION PRESIDENTIELLE DOIVE SUIVRE ET NON PRECEDER L’ELECTION LEGISLATIVE.
  5. E. INSTAURATION ENTRE LE PREMIER MINISTRE (toujours nommé par le Président) ET SA MAJORITE PARLEMENTAIRE D’UN CONTRAT DE LEGISLATURE. Celui-ci ne pouvant être rompu que de façon clairement explicitée  aux électeurs. Crise pouvant être dénouée par les instruments traditionnels. Dissolution de l’Assemblée, Motion de Censure, mais aussi par une libre discussion dans une instance à créer entre les trois protagonistes (Président, Groupe majoritaire, Premier Ministre)
  6. F. PRATIQUES PLUS NORMALES DE L’ASSEMBLEE AVEC DES LOIS MAJORITAIREMENT PROPOSEES PAR L’ASSEMBLEE (Y compris celles émanant de tel ou tel groupe de l’opposition).

Yoland SIMON

* Ne s’agit-il pas plutôt du fameux article 49 ? (Note du déblogueur)

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9 décembre 2017 6 09 /12 /décembre /2017 14:38
Johnny et moi

C’était en 2000. Laetitia Masson tournait des scènes de Love me au casino d’Etretat. J’avais été choisi comme figurant pour une figure d’habitué du lieu. J’avais pour ce rôle – Oh combien délicat – revêtu un magnifique costume que mon gendre venait juste de m’offrir car il ne le mettait plus. Je devais traverser la salle du casino d’un pas ferme et déterminé si différent de la démarche chélonienne* qui est d’ordinaire la mienne. En attendant ce temps fort, Laetitia tournait quelques prises avec Johnny qui avait aussi un rôle dans le film. Il revenait de sa prestation pour s’asseoir dans le hall d’entrée, non loin du siège que la production – ou le hasard – avait placé pour moi à cet endroit. Cependant, les figurants avaient été auparavant  dûment admonestés. Ils étaient là pour les besoins du film et non pour importuner les vedettes. Donc, je respectai les consignes et, tout en regardant l’idole du coin de l’œil, j’évitai de lui adresser la parole. Il n’était toutefois pas interdit à Johnny de me parler. Il n’en fit rien et encore aujourd’hui j’admire cette délicatesse qui le conduisit à ne pas troubler mon recueillement ni à nuire à ma concentration. Hélas de tout ceci il ne reste rien, car ma majestueuse déambulation à travers le casino d’Etretat fut coupée au montage par cette maudite Laetitia Masson. Une même avanie se produisit quelques années plus tard avec Gérard Miller qui m’avait fait venir de Saint-Tropez à Paris pour un film sur Laurent Ruquier et qui finalement me supprima comme ce pauvre Léon sur les photos retouchées par son ami Joseph**. Mais la postérité un jour me vengera.

 

Yoland Simon

* Mot tiré du grec ancien χελώνη, khelônê (« tortue »).

 

** Il est à craindre qu'ici l'ami Yoland se compare à Lev Davidovitch Bronstein (en russe : Лев Давидович Бронштейн) plus connu sous le nom de Léon Trotsky et gommé des photos post 1917 par un certain Joseph Staline.

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27 janvier 2017 5 27 /01 /janvier /2017 16:51
PENELOPE de Georges BRASSENS version inédite

Une version inédite de la PENELOPE de Georges Brassens, découverte par chance et par Yoland Simon !

 

NB En complément, une reprise, revue et corrigée par Louis Mexandeau, ancien Ministre des Postes, d'un grand classique de la chanson paillarde.

PENELOPE

 

Toi, l’épouse modèle,

La Fillon du foyer

Toi qui n’as pas d’bureau

Au cœur de l’Assemblée

Toi la discrète Pénélope

En égrenant doucement

Les grains de ton chap’let

Ne berces-tu jamais

Entre quelques AVE

De jolies pensées philanthropes
De jolies pensées philanthropes…

Dans ton humble château

Au milieu de tes gueux

En attendant l’retour

De ton Dieu sourcilleux

Et en préparant les desserts

N’as-tu jamais rêvé

D’enfants d’un autre lit

Et d’un’ Chambre nouvelle

Gracieusement remplie

Par de jeunes parlementaires

Par de jeunes parlementaires…

N’as-tu sur tes chevaux

Soutenu ton idole

Dans une belle campagne

Qui pourfendit Le Fol

Et qui conforta les sondages.

Qui mit le bon bulletin

Dans les urnes sacrées

Comme le picotin

Au long des râteliers

Et combla François de suffrages

Et combla François de suffrages…

N’as-tu jamais souhaité

De mettre un peu la main

Aux slogans, aux discours

Qui tracent le chemin

Et ravissent les militants

Aux avis de soutiens

Dont tu tiendrais la liste

Pour tous les « Attachés »

Aux pas des journalistes

Qui font la pluie et le beau temps

Qui font la pluie et le beau temps…

N’aie craint’ que TF1

Ne t’en tienne rigueur

Il n’y’a pas là de quoi

Emouvoir le Vingt-heures

Ni les amis de Bolloré

Car si ton cher mari

Pour être Président

Sans trop y regarder

Te versa tant d’argent

C’est affaire de député

C’est affaire de député…

Georges BRASSENS.

Pcc Yoland Simon

 

 

 

 

A (re)lire :

Pour PENELOPE ça se GATE !

 

Dans la même veine, ce bel hommage matutinal de François Morel, ce 27 janvier 2017 : GLOIRE A PENELOPE !

Il semble, malheureusement, que Georges Brassens n'a pas laissé d'enregistrement de cette version.

Pour vous aider à vous remettre en oreille cette chanson, voici sa première version :

En prime : Je sais une église, dédiée à Fillon !, par Claude Lelièvre

Nettement plus crue est la version de Louis Mexandeau* qui est inspirée d'un grand classique des chansons paillardes qui conte  les exploits d'une fille-mère, comme on disait en ces temps reculés, nommée SUZON** !

 

* J'ai eu, dans des temps post congrès de Metz 1979, le plaisir de participer à une commission nationale éducation du PS, co-animée par Louis Mexandeau et Jean-Louis Piednoir.

* Le texte et le chant original se trouve sur l'excellent site de Jacques Déjélhier

Canard Enchaîné 27/02/2017

Canard Enchaîné 27/02/2017

Visiblement l'auteur de la brève possède mal ses classiques, car il coupe en deux chaque vers, restituons donc la version de Mex, telle qu'il a dû l'interpréter :

 

Ah Penelope !

 

Il était un élu qui s’appelait Fillon

Et qui gavait sa femme à grands coups de biftons

 

Refrain :

Ah ! Penelope, va laver ton cul malpropre,

Car il n'est pas propre, tirelire, (bis)

Car il n'est pas propre, tirela (bis)

 

Et qui gavait sa femme à grands coups de biftons

Un juge lui demande : où qu’ t’as planqué l’pognon ?

 

Refrain

 

Un juge lui demande : où qu’ t’as planqué l’pognon ?

Sur mes comptes à Sablé, là où j’cache tout mon blé

 

Refrain

 

Sur mes comptes à Sablé, là où j’cache tout mon blé

Pour empêcher « L’Canard » d’y venir picorer !

 

Refrain et fin

 

PS Message personnel à JLP : si tu as les coordonnées de Louis M. transmets lui mes amitiés.

BALLADE DE FILLON ET DU GROS MAGOT

 

Un résumé chanté de la saga Fillon

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16 septembre 2016 5 16 /09 /septembre /2016 14:10

Supplique à Nicolas Sarkozy

Et à Zemmour, Finkie et consorts.

Supplique

Si vous aimez vraiment la France

Cessez à toutes occasions

De servir l’écœurante mélasse

De vos patriotiques protestations

Si vous aimez vraiment la France

Cessez de cuire et de recuire

D’insanes brouets maurassiens

Dans vos marmites électorales

Si vous aimez vraiment la France

Cessez de le beugler dans les micros

Et d’en pisser la copie

Dans toutes les librairies

Si vous aimez vraiment la France

Cessez d’en touiller l’Histoire

Pour en faire des contes bleus

Au service de votre gloire

Si vous aimez vraiment la France

Cessez d’en faire une chapelle

Où vos cohortes de fidèles

Saluent vos résurrections.

Si vous aimez vraiment la France

Oubliez là quelquefois

Car nous aussi on l’aime bien

Sans en faire tant de tintouin.

Yoland

 

Contribution de Yoland Simon

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19 août 2016 5 19 /08 /août /2016 16:44
A Propos du Burkini

Contribution de Yoland SIMON

Retour de ces débats dont nous semblons friands. Après le voile, le burkini, qu’ici et là on se propose d’interdire. Il faudrait peut-être, avant de se prononcer sur le sujet, revenir sur ce mot valise. On peut penser qu’appeler autrement ce costume de bain eût évité bien des polémiques. En effet, la référence à la burka, cette tenue honnie, et rendue célèbre par des Talibans dont on connaît la cruauté fanatique, agit comme un repoussoir. L’associer au bikini, si décrié naguère par les tenants de l’ordre moral, relève d’une sorte d’oxymore, de provocation sémantique si l’on veut. Mais, dans ce cas, on peut se demander lequel des termes est mis à mal par cette étrange association. Car l’un de ces deux paradigmes doit être pris comme une antiphrase ironique. Soit la référence au bikini, rendue si caricaturale pour un maillot de bain qui s’attache à couvrir le corps et qui est aux antipodes de la liberté des corps et de leur solaire exposition. Soit le rappel de la burka qui ne saurait être associée à l’idée de plaisirs balnéaires dont les intégristes musulmans ne se montrent pas de farouches zélateurs. On comprend dès lors que ce mot valise nourrit à lui seul les oppositions et que chacun trouvera des justifications à de péremptoires prises de position. On me dira que j’escamote ainsi de légitimes débats sur les droits de la femme, la laïcité, la République… Sans doute mais on le sait, depuis Roland Barthes, dans le discours politique, le mot choisi ne rend pas seulement compte d’une réalité mais contient un procès déjà instruit par ce choix. Et, en l’occurrence, c’est bien le mot qui alimenta cette polémique, plus que la chose dont, on me pardonnera cette facilité, on ne savait pas grand chose.

A Propos du Burkini

Ou tout se complique, c’est lorsque le mot accède à un statut de mythe. Et c’est le cas du bikini et de la burka. Commençons par le premier. Il est commode d’y voir le symbole d’une libération des mœurs érigée en modèle de société. Le corps de la femme ainsi dévoilé devient le mythe de l’érotisme bon enfant d’une époque qui aspire à des plaisirs accessibles à tous et qui transgresse facilement des tabous surtout quand les enjeux commerciaux s’en mêlent. En revanche, inutile pour la Burka de chercher à la situer dans le temps et dans l’espace. Comme souvent l’image mythique, sa représentation est anhistorique (1) et exprime seulement une forme, extrême certes, d’Islamité. Elle l’arbore de façon efficace dans la contradiction entre une invisibilité ostentatoire du corps de la femme et au contraire la parfaite lisibilité de la tenue. On peut en effet trouver quelque ressemblance entre la burka et le costume de théâtre matérialisant une idée ou un emploi, celui par exemple de la tragédie chez les Grecs ou des divers personnages du théâtre No des Orientaux. Et à cet égard l’idée émanant du port obligatoire de la burka et l’habitus misogyne qu’il manifeste avec force sont d’une parfaite clarté. C’est justement cette clarté qui n’est pas évidente dans le burkini et qui, de ce fait, alimente toutes les craintes, sinon tous les fantasmes. Ceux d’une pénétration sournoise des valeurs d’un certain Islam dans nos modes d’existences. En adoptant une certaine sophistication des formes et des couleurs, en l’adaptant un peu aux contraintes de la baignade, le burkini si l’on veut, cache son jeu et, en cela, apparaît à ses contempteurs beaucoup plus dangereux que des tenues traditionnelles. Et son ambiguïté proclamée et revendiquée nourrit comme un syndrome de cinquième colonne. (2) Ce burkini serait une sorte de cheval de Troie d’un islamisme soucieux de s’imposer sur de nouveaux territoires et qui, loin de s’occidentaliser en fréquentant les plages, serait au contraire la première étape de leur islamisation. Un peu comme cela se passerait sur le plan démographique dans le redouté Grand remplacement. Evidemment, rien ne vient étayer cet éventuel projet. Il est tout aussi vraisemblable, sinon plus, que d’habiles commerçants aient flairé, comme naguère pour le bikini, un marché lucratif. Mais on entre là dans un univers rationnel qui n’est pas celui des problèmes sociétaux.

 

 

1) Certes l’appellation de bikini fut elle-même une provocation. Et son rapport avec les essais nucléaires sur l’Atoll du même nom pourrait scandaliser. D’ailleurs, Louis Réard, son inventeur, n’hésita pas à parler pour les femmes qui adopteraient ce nouveau maillot  de bombe anatomique. Cependant cet aspect a disparu de la mémoire collective comme la psychose de la guerre atomique dont il semblait se jouer.

 

2) Selon Nadine Morano, de dangereux terroristes ne se cacheraient-ils pas dans les plis des tenues islamiques comme, en 40, les espions allemands sous les robes des bonnes sœurs.

 

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