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10 novembre 2017 5 10 /11 /novembre /2017 17:58
La chasse à courre

En complément un courrier de Jean Baubérot.

Sus au Plenel ! Haro sur Boniface ! Les accusations de turpitudes à l’encontre du frère Tarik ont été le prétexte pour lancer la grande chasse à courre contre les idiots utiles, les compagnons de route, les islamo-gauchistes. Bizarre alliance où l’on trouve le Figaro, Marianne et Charlie réunis. Taïaut ! Taïaut !

Précaution oratoire (indispensable, mais qui je le sais, ne suffira pas à échapper à l’appellation d’idiot utile) M. Ramadan ne m’inspire aucune sympathie particulière. Mais quand il dit, par exemple – je cite de mémoire – « Le Coran exige que la femme soit voilée, mais chacune est libre de le faire »,  si d’autres experts ès Coran mettent en doute cette obligation, laïquement je m’en tamponne. Que telle religion interdise le cochon, ou édicte toute autre prescription, c’est son problème. A condition bien sûr que ça ne soit pas contraire à la loi et que les ouailles ne soient soumises à aucune obligation autre que morale. A condition surtout que ces religions n’essaient pas d’imposer leurs interdits ou prescriptions à l’ensemble de la société. Vous réprouvez le mariage entre deux personnes du même sexe, ne bénissez pas ces unions si ça vous chante ; mais n’empêchez pas la société d’ouvrir cette possibilité à celles et ceux qui la réclament. Et l’on voit qu’il y a encore des combats laïques à mener par exemple sur le droit à mourir dans la dignité !

Pour en revenir au Frère Tarik, comme dit  Mme Fourest, quand il sort des sottises sur l’excision ou  demande un moratoire (!) sur la lapidation, ses propos sont évidemment exécrables et condamnables.

La chasse à courre

Une affaire prétexte

Mais tout cela ne date pas d’hier. Non, voilà qu’après l’affaire Weinstein, éclate une affaire du même type, visant Ramadan. Une puis deux accusations de viols très violents, puis des accusations de détournements de mineures. Comme d’habitude, les cagots remettent sur le tapis DSK et Polanski. Comme d’habitude aussi, certain-e-s, Madame Fourest en tête, disant qu’ils-elles le savaient. Mais ne pouvaient rien dire. Et du coup emballement, Le Figaro en tête, Marianne ensuite, et Charlie enfin – L’OBS va ensuite se glisser dans l’équipage avec en particulier un article assez crapoteux sur Boniface - se servent de cette affaire (qui reste encore à juger) comme prétexte pour abattre les affreux multiculturalistes, qui portent atteinte à notre République universaliste.

Et Manuel Valls, le pourfendeur de l’observatoire de la laïcité, prend la tête de ce qu’il espère être la curée.

La chasse à courre

"Tariq Ramadan ne sera jugé ni pour ses idées, ni pour adultère (encore heureux !), mais pour viol, violences sexuelles et menaces. C’est pour cette (…) raison que j’ai trouvé la Une consacrée à Edwy Plenel problématique. Le souci, à mes yeux, réside moins dans le dessin que dans sa légende : « Affaire Raman, Mediapart révèle : ‘‘On ne savait pas’’ ». Les mots ont un sens, et, dès lors qu’on se rappelle que l’ « affaire Ramadan » est une affaire de viol, on admettra que le sous-entendu, fût-il involontaire, est indéfendable : il ne fait pour moi aucun doute qu’Edwy Plenel (et Mediapart avec lui) n’avait aucunement connaissance des faits précis dont on accuse Tariq Ramadan. Reprocher à Edwy Plenel son attitude vis-à-vis de Tariq Ramadan est une chose, le faire en lien avec une affaire de viol en est une autre […]"

MARYLIN MAESO  Je ne suis pas Charlie, donc, je suis avec Charlie

Ainsi, à Hervé Hamon qui commentait la Une de Charlie sur Plenel par : « Je ne suis pas du tout Charlie cette semaine. Indigne et indigent, (…) J'ajouterai que ça sent la chasse aux sorcières, style Hoover dans les années 50. Beurk! », un commentateur dénonce « La curieuse connivence intellectuelle (attestée par de nombreux articles ou documents de toutes sortes) entre Tariq Ramadan et ce qu’il représente, avec une certaine gauche dont E. Plenel, P. Boniface, E. Morin, le journal Le Monde (qui n'oublie jamais de citer T. Ramadan avec toutes appellation de pacotille), J. Baubérot*, V. Geissler, R. Liogier...et tant d'autres est sidérante, leur capacité à biaiser systématiquement le débat sur la réalité islamique ne l’est pas moins. » Et quand je lui demandais ce que Baubérot venait faire là, il ajoutait : « On parle de connivence intellectuelle objective entre T. Ramadan et une certaine gauche qui ne veut pas voir ces perturbations sociétales, ou si elle les capte les tient sous silence ou les minimise alors qu’en l’occurrence il s’agit de coups de boutoir répétés à l’encontre d’éléments socles, fondateurs du pacte républicain. J.Baubérot est de ceux-là. »  On notera cette « connivence objective » qui rappelle de vieux souvenirs, mais toute cette soupe a un goût de brouet réchauffé de la guerre froide.

Ici il s’agit de haines recuites. Et le reproche fait à Plenel de ne pas avoir dénoncé un scandale – pour le moment d’ailleurs non jugé – est des plus cocasses, s’il n’était pas quand même sordide, quand ceux qui l’accusent, Le Figaro, Marianne, Charlie, l’ont eux-mêmes ignoré (ou, comme Mme Fourest, n’ont rien pu en dire). Ils n’ont sans doute pas manifesté avec toute la véhémence attendue par la meute leur indignation devant les accusations dont le p(r)êcheur faisait l’objet. Et le prétexte était donc tout trouvé pour lancer la chasse ! Taïaut !

 

 

PS Dans la meute je suis tombé sur un chien particulièrement hargneux et quelque peu vicelard dans l’insinuation calomnieuse d’antisémitisme (car là c’est l’angle choisi en particulier par Valls)  « Je vois que tu fais, comme beaucoup de France insoumise*, l'amalgame Marianne/le figaro. Tu ne dis rien sur Mediapart qui est totalement muet comme E Pleynel ami de Ramadan... Cet organe de presse doit te convenir.. Moi je fais avec tout.. Après le procès de la presse bourgeoise que tu fais , je trouve que jouer les martyre offensé en rajoute un peu. Quant au commentaire que tu as fait sur mon autre publication, je trouve qu'il met en cause mais ça doit être un hasard (qui fait bien les choses) des personnalités juives. Moi je suis totalement laïc et athée. Je n'attaquerai jamais les gens pour leurs origines ou pour leur religion pour autant que cette religion ne porte pas atteinte à la liberté de chacun et chacune. » (copié/collé, c'est moi qui ai mis en gras).

J’ai eu beau relire les commentaires que j’avais pu faire sur une publication de la même encre du Monsieur je n’ai pas vu à quelle personnalité juive (sic) il faisait allusion.  Certes dans l’article sur Valls et l’observatoire de la laïcité, auquel il fait peut-être référence, je critique des propos de Mme Badinter : là on voit bien le procédé franchement dégueulasse qui consiste à m’accuser implicitement d’anti-sémitisme pour une controverse sur religion et sphère publique et privée. Mais c’est celui de Valls qui assimilant critique de la politique de Netanyahu avec de l’antisionisme et l’antisionisme avec antisémitisme ferait de Charles Enderlin un antisémite !

 

* Sur ma prétendue appartenance à la France Insoumise, je renvoie à quelques articles où j'affiche mon mélenchonnisme forcené ici ou (pour ne prendre que deux articles récents)

 

NB Faut-il préciser aussi que je n'ai pas de sympathie particulière pour Plenel qui, du temps où il dirigeait Le Monde, m'a fait fuir quelques temps la lecture de ce journal ? Et que je ne suis pas abonné à Mediapart. Donc je suis autant Plenelien que Mélenchonniste.

* Jean Baubérot m’a fait l’honneur de réagir à ce papier où je citais un commentateur de la page facebook d’Hervé Hamon écrivain :

 

"J'ai donc lu, dans la note d'aujourd'hui, qu'un "commentateur" me mettait en cause. (…)

 

"En même temps", comme dirait l'autre, ce qui me rassure c'est que si, en France, je suis parmi les personnes qui attaque les "éléments fondateur du pacte républicain", il me semble que notre République n'a vraiment pas d'inquiétude à se faire.

 

En revanche, je dirai que "dame bêtise" (pour paraphraser J. Brel), elle, doit être ravie. Le dit commentateur a-t-il lu _La laïcité expliquée à M. Sarkozy... et à ceux qui écrivent ses discours_ (Albin Michel 2008) sinon, l'ouvrage lui-même (n'en demandons pas trop!) du moins les "dix commandements que doit se réciter, chaque matin, un président de la République laïque" (p.217-221) et, surtout, dans _La laïcité falsifiée_ (La Découverte, paru au début de 2012, au moment de la campagne présidentielle, réédité en poche en 2014) le chapitre sur "Un programme républicain pour refonder la laïcité" (p. 121-144) ? Je serais très intéressé à savoir ce qui sape le pacte républicain dans mes propositions: serait-ce la demande de lois permettant de "nouvelles libertés laïques" comme "la possibilité [non acquise quand je rédigeais mon livre] du mariage entre personne de même sexe, l'autorisation de la recherche sur les cellules souches, et plus généralement des avancées en matière de bioéthique, le droit de mourir dans la dignité par la possibilité de choisir l'euthanasie" (p. 134), ou encore la refondation de la HALDE, la suppression des cours confessionnels de religion en Alsace-Moselle et la mise en route d'un processus, dont je fixais la fin à 2019, pour sortir ces départements du régime concordataire (p. 138) ?

Serait-ce la mise en cause "des élus locaux" qui "tiennent un discours absolutiste sur la laïcité " et "ont une toute pratique" qui consiste à "déléguer la  construction de la paix sociale à des autorités religieuses" (p. 141) ? Serait-ce, enfin, la demande "que les convictions philosophiques non religieuses soient traitées à égalité avec les religions " alors que, "paradoxalement, cela n'est souvent pas le cas en France" (p. 142) ? Je ne demande qu'à être éclairé par une argumentation si possible un peu rationnelle. Mais sans doute est-ce trop demander !

D'une manière générale, ce qui me frappe dans cette affaire, c'est que parmi des centaines, voire de milliers de témoignages mettant en cause autant de personnes, il y a comme une sorte d'entonnoir qui - in fine - attaque des gens qui n'ont rien à voir avec les accusations portées et permet d'éviter tout débat démocratique sur les positions des uns et des autres.

Pour ma part, ce que j'ai envie de dire à toutes les femmes qui voudraient parler avec moi du sujet, c'est : habillez vous comme vous le voulez, jupe au ras des fesses ou foulard sur la tête, mais surtout faites jouer votre libre-examen, faites en sorte que ce soit votre propre décision et non pas le fait de suivre la mode ou d'être influencée par un leader charismatique. Construisez-vous des choix libres, ce qui n'est pas une mince affaire, c'est même une démarche jamais achevée. Et, naturellement, cela ne concerne pas, loin de là, que l'habit, même si la société hypertrophie cet aspect.

 

[…]

 

Jean Baubérot

 

Courrier mis en ligne avec l'autorisation de l'auteur, les seuls passages supprimés étant personnels.

 

Pour compléter un article de Jean Baubérot sur son blog :

Laïcité et démocratie, l’enjeu de la polémique Charlie,Valls, Mediapart

 

et une tribune de Philippe Corcuff

Charlie, Mediapart, Valls, Filoche et les autres : la gauche déboussolée

 

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5 avril 2016 2 05 /04 /avril /2016 21:51
Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

« Caroline Fourest, cette figure centrale de la domination intellectuelle d'aujourd'hui, qui a table ouverte dans toutes les radios et toutes les télévisions du service public » comme dit salement Schneidermann, est la cible des hyaineux de tout bord. Elle n’est pas exempte d’excès, mais ceux qui l’accablent tout autant ! Et elle s’explique avec sérénité sur Info-Halal.

C’est grâce à un touitte de l’excellent Luc Cedelle que j’ai découvert ce long entretien de Caroline Fourest avec ce site, pour moi inconnu, mais se référant visiblement à l’islam. Un Luc Cedelle heureusement surpris par le ton de l’essayiste.

copie d'écran

copie d'écran

Or, contrairement à une réputation faite par d’aucuns, s’agissant de laïcité, elle a, sur l’essentiel, fait preuve de mesure. D’entrée, alors que ce groupuscule haineux n’avait pas encore révélé tout son vrai visage xénophobe, elle a pris soin de se distinguer de Riposte prétendument laïque : « Quand Cassen a créé Riposte laïque, j’ai été l’une des premières à dénoncer son discours anti-musulmans. Je le fais régulièrement. Ce qui me vaut d’être l’une des cibles de cette organisation d’extrême droite », avec des attaques des plus ignominieuses, spécialité de ces zélotes de l’anti-islam.

Sur l’affaire dite de la burka, elle manifestait la plus grande prudence quant à la nécessité d’une loi : « Une loi symbolique contre le voile intégral aurait l'inconvénient d'être particulariste et prendrait le risque d'être inapplicable. » Et elle préconisait des mesures pragmatiques autorisant, par exemple, les commerces à pouvoir obliger toute personne y entrant à s’identifier pour raisons de sécurité ; même chose bien sûr pour récupérer son enfant à la crèche, chercher un colis à la poste, prendre le bus, etc. et elle concluait « En dehors de ces situations, libre à elle de porter un voile pour se protéger de la colère d'un dieu misogyne, ou de la grippe A. Libre aux autres de continuer à dire ce qu'ils en pensent. »

 

L’attribution d’un « Y’a bon awards », en 2012, a aussi contribué à brouiller (salir ?) son image*. Ce prix satirique est censé récompenser les pires déclarations racistes prononcées par une personnalité dans l’année. Parmi les lauréats précédents, on comptait Éric Raoult, Pascal Sevran, Alain Finkielkraut, Ivan Rioufol, Jacques Séguéla, Éric Zemmour, Brice Hortefeux, Jean-Paul Guerlain, Robert Ménard…

On conviendra que se retrouver en si charmante compagnie puisse sembler quelque peu déshonorant.

Elle avait, en 2010, dans une intervention sur l’égalité et la laïcité, cité l’exemple d’un maire (UMP) ayant mis à disposition d’une association proche de l’UOIF une salle de sports, pour un tournoi de basket féminin inter-mosquées, dont les spectateurs masculins étaient exclus (certes sa formulation montre une certaine méconnaissance du sport puisqu’elle parle de « concours de basket non mixte », or c’est le lot de toute compétition sauf en double mixte au tennis). Le but du tournoi était de récolter de l’argent pour une organisation d’aide aux orphelins palestiniens, pour elle émanation du Hamas. Après un article dans Le Parisien, le Maire avait retiré l’autorisation et l’association organisatrice avait plaidé un dysfonctionnement interne. Cependant, les faits évoqués étaient réels, contrairement aux allégations sur la piscine de Lille. Et le côté raciste – sauf à considérer que toute attaque d’une association musulmane ou du Hamas est raciste – de ce propos est nettement moins évident que l’équipe de France black, black, black, chère à Finky ! D’autant que dans le même temps, elle attaquait fermement le FN justement sur son racisme antimusulmans, ce qui lui valait des attaques assez ignobles.

Elle a aussi beaucoup souffert, chez certains, d’avoir été proche de Val. Sauf que, c’était du temps où Charlie-Hebdo faisait paraître les caricatures dites du Prophète (paradoxe d’ailleurs que l’on puisse les nommer ainsi puisque - en principe - le prophète Mohammed n’a jamais été représenté !). Mais un Schneidermann – assez langue de pute – écrira, alors qu’elle venait de subir, à la gare de Nantes puis à celle de Paris-Montparnasse, les assauts haineux de la clique curetonne de Civitas du coup : « Fourest "harcelée, pourchassée, traquée" se lamentait ce lundi matin sur France Inter, la station de son ami Philippe Val. »

Ce qui explique sans doute la relative surprise de Luc Cedelle devant ses propos que n’aurait pas désavoués, je pense, Jean Baubérot !

Caroline Fourest : laïque pas liberticide !

Islamophobie ou racisme antimusulmans

Elle clarifie, d’abord, et bien mieux que Madame Badinter, son rejet du terme « islamophobie ». « Je suis antiraciste de conviction, donc anti-"phobes" en tous genres. Mais [dans mes travaux j’ai dénoncé] l’intégrisme (juif, chrétien ou musulman). Ce qui m’a valu d’être traitée d’« islamophobe » par des islamistes, de « christianophobe » par l’extrême droite catholique et d’avoir été dépeinte en « collabo des nazis » par des extrémistes juifs lorsque j’ai critiqué la politique de la droite israélienne (…). (…) comme l’accusation d’antisémitisme peut parfois servir à disqualifier la critique d’une certaine politique israélienne, l’accusation d’« islamophobie » (…) peut servir à amalgamer tout propos simplement critique envers l’intégrisme, l’instrumentalisation politique et liberticide du religieux avec une forme de rejet de l’Islam ou des musulmans. » Mais elle ajoute « Le racisme antimusulmans existe. »

La laïcité de la loi de 1905

Certes elle s’égare quand elle reprend les accusations de Valls – qui ont d’ailleurs fait long feu – sur le rôle joué par l’Observatoire de la laïcité.

Mais sur les cantines scolaires elle tient un discours de bon sens sur l’impossibilité de servir des repas par religion des parents, car il faudrait plusieurs cuisines, pour séparer vraiment les ustensiles, pour que cela soit vraiment casher ou halal. Et elle propose de donner le choix entre un menu avec ou sans viande. . Si possible entre plusieurs plats. Pour ceux qui veulent respecter des interdits alimentaires (religieux ou médicaux). Pour qu’ils puissent manger tous ensemble. En bref les propositions d’Yves Jego.

Et elle ajoute : Je ne suis pas souvent d’accord avec Jean Baubérot, mais je pense moi aussi, (…), que nous ne devons pas aller trop loin dans la norme et l’interdit. J’ai soutenu la loi de mars 2004, mais j’ai pris position pour le droit des mères voilées à participer aux sorties scolaires (…) et je suis contre l’interdiction du voile à l’université. C’est un lieu où, contrairement au collège et au lycée, des élèves majeures font l’apprentissage d’expression publique et politique.

On est donc loin, très loin, de certains faux apôtres d’une laïcité liberticide qui ajoutent l’interdit à l’interdit. Loin donc de Mme Badinter. On peut – même si son dessin est très ambigu par l’amalgame avec le terrorisme – ironiser avec Plantu sur l’attrait mercantile de certaines marques pour une mode dite islamique. On a le droit de trouver ridicule le burkini** qui n’est ni burka ni kini.

Mais, s’il y a de vrais combats à mener, contre tous les intégrismes, c’est sur l’homophobie (dont, hélas, le Maroc vient de faire preuve), le mariage pour tous, l’IVG, le droit à une mort digne, etc. Combats laïques, au demeurant, contre les cléricalismes qui veulent imposer leurs dogmes à toute la société.

* Dans le jury de ce "y'a bon awards" on trouvait Jean Baubérot (que diable allait-il faire dans cette galère ?) Dans sa riposte, C. Fourest le qualifiera de pape des accommodements raisonnables à la canadienne.! Outre que le titre de pape pour un parpaillot affirmé est cocasse, il est plus que probable que C. Fourest, du coup, emprunte la vision caricaturale des rrrépublicains intransigeants sur ces accommodements.

Et on conviendra que le Ministre de la Défense du Canada, un Sikh, avec son beau turban rouge, ça a de la gueule. Son premier ministre, Justin Trudeau, avait eu cette riposte face à son adversaire conservateur pendant la campagne : « M. Harper, je trouve que vous avez du cran (...) de parler de défense du droit des femmes. Il y a plus d'hommes dans votre caucus qui sont contre l'avortement que de femmes qui portent le niqab au Québec. »

 

 

Source :

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-1/

http://info-halal.net/2016/03/caroline-fourest-se-devoile-interview-partie-2/

** Sur le burkini et son interdit par quelques maires ripoublicains, elle reste sur une position non liberticide :

 

À propos du burkini et du grotesque

 

Les arrêtés pris par la mairie de Cannes et d'autres mairies de droite du sud pour interdire le burkini, juste après l'attentat de Nice, ont fait sourire Outre-manche et Outre-Atlantique. En France aussi, beaucoup y ont vu une polémique dérisoire, preuve d'une focalisation aberrante sur l'Islam. Il est vrai que la démarche interroge quand elle vient de maires se souciant des droits des femmes l'été, à la plage, mais soutenant les mouvements intégristes ayant retiré les enfants des écoles en raison de programmes voulant les sensibiliser aux stéréotypes de genres le reste de l'année...

La plage n'est pas l'école. Les nageuses ne sont pas des élèves ni des mineures. Refuser qu'on se couvre la tête dans un lieu civique, d'éducation à la citoyenneté et à l'égalité, est une chose. Obliger quelqu'un à se dévoiler dans un lieu de plaisance est plus excessif […]

Comme pour le voile à l'université, ceux qui croient pouvoir faire reculer la mode intégriste en l'interdisant partout se trompent. Ils obtiendront l'effet contraire à celui recherché : faciliter la propagande victimaire et donc la mode du burkini chez les plus jeunes ou les plus influençables.

Extraits Huffington Post 16/08/2016

 

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 15:03
Quand les sénateurs UMP lancent une commission d’enquête sur l’école

Au lendemain de l’attentat du 7 janvier 2015, B. Retailleau, chef de file des sénateurs UMP, a demandé une commission d’enquête sur le non respect de la minute de silence ! A ce jour, elle est toujours en cours, mais les déclarations de son rapporteur font augurer un texte qui réjouira les rétropenseurs. Quant au laïcisme liberticide, on risque aussi de le voir recommandé.

 

Le Brutus du bocage qui préside aussi le groupe UMP du Sénat s’est donc offusqué que la minute de silence décidée au lendemain de l'attentat du 7 janvier 2015 pour rendre hommage aux victimes ait été perturbée dans certains établissements scolaires. Surtout, il soupçonne que les 200 incidents signalés aient été sous-estimés par le ministère de l’Education Nationale, dirigée par une ministre qui est, après la Garde des Sceaux, la cible privilégiée de l’UMP. « Ces incidents ont mis au jour un malaise plus profond caractérisant l'éloignement d'un nombre croissant d'élèves de la morale républicaine. Ainsi, il semble nécessaire de proposer les mesures permettant aux enseignants d'assurer leurs missions de transmission des valeurs de la République et du principe de laïcité ainsi que d'acquisition des savoirs… ». Il fallut donc, toute affaire cessante, constituer une commission d’enquête parlementaire sur les menaces qui pèsent sur l’école républicaine !

 

La commission a été mise en place le 20 janvier ; elle poursuit ses auditions.

Sus au constructivisme, au pédagogisme

  Parmi les auditionnés, on découvre des sous-Brighelli* dont l’arrogance n’a d’égale que l’inexpérience. Ainsi d’un François-Xavier Bellamy, militant affiché de la manif anti mariage pour tous et des veilleurs, ancien scout d’europe, branche intégriste du scoutisme, qui déclare sans rire : « Pour lutter contre le sexisme, les élèves doivent entendre parler, par exemple, de la figure de Jeanne d'Arc, lire quelques pages de son procès. » Ou un Loys Bonod dont le seul titre de gloire est de tenir un blog où la stupidité le dispute à la malhonnêteté (intellectuelle) dont témoignent ses propos : « On a mis en place une entreprise de déconstruction de l'école. Bizarrement, elle passe par la notion de constructivisme, qui a déjà été abordée devant votre commission par François-Xavier Bellamy. Le constructivisme repose sur l'idée que l'enfant doit apprendre à apprendre seul et que le professeur n'est plus qu'un guide, un accompagnateur, un médiateur. » Mensonge recuit des z’hérauts de la rétropensée.

 

 Sauf que le rapporteur, le sénateur Grosperrin, non seulement approuve, mais en rajoute une couche sur ce qu’il nomme le pédagogisme. « Je pense en particulier à un enseignant de la région lyonnaise [entendez P. Meirieu] qui a eu un écho très favorable auprès des enseignants du primaire, qui a trompé les enseignants et a considéré comme une révolution copernicienne le fait de placer l'enfant au centre du processus éducatif. On ne parlait plus des matières ; il fallait que l'enfant soit bien, soit heureux. »

Un concentré de sottises qu’Antoine Prost, dans son « Eloge des pédagogues » a fort élégamment démontées. Mais notre rapporteur poursuivra sur la même veine au fil des auditions : « Nous nous sommes trop éloignés des principes fondateurs de l'instruction au profit d'un pédagogisme qui a chassé les contenus. » « Au nom de ce principe d'égalité on assiste à une baisse du niveau et à une remise en cause de l'excellence. » « Vous avez dit que l'école éduque. Je ne suis pas sûr que cela soit son rôle premier. Elle ne peut éduquer, à mon sens, que si elle instruit ; on a souvent eu tendance à l'oublier. »

 

  Là il se fera ramasser par Laurence Loeffel, IGEN  « Je récuse l'opposition entre éducation et instruction. (…) Cette opposition s'est, au fil du temps, idéologisée, ce qui ne me semble pas le meilleur moyen de penser de manière objective les problèmes de l'école. (…) le clivage entre instruction et éducation est un faux clivage : l'école a toujours eu pour mission d'éduquer. Voyez l'école primaire de la IIIème République : tous les enseignements, y compris scientifiques, ont été construits comme des enseignements dont la finalité élective était une éducation aux valeurs de la raison, de la rationalité, du progrès. »

Mais comment peut-on être Persan, pardon Turc ?

Mais comment peut-on être Persan, pardon Turc ?

Hé mon Longuet !

 

Gérard Longuet, ancien d’Occident, du GUD, d’Ordre Nouveau, du Front National, mais néanmoins honorable ancien ministre des Postes et des Armées a égayé de ses saillies la commission. Un interlocuteur évoque-t-il les religieuses ou les infirmières aux cheveux cachés, qu’il rétorque : « La coiffe peut avoir des raisons professionnelles, climatiques, ou de singularité et de soumission. Les sœurs appartiennent à Dieu et font vœu de célibat : leur voile s'en veut le témoignage. Ce qui choque dans le voile islamique, c'est qu'il n'a ni raison climatique, ni de soumission particulière, mais exprime l'appartenance à une société qui, profondément, n'est pas la nôtre. »  Car, au cas où ça vous aurait échappé : « Il y a plusieurs dizaines de siècles que nous sommes sur cette terre ; nous avons le sentiment d'en avoir fait quelque chose et ne voulons pas que cela disparaisse. (…) la France a été, entre le baptême de Clovis et la loi de 1905, un pays majoritairement catholique romain. C'est notre héritage, il n'est pas négligeable, ni inférieur à l'héritage africain, océanien ou antillais. »**

A noter quand même que en Océanie comme aux Antilles, il y a des territoires français.

Que la laïcité soit évoquée dans une commission initiée par un fruit et suppôt de l’école confessionnelle vendéenne et qui comptait dans ses rangs le Sénateur Carle n’est pas le moindre des paradoxes.

Baubérot et Pena-Ruiz, entendus le même jour, ont donné leur approche différente de la notion de laïcité. Jean-Louis Bianco, président de l’observatoire de la laïcité, en donne une définition, à mon sens, satisfaisante : « La laïcité, c'est d'abord la liberté de croire ou de ne pas croire et la liberté de manifester sa croyance pour autant que cela n'empiète pas sur la liberté d'autrui ; ensuite, la neutralité de l'État vis-à-vis des religions ; enfin, la citoyenneté, l'égalité de droits et de devoirs. »

Mais cela n’était qu’amuse-gueules. Ramadan, halal, voile, voilà qui est autrement excitant.

 

  Surprise, pour le principal que je fus, quand Mme Marie-Françoise Perol-Dumont déclare qu’il lui est « arrivé comme présidente de conseil général de devoir répondre à la demande de certaines familles de collégiens qui souhaitaient déduire les jours de ramadan des jours de cantine ». Que je sache, ce qu’on appelait les ‘remises d’ordre’ sur le forfait de la cantine – des déductions en cas d’absence pour maladie par exemple – était du ressort de l’établissement et non du conseil général. Et si un collégien ne mange pas à la cantine pendant un mois fut-il lunaire, le problème n’est pas dans la déduction des jours de cantine !

 

Se greffe la question des menus alternatifs en cas de porc au menu. « Certains mangent casher ; d'autres mangent hallal. D'autres encore mangent bio ou sont végétariens. Les revendications sont donc multiples ; elles ne concernent pas seulement la viande hallal. » précise Pierre N'Gahane. Et Jean Baubérot rappelle que « même Émile Combes, ce partisan de la laïcité la plus intransigeante, avait signé une circulaire prévoyant l'absence de viande dans les cantines le vendredi, pour faire preuve de libéralisme politique mais aussi par intérêt bien compris, pour éviter que les enfants n'aillent dans les écoles congréganistes. Il nous faut inventer les mêmes genres d'accommodements aujourd'hui : proposer un menu végétarien - pas hallal ou casher, ce serait trop compliqué ! - à côté du menu habituel résoudrait bien des choses. »

Obsession textile

La fureur anti fichu va se déployer sur deux fronts principaux. Les mamans dites voilées et les étudiantes itou.

 

Pas de mamans à voile dans nos sorties scolaire !

 

Quittant les hauteurs spéculatives, H. Pena-Ruiz considère que « Lorsqu'on prétend que des mères voilées peuvent bien accompagner leur enfant dans le cadre d'un voyage scolaire (…), il faut garder à l'esprit qu'elles assurent des fonctions d'accompagnatrices au nom de l'État et doivent, à ce titre, être tenues à la même neutralité vestimentaire que les enseignants ».

 

Approuvé en cela par une présidente de commission qui en rajoute une couche par la preuve assurantielle ! « Toute personne qui accompagne relève de l'assurance scolaire de l'école (…). Cette dimension assurantielle vaut, à mes yeux, soumission aux principes du service public ou de la délégation de service public. »

 

Si l’on arrête un moment de ramer, car là on attaque la falaise, et qu’on essaie de revenir à la triviale réalité de nos maternelles, de quoi s’agit-il ? Pour une sortie vers la médiathèque ou l’espace théâtral, de solliciter des parents pour aider à sécuriser le déplacement. Des mamans le plus souvent. Mamans qui, voilées ou pas, accompagnent leur enfant à la maternelle. Que donc tous les autres enfants ont déjà vues avec ou sans un foulard sur la tête.

 

  Et comme le rappelle aussi J. Baubérot, va-t-on interdire l’accès aux établissements publics à Latifa Ibn Ziaten, mère du soldat Imad, tué par Mohamed Merah ? Elle intervient dans les écoles pour expliquer que le djihad consiste non pas à aller en Syrie mais à faire un effort sur soi-même. Faut-il avoir son fils tué pour voir ses droits de citoyenne respectés ?

 

Pas d’étudiantes à voile dans nos campus !

Deuxième front de nos grands laïcistes – bien qu’un peu en dehors de l’objet de la commission d’enquête – l’affreux voile à l’université.

 

Et là, stupeur et consternation, en 1ère ligne Jean-Pierre Obin.

Il est vrai que son rapport de 2004 a été complaisamment cité et re-cité par des sénateurs UMP (oubliant un peu que ce fut Fillon qui le mit sous le boisseau). Et bien qu’il ait précisé que son « étude ne peut prêter à généralisation et à dramatisation excessive : les phénomènes observés l’ont été dans un petit nombre d’établissements », il a glosé devant la commission comme si elle était un reflet global d’une situation calamiteuse.

Et surtout, et alors que ça n’avait rien à voir avec son rapport, Obin a plaidé pour que le Gouvernement étende aux universités la loi de 2004 sur les signes ostentatoires religieux. « Il faut souligner qu'une grande partie de l'enseignement supérieur est déjà soumise à la loi de 2004, qu'il s'agisse des classes préparatoires, des BTS ou des autres formations qui ont lieu dans les lycées (soit 20 % des étudiants). »

Le sophisme*** est un modèle du genre : la loi de 2004 interdisant le port du foulard qualifié d’islamique pour les élèves des établissements scolaires, cette interdiction a été étendue aux étudiantes de prépas ou BTS puisque, comme elles fréquentaient les mêmes locaux et espaces, la coexistence de deux situations eût été ingérable. Mais comme des étudiantes sont soumises à l’interdiction, il faut l’étendre à toutes les étudiantes.

 

C’est la position du Grand Maître de la principale obédience maçonnique : « Le Grand Orient de France a pris position contre le port du voile à l'université. Certes, les étudiants sont majeurs et les universités doivent continuer s'administrer librement. Mais l'interdiction du voile s'applique déjà, dans les lycées, aux élèves des classes préparatoires, qui relèvent de l'enseignement supérieur, et aux élèves majeurs de terminale. La question se pose donc ».

 

La question ne se pose que pour ceux qui, tout en clamant que loin de revêtir la moindre dimension punitive, la laïcité doit constituer un facteur d'émancipation, poussent toujours à l’extension sans fin du domaine des interdictions.

Parmi ces interdictions une des plus cocasses consiste à proscrire tout qualificatif au mot même de laïcité. Ainsi puis-je chanter la liberté chérie, protester que l’égalité est souvent formelle et la fraternité fictive, mais oser revendiquer une laïcité ouverte, sacrilège !

 

Commettons donc l’irréparable en plagiant les propos d’un québécois –Québec le pays des honnis accommodements raisonnables, attendez-vous au pire :

Laïcité ouverte donc pour toutes particularités sans conséquences juridiques effectives: arbres de Noël, menora, citrouilles d’Halloween, ramadan, croix dans le cou, grigris, papillotes, fétiches, totems et statues, moulins à prières, voiles, hidjab, tchador, sari, brimborions et colifichets, minarets et clochers, yoga, occultisme, horoscope, tarots divinatoires, pèlerinages, baptême collectif en piscine olympique, les chrysanthèmes du culte, en un mot (on peut supposer que ces fleurs ont une autre signification symbolique outre-Atlantique).

Laïcité définie et fermement imposée par l’état de Droit,  dans le strict espace de portée juridique citoyenne: droits des femmes, droits des enfants, instruction publique, soins hospitaliers, banques, héritage, justice, vie politique, neutralité intégrale de tous les corps administratifs, code civil, code criminel, impôt et taxation, etc…. les choses sérieuses du tout de la vie civile, en un mot.

 

* Dans le genre, l’éminent mathématicien, Laurent Lafforgue, vaut son pesant d’équations : «  Je n'ai jamais enseigné dans une école, un collège ou un lycée (..). Je me suis rendu compte que cette école à laquelle ma famille et moi devions tant, et que nous avions tant aimée, était en voie de destruction rapide (..). L'état dans lequel plus de cinquante ans de politique destructrice - à mon avis - ont mis l'école publique et les écoles privées sous contrat est tel qu'employer à leur propos l'adjectif « républicain » déconsidère la République (..). Moi qui ignorais jusqu'à l'existence des écoles hors contrat, j'en suis amené à concentrer mon énergie à les soutenir. La présentation, par le fondateur d'une école de ce type, de son programme, m'a frappé par son bon sens. » Faut-il lui rappeler qu’il est le fruit de cette école, puisque, vu sa date de naissance, il n’a pas connu l’âge d’or de l’école d’il y a cinquante ans !

 

** S’agissant de l’autorité supposée perdue du professeur, il vaticinera à partir de son expérience de Ministre de la Poste puis des Armées. Finkielkraut lui a l’explication sur cette perte : « les professeurs doivent retrouver l'autorité qui leur manque aujourd'hui, par exemple le droit de faire redoubler les élèves. Toute une série d'études paraît pour indiquer que le redoublement s'avère catastrophique, fournissant bien souvent l'argumentaire des parents pour faire appel de la décision de redoublement de leurs enfants. Les professeurs sont alors complètement démunis et l'existence de niveaux différents dans les classes implique l'alignement sur celui le plus faible, puisqu'on ne souhaite pas laisser les élèves en difficulté au bord du chemin. Toujours ce syndrome égalitaire à l'aune duquel on regarde la réalité à travers les yeux du plus faible ! » Oser parler de "syndrome égalitaire", devant une commission d’enquête qui s’inquiète des pertes des valeurs républicaines dans notre école, relève-t-il d’autre chose que de la négation même de ces valeurs ?

 

*** Dans le genre Slama fait encore plus fort : «  La loi Debré de 1959 sur l'école privée a été remarquablement astucieuse. Elle prévoit le financement de l'école privée, dans la mesure où il n'est pas de liberté formelle qui n'éprouve le besoin de sa consécration dans un exercice réel. Mais il y a des contraintes posées par contrat. Il y a des lieux où le caractère propre de l'établissement prime, d'autres où c'est la règle de la République qui s'impose. L'esprit de cette loi est resté. La proposition de loi étendant le principe de neutralité religieuse aux structures de petite enfance recevant des financements publics ne me choquait pas. Dès lors qu'il y a financement de l'État, ce dernier est en droit d'exiger une neutralité. Cette conception de la laïcité nous est propre : l'État neutralise la sphère publique. » Tout aussi hors sujet puisque les crèches ne sont pas du ressort de la commission, mais la finesse du rai(è)sonnement subjugue.  On passe de la subtilité (?) de la Loi Debré à un mécanisme brutal qui, appliqué à la lettre, voudrait dire que toute association recevant peu ou prou des subventions publiques est soumise au devoir de neutralité qui s’impose aux services publics. L’école privée, elle, pouvant continuer d’afficher son peu neutre caractère propre.

 

NB Parmi les auditionnés on peut noter aussi Nathalie MONS (CNESCO) et Philippe WATRELOT, Président du CRAP-Cahiers Pédagogiques.

Philippe MEIRIEU a aussi été entendu.

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 21:10
La laïcité expliquée à Monsieur Retailleau
La laïcité expliquée à Monsieur Retailleau

Ouest-France 06/12/2014

"L'Etat laïque, neutre entre tous les cultes, indépendants de tous les clergés, dégagé de toute conception théologique" permet "l'égalité de tous les Français devant la loi, la liberté de tous les cultes" et de toutes les convictions philosophiques. D'après Ferdinand Buisson

 

Monsieur le Sénateur-Président du conseil général de la Vendée (et Président du groupe parlementaire UMP du Sénat), je me permets, très humblement, de vous rappeler que notre République est laïque. Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire – mais vous n’êtes certainement pas de ceux-là – la République ne se réduit pas à l’état central (ni l’état, au gouvernement), mais comprend les collectivités territoriales (communes, départements, régions).

 

Une des grandes lois fondatrices de la Laïcité française est la loi de 1905. Et contrairement à ce qu’un ex-président, dont vous avez rallié le parti, a laissé sous-entendre osant parler d’un anti-cléricalisme d’état, la Loi de 1905 fut bien une loi de liberté et de tolérance.

 

Votre (ex)père spirituel, le Vicomte Le Jollis de Villiers de Saintignon, qui voyait des mosquées partout à Roissy, a sans doute fustigé les prières de rues des infidêles et barbaresques musulmans. Et pourtant, contrairement à vous qui êtes trop jeune (quoique), il a dû connaître les « fêtes-dieu » où le curé portant ostensoir et protégé par un dais avançait sur un tapis de pétales de roses répandus par des enfants de chœur ensoutanés de rouge, avec surplis blanc, au son de saints cantiques en latin. Et honte au mécréant qui n’aurait pas décoré sa façade sur l’itinéraire de la procession. Question prière de rue, on était servi avec des autels de plein air où s’arrêtait la sainte procession dans les rues de nos villages.

Je ne saurais trop vous recommander la lecture des débats qui ont abouti à la suppression d’un article liberticide dans la loi de 1905. Vous y verriez comment un député catholique a su prendre à contre-pied Aristide Briand et Ferdinand Buisson : « quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. » Et l’Article 25 qui édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. » a été supprimé.

Ce qui répond aux âneries proférées par le Vicomte sur les étoiles qu’il faudrait retirer de nos rues, car outre que la symbolique religieuse desdites étoiles n’est pas évidente, elles ne sont pas bannies des voies publiques qu’il ne faut pas confondre avec des bâtiments officiels. Quant à vos propres propos sur les communes en « Saint »* qu’il faudrait débaptiser, entre nous soit dit, vous confesserez qu’ils relèvent d’un amalgame assez puéril. Contrairement aux révolutionnaires que vous honnissez, les Ferry, Briand ou Buisson n’ont jamais voulu toucher au calendrier des fêtes d’origine chrétienne et encore moins à la toponymie.

 

  Revenons donc à votre crèche.

Que les santons de Provence puissent relever d’une authentique tradition culturelle populaire, d’un patrimoine provençal, est indéniable. En revanche, vous conviendrez que l’aspect culturel de vos statuettes saint-sulpiciennes n’est pas évident. Tradition cultuelle plutôt qui trouve sa place dans les lieux de culte, voire dans des foires de Noël, sans doute pour sanctifier les marchands du temple. 

 

Mais, elle n’a pas sa place dans un bâtiment de la République, dont font partie Mairie et Hôtel de Département. Non pas que leur laideur soit une atteinte au bon goût, cela étant trop subjectif. Mais que ces crèches sont une atteinte à la neutralité que doivent afficher ces lieux.  C’est ce que dit clairement l’Article 28 : « Il est interdit, à l'avenir, d'élever ou d'apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l'exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » sur lequel s’est appuyé, je suppose, le Tribunal Administratif de Nantes.

 

Cette neutralité instaurée par la loi de séparation des églises et de l’état n’est pas anti-religieuse, mais a-religieuse. Elle s’impose à ses représentants et à ses agents. C’est pourquoi ceux-ci ne doivent, dans l’exercice de leurs fonctions, manifester leur éventuelle appartenance à telle religion ou parti politique.  Non pas pour cause d’éventuel prosélytisme – la vue d’une hôtesse d’accueil portant un fichu dit islamique dans une administration ne risque guère de convertir qui que ce soit à l’islam – mais pour affirmer la neutralité du service public.

 

Sans vous laisser aller aux outrances de votre ex-mentor – l’admirateur de Poutine parlant de décision « totalitaire » - vous n’en avez pas moins profité de votre position pour vous livrer à une attaque indigne contre la Libre pensée la taxant d’intégrisme laïcard. Vous conviendrez peut-être que question intégrisme agressif, la Libre pensée est loin, très loin, des méthodes d’actions de CIVITAS, par exemple. Et que la conviction exprimée dans leurs statuts est aussi respectable que la vôtre. Le Président de la Libre Pensée de Vendée qui, contrairement à vous, n’a guère été entendu dans les médias, a fait preuve d’une grande retenue dans son expression et dans son action.

 

Quant à votre allusion à un témoignage touchant d’un « auditeur, dont le prénom, Ahmed, fait penser qu’il appartenait à une religion » ne soutenant pas une crèche, outre que vous semblez ignorer que la religion musulmane reconnaît Jésus comme un prophète, elle trahit une propension trop fréquente à conférer une appartenance religieuse à partir d’un nom ou prénom**. Mais y eût-il eu dans vos soutiens un Vladimir orthodoxe, un William anglican, un Ricard boudhiste, etc. que ça ne changeait rien à l’article 28 de la Loi de 1905 sur lequel s’est appuyé le tribunal administratif.

Et vous allez dépenser notre argent, à nous les contribuables vendéens, dans d’inutiles recours en appel, conseil d’état et, on n’ose y croire, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’Homme !

 

D’ailleurs, comme le souligne Jean Baubérot, associer la crèche, qui célèbre, ce n’est pas à vous que je dois le rappeler, la nativité du christ, à quelque chose d’uniquement traditionnel et folklorique, c'est manquer de respect à la religion catholique.

Et ce n’est pas une tradition cultuelle qui se perd : presque toutes les églises, la cathédrale, ont leur crèche que chacune et chacun peut aller voir.

Et vous, vous pouvez faire une belle crèche dans votre intérieur privé, pour y déposer, le 24 à minuit, votre petit jésus, en entonnant le "Minuit chrétiens"... si ça vous chante.

 

* Une pétition, lancée par un anonyme Lou G., intitulée « Tradition et patrimoine culturel français : oui aux crèches de Noël dans l'espace public ! », signée par d’aussi anonymes Thérèse, Gérard voir 148, s’en prend évidemment à « cette gauche bien pensante, ces ayatollahs de la pensée unique, ces pourfendeurs de nos traditions, veulent détruire notre socle commun. » Et comme Brutus-Bruno R. craignent « qu'ils ne finissent par vouloir débaptiser notre calendrier, qu'ils ne trouveront pas très laïc (avec les fêtes chrétiennes et tous les saints), ou débaptisent les rues, les places de nos villes et villages qui portent le nom d'un saint etc. ».

Eh oui ! M. le Président, la stupidité de vos propos éclate quand ils sont clamés par des cagots bornés (pléonasme) et lâches.

 

 

** Pris à partie, sur ce point, vous vous êtes miraculeusement souvenu que ça serait l’auditeur lui-même qui se serait dit musulman : permettez-moi d’être un peu sceptique sur cet ajout dans votre storytelling.

 

 

Merci au commentateur "Malherbe" de m'avoir signalé le billet de Sophia Aram

Entretien avec J. Bauberot
Entretien avec J. Bauberot

Un entretien avec Jean Baubérot

Ouest-France 12 décembre 2014

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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 22:53

Jour après jour, trait après trait – bien sûr l’épisode Mickey conforte ce point de vue – l’impression que le président qu’a élu une majorité de français n’est qu’un gosse capricieux (menteur, m’as-tu-vu, sans gêne, vulgaire etc.) se conforte.

Yasmina Reda (à ne pas confondre avec la girouette qui attaque la venue du pitre libyen un jour, pour la justifier le lendemain), l’écrivaine qui a suivi le nabot tout au long de sa campagne, nous rappelait :

 «N’avait-il pas dit, je partirai en retraite quelques jours, me reposer, méditer. Il faut du calme et de la sérénité pour prendre la distance nécessaire. Si proche des moines et des cathédrales, ne s’était-il pas enorgueilli de quelque subite transfiguration ? N’avait-il pas dit, j’irai dans une abbaye, ou dans la solitude d’une maison amie, réfléchir à l’ampleur de la tâche ? C’est dévorant des langoustes en famille sur un yacht de soixante mètres, au large de Malte, qu’on le trouvera » au lendemain de son élection.

Yasmina Reda

 

Le gamin capricieux  dans toute sa splendeur se révèle lors d’un conseil des ministres-gadget en Corse :

 

Langouste.jpg

Caprices, ce n'est pas fini

Sarkozy n’a jamais été un gastronome, mais il a des caprices. La veille du conseil des ministres qu’il a récemment délocalisé le 31 octobre dernier à Ajaccio, il est pris d’une envie de langouste digne d’une femme prégnante. Il lui faut des langoustes, beaucoup de langoustes pour lui, pour ses ministres et pour ses grands vassaux corses. Les services de la présidence sont chargés de mettre en œuvre ce grand dessin. Ils choisissent un restaurant, Chez Jeanjean, près du port. Mais Jeanjean a pris des vacances et se trouve à Paris. On lui enjoint de renter dare-dare. Très vite, une difficulté apparaît. Elle est de taille : la pêche à la langouste est interdite en Méditerranée en cette saison. Le président balaie cette objection d’un revers de main : il trépigne, il veut des langoustes, point barre. Les affaires maritimes accordent alors une dérogation à quelques pêcheurs pour leur permettre d’enfreindre la réglementation en toute sécurité. Mais le monde est plein de jaloux. On ne sait pas exactement qui a balancé, peut-être un notable furieux de n’avoir pas été invité à cette langouste-party, mais l’affaire s’ébruite. Elle menace de virer au scandale écolo. L’Elysée prend les devants. Sans se démonter, il publie une mise au point affirmant que les langoustes venaient de Brest!

François Caviglioli  (confidentielles Nel Obs)

 

On atteint les sommets du ridicule égocentré dans cette déclaration à Rome du tout neuf « chanoine du Latran » devant un parterre de cardinaux et séminaristes ; bientôt nous allons apprendre que sa vocation présidentielle répondait à un appel divin :


Moi-même

"On n'est pas prêtre à moitié. Croyez bien qu'on n'est pas non plus président à moitié. Je comprends les sacrifices que vous faites pour répondre à votre vocation parce que moi-même, je sais ceux que j'ai faits pour réaliser la mienne!"

 papesarko.jpg

Ce discours du Latran est, plus gravement, un exemple de contre-vérités soufflées par des faussaires de l’histoire, Guaino et Gallo. Ainsi apprend-on que les « racines » (ça sent déjà un « la terre ne ment pas ») de la France sont essentiellement chrétiennes – un christianisme d’ailleurs confondu avec le catholicisme – oubliant Voltaire, Diderot, et quelques autres, en bref tout ce qui a été baptisé « siècle des lumières » qui n’a pas beaucoup éclairé ni lui-même, ni ses nègres.

 

Plus fort encore, la loi de 1905, dont le maître d’œuvre, Aristide Briand, a voulu faire (et a fait) une loi de concorde a été violemment rejetée par le pape de l’époque, l’ineffable Pie X, sauf erreur, dont vous pouvez lire et relire des extraits de son catéchisme plus bas, appuyé par le brûlot qu’était La Croix de l’époque qui suintait l’antisémitisme. Gallo – ex Chevénementiste forcené et logorrhéïque écrivain, pseudo historien -  lui fait évoquer les « souffrances de l’église », alors que Clemenceau, surnommé pourtant le 1er flic de France, avait clairement indiqué que l’inventaire des biens des églises ne valait pas mort d’homme ! Rappelons aussi que la loi de 1905 fut complétée par la loi du 2 janvier 1907, dont le but était, selon Briand son rapporteur, « de faire une législation telle que, quoi que fasse Rome, il lui soit impossible de sortir de la légalité », de « mettre l’Eglise catholique dans l’impossibilité, même quand elle le désirerait d’une volonté tenace, de sortir de la légalité ». De quel côté est la volonté d’apaisement ?

Cela tourne au délire calotin – dans lequel d’ailleurs beaucoup de catholiques ne se retouveront pas – quand notre chanoine affirme, avec tout l’aplomb qui le caractérise : « La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux.» (Qu’en a pensé Bigard, au fait l’anneau papal n’était pas trop gras après qu’il l’a eu baisé ?)

Quant à sa conception de la laïcité – soufflée par des plumes Républicaines -  une « laïcité positive » placée sur le même plan que le « baptême de Clovis », avec une « morale laïque » soupçonnée de dérive fanatique, elle est totalement étrangère à la laïcité qui n’a pas besoin d’adjectifs (voir les passages quasi délirants comparant le prête et le pasteur à l’instituteur, voir aussi plus haut Moi-même).

  Sur le même sujet voir : http://jeanbauberotlaicite.blogspirit.com/archive/2007/12/22/le-chanoine-sarkozy-et-la-religion-civile-a-la-francaise.html

Pour compléter :

Nicolas Sarkozy a montré qu'il voulait sortir des protocoles. Il est en train de désacraliser la fonction présidentielle. Je ne suis pas sûr que les Français en aient vraiment envie et je ne suis pas sûr qu'il puisse revenir en arrière. Sa communication risque d'avoir des limites quand il va tomber sur des sujets qui ne relèvent plus d'un livre d'images François Jost

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-823448,36-992628@51-984702,0.html

 

 

C’est un homme intelligent qui réfléchit peu. L’idée est de se montrer beaucoup : «Regardez-moi, je travaille pour vous et je fais énormement de choses pour vous.» On a été légèrement imprudent en l’élisant mais en France on a toujours le sentiment qu’on peut à un moment opposer un refus brutal. Pour l’instant, il distrait les soirées d’hiver. Claude Chabrol

http://www.liberation.fr/actualite/politiques/298974.FR.php

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29 octobre 2007 1 29 /10 /octobre /2007 16:52

3) Maif, Pena-Ruiz, sphères publiques et privées, laïcité

2005, centenaire de la loi de 1905, a vu fleurir des commémorations diverses (et parfois divergentes). La MAIF pour célébrer l’évènement avait lancé une série de conférences dans les grandes villes.


En tant que sociétaire, je m’étais permis de poser deux questions :

1°) que la MAIF soit partie prenante de cet anniversaire certes, mais pourquoi, plutôt que cette initiative isolée, ne pas appuyer les initiatives des grandes associations laïques, telle que le Ligue de l’enseignement ?

2°) en admettant que cette initiative solitaire soit justifiée, pourquoi n’avoir choisi qu’un seul conférencier, M. Henri Pena-Ruiz.

Pas de réponse.

Le cycle de conférences se poursuivant en 2006, questions reposées, j’ai eu droit à une belle réponse très langue de bois, mais quand j’ai insisté sur le choix d’un seul conférencier, aussi éminent soit-il, à croire que pour la MAIF il n’y avait qu’un seul intervenant possible sur la Laïcité, silence total.

 

HPR est à la philosophie ce que Baubérot est à l’histoire « le » spécialiste de la laïcité. Mais, tandis que Baubérot sent le soufre (pensez il n’a pas approuvé la loi sur le foulard !), HPR est le guide suprême de toute une mouvance néo-républicaine défenseure farouche d’une laïcité tellement universelle qu’elle n’existe qu’en France.

 

Il est toujours étrange de lire que la religion, comme d’autres convictions spirituelles ou philosophiques, relèverait de la seule « sphère privée », alors qu’outre le fait que le culte catholique, par exemple, s’exerce publiquement, dans des édifices publics (entretenus d’ailleurs par l’état ou les communes), la déclaration universelle des droits de l’homme reconnaît le droit de manifester sa religion ou ses convictions (dans le respect des lois bien sûr). Si cette manifestation ne peut se faire que dans son « for intérieur » un tel droit serait bien inutile. Sauf à donner à cette sphère « privée » une extension qui débordera sur l’expression publique et donc privera la distinction public/privé de tout sens, cette césure est artificielle.

Faut-il ajouter que le Secours catholique – comme le Secours populaire, non confessionnel, lui – est reconnu d’utilité publique ? Qu’à la Libération et pendant toute la IVe République un parti politique, le MRP, se réclamait de la démocratie chrétienne ? La CFTC maintenue a toujours pignon sur rue.

 

En revanche, la puissance publique garantit à toutes les religions leur libre exercice, mais dans le respect du droit commun. Leurs dogmes doivent respecter ce droit et respecter le droit de leurs fidèles de s’y conformer ou pas. Et respecter le droit de quitter leur giron…

 

 

 

Mais puisque c’est mon « deblog » pourquoi résister à la tentation de m’autociter, dans une opinion parue dans Libé le 16 mai 2006 (intitulé par Libé « Vraie et fausse laïcité » et qui doit beaucoup à Aristide Briand) :

Le vicomte le Jolis de Villiers de Saintignon, qui voit des islamistes partout, aura eu le mérite d'obliger certains défenseurs de la laïcité à clarifier un peu leurs positions, dans une pétition "Contre un nouvel obscurantisme".

Certes cet appel à tous les citoyens, quelle que soit leur origine, à s'unir dans un combat républicain et laïque contre "l'intégrisme que représente l'islam politique liberticide et le racisme" n'a pas (encore ?) atténué chez certains des signataires un discours que l'on serait tenté de qualifier de sectaire. Ainsi "Respublica" dans le dernier envoi de sa Newsletter tombe à bras raccourcis sur le PS, avec des attaques violentes notamment contre Jean Glavany qui dit pourtant "la laïcité n'est pas un combat contre les religions mais contre les intégrismes" et, dans un esprit d'union, épingle "la girouette Manuel Valls" tournée vers La Mecque évidemment, pour conclure : "Si le PS peine à retrouver le chemin de la séparation des sectes et de l'Etat avec une telle équipe de bras cassés, les défenseurs de la laïcité sauront, eux, ne pas trouver le bulletin socialiste en 2007".

Cette loi de 1905, dont les signataires se prétendent les plus farouches défenseurs, on se demande parfois si certains l'ont lue. Ou au moins en ont saisi l'esprit. Qui mieux que celui qui fut la véritable cheville ouvrière de la commission qui l'a élaborée (Aristide Briand, bizarrement le grand oublié des "commémorateurs" purs et durs) pourrait le définir.

"Si minutieusement rédigée soit une loi aussi considérable, dont tous les effets doivent être prévus par des dispositions de droit civil, pénal et administratif, elle contient inévitablement des lacunes et soulève de nombreuses difficultés d'interprétation. Le juge saura, grâce à l'article placé en vedette de la réforme, dans quel esprit tous les autres ont été conçus et adoptés. Toutes les fois que l'intérêt de l'ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte application, c'est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur.

"Il n'y a plus d'autres limites au libre exercice des cultes que celles qui sont expressément édictées dans l'intérêt de l'ordre public par le projet de loi lui-même.

"Le projet que vous présente la majorité des membres de votre commission est de nature à vous faciliter la tâche. Conçu, discuté, voté avec un large esprit de tolérance et d'équité, il sauvegarde tout ensemble les légitimes respectables préoccupations des consciences et les intérêts des personnes et les droits supérieurs de l'Etat. Ce n'est pas une œuvre de passion, de représailles, de haine, mais de raison, de justice et de prudence combinées, à laquelle votre commission vous demande de vous associer.

"En le votant, vous ramènerez l'Etat à une juste appréciation de son rôle et de sa fonction ; vous rendez la République à la véritable tradition révolutionnaire et vous aurez accordé à l'Eglise ce qu'elle a seulement le droit d'exiger, à savoir la pleine liberté de s'organiser, de vivre, de se développer selon ses règles et par ses propres moyens, sans autre restriction que le respect des lois et de l'ordre public". Extraits de la présentation du projet de loi.

 

La clarification est donc à poursuivre : cette laïcité, sous la bannière de laquelle on nous invite à nous unir, est-ce bien celle qui a présidé à l'élaboration de la loi de 1905 ? Et l'adjectif "républicain" renvoie-t-il aux grands acquis de la République dont la liberté d'expression ? Ou se réfère-t-il à une conception étriquée qui pollue le débat sur l'école en opposant bizarrement les "républicains" aux "pédagogues" ?

 

Peut-être est-ce cela que mon IGEN, Jean-Pierre Obin, qualifiait de « violentes attaques anti-laïques » ?

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