Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 16:02
Samia Ghali Sénatrice

Samia Ghali Sénatrice

Légalisation du cannabis

Lettre ouverte à Madame Samia Ghali, Sénatrice des Bouches du Rhône, Maire du huitième secteur de Marseille, conseillère communautaire...

 

 

 

Madame la Sénatrice,

 

Permettez-moi de vous faire part de toute mon admiration pour votre prestation sur le plateau de La Nouvelle Edition (Canal+), ce jour, 13/04/16 !

Asséner de telles affirmations gratuites et de tels amalgames osés, sur un ton aussi péremptoire, même notre premier ministre n’y arrive pas.

Ah, le coup de la “légalisation des ventes d’armes” mise en parallèle avec celle du cannabis, impayable… pardon, imparable.

Samia Ghali, anti légalisation du cannabis

Sans aller jusqu’en Uruguay, il vous serait peut-être possible, lors d’une montée jusqu’au Sénat, de distraire quelques jours de votre précieux temps pour aller dans le grand Nord, aux Pays-Bas. Certes, ce n’est peut-être pas le paradis apaisé des fumeurs de joints style ”peace and love” – leurs houligans sont aussi violents que des supporters marseillais en colère, voire plus – mais les règlements de comptes sont un peu moins fréquents à Amsterdam - à peu près le même nombre d’habitants – qu’à Marseille.

Et malgré l’affreuse légalisation, les Bataves ne consomment pas plus, en moyenne, de cannabis que les Français !

Samia Ghali et Patrick Mennucci

Samia Ghali et Patrick Mennucci

Que votre camarade Patrick Mennucci ne vous convainque pas, le contraire eût été étonnant ; que le secrétaire d’état, Le Guen, médecin de profession, ne vous convainque pas plus, même si vous ne répondez pas à ses constatations – il est vrai difficilement récusables – pourquoi pas ?

 

Je ne suis pas sûr que le sémillant 1er ministre canadien, Justin Trudeau - “Je ne suis pas en faveur d’une dépénalisation du cannabis. Je suis pour sa légalisation.” – vous convainque davantage.

Mais allez-vous, avec cette faconde qui fait tout votre charme, balayer un Rapport de la commission mondiale pour la politique des drogues qui compte comme signataires outre un certain Kofi Annan, ex-secrétaire général de l’ONU, des personnalités comme Carlos Fuentes, écrivain mexicain, César Gaviria ex-Président Colombien, Ernesto Zedillo, ex-Président mexicain, Georges Papandréou, ex premier ministre grec, Javier Solana ex-secrétaire général de l’OTAN  et ministre des affaires étrangères espagnol, Louise Arbour, ex-Haut commissaire des nations Unies aux Droits de l’Homme, Ruth Dreifuss ex-Présidente de la Confédération suisse... ?

La guerre mondiale contre la drogue a échoué. Avec des conséquences dévastatrices pour les hommes et pour les sociétés du monde entier, écrivent-ils d’entrée. Et ils préconisent de mettre un terme à la criminalisation, à la marginalisation et à la stigmatisation des consommateurs de drogues qui ne causent pas de préjudice à autrui.

 

Arrêter et condamner les consommateurs de stupéfiants a très peu d’impact sur la réduction du niveau de consommation de stupéfiants, évincer les dealers de bas niveau crée simplement une opportunité de marché pour d’autres.

Les gouvernements remplissent les prisons de délinquants mineurs, de « petits poissons », purgeant de longues peines, à grands frais, et sans aucun impact sur l’échelle ou la rentabilité du marché, car facilement remplacés.

Des milliards de dollars sont gaspillés dans des programmes inefficaces.

Il est absurde d’ignorer ceux qui argumentent en faveur d’un marché taxé et règlementé des stupéfiants actuellement illicites.

Quelques lignes de ce rapport qu’apparemment vous n’avez pas eu le temps de lire.

Et les Etats-Unis qui ont été les fauteurs de cette guerre mondiale – et qui sont cependant restés les plus grands consommateurs mondiaux – voient certains de leurs états légaliser le cannabis pour le plus grand bien de leurs finances (et sans doute pour la santé des consommateurs qui ont droit à des produits non frelatés).

 

Je vous prie d’agréer, Madame la Sénatrice, l’expression de mes sentiments républicains et démocratiques, les plus vifs,

 

Jean-François Launay

Repost0
19 juillet 2012 4 19 /07 /juillet /2012 16:12

Marijuana

Si le Brésil et l’Argentine captent quelques rares fois notre attention hexagonale, aucun média ne fait grand cas du discret voisin, l’Uruguay. Et pourtant, les Uruguayens ont toujours été les plus sensés et les plus avancés du monde hispanique. Ainsi furent-ils les premiers à instaurer le vote des femmes et l’éducation laïque et gratuite. Leur législation sur le divorce a 70 ans d’avance sur celle de l’Espagne*. Et maintenant, ils vont légaliser la marihuana !

 

La mesure a pour partie une cause économique. Dans ce pays, la marihuana rapporte près de 75 millions de dollars par an qui vont intégralement dans les poches des mafias. Na vaudrait-il pas mieux que cette somme profite aux paysans qui cultiveraient légalement le cannabis et paieraient des impôts ?

Scandaleux ? L’alcoolisme sévit aussi. Mais personne n’envisage d’arracher nos beaux vignobles en France ou de fermer les distilleries de whisky en Ecosse ! D’ailleurs tous les buveurs ne sont pas alcooliques. Et la prohibition aux Etats-Unis a eu des effets si désastreux qu’il a fallu revenir sur cette mesure.

 

Mais l’objectif principal de la légalisation est d’améliorer la sécurité. A l’instar de la Cosa Nostra étasunienne, les trafiquants de drogue ont de l’argent et des armes ; ils corrompent tout ce qu’ils approchent et déclenchent autour d’eux un grand nombre d’actions illégales. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la région pour juger des dégâts du trafic : une guérilla endémique en Colombie, des gangs d’adolescents sauvages en Amérique centrale (maras), une guerre avec 50 000 morts au Mexique.

 

La guerre contre la drogue : un échec retentissant !

L’échec de la guerre contre la drogue est si retentissant qu’un ex-président du Mexique, Vincente Fox, des présidents en exercice comme Juan Manuel Santos en Colombie ou le guatémaltèque Otto Pérez Molina, un éminent intellectuel comme Mario Vargas Llosa, peu suspects d’être des hippies attardés, se sont prononcés pour la dépénalisation. L’argument de toutes ces personnalités est purement pragmatique : il est absurde que meurent des dizaines de milliers de personnes parce que des dizaines de milliers d’autres cherchent des paradis artificiels. Sans aucun doute le remède de la prohibition est pire que le mal. Et il est logique de commencer par la marihuana pour explorer de nouvelles stratégies face à la drogue.

 

En Espagne, initiative catalane, des associations de fumeurs se sont formées qui apprennent comment produire du cannabis pour son autoconsommation dans le cadre de la tolérance légale de 72 g par mois. Ainsi leurs membres cessent de financer les trafiquants. Et à Barcelone s’est ouvert un musée du cannabis où l’on prétend que Shakespeare fumait des joints et que la bible recommandait la marihuana !

 

Le but de ces initiatives n’est pas de promouvoir les addictions. L’objectif est de séparer la drogue des armes (il faut noter que le pays le plus gros consommateur du monde, les Etats-unis, est celui où les armes sont totalement légales). La consommation de drogues peut être un problème grave, mais un problème qui relève de la santé publique, pas de la police et encore moins de l’armée.

 

Les uruguayens ont toujours été à l’avant-garde**, tôt ou tard de nombreux pays lui emboîteront le pas.

 

 

roncagliolo  D’après Santiago Roncagliolo  Hora de legalizar

 

* L’instauration de l’enseignement laïque et gratuit, de la séparation de l’église et de l’état en Uruguay datent de la présidence démocratique de José Batlle y Ordoňez (1903-1915) ; le divorce n’a été légalisé en Espagne qu’en 1981. 

** L’écrivain péruvien a une vision un peu édénique de l’histoire de l’Uruguay qui a connu dans les années 70 des escadrons de la mort et une dictature militaire.

 

NB  Cet article ne se veut pas une traduction de celui se S. Roncagliolo, mais une interprétation avec l'espoir qu'elle soit fidèle à l'esprit du texte. Les hispanistes se reporteront au texte original, paru aussi dans El Pais (supplément semanal) du 15/07/12.

 

Cannabis en vente libre : une première mondiale

http://www.courrierinternational.com/une/uruguay-cannabis-en-vente-libre-une-premiere-mondiale?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Twitter

 

 

Sur le même sujet : Légalisation du cannabis, sujet tabou ? et Cécile, fais tourner le oinge !

Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.