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23 mars 2022 3 23 /03 /mars /2022 21:09
Regards sur l’Islam

Cet ouvrage, sous la direction d'Alain Ruscio, réunit 13 autres contributeurs, pour 17 contributions. Ces regards se complètent, se recoupent parfois. Et même si les différents articles s’arrêtent à l’ère coloniale – 60 ans déjà que le cessez-le feu a été déclaré en Algérie – ils ont toujours des échos dans la société française actuelle.

Regards sur l’Islam

Prise de Jérusalem

Regards sur l’Islam

Bataille de 'Poitiers'

Ainsi de la réaction de Charles Maurras à l’édification de la grande mosquée de Paris en 1926 (financée par l’état français, dérogeant à la loi de 1905, en hommage aux dizaines de milliers de morts de confession musulmane  pendant la guerre de 1914-18) : « Il y a un réveil de l’Islam et […] un trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Genevieve [qui] représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir […]. Qui colonise désormais ? Qui est colonisé ? Eux ou nous ? »

Regards sur l’Islam

Conquête de l'Algérie

La Mise au point historico-sémantique : le mot et les maux de l’islamophobie vise explicitement les errances historiques de Caroline Fourest et Fiametta Venner. Elles affirmaient, dans un dossier intitulé « Islamophobes ou simplement laïques » que « Le mot "islamophobie" a une histoire, qu’il vaut mieux connaitre avant de l’utiliser à la légère. » À les en croire, le mot aurait été lancé par les mollahs, au moment de la Révolution iranienne, en 1979, et repris par des obscurantistes musulmans (et bien sûr par les islamo-gauchistes) un peu partout en Occident pour dénoncer toute critique de l’islam. Roland Laffitte et Alain Ruscio démontrent que cette datation est manifestement fausse. La première utilisation du mot retrouvée – sous réserve de nouvelles investigations – figure en 1910, selon ces chercheurs, sous la plume d’un certain Alain Quellien : « L’islamophobie : il y a toujours eu, et il y a encore, un préjugé contre l’Islam répandu chez les peuples de civilisation occidentale et chrétienne. Pour d’aucuns, le musulman est l’ennemi naturel et irréconciliable du chrétien et de l’Européen, l’islamisme est la négation de la civilisation, et la barbarie, la mauvaise foi et la cruauté sont tout ce qu’on peut attendre de mieux des mahométans ». On croirait lire du de Villiers.

 

Ismaÿl Urbain « De la tolérance dans l’islamisme ».

Il s’attaque à la plus grave des accusations  dont les Européens poursuivent les musulmans, à savoir "leur fanatisme", et il le fait d’une façon étonnamment moderne. Il ne se contente pas en effet des affirmations dogmatiques de la religion fondée sur la révélation mohammedienne.

Il replace d’abord dans leur contexte les versets violents dont on accuse volontiers le Coran. Se référant par exemple au verset coranique vouant au malheur les non-musulmans (III,79), il soutient qu’il ne concerne ni les juifs ni les chrétiens, mais exclusivement  les Arabes convertis à l’islam qui persévèrent dans certains rites et certaines superstitions rejetés par la nouvelle religion. Il s’attache ensuite a confirmer son jugement sur la doctrine par celui des faits, en rappelant que la religion islamique a été, au cours du temps, généralement bien plus tolérante que ne l’a été la chrétienne. Il n’étudie pas seulement, à ce propos, l’attitude des grands empires arabes et celle de l’Empire ottoman dans l’histoire, mais encore celle de l’émir Abd el-Kader dans l’Algérie contemporaine. Cela ne l’empêche pas de relever qu’à  l’instar de toute religion, l’islam est condamné à affronter les circonstances présentes, et il appelle à revenir au noyau mohammedien en se débarrassant des étroitesses et lectures exclusivistes où l’ont souvent réduit - mais l’islam n’est pas le seul dans ce cas - nombre d’exégètes, de commentateurs des différentes écoles théologiques et juridiques.

Regards sur l’Islam

Prise de la Smala

On pourrait aussi sur la politique française sur le hajj (le pèlerinage à La Mecque), ironiser sur l’instrumentalisation des épidémies de choléra, si ce n’était risquer de donner des armes à tous nos complotistes actuels sur le covid. Mais cet article est emblématique de tous les errements de cette politique coloniale. Manque peut-être une sorte d’aide-mémoire sur les doctrines successives de la colonisation algérienne, sur les luttes d’influence au Moyen-Orient entre Angleterre et France, sur les luttes pour le contrôle des lieux saints en Arabie…

Dans la même veine – les errements de la politique coloniale française – l’article de Catherine Coquery-Vidrovitch sur Comment l’incompréhension coloniale facilita l’expansion de l’islam en Afrique de l’ouest francophone mérite une attention, mêlée de consternation devant une telle sottise.

En 1908, quatre ans avant l’instauration du Protectorat, Jean Jaurès mit en garde contre un effet pervers des brutalités coloniales : « Vous savez bien que ce monde musulman, meurtri, tyrannisé tantôt par le despotisme de ses maitres, tantôt par la force de l’Européen envahisseur, se recueille et prend conscience de son unité et de sa dignité. Deux mouvements, deux tendances inverses se le disputent : il y a les fanatiques qui veulent en finir par la haine, le fer et le feu, avec la civilisation européenne et chrétienne, et il y a les hommes modernes, les hommes nouveaux […], il y a toute une élite qui dit : “L’Islam ne se sauvera qu’en se renouvelant, qu’en interprétant son vieux livre religieux selon un esprit nouveau de liberté, de fraternité, de paix” […]. Et c’est à l’heure où ce mouvement se dessine, que vous fournissez aux fanatiques de l’Islam le prétexte, l’occasion de dire : “Comment se réconcilier avec cette Europe brutale ? Voilà la France, la France de justice et de liberté, qui n’a contre le Maroc d’autre geste que les obus, les canons, les fusils !”. Vous faites, messieurs, contre la France, une politique détestable.  On se demande si tout n’est pas calculé pour exaspérer l’Islam, pour le jeter aux résolutions extrêmes, et si la propagande religieuse ne veut pas s’ouvrir par des moyens de force des champs d’action nouveaux comme le capitalisme colonial et aventurier. On ne peut s’étonner en tout cas que partout, de l’Inde au Maroc, le monde musulman s’émeuve »

Regards sur l’Islam

 

« Les Arabes nous échappent parce qu’ils dissimulent leurs femmes à nos regards » : cette phrase, attribuée au général Bugeaud (1840) traduit bien l’obsession du dévoilement chez le colonialiste. Et ce voile ne se réduit pas un foulard sur les cheveux, mais cache le visage.

Est-ce un hasard si c’est au Maroc que le sultan, commandeur des croyants, Mohammed V, incita sa fille, Lalla Aïcha, à prononcer tête (presque) nue, un discours à Tanger, en 1947 ? Lyautey avait eu pour principe de ne jamais attenter aux traditions de la société marocaine, encore moins de tenter de réformer les pratiques religieuses ou culturelles. Donc contrairement à la Tunisie et encore plus à l’Algérie, ce dévoilement au Maroc relevait de l’appréciation du souverain  estimant  que ça « ne contrevenait pas aux valeurs de l’islam et n’était pas contraire aux traditions marocaines ».

En revanche, en Tunisie, bien que ce dévoilement fut prôné par une féministe tunisienne, Habiba Menchari, il provoqua le rejet d’un jeune journaliste, Habib Bourguiba, non pas sur le principe -  en 1957 il qualifiera ce voile de "chiffon" "épouvantable" et "misérable" – mais étant donné les « circonstances spéciales », c’est-à-dire le protectorat, il récuse ce qui appelle l’antivoilisme.

En Algérie, c’est au lendemain du 13 mai 1958, que le Général Massu lance une campagne de ce qu’il appelle dévoilage. Des dévoilements publics sont organisés. Cette rage du colonialiste à vouloir dévoiler va provoquer l’arc-boutant de l’autochtone. A l’offensive colonialiste autour du voile, le colonisé oppose le culte du voile. (Frantz Fanon)

Regards sur l’Islam

Alger 1961 (Raymond Depardon)

Pierre Bourdieu, qui avait vécu en Algérie (Kabylie) de 1958 a 1960, avait très bien saisi cette signification. Le refus des valeurs imposées par les maitres « ne pouvait s’exprimer que sur le mode symbolique »  : « L’attachement à certains détails vestimentaires (le voile ou la chéchia par exemple), à certains types de conduites, à certaines croyances, à certaines valeurs, pouvait être vécu comme manière d’exprimer,symboliquement, c’est-à-dire par des comportements implicitement investis de la fonction de signes, le refus d’adhérer à la civilisation occidentale, identifiée a l’ordre colonial, la volonté d’affirmer la différence radicale et irréductible, de nier la négation de soi, de défendre une personnalité assiégée ».

 

 

De la galerie de portraits de convertis outre le peintre Etienne Dinet que j’ai évoqué, quelques figures méritent de retenir l’attention.

Le destin météorique et tragique d’Isabelle Eberhardt, d'abord. Suisse, elle a 20 ans quand elle découvre l’Algérie en 1897, deux ans plus tard elle y revient, va aussi en Tunisie, se convertit, apprend l’arabe, épouse un spahi, sur les confins algéro-marocains, elle fait la connaissance d’un colonel, Lyautey ; et est emportée en 1904 par la crue subite d’un oued. C’est Lyautey qui fera mener des recherches qui permettront de retrouver ses carnets.

Le plus cocasse fut assurément le Dr Grenier. « Converti a l’islam après plusieurs voyages en Algérie, et l’ayant fait savoir, hadj (ayant fait le pélerinage à La Mecque), il se lança dans la vie politique dans sa ville natale, Pontarlier. Lors d’une élection partielle, il fut élu député (20 décembre 1896). Quelle ne fut pas la surprise de ses collègues de le voir se présenter, le 12 janvier 1897, en burnous, puis faire ses ablutions en public. » Même s’il ne fut pas réélu, les pontilassiens de l’époque l’ont choisi comme représentant.

Le plus surprenant reste Henri Gustave Abdou’l Karim Jossot. Jossot, grand dessinateur de L’assiette au beurre, pourfendeur des sabreurs, des bourgeois, des gavés, et des curés, après deux séjours en Tunisie (1904, 1906) dont il tire un "roman-farcesque"  qu’est Viande de borgeois, (illustré de la main de l’auteur), s’y installe en 1911. « A la surprise de ses amis parisiens qui connaissaient son irréligiosité et son esprit de dérision » Abdou’l-Karim Jossot, en 1913, dans un article intitulé « La conversion de Jossot » raconte « J’ai accompli, hier soir, un acte d’une extrême gravité : devant plusieurs témoins, j’ai prononcé, en toute conviction, la formule de la Chaada : Lailahail Allah. Mohammed racoul Allah. De ce fait je suis musulman. » Il va même, en 1923, se tourner vers le soufisme et aller à Mostaganem suivre les enseignements d’un cheikh. Mais dans les années 30 il reprend des habits européens, cesse de fustiger les « néos », les Tunisiens adoptant une tenue européenne, et en 1939 publie « Le Fœtus récalcitrant » où il dit n’avoir jamais cru à aucune religion.

Regards sur l’Islam
Regards sur l’Islam

Alger 1961 (Raymond Depardon)

 

« Selon les Autorités supérieures de l’Enseignement et de la Recherche, l’Université française serait menacée de submersion dans son universalisme fondamental sous l’effet de deux courants conjugués qui trouveraient leurs racines intellectuelles dans le communautarisme étasunien, instersectionnaliste et déconstructionniste, prônant la cancel culture, et un islamogauchisme autochtone, deux courants qui communient dans un racialisme décolonial et indigéniste. » Ces « Regards français sur l’Islam, des Croisades à l’ère coloniale » viennent (essayer de) mettre un peu de raison dans ce contexte assez hystérique ; une mise en perspective aussi, par les contributions de quatorze auteurs et autrices spécialistes de périodes et d’aires géographiques différentes.  Ils pourraient, notamment, éclairer certains républicains qui ont la fâcheuse tendance de confondre musulmans et islamistes, antivoilistes, comme disait Bourguiba, dont l’intransigeance ne peut que provoquer l’effet inverse.

 

Regards sur l’Islam

 

Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (2e édition 1911) donne des articles sur le système éducatif en

Algérie colonisée

Tunisie sous protectorat

Maroc encore indépendant

Jossot Charmeur de serpent

Jossot Charmeur de serpent

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7 avril 2017 5 07 /04 /avril /2017 18:09
CHARB censuré ? Fourest déchaînée ! LDH insultée !

Pour avoir défendu Caroline Fourest à quelques reprises, j’en déplorais encore et toujours, une relation assez particulière avec les faits. Ainsi, accusait-elle, pour avoir co-signés avec plusieurs dizaines d’autres un texte consensuel au lendemain de l’attentat de Charlie Hebdo, le Président et le secrétaire général de l’Observatoire de la laïcité de frayer avec des salafistes, car, parmi les signataires, se trouvait notamment un rapeur suspect à ses yeux. Il est vrai que le 1er ministre de l’époque s’est livré à ce même amalgame malhonnête. Elle poursuit de sa vindicte Jean Baubérot car, lui, aurait accepté de répondre à une invitation de l’UOIF ! Ne parlons pas de Cohn-Bendit qui avait été voué aux gémonies pour avoir débattu avec Tarik Ramadan en 2006. Et plus récemment Macron pour une citation de touitte, sur laquelle il n’y pouvait mais.

Le livre posthume de Charb - Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes - devait être adapté sur scène à l’université de Lille, avec notamment la participation de Marika Bret, ex-DRH de Charlie, qui est à l’origine de la publication du livre.

Mais le président de l’université lilloise, Xavier Vandendriessche, redoutant des “débordements” et invoquant “un climat lourd”, a cru bien faire en supprimant Charb de la programmation. À deux reprises. Le metteur en scène, Gérald Dumont, parle de “censure” dans une lettre adressée à la ministre de la Culture, Audrey Azoulay. Et la Ligue des Droits de l’Homme (ainsi que la MRAP auquel elle voue aussi une haine inexpiable) fut accusée par C. Fourest de participer à cette « censure ».

C’est pourquoi la mise au point parue dans Politis mérite d’être entièrement citée :

CHARB censuré ? Fourest déchaînée ! LDH insultée !

Les belles âmes contre la LDH

 

Au mépris des faits, Caroline Fourest, notamment, accuse la Ligue des droits de l’homme de censure.

La Maison régionale de l’environnement et des solidarités (MRES) est un réseau associatif du Nord-Pas-de-Calais, qui regroupe plus de 110 associations, dont la Ligue des droits de l’homme (LDH) et le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap). Il y a peu, la MRES propose à la section de Lille de la LDH, ainsi qu’au Mrap lillois, de parrainer la lecture d’un texte de Charb, prévue le 2 mai, par une compagnie artistique du cru. Il s’agit du livre paru quelques mois après la mort de l’ex-directeur de la publication de Charlie Hebdo : Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes.

 

La signification d’un tel parrainage ? Une association apporte sa caution, affirme un engagement commun. Sauf que la LDH ne partage en rien les thèses de Charb sur l’antiracisme et la laïcité. Et donc décline la proposition. Or, dans son édition du 25 mars, La Voix du Nord sous-entend faussement que ce refus de parrainage équivalait à l’annulation de la lecture. Ce qui suffit à réveiller la brigade des belles âmes. Des penseurs dorés sur tranche – Bernard-Henri Lévy, Raphaël Enthoven… – s’émeuvent en 140 signes. La Licra signe un communiqué dénonçant « un acte de censure, de lâcheté et de trahison de nos valeurs ». Sous la plume de Gérard Biard, dans Charlie Hebdo, on apprend que « la Maison régionale de l’environnement et des solidarités d’Arras [sic] a déprogrammé la lecture-spectacle du livre de Charb […]. Sur ordre du Mrap […] et de la LDH. »

 

Mais dans l’art des redresseurs de torts, entre fiel et acidités gastriques, devinez qui excelle en ces termes (dans Marianne) : « La LDH, cette vieille dame qui soutenait jadis les libertés, se range du côté de la censure depuis qu’elle confond les musulmans avec les islamistes et les islamistes avec le capitaine Dreyfus. Ses principaux militants parisiens ne sont plus des professeurs laïques, mais des avocats orientalistes. Ils ont adoré défendre les islamistes algériens du FIS, soutiennent Tariq Ramadan, militent contre les lois antiterroristes avec le Collectif contre l’islamophobie et parrainent la commission Islam et laïcité, ce rendez-vous branché des sociologues ayant hurlé avec les chiens contre Kamel Daoud » ? Caroline Fourest, bien sûr ! Dont le combat au service de la vérité ne résonne jamais avec le triomphe de la morale. Un vice de forme ?

POLITIS

PS C’est moi qui ai surligné.

 

Voir aussi la mise au point très précise de Michel TUBIANA Président d’honneur de la LDH :

Petit précis de lynchage médiatique

Comme on le constate, une fois encore, Caroline Fourest, avec l’agressivité qui la caractérise trop souvent, procède à un procès en sorcellerie contre la LDH.

Elle serait peut-être mieux inspirée de concentrer sa plume polémiste, à nouveau, à l'encontre du prétendument laïque FN et contre, aussi, les faux laïques liberticides, peu éloignés sur ce plan du FN et dont, contrairement aux apparences, elle ne partage pas les thèses.

Pour compléter :

La laïcité peut-elle être universelle ?
Entretien avec Valentine Zuber

 

La laïcité n’est pas une « valeur », mais un moyen de gouverner en toute équité.

En France, elle s’illustre par l’obligation de neutralité de l’État et de ses agents dans leurs relations avec les différentes composantes de la société, cette neutralité ne pouvant, en aucune manière, s’imposer aux usagers.

Il [l'état] garantit aussi le libre exercice des pratiques individuelles ou collectives que ces convictions réclament, aussi bien dans l’espace privé que dans l’espace public (art. 1 de la loi de 1905).

Pour qu’un État soit véritablement laïque, il faut que toutes ses minorités, religieuses ou politiques, jouissent exactement des mêmes droits et libertés que celles des populations majoritaires. Et il faut bien comprendre que, parce qu’elle est un processus politique, la laïcité est toujours en devenir.

Si l’on admet que le type français de laïcité de l’État n’est pas le seul modèle possible, et que, dans la mesure où la liberté, l’égalité et la non-discrimination pour des raisons religieuses de tous les citoyens sans exception sont globalement respectées par l’État, le principe de laïcité constitue un important facteur de paix civile.

Celui-ci peut être adopté sans difficulté par tous les États du monde démocratique.

Extraits

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21 décembre 2016 3 21 /12 /décembre /2016 17:50

Quasi caricatural ce touitte de la vindicative essayiste !

La méthode Fourest

Donc le CCIF - Collectif Contre L'Islamophobie en France – félicite Macron pour une déclaration qu’il intègre dans son propre message.  Dans son propre touitte E. Macron réagissait à l’ « Intolérable incendie criminel de la salle de prière musulmane à Château-Thierry : dans notre République, chacun est libre de croire ou pas. ». Et la courte vidéo qui suivait n’aurait dû appeler que l’approbation de la passionaria d’une laïcité, beaucoup moins excessive sur le fond, qu’elle se croit obligée de l’afficher dans la forme.

La méthode Fourest

Précision : sachant que la méthode Fourest n'est pas son exclusivité - pour avoir voulu montrer que la Loi Carle bafouait la Loi Debré, donc que la droite de l'époque trahissait la droite gaullienne, j'ai été accusé "de renier un serment de Vincennes de 1960 " - je précise que si j'ai lancé une recherche dans le compte touitteur de M. Macron pour  permettre à tous de l'écouter et démontrer à Mme Fourest que tout un chacun peut en faire autant, cela ne démontre pas que je sois un Macronien !

Mais non c’est un comminatoire est-ce avec son accord ou pas ? Serait-ce faire preuve d’une suspicion déplacée de subodorer que, s’il n’y avait aucune réponse ou pire si elle était positive - si l'intégration s'était faite avec son accord - le Macron ne coupait pas à l’accusation de suppôt du salafisme ! Son équipe a, de mon point de vue, commis la faute de répondre à une interrogation qui ne méritait que mépris.

La dame – mais elle partage ce penchant avec Valls, par exemple – de jeter l’anathème sur quiconque lui semble frayer avec des associations – parfaitement légales au demeurant – qu’elle taxe de frèrisme, entendez d’être des sous-marins de frères musulmans : le CCIF bien sûr, l’UOIF évidemment, sans doute Coexister et d’autres… Ainsi suffit-il, au lendemain de l’attentat de Charlie de co-signer un appel consensuel avec 79 autres responsables d’organismes et associations, mais parmi eux le responsable de ce CCIF, pour être accusé par Valls et Fourest de complaisance avec des signataires qui participent à un « climat nauséabond ».

On notera que Valls, à l’époque 1er ministre, ayant fait adopter l’état d’urgence, n’a cependant engagé aucune action contre ces associations néfastes !

Et Fourest persiste dans cette assez lamentable chasse au sorcier Bianco. Outre des attaques personnelles calomnieuses à l’encontre de Jean Baubérot, on retrouve cette manie excommunicatrice : il est dénoncé comme compagnon de route de l’UOIF !

L'islamophobie

peut se définir comme la peur, ou une vision altérée par des préjugés, de I'islam, des musulmans et des questions en rapport. Qu'elle se traduise par des actes quotidiens de racisme et de discrimination ou des manifestations plus violentes, I'islamophobie est une violation des droits de I'homme et une menace pour la cohésion sociale.

Conseil de l'Europe

Le terme d’islamophobie est récusé parfois par certains – Charb par exemple – en ce qu’il permettrait de discréditer toute critique de l’islam et viserait à (r)établir un délit de blasphème ; il est revendiqué même – Mme Badinter par exemple – par celles et ceux pour qui, la religion étant prétendument  affaire privée – il faut interdire le port du fichu, baptisé voile islamique, à l’université, voire dans tous les lieux publics.

L’objection de Charb vise plutôt une utilisation abusive du terme. La revendication de Mme Badinter reflète une conception liberticide de la laïcité, contraire d’ailleurs à la Loi de 1905.

Mais quel terme employer alors quand, le neu-neu-du-bocage, je veux dire le Vicomte de Villiers, clame dans tous les micros complaisamment tendus : "L'islam est incompatible avec la République, incompatible avec la civilisation française" ; "Il n'y a pas de compromis possible avec l'islam" ? Ou bien quand Zemmour, dans « Un quinquennat pour rien », affirme que « le défi de l’islam est lancé » et qu’il faut donc livrer bataille aux musulmans ?

Et si l’emploi à tort et à travers de l’invective islamophobe doit être dénoncé, que dire de ceux qui voient des dhimmis partout (avec une vision très anachronique du terme) et qui vous traitent, au détour d’un touitte, d’idiots utiles, de collabos, d’islamo-gauchistes !

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5 février 2015 4 05 /02 /février /2015 18:33
Askolovitch, chien de garde de l’anti-islamophobie

Décidément le « Je suis Charlie », cette affirmation portée par des millions de personnes que la liberté d’expression est notre bien inaliénable, reste fragile. A peine le dernier n° de Charlie épuisé que déjà des chiens de garde de la lutte contre une prétendue islamophobie aboient. Claude Askolovitch s’en prenant à un dessin de Xavier Gorce en est un parfait spécimen.

 

  Le PS avait demandé à Xavier Gorce – dessinateur du Monde– d’illustrer en direct les débats du grand rassemblement des secrétaires de section réuni à la Mutualité le 1er février.  Communication moderne exige, ces dessins de manchots, chers à l’auteur des Indégivrables étaient touittés en direct aussi.

Askolovitch, chien de garde de l’anti-islamophobie

Les dessins de Xavier Gorce le 1er février à la Mutualité

NB C'est moi qui ai encadré le fameux dessin objet d'opprobes;

Tout baigne, jusqu’au 8e dessin.  « A 11h08, le compte twitter du PS publie un dessin représentant 3 pingouins habillés d’une burqa dont l’un porte une pancarte où il est écrit : « Je suis pas Charlie ». Alerté par un autre compte twitter, celui d’Alkanz, (…) portail d’information autour de la communauté musulmane, publie à 12h28 un tweet expliquant que le « PS est bien puant », suivi d’un retweet traitant le parti socialiste de « raciste ». Après une injonction identitaire appelant les musulmans vivant dans les quartiers à voter contre le PS, Alkanz a continué sa charge contre Xavier Gorce et contre le PS estimant cette fois que le dessin surfait sur « l’islamophobie ambiante », relayé quelques minutes plus tard par le journaliste Claude Askolovitch* qui, en paraphrasant la célèbre phrase d’August Bebel «l’antisémitisme, c’est le socialisme des imbéciles», estime lui aussi que le dessin était islamophobe. » nous explique L'abeille et l'architecte

Askolovitch, chien de garde de l’anti-islamophobie

Le touitte de Claude Askolovitch

Sur le coup, Zineb el Razhoui, qui dénonçait, sous les procès en racisme l’art de museler la critique dont abusait ceux qu’elle nommait les idiots utiles de l’islamisme, a parfaitement raison. Avec le zèle des convertis, l’ex-collaborateur du peu islamophile Point, dérape dans la semoule.

On peut cependant regretter que le secrétariat du PS**, cédant donc à ces touittes stupides, ait retiré celui qui comportait ce dessin.

Askolovitch, chien de garde de l’anti-islamophobie

Touitte d'Alexis Bachelay, député PS

On peut surtout regretter qu’Alexis Bachelay en ait rajouté une couche.  Certes, il peut trouver ce dessin ni subtil, ni drôle : il ferait beau voir que la liberté d’expression justement revendiqué par Charlie interdise de critiquer un dessin. Mais lui aussi dérape dans la semoule quand il évoque un amalgame qui relève du coup de l’anathème. Car voir dans 3 manchots en burka un amalgame entre islamistes fanatisés et pacifiques musulmans relève soit de la mauvaise foi, soit de la sottise. On peut, au contraire, d’ailleurs, critiquer ce dessin pour n’enfoncer qu’une porte ouverte. Il est évident que les porteuses volontaires de burka ou de niqab ne sont pas Charlie, mais pas du tout !

 

Boualem Sansal, écrivain algérien, cité par L’abeille et l’architecte, expliquait, dans une interview au Progrès, que c’est « une technique pour faire taire l’adversaire » car « les islamistes cherchent à culpabiliser ceux qui s’en prennent à l’islamisme en leur disant : vous êtes racistes, c’est l’islam que vous voulez critiquer. »

 

AlKanz et Askolovitch seraient mieux inspirés de s’en prendre aux vrais xénophobes déguisés en islamophobes, tels Riposte laïque, site raciste canal hystérique comme dit Le Canard enchaîné.

 

Et le PS serait bien inspiré de ne pas céder à l’intimidation de quelques braillards qui déshonorent la cause qu’ils prétendent défendre.

 

Non à l’amalgame ! c’est ce que j’avais affiché sur mon tarbouch au rassemblement spontané de notre commune. Mais Non à l’intimidation et aux faux-procès. Et Oui à la liberté d’expression !

 

 

* Claude Askolovitch est à l’origine de « l’affaire Siné ». Le 8 juillet 2008, lors d’une émission sur RTL, il qualifie d’antisémite une chronique du dessinateur Siné publiée dans Charlie Hebdo, qui ironisait sur une éventuelle conversion au judaïsme du fils du président de la République, Jean Sarkozy ; ça lui vaudra le surnom de Sarkolovitch.

 

** Cependant l’ensemble des dessins de Xavier Gorce reste visible sur le site du PS

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8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 17:23
Le « voile » à l’université : un non problème ?

Histoire de meubler une actualité censée être vide en cette période estivale, Le Monde « s’est procuré » un document explosif. Un rapport de la « mission sur la laïcité » du Haut conseil à l’intégration (HCI), datant d’avril. Il préconise l’interdiction du voile dit islamique à l’université. Interdiction qui n’a pas grand chose à voir avec les prétendus faits qu’il dénonce. Mais qui va alimenter les discours haineux de la faschosphère de plus en plus décomplexée.

 

Qui a pu sortir du placard où l’avait enterré l’Observatoire de la laïcité, ce texte signé d’Alain Sekzig, responsable de feu la mission laïcité du HCI ? Les extraits qu’en donne Le Monde sont soit d’une extrême généralité soit vraisemblablement controuvés.

Et derrière des formules alarmistes - nombreux contentieux, Les problèmes n'ont pas disparu, ne se sont pas raréfiés mais se sont banalisés – rien n'est quantifié, rien n'est situé.Certaines des atteintes à la laïcité "dans certaines universités où des tenants de courants chrétiens évangéliques ou néobaptistes critiquent les théories darwiniennes de l'évolution au profit de thèses créationnistes. Ailleurs, des écrits de Voltaire, de Pascal ou de Camus peuvent être rejetés" sont en général évoquées pour les lycées. Car on voit mal des étudiants choisir une filière dont ils récuseraient les contenus de base. Cet exemple ne plaide pas en faveur du sérieux et de l’honnêteté de ce rapport qui semble accumuler des faits improbables.

 

Et des plus vagues et hétéroclites par ailleurs : "des demandes de dérogation pour justifier une absence, au port de signes d'appartenance religieuse, à des actes de prosélytisme, à la récusation de la mixité tant au niveau des étudiants que des enseignants, à la contestation du contenu des enseignements, à l'exigence de respect des interdits alimentaires, à l'octroi de lieux de culte ou de locaux de réunion à usage communautaire..." Que peut bien vouloir dire ce salmigondis ces demandes de dérogation pour justifier une absence dans des facs, où le contrôle de l’assiduité est quasi inexistant ? Sur la mixité et le contenu de l’enseignement, les instances universitaires peuvent rappeler aux contestataires que l’enseignement supérieur n’est pas obligatoire et donc que nul n’est obligé de s’y inscrire. Les problèmes alimentaires ne sont pas de même nature et il peut y avoir des accommodements raisonnables, très limités sans doute car les restos U. doivent jongler avec un budget serré. Que des étudiants demandent l’octroi de locaux ne veut pas dire qu’on les leur accorde. Et dans toutes ces vagues dénonciations, rien qui soit lié au port d’un foulard ou d’un fichu. Ne reste donc que le port de signes d’appartenance religieuse et le prosélytisme, les deux semblant confondus par l’auteur.

Le « voile » à l’université : un non problème ?

Le rapport disait s’appuyer notamment sur une enquête de la conférence des universités datant de 2004. L’actuel président de cette conférence, Jean-Loup Salzmann, dément de fait cette assertion : "pour répondre aux questions des étudiants, nous avons édité, en 2004, un guide, sorte de charte de bonnes pratiques à observer à l'université en matière de laïcité : ce qui est interdit, ce qui est autorisé." Et il récuse des plus nettement cette interdiction du foulard à l’université : "C'est une mauvaise idée sur la forme, et sur le fond. Sur la forme, on ne traite pas un non-problème par une loi. Sur le fond, l'université, ce n'est pas l'école. Les étudiants sont majeurs, ce sont des adultes et on ne peut limiter leurs libertés individuelles. Nous pensons que c'est un sujet qui nécessite de l'apaisement, de la discussion, et certainement pas une approche teintée d'islamophobie, comme celle du HCI." 

 

Le rapporteur est un militant affiché de l’interdiction tout azimut du port du voile. Ainsi a-t-il approuvé des directrices d’écoles maternelles qui récusaient la présence de mères en fichus pour assurer la sécurité des bambins lors d’une sortie scolaire. Mères que lesdits bambins peuvent voir tous les jours à la sortie de l’école. L’affaire « baby loup » où la cour de cassation a dit le droit très clairement dans les attendus de deux jugements simultanés, pousse des laïcistes à réclamer l’interdiction du foulard, jusqu’aux nounous à domicile. La phobie du voile a aussi porté sur les adultes inscrits dans la formation continue des GR.ETA. (groupements d’établissements secondaires publics), voire sur les parents d’élèves élus aux conseils d’administration des mêmes établissements. Et les plus voilicides d’entre eux vont – au risque de porter un coup grave à la maison Hermès et ses « carrés » de soie – jusqu’à vouloir proscrire le port du fichu dans tout espace public.

Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation de l'état et des églises 1905

Aristide Briand, rapporteur de la loi de séparation de l'état et des églises 1905

Ce délire textile qui, s’il en finissait avec le foulard, s’attaquerait ensuite aux robes – ne rigolez pas ça a commencé – est contraire et à la lettre et à l’esprit de la loi de 1905. Il faut donc constamment rappeler, ce que disait Aristide Briand : « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

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