Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 16:30
Photos empruntées à l'article "circoncision" de wikipedia

Photos empruntées à l'article "circoncision" de wikipedia

Sur ‘fessebouc’ je m’étais inscrit à un groupe intitulé Les athées, les non-croyants, les libres penseurs, laïques et humanistes. Un article intitulé « Islande: un projet de loi pour interdire la circoncision » provoquant des commentaires à mon sens quelque peu exagérés voire douteux, je réagis . Que n’avais-je pas fait ? Un modérateur co-fondateur du groupe m’intime quasiment l’ordre de me la fermer : on est libre-penseur mais pas pour la pensée libre. Et il assène comme un dogme : une mutilation sexuelle, il va même ne reculant devant rien jusqu’à écrire « amputer, mutiler, le corps d'un bébé ».

Commençons donc par cette fameuse proposition de loi islandaise : « Les députés de cinq partis politiques islandais ont soumis jeudi un projet de loi au parlement visant à interdire la circoncision des mineurs, pouvant punir la pratique jusqu'à six ans d'emprisonnement ».

On n’aura pas la cruauté de rappeler aux islandais ni à celui qui clame « L'Islande, toujours en avance ! Espérons que ce projet de loi devienne une loi ! »,  le temps lointain où leur gouvernement demandait aux Étatsuniens le rapatriement aux USA des soldats noirs de la base militaire de Keflavik. Juste quand même rappeler que l’Islande compte un peu plus de 300 000 habitants. Qu’elle s’est ouverte depuis peu à une immigration et comptait, au 1er janvier 2016, 31 812 immigrés, essentiellement européens (Polonais, Lituaniens, Danois, Suédois, etc.) et un peu asiatiques (Philippins, Thaïlandais…). Et si le pays a fait un effort pour accueillir des réfugiés du moyen-orient, en 2017, il comptait un peu plus d’une centaine de Syriens. Combien d’Islandais « de souche », comme disent nos identitaires, se réclament de la religion juive ou musulmane, sans doute aucun. Et les quelques syriens de confession musulmane – s’il y en a – après ce qu’ils ont subi chez Assad et vu leur nombre ne vont pas trop crier au scandale, si cette loi d’interdit passait.

Faut-il proscrire la circoncision ?

Précisons, car le jeu pervers de l’interprétation des propos est très pratiqué par nos prétendus « libres penseurs », que la circoncision ne fut jusqu'à présent pour moi que l’occasion de ricaner sur le « saint prépuce » et que je me bats les glaoui de cette pratique rituelle, dans les religions juives ou musulmanes, en règle générale.

Juste que je trouve assez cocasse qu’un dieu puisse réclamer le sacrifice d’un petit bout de peau du zizi. Sacrifice qui n’a absolument aucune commune mesure avec la véritable mutilation que représente l’excision.

Mais ce dieu a aussi des exigences insolites en matière alimentaire, le cochon étant, si j’ose dire, la bête noire, des deux confessions. Là-dessus des sectes profanes, comme les vegans, sont encore plus rigoureuses. Et s’agissant de circoncision, comme le rappelle l’excellent article de wikipedia, la secte hygiéniste a réussi à convaincre les huit dixièmes de la population étatsunienne de sacrifier ce petit morceau de peau de leurs nouveaux-nés mâles. Et les fêtards blasés que peint un Teddy Rodgers sont tous circoncis.

Plus sérieux, il semble démontré que la circoncision diminuerait les risques de SIDA, à tel point que l’OMS et l’ONUSIDA la recommandent comme une mesure préventive pour les hommes sexuellement actifs dans les populations exposées à de forts risques de contamination au VIH. Non pas, comme a cru bon de me le rétorquer un pseudo modérateur, pour l’opposer au préservatif, mais, faute hélas trop souvent de son usage, diminuer le risque.

J’ai donc rappelé que si, chez nos Islandais, une telle mesure d’interdit ne risque pas de provoquer beaucoup de vagues, dans notre beau pays,  le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) risquerait fort de monter au créneau et les personnes d’origine musulmane – même celles qui n’ont plus qu’un rapport lointain avec la religion – de le prendre comme une agression. Superbe, mon interlocuteur me rétorque que ce n’est pas aux religions de faire la loi ! Et avec cette bonne foi qui le caractérise m’envoie à la figure des textes bibliques, que j’ai moi-même depuis longtemps rappelés, en mettant, sans vergogne, la circoncision sur le même plan que l’exécution des homosexuels édictée dans le Lévitique 20-13 !

Sauf que, si un tel interdit était prononcé, la pratique de la circoncision se maintiendrait, mais dans la clandestinité. Pour les plus aisés pas trop de problème : ils trouveront toujours un praticien qui par conviction et/ou appât du gain, procédera à l’intervention. Pour tous les autres le recours à ce que je n’ose appeler des charcutiers qui, dans des conditions d’hygiène douteuses, ôteront plus ou moins bien le prépuce.

On peut, certes, avec Frank Ramus, s’élever contre « l’endoctrinement et l’affiliation précoce de l’enfant à l’un des partis de dieu que sont les religions institutionnelles, à un âge où il n’est pas en mesure d’y consentir » et donc proposer, pour toutes les religions, « de protéger les enfants de toutes les formes d'endoctrinement religieux, pour les reporter soit jusqu'à l'âge de leur majorité civile, soit jusqu'à l'âge d'une majorité religieuse qui serait à définir par le législateur, mais dont on comprendrait mal qu'il puisse être inférieur à celui de la majorité sexuelle. » Mais serait-ce faire injure à cet éminent neuroscientifique de considérer que ce souhait, sauf à imaginer un monde où l’enfant jusqu’à 15 ou 18 ans est soustrait à l’influence de sa famille, son quartier, les réseaux sociaux, etc., est purement utopique ?

Pour en revenir à la circoncision, non ce n’est pas une mutilation sexuelle – la privation du prépuce ne met en jeu aucune fonction vitale : miction, érection, éjaculation, etc. ; elle n’est pas plus grave que l’ablation des amygdales ; une loi d’interdit mettrait en cause un des principes de la loi de 1905 garantissant le libre exercice des cultes ; et elle s’inscrirait dans le courant liberticide illustré par le Printemps Républicain.

Repost0
6 mars 2017 1 06 /03 /mars /2017 16:26

M le magazine du Monde (27/01/2024) revient sur cette affaire de Tuam  En Irlande, vers l’exhumation des 796 bébés morts dans le foyer religieux de Tuam

Irlande : 800 bébés dans une fosse commune d’un couvent

Que sont devenus les bébés fantômes ? s’interrogeait L’Obs en 2014. Près de 800 cadavres viennent d'être découverts dans un couvent de religieuses en Irlande. Il y avait des fœtus, bébés et enfants enterrés dans une fosse commune.

La commission, qui enquête en Irlande sur les Maisons d’accueil dirigées par des ordres religieux au XXe siècle, a informé vendredi 3 mars de la découverte d’un grand nombre de squelettes humains dans des cavités souterraines dans un centre tenu par des religieuses dans la commune de Tuam, à l’ouest du Pays.

The commission is shocked by this discovery and is continuing its investigation into who was responsible for the disposal of human remains in this way. ”

Irish examiner

En présentant quelques-unes de ses conclusions, la Commission sur les mères et les bébés a déclaré être choquée par cette découverte d’un grand nombre de restes humains dans 17 au moins d’une vingtaine de cavités souterraines mises à jour par les experts légistes ces dernières semaines.

Parmi ces dépouilles il y a un grand nombre d’individus dont l’âge est compris entre la 35e semaine de gestation et deux ou trois ans, a expliqué le porte-parole de la commission au sujet de ce centre de Tuam, qui fonctionnait comme maison d’accueil des mères célibataires entre 1925 et 1961.

Le gouvernement de Dublin avait mis en place cette commission en 2014 pour éclaircir cette question, depuis qu’avait été avancée la possible existence de près de 800 squelettes d’enfants dans une fosse commune dans l’enceinte d’un centre religieux des Sœurs du Bon Secours.

Irlande : 800 bébés dans une fosse commune d’un couvent

Centre d’accueil et de mort

En fait, ses investigations ont permis de mettre en lumière la surmortalité infantile enregistrées dans ces institutions durant le siècle dernier, les pratiques d’enterrements des défunts, les politiques d’adoption et même certains programmes de vaccination expérimentale.

Le gouvernement a estimé qu’environ 35 000 mères célibataires sont passées par un des dix centres d’accueil gérés par les ordres de religieuses catholiques depuis la création de l’état irlandais en 1922 jusqu’aux années 70.

En 2013, une autre enquête officielle avait révélé le comportement de ces religieuses catholiques dans ce qui était baptisé Magdalene Laundries (Blanchisseries ‘Madeleine’), où, entre 1922 et 1996, des milliers de femmes, enfermées, travaillèrent dans un régime de semi-esclavage et de maltraitances.

Irlande : 800 bébés dans une fosse commune d’un couvent

Parmi les motifs qui amenaient à cette réclusion de femmes, l’enquête cite les maltraitances familiales, une attitude immorale dont, bien sûr, les grossesses hors mariage.

Ces ‘immorales’ filles-mères, comme disait la société de l’époque, se sont donc retrouvées dans ces maisons d’accueil comme celle dirigée, entre 1926 et 1961, par les Sœurs du Bon secours à Tuam. Elles y accouchaient dans les pires conditions, restaient avec le bébé, s’il ne décédait pas, pendant un an, avant d’être envoyées dans ces blanchisseries sans leur enfant.

Le Refuge macabre !

Le scandale de Tuam avait éclaté quand Catherine Corless, femme d'agriculteur, passionnée d'histoire locale et de généalogie, avait découvert des certificats de décès sans sépultures. Elle en avait déduit que presque 800 bébés et enfants gisaient dans l’espace qu’occupait une fosse septique de ce couvent connu sous le nom du Refuge !

Cette hypothèse, contestée par des médias catholiques, a donc été confirmée.

Selon une experte, la mortalité infantile dans ces lieux se situait entre trente et cinquante pour cent (30 à 50%) durant la décade 1930-1940 du fait des dures conditions de vie et de la négligence des religieuses.

Irlande : 800 bébés dans une fosse commune d’un couvent

On soupçonne qu’il y ait d’autres cas comme celui de Tuam ; les enquêtes de la commission se sont donc étendues à d’autres institutions de religieuses dans le pays. En plus de la fosse de Tuam, il existait trois autres centres, tenus eux par les Sœurs du Sacré-Cœur de Jesus, maintenant fermés, qui possédaient ce qu’elles appelaient la parcelle des anges, où l’on pense que pourraient être enterrés près de 3200 enfants.

Une de ces maisons d’accueil a fourni l’argument du film Philomena, qui reçut, entre autres, quatre citations aux oscars de 2014, et qui conte les efforts d’une mère irlandaise pour retrouver son enfant, donné en adoption à une famille étasunienne, sans son autorisation.

Selon le film et le livre sur lequel il est basé, Philomena Lee s’est heurtée aux tentatives des religieuses d’entraver sa recherche. Tout permet de penser que si tous les registres de l’institution, où son fils lui a été ôté, ont brûlé, c’est qu’ils auraient fait apparaître que ces bonnes soeurs avaient retiré des bénéfices financiers de ces adoptions !

Terrible rapprochement avec les enfants volés de l’église franquiste.

Bien qu’elle soit sérieusement déconsidérée après de nombreux scandales, l’église catholique garde son emprise morale sur l’Irlande : l’IVG y est toujours interdite* !

 

 

* Le vendredi 25 mai 2018, par une large majorité, les Irlandais-e-s ont dit OUI à la légalisation de l'IVG : https://www.lemonde.fr/europe/article/2018/05/26/l-irlande-rompt-categoriquement-avec-des-siecles-de-prohibition-de-l-avortement_5304876_3214.html

 

Voir aussi, ci-dessous, la réaction du Bureau Européen de Coordination de la Libre Pensée

En Irlande, vers l’exhumation des 796 bébés morts dans le foyer religieux de Tuam

Cette commune s’apprête à arracher de l’oubli les 796 enfants enterrés sans sépulture, entre 1925 et 1961, au sein de son foyer pour mères et bébés. L’histoire de ce « home » révèle les maltraitances dans les institutions catholiques où, jusque dans les années 1980, les femmes tombées enceintes hors mariage étaient placées.

 

Pourquoi les petits pensionnaires du home sont-ils morts en si grand nombre, jusqu’à trente ou quarante par an après la guerre, alors qu’ils avaient été confiés aux soins des sœurs du Bon Secours, un ordre de religieuses spécialistes des soins infirmiers ? Pourquoi reposent-ils dans l’ancienne fosse septique de l’institution et pas dans le cimetière municipal, tout proche ?

Catherine Corless cherche des réponses à ces questions depuis plus de dix ans.

Depuis 2012, elle a patiemment amassé les actes de décès des petits disparus et prouvé, cartes du cadastre à l’appui, qu’ils étaient enterrés dans la fosse septique du home. Dans quelques mois, « avant l’été prochain », espère-t-elle, les travaux d’exhumation qu’elle réclame depuis si longtemps devraient enfin commencer.

Une Eglise catholique toute-puissante

En quelques années, l’Irlande s’est métamorphosée : les églises se sont vidées, le mariage homosexuel a été légalisé en 2015, l’avortement en 2018, les Irlandais ont amené au pouvoir en 2017, puis à nouveau en 2022, un premier ministre d’origine indienne et homosexuel, Leo Varadkar. L’Irlande du XXᵉ siècle était radicalement différente : indépendante depuis 1922, elle était pressée de se distinguer du Royaume-Uni, l’ex-pouvoir colonial protestant. L’Eglise catholique y jouissait d’un pouvoir immense et imposait des règles répressives et misogynes aux femmes qui contrevenaient à ses normes sociales.

Concevoir un enfant hors mariage était à l’époque une infamie qui rejaillissait sur toute une famille. Les futures mères étaient envoyées dans des Mother and Baby Homes et séparées de leurs bébés, considérés comme illégitimes.

Environ cinquante-six mille femmes et cinquante-sept mille enfants sont passés par ces institutions entre 1922 et 1998...

Les taux de mortalité étaient effarants : la commission d’enquête a établi que neuf mille enfants nés dans ces institutions y sont morts, soit 15 % d’entre eux.

 

Daniel Mac Sweeney est un ex-membre du Comité international de la Croix-Rouge... Sa mission, en Irlande, va consister à extraire tous les restes humains, pour procéder aux recherches ADN à des fins d’identification et pour comprendre la cause du décès, à les rendre à leurs familles, si celles-ci se manifestent, et à leur donner une sépulture respectueuse.

 

Dans le home de Bessborough, près de Cork, plus de neuf cents enfants sont morts entre les années 1920 et 1960. Plus de mille enfants ont disparu à Sean Ross Abbey (comté de Tipperary), institution gérée comme Bessborough par la congrégation des sœurs du Sacré-Cœur. Pourtant, aucune enquête approfondie n’a été lancée.

 

Extraits

Repost0
5 janvier 2010 2 05 /01 /janvier /2010 22:06

fete-dieu

La loi de 1905 a donné lieu à des débats de haute volée, ainsi celui sur l’Article 25 qui, dans sa rédaction initiale, édictait que les églises, séparées de l’état, « n’ont pas le droit d’emprunter la voie publique pour les manifestations de leur culte » car elles imposeraient ainsi « aux indifférents, aux adeptes des autres confessions religieuses le spectacle inévitable de leurs rites particuliers. »

 

Le débat a d’abord lieu à fronts renversés. C’est un député catholique, M. Groussau*,  qui combat cet article, mais avec des arguments inattendus dans sa bouche. Dans une argumentation rigoureuse, il cite un avis juridique de 1833, qui estime que cette conception « ferait tomber les croix et les cloches qui couronnent les églises, car qui sait si cette vue n’inquiète pas, n’afflige pas le non croyant et l’église de notre temps serait reléguée aux catacombes par le principe de la liberté comme l’église naissante par la persécution. »

Pour lui, citant à nouveau « Il n’y a point à tenir compte ses susceptibilités des libres penseurs ou des religionnaires de confessions différentes sous le prétexte que leurs regards peuvent se trouver offensés et leurs sentiments froissés. La liberté de conscience ne doit pas être conçue d’une façon négative, comme imposant aux différentes confessions religieuses l’obligation de se dissimuler, elle doit être conçue d’une façon positive, comme leur imposant de se tolérer réciproquement, ce qui implique pour chacune d’elle la faculté de se développer, de se manifester. »

 

Ce qu’approuve Ferdinand Buisson, Président de la commission, fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme.

 

Groussau poursuit : « Les manifestations religieuses sur la voie publique seraient susceptibles de troubler l’ordre public » fait-il dire au rapporteur. Ce à quoi il rétorque : «  L’ordre public ne m’est pas indifférent, mais je crois qu’il ne faut pas lui donner plus qu’il n’exige légitimement, et, quand l’ordre public n’est pas en danger, il y a un autre intérêt qui s’impose, c’est celui de la liberté. »

« La manifestation publique des sentiments apparaît de plus en plus comme une nécessité dans un pays démocratique. » « Il faut se montrer libéral partout et ne mettre l’interdit nulle part. »

Il cite aussi un publiciste belge : « Depuis que la République est proclamée en France, le système des mesures arbitraires n’a pas été abandonné, il s’en faut, et elles ont été généralement approuvées parce qu’elles atteignaient des minorités détestées : on oublie qu’elles sont la négation de la liberté. »

 

A. Briand, avec esprit, rétorque  « Je n’ai pas vu, sans étonnement, mais aussi sans quelque plaisir, l’honorable M. Groussau faire brûler sur l’autel de la liberté tant d’encens que la Chambre en est encore toute parfumée », mais ne dit rien sur le fond.

 

Et il va se faire prendre à contre-pied par M. Noulens (député du Gers, Radical) qui indique que la Libre pensée était contre la prohibition des processions. « Nous pensons qu’il est nécessaire d’assimiler les processions et autres cérémonies religieuses à toutes les manifestations qui peuvent se produire sur la voie publique. »

 

 « Nous sommes dans un pays où il y a des Français qui jouissent de la liberté générale et qui, à condition qu’ils ne violent pas la loi et ne constituent pas un danger imminent et pressant pour l’ordre public, doivent être autorisés à manifester pacifiquement, même sur la voie publique, leurs opinions et leurs croyances. » affirme un républicain conservateur (Ribot)

 

L’amendement supprimant la prohibition des manifestations religieuses sur la voie publique fut adopté.

 

L’article, devenu 27, sera : « Les cérémonies, processions et autres manifestations extérieures d'un culte continueront à être réglées en conformité des articles 95 et  97 de la loi municipale du 5 avril 1884.
Les sonneries de cloches seront réglées par arrêté municipal, et, en cas de désaccord entre le maire et le président ou directeur de l'association cultuelle, par arrêté préfectoral.
Le règlement d'administration publique prévu par l'article 43 de la présente loi déterminera les conditions et les cas dans lesquels les sonneries civiles pourront avoir lieu.
 »

 

Ce débat fait donc litière de la fausse affirmation sur « privé/public » - les convictions religieuses ou philosophiques dans la sphère privée, la sphère publique étant « neutralisée » - que continuent de clamer certains.

Il n’est pas, non plus, dépourvu de résonance dans les débats actuels : la réflexion du publiciste belge s’inscrit ainsi quasi parfaitement dans le faux débat sur le voile intégral.

 

Extraits du débat du 26 Juin 1905 (qui comporte aussi un autre débat en résonance avec l’actualité sur la soutane) http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp#compte_rendu. On peut déplorer que les photos des pages de comptes rendus des débats soient d’une telle médiocrité technique rendant certaines colonnes illisibles et les autres difficiles à déchiffer.

 

* Député du Nord de 1902 à 1936.

groussau Fils d'un boulanger, Henri Groussau obtint son doctorat en droit et exerça la profession d'avocat. Professeur de droit administratif à la Faculté libre de Lille, il fonda en 1893 et dirigea la Revue administrative du culte catholique. Il publia de nombreux travaux de droit administratif et d'économie sociale, notamment en 1880 La guerre à la religion. L'un des premiers, il s'était conformé aux directives de Léon XIII sur le ralliement. II fut l'un des plus précieux collaborateurs de Jacques Piou et d'Albert de Mun.
Il fut élu pour la première fois député dans l'arrondissement de Lille le 27 avril 1902, par 5.778 voix contre 2.633 à M. Paul Saint-Léger, industriel, républicain radical. Il avait fait campagne sous l'étiquette de républicain libéral.
Il fit rapidement preuve d'une grande activité qu'il employa à défendre la liberté de l'enseignement et les congrégations.

http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=3605

Repost0
5 janvier 2008 6 05 /01 /janvier /2008 15:52

7 mars 1932 : décès d’Aristide Briand, Prix Nobel de la Paix et rapporteur de la loi du 9 décembre 1905.

    Aristide Briand, le grand oublié lors du centenaire le la LOI DE 1905, loi dont il fut le maître d’œuvre, voulait une séparation qui ne fût pas la victoire d’un camp sur un autre ; il voulait une loi qui permette, ce qu’avaient voulu au XIXe siècle Lamartine et Montalembert, une église libre, dans un état libre. Il souhaite une séparation loyale et complète. Il s’oppose ainsi à la vision de la laïcité de ses amis de la Libre-Pensée qui n’apprécient pas  que le texte ne combatte pas l’église et ne cherche pas à la réduire.

Ainsi,  quand Vaillant affirme : « Tant que l’église n’aura pas entièrement disparu, tant que la laïcisation de la société ne sera pas faite, notre tâche ne sera pas assurée… », il déclare « J’ai horreur de la guerre religieuse. Le succès de mes idées, leur réalisation, dépend trop de la pacification des esprits  pour ne pas voir l’église s’accommoder du régime nouveau. »

Interpellant des députés anticléricaux, il demande « Que voulez-vous faire ? Voulez-vous une loi de large neutralité, susceptible d’assurer la pacification des esprits […] ? Si oui, faites que cette loi soit franche, loyale et honnête. »

 

Une fois tous les articles votés, il s’adresse aux députés de droite : « Vous ne pouvez pas vous plaindre, messieurs, d’avoir rencontré chez nous, sur le fond même des choses, un parti pris tyrannique puisque, dans plusieurs circonstances sur des points graves, je pourrais dire essentiels du projet, nous nous sommes rendus à vos raisons, désireux que nous étions de faire accepter la séparation par les nombreux catholiques de ce pays. […] Ce mot a paru extraordinaire à beaucoup de républicains qui se sont émus de nous voir préoccupés de rendre la loi acceptable par l’église. » Il conclut que la majorité républicaine a généreusement accordé aux catholiques « tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences : la justice et la liberté. ».

 

Un pape particulièrement borné

Briand avait parié sur l’intelligence de l’église, hélas le pape de cette époque est particulièrement borné.

Deux mois après la promulgation de la loi, Pie X la condamne sans détour, dans des termes dont on entend comme de lointains échos dans le discours du « chanoine de Latran ». Pour lui, cette loi est « la négation très claire de l’ordre surnaturel. Elle limite en effet l’action de l’état à la seule poursuite de la prospérité durant cette vie qui n’est que la raison prochaine des sociétés politiques ; et elle ne s’occupe en aucune façon, comme lui étant étrangère, de leur raison dernière qui est la béatitude éternelle. » Il rappelle les règles de fonctionnement de l’église dans laquelle « la multitude […] n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs. »

Face à cette intransigeance, A. Briand va proposer en décembre 1906 une loi « telle que, quoi que fasse Rome […], il lui soit impossible de sortir de la légalité. Voilà notre violence et notre tyrannie. »

 

Il faudra cependant attendre 1924 et Pie XI pour que la papauté accepte de facto la loi de 1905.

 

Aristide Briand résume bien l’esprit de la loi de 1905 en écrivant dès son rapport* sur le projet de loi : « Toutes les fois que l’intérêt de l’ordre public ne pourra être légitimement invoqué, dans le silence des textes ou le doute sur leur exacte interprétation c’est la solution libérale qui sera la plus conforme à la pensée du législateur. »

 

D’après Aristide Briand, le ferme conciliateur Gérard Unger Fayard

 

 

 

 

 

 

 

* Le texte de la loi, les débats parlementaires du 21 mars 1905 au 3 juillet 1905, la chronologie http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/eglise-etat/sommaire.asp

 

Faux débat, qui ressort régulièrement, public/privé.
 

La loi de séparation des églises et de l’état, en abolissant le concordat, fait relever les églises du droit privé et non plus du droit public (l’état ne salarie plus ses « ministres » ni ne nomme les évêques). Donc, sur le plan strictement juridique cette distinction est fondée.

En revanche, vouloir faire croire que les convictions religieuses ne peuvent s’afficher publiquement est totalement contraire à la loi de 1905.

« Les réunions pour la célébration d'un culte tenues dans les locaux appartenant à une association cultuelle ou mis à sa disposition sont publiques. » (Art 25 : elles se passent d’ailleurs souvent dans des édifices publics mis gratuitement à la disposition de ces cultes). Le débat sur l’article 27 qui porte sur les sonneries de cloches, les processions sur le domaine public a donné lieu à  un affrontement entre ceux qui voulaient les interdire (ainsi que le port de la soutane sur la voie publique : Briand ironisa sur ceux qui voulaient que la République se préoccupe d’habillement) a été tranché dans un sens « libéral » (soumis à autorisation des maires et la plupart des arrêtés d’interdiction ont été annulés par la justice administrative).

 

    En revanche, l’obstination des papes, affirmée par Pie X, mais qui reprend de la vigueur avec JP 2 puis B 16, et du clergé à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) est toujours présente. Il n’est que de voir la manifestation organisée par une église espagnole qui n’a jamais reniée son soutien indéfectible à la « croisade franquiste », pour défendre les « valeurs familiales ». En Italie, elle se livre à des pressions sur les parlementaires. Si l’église de France est plus sage – mais les propos indécents du chanoine d’honneur du Latran risquent de faire évoluer négativement le climat – elle n’en appelle pas moins à re-catholiser un enseignement privé qui, bien que confessionnel, tendait à se séculariser fortement. Elle ne fait que suivre le Vicomte Le Jolis de Villiers de Saintignon que j’ai entendu à Montaigu, il y a au moins douze ans, fustiger les représentants de l’enseignement privé sur ce même thème.

 

Cette « renaissance », à laquelle appelle notre Ouf 1er, ne serait-elle pas la renaissance du cléricalisme ?



Ci-dessous un petit montage de dessins tirés des journaux anticléricaux de l'époque d'Aristide Briand , quelques-uns d'entre eux portant sur la séparation de l'église et de l'état (église au singulier, car ils ne portent que sur l'église catholique).

 

 

 

Repost0

Présentation

  • : Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • Deblog Notes de J. F. LAUNAY
  • : Education, laïcité, politique et humeurs personnelles, en essayant de ne pas trop se prendre au sérieux.
  • Contact

Nota Bene

Le deblog-notes, même si les articles "politiques" dominent, essaie de ne pas s'y limiter, avec aussi le reflet de lectures (rubrique MLF tenue le plus souvent par MFL), des découvertes d'artistes ou dessinateurs le plus souvent érotiques, des contributions aux tonalités diverses,etc. Pour les articles que je rédige, ils donnent un point de vue : les commentaires sont les bienvenus, mais je me donne bien sûr le droit d'y répondre.

Recherche

Nelle Formule

Overblog - hébergeur du deblog-notes - a réussi l'exploit de lancer une nouvelle formule qui fait perdre des fonctions essentielles de la version précédente. Ainsi des liens vers des sites extérieurs disparaissent (désolé pour  Koppera, cabinet de curiosités, ..). Les albums se sont transformés en diaporamas, avec des cadrages coupeurs de têtes. La gestion des abonnés et des commentaires est aussi transparente que le patrimoine de Copé. Et toutes les fonctions de suivi du deblog-notes - statistiques notamment - sont appauvries.