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4 octobre 2021 1 04 /10 /octobre /2021 20:43
SAINT FRANCO

Non ce n’est pas un canular : Pilar Gutiérrez, fille d'un ministre de la dictature, a envoyé cette demande de canonisation, signée par plus de 5000 nostalgiques du franquisme, à tous les évêques d’Espagne. Évêques qui font profil bas Et pour instruire ce procès en béatification la dame Pilar fait état de miracles accomplis par le défunt, comme d’avoir ressoudé la queue fracturée de son chat !

L'exaltation de la dictature franquiste a aussi son côté ultra-catholique. Au moins 5 200 personnes pensent que le dictateur Francisco Franco doit non seulement être admiré et applaudi, mais aussi vénéré comme saint à cause de ses « miracles ». Cette demande de canonisationn est défendue par le Mouvement pour l'Espagne dirigé par Pilar Gutiérrez , fille de l'ancien ministre du régime Joaquín Gutiérrez Cano. Les évêques, loin de condamner cette initiative, ont opté pour la voie du silence officiel. 

La voyante Luz Amparo Cuevas

La voyante Luz Amparo Cuevas

Les miracles de Franco

L'action supposée miraculeuse du dictateur est défendue bec et ongles par Gutiérrez. Ayant lancé son mouvement le 20 novembre 2018, en réaction au projet, d’exhumer la dépouille du caudillo, elle a recueilli des témoignages qui attestent d’actes miraculeux réalisés par le dictateur après sa mort. Entre autres, des apparitions présumées du dictateur  au Prado Nuevo , le domaine madrilène où la voyante Luz Amparo Cuevas , aujourd'hui décédée, a affirmé avoir vu la Virgen de los Dolores. Ainsi, Mari Luz Gómez, originaire de Madrid, cite le témoignage de Dolores Moreno - sur laquelle aucune autre information n'est fournie -, qui lui a assuré que « plusieurs personnes présentes aux apparitions de Notre-Dame au Prado Nuevo, ainsi que la voyante Amparo Cuevas, ont contemplé, dans une vision, le général Franco au plus haut dans le ciel ».

Une autre femme, Sonsoles Sánchez del Corral , assure que "la Sainte Vierge" a montré à la voyante "où était Franco ". Ce n'était pas exactement sa tombe dans la vallée des morts, mais une vision fantomatique à Prado Nuevo.

Dans le chapitre sur les « bienfaits » effectués par le dictateur, un autre événement incroyable est relaté : le don anonyme d'une importante somme d'argent pour une campagne anti-avortement menée par le mouvement ultra-catholique « Unidos por la Vida ». C'est arrivé, si l’on en croit la plate-forme qui appelle à la sainteté de Franco, en 1998. Les ennemis de l'avortement avaient besoin d'argent pour mener à bien leur initiative, et juste à ce moment-là, la chef du groupe a décidé de se confier au dictateur. « Franco, tu n'aurais jamais permis que l'avortement soit légalisé, aide-nous ! » fut sa prière.

"Trois jours plus tard, j'ai reçu dans mon courrier une lettre avec un chèque d'un million de pesetas , d'un donateur anonyme. Avec cet argent, nous avons pu payer les dettes et étendrer la campagne, cette fois dans 8 autres villes, avec un avion pour survoler les plages des îles Canaries", assure-t-il.

Scatologie ou la merde de Yuko

En 2009, Pilar Gutiérrez a dénoncé le maire de Madrid  Alberto Ruiz-Gallardón  pour avoir autorisé la célébration de la Gay Pride. Cinq ans plus tard, en tant que présidente de la plate-forme anti IVG "Unidos por la Vida", elle a apporté au Sénat un plateau d'argent rempli de "merde de chat" pour signifier que la loi sur le délai d'avortement "est une merde".

Le 14 mai 2015, l'avocat madrilène Eduardo Ranz, expert en mémoire historique, a porté plainte en tant que victime d'une autre de ces performances scatologiques. Deux femmes ont laissé une boîte d'excréments à la porte de son bureau madrilène. La boîte portait également une note qui disait :  « C'est un petit échantillon de la merde que vous jetez sur l'Espagne en  persécutant les victimes du terrorisme rouge même après la mort ! Le comble de l'infamie ! qui sème récolte ».

La queue du chat

Passons sur une malheureuse chômeuse, qui, grâce à Franco, aurait gagné 100€ à la loterie. Venons-en à Yuko, le chat de Pilar. Yuko doit tout à Franco. Si aujourd'hui il remue joyeusement la queue, c'est par l'intercession du dictateur. C'est ce qu'assure Pilar Gutiérrez. "La franquiste de Telecinco", raconte que son chat s'est cassé la queue près du coccyx. Le vétérinaire a recommandé de l'amputer, mais la militante franquiste s'est méfiée de la science et s'est remise entre les mains de son idole bien-aimée. Franco pourrait-il faire quelque chose pour la queue de son animal de compagnie ? Selon elle, oui : "Je me suis confiée à Franco un jour devant sa photo, voyant mon chaton si triste : ' Franco, aide-moi, je t'aide. Que sa queue guérisse, s'il te plaît'. Et quatre mois plus tard , voila !" La femme accompagne son témoignage de la photo de Yuko et sa queue relevée, dressée vers le ciel où siège certainement le thaumaturge.

Plus politique est cet autre miracle, la décision des juges à libérer 11 des 14 membres d’un commando d’extrême-droite condamnés pour l'attaque du centre culturel Blanquerna en septembre 2013. Le 11 septembre 2013, alors qu’environ 70 personnes célébraient la Diada (fête nationale catalane), un commando d’une quinzaine de personnes avait attaqué ce centre culturel catalan à Madrid au cri de « La Catalogne, c’est l’Espagne ». Gutiérrez et son groupe d'adeptes ont décidé d'ouvrir une "chaîne de prière" pour demander que les ultras de Blanquerna ne finissent pas en prison. Les premières prières ont eu lieu dans une paroisse située près du siège de La Phalange à Madrid. « Quand ils ont découvert pourquoi nous priions, ils nous ont mis à la porte », dit-elle. Les ultra-catholiques franquistes ont continué les prières chez eux. Aujourd'hui Gutiérrez sourit : elle pense que si ces nervis sont libres, c'est grâce à leurs prières et à la grâce de Francisco Franco.

SAINT FRANCO

Elle a attribué au caudillo un autre miracle : l’échec du transfert de sa dépouille de la Valle de los Caidos. Les procédures lancées par les nostalgiques du franquisme n’ont fait que retarder le transfert.

Canonisons Franco

Forte de ses éclatants miracles, la fille du ministre a donc envoyé une demande d’ouverture d’un processus de canonisation pour Franco, par une lettre adressée à tous les évêques d’Espagne. "Révérend Monseigneur, nous désirons demander au nom des 5.241 signataires de notre Manifeste catholique de présenter devant le Saint-Siège, avec les autres évêques d'Espagne auxquels nous adressons cette demande, notre demande d'ouvrir la cause de béatification du Serviteur de Dieu et de l'Église Francisco Franco Bahamonde »

SAINT FRANCO

Une cause de canonisation doit passer par quatre étapes, supervisées par le Vatican à travers la Congrégation pour la Cause des Saints. Un décret Nihil Obstat ouvre le processus après avoir considéré le postulat Serviteur de Dieu. Plus tard, il est déclaré vénérable, si le pape dicte un décret d'héroïcité des vertus. Avant la promotion à Bienheureux, cinq médecins et huit théologiens examineront s'il a accompli des miracles. Le bienheureux devient saint si un second miracle lui est attribué.

La demande n'a pas reçu de réponse officielle des évêques, qui n'en ont pas profité pour rejeter catégoriquement l'idée de canoniser le dictateur Gutiérrez assure que certains représentants de l'Église lui ont fait savoir « personnellement » qu'ils soutenaient son initiative"Je ne vais pas donner leurs noms pour ne pas leur faire de tort", a-t-elle déclaré. 

 

« La Conférence épiscopale n'a pas donné signes de vie, car elle représente une Église qui a cessé d'être la garante de la Loi de Dieu pour être une institution au service du mondialisme et contre la souveraineté des nations, contrairement à ce que Franco a réussi. rendre l'Espagne souveraine », critique la promotrice de cette campagne. « C'est pourquoi ils n'ont pas répondu, et je ne pense pas qu'ils le feront, mais ce n'est pas nécessaire, car tous les saints ne sont pas sur des autels. »

 Pilar Gutiérrez

Pilar Gutiérrez

Dans sa supplique aux évêques, Gutiérrez a présenté six arguments. Le plus cynique est la magnanimité, qu’elle prête  à Franco envers ses ennemis, pour avoir commué des milliers de condamnations à mort ; elle exalte son « combat acharné contre la pauvreté endémique en Espagne », « la paix sociale et l’unité fraternelle et politique » des Espagnols,  « la régénération morale de la nation » et surtout d’avoir sauvé l’Église de l’extermination en Espagne et d’avoir « établi le Royaume du Christ en Espagne en appliquant la doctrine sociale de l’Église » !

Terminons donc par un extrait de la prière pour Franco : : "Notre Père qui êtes aux cieux,  pour votre fils préféré Francisco Franco,ayez pitié de cette Espagne qui  vous a offensé  (...) donnez-nous une autre chance de (…) pouvoir débarrasser l'Espagne de ceux qui veulent la détruire".

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12 avril 2018 4 12 /04 /avril /2018 18:04
Macron et la laïcité : un lien abîmé !

Quitte à passer pour un horrible contempteur d’un « texte rare par son élévation et son interpellation », comme dit Nicolas Domenach, sans doute inspiré par une spiritualité qui m’échappe, j’ai trouvé que cette longue intervention d’un Président de la République devant un parterre de prélats était, pour rester dans l’euphémisme, des plus mal venues.

« Le lien entre l’Église et l’État s’est abîmé, il nous incombe de le réparer.... », ce touitte a donc fait réagir les inquisiteurs – admirons au passage ce retournement qui fait du laïque, un peu interloqué, un chasseur d’hérétiques. Et quoi, ont protesté les maîtres de l’exégèse de la pensée macronienne, cette phrase ne reflète pas tout le texte. Sauf que cet extrait était publié par le compte touitteur …‏ @EmmanuelMacron, donc choisi par lui ou celui qu’il a chargé de tenir ce compte. Et même si la phrase réelle est un peu plus longue, son résumé ne la trahit pas.

Or elle n’a, à proprement parler, aucun sens puisque, comme son nom l’indique, la loi de séparation des églises et de l’état, en 1905, a coupé ce lien. 

Macron et la laïcité : un lien abîmé !

Bizarrement c'est Clemenceau qui manie la hache alors que c'est Briand qui fut le maître d'oeuvre de la Loi de 1905

Mais on aurait mal saisi la complexité de la pensée macronienne : par lien il faut entendre dialogue. Outre que le dialogue ne signifie pas accord, il est difficile de vouloir faire croire que, dans le débat sur le mariage pour tous, les prélats aient fait preuve du sens de la nuance et certaines de leurs ouailles, et même de leurs pasteurs, ont montré, à l’encontre de la Ministre chargée de porter cette loi, une haine fort peu charitable et teintée de racisme. Et dans cette phrase, mise en exergue répétons-le par son auteur, on entend comme un écho du prétendu « anticléricalisme d’état » à la Sarkozy. Macron partage d’ailleurs avec ce prédécesseur une vision historique un peu surprenante quand il incite les catholiques à ne pas renoncer à la République [qu’ils ont] si fortement contribué à forger. Il faut attendre 1892 pour que Léon XIII appelle les catholiques à accepter la République, avec un succès relatif. Et il n’est pas non plus loin de chanter les racines chrétiennes de la France quand il sacrifie au « récit national » et qu’il loue la part catholique de la France.

Macron et la laïcité : un lien abîmé !

Plus cocasse encore est le paragraphe où il dit que tous les jours les mêmes associations catholiques et les prêtres accompagnent des familles monoparentales, des familles divorcées, des familles homosexuelles(sic), des familles recourant à l'avortement, à la fécondation in vitro, à la PMA , des familles confrontées à l'état végétatif d'un des leurs… en ajoutant L’Eglise accompagne inlassablement ces situations délicates et tente de concilier ces principes et le réel. Qu’il y ait des citoyens qui croient au ciel, et d’autres qui n’y croient pas, pour œuvrer dans des associations caritatives est indéniable. Mais l’église, elle, et les plus sectaires de ses membres lancent l’anathème jusque sur la capote ! Les divorcés sont toujours exclu des sacrements. L’IVG est bien sûr condamnée (il n’est que de voir ce qui se passe quand l’église catholique est encore hégémonique, comme en Pologne, et où elle l’a longtemps été comme en Espagne). Quant aux familles confrontées à l’état végétatif de l’un des leurs, le propos est d’une cruelle ironie quand le drame du pauvre Vincent Lambert, maintenu artificiellement en vie, connaît un nouveau rebondissement.

Les allusions les plus dangereuses concernent justement la bioéthique.

S’adressant à G. Pontier, président de la conférence des évêques de France, il lui dit : « Vous considérez que notre devoir est de protéger la vie, en particulier lorsque cette vie est sans défense. Entre la vie de l’enfant à naître, celle de l’être parvenu au seuil de la mort, ou celle du réfugié qui a tout perdu, vous voyez ce trait commun du dénuement, de la nudité et de la vulnérabilité absolue. » Ce sera pour lui l’occasion d’un long dégagement, assez jésuitique, sur l’accueil des réfugiés. Mais, dans le propos du prélat, il ne relève pas la condamnation de l’IVG ni celle de l’euthanasie. Et comme il ajoutera plus loin « il faut trouver la limite car la société est ouverte à tous les possibles, mais la manipulation et la fabrication du vivant ne peuvent s'étendre à l'infini sans remettre en cause l'idée même de l'homme et de la vie », on peut craindre que les manipulations génétiques, ayant pour but d’éviter une maladie ou corriger une anomalie génétique, bien qu’approuvées par 75 et 71% des catholiques pratiquants (sondage publié par La Croix) passent à la trappe.  

Quand il assène que « pour des raisons à la fois biographiques, personnelles et intellectuelles [il se fait] une plus haute idée des catholiques », on doit lui rappeler ce que disait Mauriac de De Gaulle « ce grand chef temporel ne touche jamais au spirituel […] il ne paraît pas croire que le spirituel en tant que tel relève de la politique ».  

Les thuriféraires, voire, un peu gênés aux entournures, des laïques très attachés à la Loi de 1905, se hâtent de mettre en avant le rappel fait aux principes même de cette loi. « Mon rôle est de m'assurer qu'il ait la liberté absolue de croire comme de ne pas croire mais je lui demanderai de la même façon et toujours de respecter absolument et sans compromis aucun toutes les lois de la République. C'est cela la laïcité ni plus ni moins, une règle d’airain pour notre vie ensemble qui ne souffre aucun compromis, une liberté de conscience absolue et cette liberté spirituelle que je viens d'évoquer. »

Mais comme l'a aussi rappelé très opportunément Jean-Paul Delahaye (actuel président du CNAL) en citant Jules Ferry : « Lorsque l'on veut chercher à assurer la paix entre deux puissances rivales, l'Etat et l'Eglise, la constitution laïque de la société et le pouvoir ecclésiastique,  lorsque l'on veut que ces deux puissances morales vivent en paix, la première condition, c'est de leur prescrire de bonnes frontières. Ce n'est pas dans la confusion des attributions, dans le mélange des idées qui ne peuvent conduire qu'à la discorde ». *

Et bien qu’il ait aussi dit que la voix de l’église ne peut être injonctive, son intervention ne peut que conforter l’église catholique dans la tentation perpétuelle du cléricalisme, cette volonté obstinée des papes et du clergé à subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective (d'après Marc Ferro).

Voir aussi :

* Lien avec l'Eglise: le Président a semé ses «cailloux» en «petit Poucet» malin

Macron, laïcité: danger!

Le lien entre le président et la laïcité s’est abîmé : il lui incombe de le réparer (se-UNSA)

La République et la laïcité, un lien à réaffirmer

 

Et si vous voulez vous marrer écoutez celui que l'odieux Didier Porte surnomme Son Altesse Sénilissime, Gérard Collomb : "il y a du poète chez Emmanuel Macron lorsqu'il décrit la société" !

 

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9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 17:58
Décembre 2012 : prière sur la Place J'maa-elFna, Marrakech

Décembre 2012 : prière sur la Place J'maa-elFna, Marrakech

La laïcité falsifiée, c’est la laïcité UMPenisée, de Marine Le Pen à Jean-François Copé, annoncée par un rapport Baroin sur la nouvelle laïcité. Laïcité UMPenisée appuyée par de pseudos républicains qui, bien que proscrivant tout adjectif, prônent une laïcité répressive antithèse de la laïcité libérale voulue par Aristide Briand, Ferdinand Buisson et Jean Jaurès avec la loi de 1905.

 

« La laïcité apparaît trop souvent, depuis une vingtaine d’années, comme un principe d’interdits et de restriction aux libertés, ce qu’elle n’est pas » J.L. Bianco, Pdt de l’Observatoire de la laïcité.

 

En décembre 2010, Marine Le Pen, en campagne pour l’accession à la tête du FN, compare les quelques prières de rue des Musulmans à l’occupation de la France par les nazis. Immédiatement, protestations de tout bord contre l’indigne comparaison. Elle opère alors un habile repli statégique : sa déclaration devait être entendue au nom de la défense de la laïcité et contre le communautarisme. Miracle ! Sarkozy embraye, condamnant même d’imaginaires appels à la prière, inexistants en France, jusqu’à Benoît Hamon qui trouve « inacceptable cette situation ». « En hypertrophiant un problème, on façonne la lepenisation de la société » : l’OPA de Marine Le Pen sur la laïcité a réussi !

 

Copé, à la tête de l’UMP ne voudra pas rester en reste. Il lance un débat sur l’Islam et la République, appuyé par un Guéant qui prétend que les Français ont « le sentiment de ne plus être chez eux » et, au sujet de l’Islam « Cet accroissement du nombre des fidèles et d’un certain nombre de comportements pose problème ». Ce qui lui vaudra d’être déclaré « membre d’honneur du FN » par Marine Le Pen. L’initiative de Copé, rebaptisée « débat sur la Laïcité » sera un fiasco. Mais laissera des séquelles.

 

   La laïcité UMPénisée n’est pas tombée du ciel. Dans un rapport de 2003 intitulé : « Pour une nouvelle laïcité », François Baroin y explique que le conflit des deux France est achevé, que le dissensus entre France laïque et catholique n’est plus d’actualité, et que de nos jours la laïcité va vers le culturel et l’identitaire. Elle peut devenir une valeur de droite. Cette appropriation de la laïcité par la droite est possible, selon François Baroin, parce que la gauche est culpabilisée par l’héritage colonial, et si la laïcité devient « culturelle et identitaire » c’est face à l’Islam et face aux immigrés. Ainsi, la gauche fait la promotion des droits de l’homme, et « à un certain point, la laïcité et les droits de l’homme sont contradictoires ».

Image Ligue de l'enseignement

Image Ligue de l'enseignement

Cette laïcité identitaire va s’épanouir dans le culte des racines, racines chrétiennes, à la limite un peu gréco-romaine et, ancien testament oblige, juive. Dans la surenchère franchouillarde, Sarkozy et son calamiteux discours de Latran va être concurrencé par le Haut conseil à l’intégration (HCI) qui outre l’affirmation historiquement très fragile que « l’idée de laïcité existait sous l’Ancien Régime » va affirmer que la laïcité « exception française » a été imitée par le Mexique. Comme le note ironiquement Jean Baubérot, en 1859 les Mexicains ont imité la loi de séparation des églises et de l’état de 1905 ! Cette vision franchouillarde est d’autant plus incongrue, que Briand lui-même évoque l’exemple mexicain dans son rapport à la commission parlementaire, préparatoire à la Loi de 1905.

 

Le stéréotype anticlérical de la « femme soumise » est recyclé par cette nouvelle laïcité. Au 19e siècle, quand il était question de la « femme soumise », il était fait explicitement référence à la femme catholique qui allait au confessionnal. Aujourd’hui, il suffit de remplacer la femme catholique par la femme musulmane qui porte un foulard. Cette laïcité UMPenisée est une sorte de feuille de vigne, une manière polie d’être islamophobe. Quitte à être antisémite, puisque le halal honni, censé envahir nos étals de boucher, ressemble fort au casher et que les apéros sauciflard-pinard feraient fuir aussi bien un juif qu’un musulman.

 

« Si [Marine Le Pen] invoque aussi facilement la loi de 1905, c’est que celle-ci est mésinterprétée (…) on la sacralise et on la méprise, on lui fait dire souvent le contraire de ce qu’elle a dit. »

 

    Selon Ferdinand Buisson l’État laïque c’est l’État neutre entre tous les cultes, et la France a toujours eu une conception assez forte de la neutralité dans sa laïcité ainsi les fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions, ne doivent porter aucun signes religieux distinctifs, ni d’ailleurs politiques. La laïcité s’applique aux institutions non aux individus, dans la loi de séparation des églises et de l’état.

 

La droite et l’extrême droite veulent étendre la neutralité à certains secteurs de l’espace public alors qu’elle ne s’applique qu’à la puissance publique et aux services publics, ils veulent instaurer une  logique répressive contre la logique libérale de la loi de 1905. « Dans l’espace public (…) la liberté est le principe, la restriction sans parler de l’interdiction est l’exception » (Rémy Schwartz). Cette nouvelle laïcité est une hypertrophie de la neutralité – et d’une certaine interprétation de la neutralité – atrophiant la liberté de conscience, l’égalité des droits, mais aussi la séparation. Cette exigence s’élargit démesurément, et une partie de la gauche y souscrit. En jouant sur l’ambiguïté privé/public, avec des formulations sur la religion qui relève de la sphère intime. Or si l’adhésion à une religion ou pas relève bien de chaque individu – c’est la liberté de conscience qui englobe la liberté religieuse – la manifestation de sa religion (ou de son athéisme) peut se faire dans l’espace civil. La loi de 1905 ne laisse place à aucune erreur d’interprétation sur ce point.

 

Mais ce serait donner une idée trop partielle du livre de Baubérot qu’en résumant – trop sommairement – l’aspect en quelque sorte défensif de son livre.

 

Il propose une politique refondatrice de la laïcité.

 

Car, au-delà de la séparation des églises et de l’état, la laïcité c’est aussi la séparation de la loi civile avec des dogmes religieux et des normes morales particulières. La séparation du mariage civil et du mariage religieux en 1792 est une première étape, puis la loi sur le divorce (1884), la contraception (1967), l’IVG (1975), le mariage pour tous (2014). De nouvelles libertés laïques sont à conquérir, dans le domaine de la bioéthique (recherche sur les cellules souches notamment) ou dans celui du droit de mourir dans la dignité, donc le recours à l’euthanasie

 

Contre ces avancées, des religions invoquent des ruptures anthropologiques, ce fut le cas pour le mariage civil, le divorce, l’IVG, ce l’est encore avec le mariage pour tous, comme si les repères anthropologiques étaient anhistoriques.

La laïcité n’empêche personne de vivre selon ses propres croyances anthropologiques. Elle veille seulement à ce que de telles croyances ne soient pas imposées à l’ensemble de la société. C’est précisément sur le terrain de la liberté que la laïcité s’impose aux religions non sur celui d’une répression ciblée ou générale.

 

Pour compléter : un compte-rendu de conférence au Québec

La laïcité falsifiée _ Jean Baubérot

   4e de couverture

Classiquement considérée comme un des principaux marqueurs de la gauche, la laïcité aurait-elle viré à droite, voire à l'extrême droite ? La question se pose depuis le « débat sur la laïcité » de l'UMP, les effets de manche de la droite populaire et les références répétées de Marine Le Pen à la séparation de la religion et de l'État. De nombreuses personnalités dénoncent cette dérive sans véritablement réussir à la réfuter. Protester contre la « stigmatisation » des musulmans - souvent le vrai motif de cette nouvelle posture « laïque » - est bien sûr nécessaire. Mais en rester là se révèle totalement insuffisant, car cette nouvelle laïcité de droite se pare de valeurs partagées comme la démocratie, l'égalité des sexes et la liberté d'expression. Il est donc urgent d'analyser, point par point, comment la laïcité peut être ainsi falsifiée et pourquoi on fait dire aussi facilement à la loi de séparation de 1905 le contraire de ce qu'elle a réellement dit.

 

C'est ce que fait Jean Baubérot dans cet essai, où il démonte les mécanismes de la nouvelle laïcité et montre que, pour la promouvoir, il faut oser mettre en cause les structures dominantes de la société ellemême. Dans deux chapitres conclusifs passionnants, il propose un « programme républicain pour refonder la laïcité » et une libération des cléricalismes d'aujourd'hui, grâce à la recherche d'un art de vivre : la « laïcité intérieure ».

 

    Editions La Découverte 9,50 €

 

 

Pour compléter : La laïcité pour faire société, excellent dossier de la Ligue de l'enseignement (téléchargeable format pdf)

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2 octobre 2014 4 02 /10 /octobre /2014 14:35
Homoncule

Homoncule

Durant sept ou huit siècles, selon la doctrine catholique, l’âme humaine n’entrait dans le fœtus mâle qu’environ 40 jours après la conception et dans le fœtus femelle pas avant 80 jours. Donc, avorter avant l’arrivée de l’âme n’était pas pécher.

 

La doctrine de l’église catholique sur l’avortement n’a pas toujours été celle de maintenant qui considère tout embryon comme un être humain en puissance. Ce ne le fut qu’à partir de Pie IX en 1869, quand Rome décida de cesser de faire la distinction entre fœtus animatus et inaminatus, fœtus ayant une âme et fœtus encore sans âme ; cette césure qui marquait la frontière entre moral et immoral donc, dans la traduction de la loi divine en loi des hommes, entre légal et illégal.

 

Car, entre le XIIe et le XIXe siècles, l’idée prédominante, chez les théologiens était que l’âme humaine entrait dans le fœtus mâle vers le quarantième jour, et dans le fœtus femelle aux alentours du quatre-vingtième. Ainsi, jusqu'à presque 6 semaines pour les garçons, et quasi 12 semaines pour les filles, avorter ne pouvait être considéré comme un péché. Et comme, à l’époque, il était impossible de connaître le sexe de l’embryon avant sa naissance (ou l’avortement), l’église, dans sa grande indulgence, ne prononçait d’excommunication que pour les avortements au-delà du quatre-vingtième jour supposé (selon ce que dit Laura Bossi dans « Histoire naturelle de l’âme »).

Quand l’église admettait l’avortement !

Curieusement la doctrine actuelle, consacrée par le droit canon en 1917 et de nouveau en 1983 sous la papauté de Jean-Paul II, renoue avec celle qui avait cours dans l’église au IVe siècle, quand Basile de Césarée (dit Basile-le-Grand) et Grégoire de Nysse, pères de l’église, défendaient la thèse d’origine stoïcienne que l’âme, en quelque sorte, s’injectait avec le sperme dans l’utérus, que l’embryon était « animé » - pourvu d’une âme – dès la conception.

Le naturaliste Albert le Grand, qui fut le maître de Thomas d’Aquin fut aussi partisan de cette animation simultanée, mais son propre disciple, Thomas, se ralliera à la thèse, défendue par Aristote, de l’animation retardée de l’embryon.

 

Et comment se fait-ce que les embryons masculins s’animent avant les féminins ? C’est aussi une idée aristotélicienne. Dans son Histoire des animaux, le philosophe grec prône l’idée d’une supériorité masculine dans l’échelle de la nature (scala naturae), que les fœtus masculins soient animés avant les féminins est donc tout-à-fait logique.

Sa thèse était parfaitement raccord avec l’Ancien Testament (Lévitique, 12, 1-5*) qui dit, en gros, que la femme est impure quarante jours après la naissance d’un garçon et le double après la naissance d’une fille.

Ce qui voudrait dire que, passée la quarantaine de rigueur, les femmes seraient dotées d’une âme équivalente à celle de l’homme. Dieu merci et merci à dieu !

 

On se gardera bien sûr de tout commentaire machiste sur ce différentiel et encore plus de considérations sur le Lévitique que l'on laissera prudemment aux savants exégètes. Mais cet aperçu historique permet de relativiser les péremptoires affirmations des actuels "pères de l'église", qui, à coup de sophismes, veulent imposer leur conception dogmatique, comme en Espagne, pour proscrire l'IVG.

 

 

* Lévitique 12, 1-5

1 ▪ Et l’Éternel parla à Moïse, disant:

2 Parle aux fils d’Israël, en disant: Si une femme conçoit et enfante un fils, elle sera impure sept jours; elle sera impure comme aux jours de l’impureté de ses mois.

3 Et au huitième jour on circoncira la chair du prépuce de l’[enfant].

4 Et elle demeurera trente-trois jours dans le sang de sa purification; elle ne touchera aucune chose sainte, et ne viendra pas au sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis.

5 Et si c’est une fille qu’elle enfante, elle sera impure deux semaines comme dans sa séparation, et elle demeurera soixante-six jours dans le sang de sa purification.

Voir aussi Textes sacrés… sacrés textes !

 

    Laura Bossi Histoire naturelle de l’âme, P.U.F., coll. Science, histoire et société, 2003

 

N.B. Cet article est librement inspiré de celui d'un site espagnol, strambotic, dont deux illustrations en sont tirées.

 

 

 

Pour égayer cet austère et théologique article, un numéro de duettistes entre Pedro Almodovar et un certain McNamara dont on doute qu'il soit le fils du Robert McNamara, secrétaire à la défense de Kennedy puis Johnson (celui-là semblerait plus à la défonce).

Entre l'élancé Mcnamara sur ses talons hauts, épaule érotiquement dénudée, moulé dans un magnifique collant noir et le trapu Almodovar avec ses cuissots épais enveloppés dans un laid collant translucide au-dessus d'un slibard d'un autre âge, le contraste est saisissant.

Pour autant que l'on puisse comprendre l'un des deux va être maman - donc pas question d'avorter - et le rejeton sera prénommé Lucifer et fera dans la prostitution.

Mais une traduction par des hispanophones distingués serait la bievenue.

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20 avril 2014 7 20 /04 /avril /2014 10:43
La France championne du monde de la tolérance ?

Le centre de recherche PEW a enquêté dans 40 pays sur l’adultère, le jeu, l’homosexualité, l’IVG, le sexe entre adultes non mariés, la consommation d’alcool, le divorce, la contraception.

 

L’angle choisi par ce sondage est insolite. Ainsi, au lieu de demander si le-la sondé-e est pour ou contre l’usage de contraceptifs, la question devient : l’usage de contraceptifs est-il moralement acceptable, moralement inacceptable ou ne relève pas de la morale ? (Using contraceptives is morally acceptable, morally unacceptable, or is it not a moral issue ?). La tentation serait d’additionner ceux qui estiment le divorce, l’IVG, etc. comme moralement acceptable ou ne relevant pas de la morale comme des POUR. 

Mais s’agissant, par exemple, de la consommation d’alcool, les 57% de Canadiens ou les 56% de Français qui considèrent que ça ne relève pas de la morale posent peut-être plus sainement le problème en termes de santé publique.

 

 

La France championne du monde de la tolérance ?

Sur les 40 pays, je n’en ai retenu que 13 : Etats-Unis et Canada en Amérique du Nord, Argentine Brésil et Chili en Amérique latine, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie Espagne et France en Europe de l’Ouest, Pologne et Tchéquie en Europe de l’Est et enfin la Russie. Tous ayant été sous influence chrétienne, certains plus spécifiquement catholique, avec des destins historiques proches par groupe de pays du temps de la guerre froide (alliance Atlantique, Bloc soviétique, dictatures en Amérique latine) semblaient plus évidents à comparer. Et, à tort ou à raison, l’angle choisi, intitulé « global view on morality », m’a semblé peu pertinent pour sonder des pays musulmans, au vu, notamment, des résultats en Tunisie.

La France championne du monde de la tolérance ?
La France championne du monde de la tolérance ?
La France championne du monde de la tolérance ?
La France championne du monde de la tolérance ?
La France championne du monde de la tolérance ?
La France championne du monde de la tolérance ?
NB La ligne plus épaisse sous l'Italie est indépendante de ma volonté et n'a donc aucune signification.
NB La ligne plus épaisse sous l'Italie est indépendante de ma volonté et n'a donc aucune signification.

NB La ligne plus épaisse sous l'Italie est indépendante de ma volonté et n'a donc aucune signification.

L’église catholique a perdu la bataille du contraceptif

Le pape précédent a eu beau mettre la capote à l’index, l’église a beau condamner l’usage des contraceptifs, même la catholique Pologne ne compte que 17% de fidèles à cet enseignement. Il n’en reste que 4% en France et seulement 2% en Espagne. L’Argentine ou le Chili en comptent 6%.

Elle a aussi perdu la bataille de la chasteté en dehors des liens sacrés du mariage, même si l’échec est moins net. 22% des polonais trouvent moralement condamnable de copuler en dehors de l’hymen consacré. Ils sont même 35% au Brésil mais presque autant aux Etats-Unis (30% comme la Russie !). En revanche Français et Allemands ne sont que 6% à prôner l’abstinence, à peine plus en Espagne avec 8%.

 

Sauf en France, l’adultère est sévèrement jugé

   Les galipettes extra-conjugales sont condamnées aussi massivement aux Etats-Unis, fidêles à leur réputation de puritanisme et au Brésil, ce qui colle moins avec l’image légère que nous avons du pays de la samba (84%). Même l’Allemagne atteint 60% de désapprobation contre 64% en Italie ou en Espagne. Seule la France descend en dessous des 50% de réprobation (47%) et 4 sondés sur 10 considèrent que les coups de canif dans le contrat ne relèvent pas de la morale.

 

L’église a pratiquement perdu la bataille du divorce.

Presqu’un quart des brésiliens condamne le divorce. Ils sont suivis par la Pologne, les Etats-Unis, la Russie à 22%. L’Italie est à 18%. Mais l’Espagne, à 4%, s’est très vite accommodée d’un divorce qui ne date que de 1981 (et sérieusement libéralisé en 2005). Les Français ne sont que 5% à porter un jugement moral négatif et plus de la moitié considère que le divorce ne relève pas de la morale.

 

La Russie championne de l’homophobie

   Il n’y a pas photo : plus de 7 sondés russes sur 10 condamnent moralement l’homosexualité (72%), loin devant la Pologne 44%, le Brésil encore 39% ou les Etats-Unis 37%. Si le noyau dur homophobe est plus élevé en France (14%) qu’en Allemagne (8%) ou en Espagne (6%), un sondé Français sur deux considère que ça ne relève pas de la morale.

 

Sur l’IVG, une Amérique latine à la traîne

 

Le Brésil est encore à la pointe de l’intolérance avec presque 8 sondés sur 10 qui condamnent le recours à l’IVG. Mais en Argentine et au Chili c’est autour de 6 sur 10. Aux Etats-Unis c’est 1 sur 2. Pologne et Italie montrent leurs « racines chrétiennes » avec 47 et 41%. En Espagne où le Parti Popular, noyauté par l’opus Dei, poussé par une église non défranquisée, veut repénaliser l’IVG seul un quart des sondés la condamne, comme au Canada ou en Grande Bretagne. En France on retrouve ce noyau dur de 14%, le plus faible des pays sondés.

 

Cocorico : la France pays le plus ‘libéral’

Sur tous les thèmes les plus controversés la France est soit la plus tolérante (adultère, IVG, jeux) soit dans les pays les plus tolérants, même si, sur l’homosexualité, l’Espagne la dépasse ce qui tendrait à montrer que la movida ne fut pas que paillettes mais que la société espagnole a profondément et rapidement évolué après la fin du franquisme.  Mais surtout, la France est bien championne de la laïcité qui sur tous les thèmes est le pays qui répond le plus nettement qu’ils ne relèvent pas d’un jugement moral. Notamment sur le divorce (52%) et l’homosexualité (50%) et bien sûr sur l’alcool et les jeux (57 et 56%). Mais même sur l’IVG, avec 47%, elle est à 10 points devant le pays suivant, le Canada, et une vingtaine de l’Espagne ou de l’Allemagne. La France est aussi le pays où les sondés se réfugient le moins dans des réponses de casuistes (depends on the situation) ou refusent de répondre.

 

 

Voir aussi : Adultère, alcool, divorce... Quel est le peuple le plus tolérant ?

La France championne du monde de la tolérance ?

Ce sondage obéit aux règles communément admises, avec des échantillons raisonnables (et des précisions sur des populations non prises en compte et la marge d'erreur).

 

Trois exemples :

Country: Brazil

Sample design: Multi-stage cluster sample stratified by Brazil’s five regions and size of municipality

Mode: Face-to-face adults 18 plus

Languages: Portuguese

Fieldwork dates: March 4 – April 21, 2013

Sample size: 960

Margin of Error: ±4.1 percentage points

Representative: Adult population

 

Country: Czech Republic

Sample design: Random Digit Dial (RDD) probability sample of adults who own a cell phone

Mode: Telephone adults 18 plus

Languages: Czech

Fieldwork dates: March 4 – March 14, 2013

Sample size: 700

Margin of Error: ±3.7 percentage points

Representative: Adults who own a cell phone (roughly 91% of adults age 18 and older)

 

 

Country: France

Sample design: Random Digit Dial (RDD) sample of landline and cell phone-only households with quotas for gender, age and occupation and stratified by region and urbanity

Mode: Telephone adults 18 plus

Languages: French

Fieldwork dates: March 4 – March 16, 2013

Sample size: 1,004

Margin of Error: ±3.6 percentage points

Representative: Telephone households (roughly 99% of all French households)

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7 avril 2014 1 07 /04 /avril /2014 20:21
Adaptation d'un montage espagnol

Adaptation d'un montage espagnol

La droite espagnole, encombrée dans des scandales, malgré une opinion largement défavorable, veut revenir 30 ans en arrière sur le droit à l’IVG. Sous la pression de prélats intégristes et de l’opus Dei. Mais sommes-nous tout-à-fait à l’abri d’une telle régression.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Ce n’est pas d’aujourd’hui que le national-catholicisme, animé par une église espagnole nostalgique du franquisme, lutte contre l’IVG. Manifestation (du même style que celles que nous avons connues avec le « mariage pour tous ») et opérations commandos contre la loi promue par le gouvernement Zapatero en 2010, étaient orchestrées par les prélats. Cette loi permettait aux Espagnoles d’avoir recours à l’IVG durant les quatorze premières semaines de grossesse. Les mineures de 16 à 18 ans pouvaient également choisir l’IVG sans autorisation parentale.

Cette loi remplaçait celle de 1985 qui n'autorisait l'avortement qu'en cas de viol (jusqu'à 12 semaines de grossesse), de malformations du fœtus (22 semaines) ou de «danger pour la santé physique ou psychique de la mère» (sans limitation de temps). Loi restrictive certes, mais elle mettait fin à l’interdiction absolue de l’époque franquiste qui se traduisait par des avortements clandestins pour les plus pauvres et à l’étranger pour les plus riches ! Situation sur laquelle se greffait le scandale des enfants volés – sorte de GPA forcées -  sous la houlette de l’église espagnole au départ, puis de certains de ses membres ensuite.

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

"L'avortement est pire que les abus sexuels sur mineurs dans les écoles catholiques" cardinal Cañizares

La réforme se traduirait par un recul en deçà de la loi de 1985 puisque le projet de loi interdit l'accès à l'avortement aux femmes en Espagne, sauf en cas de viol ayant fait l'objet d'une plainte et de danger physique ou psychique pour la femme. La malformation du fœtus n’est même pas considérée comme donnant accès à une IVG. Alberto Ruiz-Gallardón, ministre de la Justice, promoteur de cette régression, a, de son propre aveu, repris le combat mené par son père José María Ruiz-Gallardón contre la loi de 1985. Il a bien sûr la bénédiction de la hiérarchie catholique, et notamment du cardinal Cañizares.

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG
Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Mais il est surtout considéré comme l’homme lige de Rouco Varela, archevêque de Madrid, à qui, comme maire, il avait mis la ville à sa disposition pour organiser les JMJ. En avril 2012 Rouco, qui présidait la conférence épiscopale, avait dénoncé les techniques de diagnostic prénatal qui mettaient en danger les droits naturels des non-nés avec des handicaps physiques ou psychiques (los derechos naturales de los no nacidos con discapacidades físicas o psíquicas).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

L’archevêque de Grenade, Javier Martínez,  pulvérise le fameux point Godwinn en comparant la loi sur l’IVG de 2010 avec le régime de Hitler, en allant jusqu’à dire que les crimes nazis n’étaient pas aussi répugnants que ceux que permettait de commettre ladite loi. Et il ajoutait que la femme qui avorte tue un enfant sans défense et pour cela donne aux mâles le droit absolu, sans limite d’abuser de son corps ! (Matar a un niño indefenso, (…) da a los varones la licencia absoluta, sin límites, de abusar del cuerpo de la mujer).

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Alberto Ruiz-Gallardón enceint des oeuvres de Rouco Varela, archevêque de Madrid et du Saint-Esprit a son billet pour se faire avorter à Londres

Et c’est au nom des droits de la femme que Ruiz-Gallardon veut faire régresser la loi espagnole au niveau de celle de l’Irlande ou de la Pologne. Car une femme ne peut être pleinement femme que par la maternité. “La maternidad libre hace a las mujeres auténticamente mujeres”. « Ni un cri ni une insulte ne feront que ce ministre abdique de son engagement à réguler les droits des femmes et du conçu! » a-t-il lancé, car il parle de lui à la troisième personne. « Les progressistes défendaient lesclave face à lesclavagiste, la femme, l’opprimé, mais ce courant s’est arrêté le jour où le plus fragile a été le non-né ».

 

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Sophisme moqué par ce touitte. Un embryon est destiné à devenir une personne, comme moi à être un cadavre. Pour autant ce n’est pas encore un enfant, ni moi un mort ! Faut-il ajouter que s’il y a pour chacune et chacun d'entre nous la certitude absolue de mourir, l’embryon, en dehors de toute IVG, n’a que 4 chances sur 5 de devenir bébé : la nature est donc la plus grande avorteuse n’en déplaise à l’archevêque de Grenade. Mais c’est le même sophisme qu’agitent nos intégristes, de ce côté des Pyrénées, pour combattre aussi l’IVG ou pour tenter de bloquer les recherches sur les cellules souches.

 

    Et c’est le même obscurantisme qui cherche à faire passer un droit pour un délit. «Pour simplifier, avec la loi en vigueur de 2010, aucune femme n’était obligée d’avorter ; avec celle-ci, beaucoup se verront contraintes d’enfanter. Il y a là une confusion totale entre morale publique et privée, l’Etat s’arroge la prérogative de décider à la place des femmes. Ce virage radical est discriminatoire contre elles.» dénonce le mouvement Decidir nos hace libres («décider nous rend libres») Libération 23/12/14. Car, répétons-le, comme pour le divorce, la contraception, le mariage pour tous, il n’y a aucune obligation à avoir recours à l’IVG. A l’inverse les cagots veulent imposer leur conception doctrinale. Ce qu’explicite bien Rouco Varela, numéro 1 de l’épiscopat, pour qui «l’embryon a le droit absolu à la vie, cela est en accord avec notre conception de la création divine».

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

Si Ruiz-Gallardon fait passer sa loi «Les femmes riches iront se faire avorter dans d’autres pays de l’UE, comme c’était le cas dans les années 80 et 90 ; pendant ce temps, les femmes les plus modestes n’auront d’autre choix que de fréquenter des cliniques clandestines, hors de la légalité, et dans l’opprobre publique » (Isabel Serra Fuster, gynécologue, citée par Libération)

Le national-catholicisme espagnol contre l’IVG

- Mon père, je suis enceinte, mais je vais avorter.

- C'est un péché ! Vous savez qui est le père ?

- Vous !

- Dans ce cas, nous ferons une exception.

Certes, plus d’un siècle après la loi de 1905, la France semble être à l’abri d’une emprise cléricale. Quoique… la tentation d’imposer leur conception doctrinale ne fait pas qu’effleurer nos prélats. On l’a vu sur le mariage pour tous, on le voit encore sur les attaques contre la prétendue théorie du genre. Et sur l’IVG, il n’y a pas que les disciples du Professeur Lejeune – en instance de béatification ! – qui tentent aussi d’en supprimer le droit.

 

N.B. Les illustrations sont tirées (at parfois adaptées) de http://luis-viadel.blogspot.fr/

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4 mars 2014 2 04 /03 /mars /2014 21:28
Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

Très peu d’échos au rapport du Comité des Droits de l'Enfant, publié le 5 février qui pointe les infractions, par le Vatican, à la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Le Saint-Siège a cependant réagi avec une vigueur extrême. Pas tant sur les problèmes de pédophilies. Elle est pourtant accusée d’avoir violé la Convention dans les affaires de sévices sexuels. Mais sur ses positions discriminantes envers les homosexuels, sa vision stéréotypée du rôle des femmes, son attitude négative dans la prévention du SIDA… Ce que le Vatican a considéré comme une attaque de sa doctrine.

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

La réponse sans concession (sic) du porte-parole du Vatican esquive la question de la pédophilie ou de maltraitance d’enfants : "les observations du Comité (…) interfèrent avec les positions doctrinales et morales de l’Eglise catholique" concernant "la contraception ou l’avortement, l’éducation dans les familles ou la vision de la sexualité humaine."

En effet, les rares articles consacrés à ce rapport ont mis en relief les constats sans indulgence sur l’attitude du Vatican dans les affaires de pédophilie. Le Saint-Siège a systématiquement placé la réputation de l'Église et des auteurs mis en cause au-dessus de la protection des victimes. Mais d’autres constats, tout aussi sévères quant au respect de la CIDE mériteraient d’être soulignés.

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

Ainsi, peut-on encore lire dans le Droit Canon, l’expression discriminatoire et grotesque d’enfants illégitimes ; malgré des déclarations du pape François, le saint-siège continue de stigmatiser les homosexuels, transgenres et même les enfants de couple de même sexe. Le rapport déplore aussi que les manuels utilisés dans les écoles catholiques continuent de véhiculer des stéréotypes sur les rôles féminins et masculins alors que ce point avait été soulevé dès 1995. Pire encore, il ose parler des enfants de prêtres, souvent privés de l’identité de leur géniteur et dont les mères, quand elles obtiennent une aide financière de l’église, doivent s’engager au silence.

 

Rien n’est épargné à la pauvre église, puisque le rapport évoque les « Magdalene laundries » en Irlande, tenues par des congrégations de religieuses. Les jeunes filles, placées dans ces institutions, étaient forcées de travailler comme des esclaves dans ces blanchisseries ; elles subissaient un traitement inhumain, cruel et dégradant ; elles furent privées d’identité, d’éducation et souvent sous alimentées,  privées de soins médicaux, coupées du monde extérieur.  Les jeunes mères célibataires ont été privées de leurs enfants. Bien que ces congrégations soient sous l’autorité du Saint-siège, aucune investigation n’a été menée sur les responsabilités en leur sein ni pour savoir à qui profitait ce travail gratuit.

Les enfants volés par l’église franquiste sont aussi rappelés, ces milliers de nourrissons qui ont été enlevés de force à leurs mères par des membres de congrégations catholiques. Or, le Vatican n’a conduit aucune enquête interne et donc rien fait à l’encontre des responsables. Pas plus qu’il n’a pris de mesures pour tenter de retrouver ces enfants et les rapprocher de leurs mères biologiques.

 

   Rappel aussi de l'affaire d'une petite fille de neuf ans, au Brésil, qui a subi une interruption de grossesse en 2009 dans le cadre d'une urgence vitale, après avoir été violée par son beau-père. L'archevêque de Pernambuco avait excommunié la mère de la fillette ainsi que le médecin qui avait pratiqué l'interruption de grossesse, condamnation par la suite approuvée par le préfet de la Congrégation pour les Évêques. Le Comité rappelle au Saint-Siège les dangers des grossesses précoces et non désirées, et des avortements clandestins, qui donnent lieu à une importante mortalité chez les adolescentes, ainsi que les risques particuliers pour les adolescents et les adolescentes de contracter des maladies sexuellement transmissibles, dont le SIDA. Les recommandations sont bien sûr inacceptables pour une église engoncée dans ses certitudes rétrogrades (condamnations de la contraception, de l’IVG).

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican
Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican
Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

Sur les actes de pédophilies, le comité dénonce de la part du Saint-siège une politique et des pratiques de protection des ecclésiastiques prédateurs. De nombreuses enquêtes ont montré que des prêtres coupables d’abus sexuels sur des enfants n’ont été que déplacés de paroisse en paroisse, voire dans d’autres pays, sans même les éloigner de tout contact avec des enfants.

 

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

La loi du silence a été  imposée au clergé sous peine d’excommunication. Tandis que des religieuses ou prêtres qui avaient collaboré avec les autorités judiciaires de leur pays ont été ostracisés, le Cardinal Castrillon Hojos félicitait l’évêque de Bayeux, Pierre Pican, de n'avoir pas dénoncé un prêtre pédophile*.

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

Le comité réclame que la nouvelle commission sur les agressions sexuelles, dont la création a été annoncée en décembre par le pape François, mène une véritable enquête sur tous les cas d’agressions commises par des prêtres et sur la réaction de la hiérarchie catholique au fil du temps. Il demande au Saint-Siège d’adopter des règles claires imposant la dénonciation obligatoire des agressions à la police et à la justice pénale de chaque pays.

Droits de l’enfant : un réquisitoire de l’ONU envers le Vatican

Il est probable que le Vatican va enfin s’attaquer au scandale de la pédophilie au sein de l’église. Mais les croisades qu’elle a lancées sur l’IVG, le mariage pour tous, la prétendue théorie du genre ne laissent rien augurer quant à sa possibilité de faire un nouvel aggiornamento. Vatican II est enterré, depuis Jean-Paul II. Il ne risque pas de ressusciter !

 

 

* « Vous avez bien agi et je me réjouis d'avoir un confrère dans l'épiscopat qui, aux yeux de l'histoire et de tous les autres évêques du monde, aura préféré la prison plutôt que de dénoncer son fils-prêtre », explique le cardinal qui justifie ainsi sa position : « en effet, la relation entre les prêtres et leur évêque n'est pas professionnelle, c'est une relation sacramentelle, qui créé des liens très spéciaux de paternité spirituelle ». (La Croix)

 

NB Les dessins maladroitement francisés sont pompés dans Saltimbanqui (El Circo)

“Puede haber menores que sí lo consientan -refiriéndose a los abusos- y, de hecho, los hay. Hay adolescentes de 13 años que son menores y están perfectamente de acuerdo y, además, deseándolo. Incluso si te descuidas te provocan”.

“Puede haber menores que sí lo consientan -refiriéndose a los abusos- y, de hecho, los hay. Hay adolescentes de 13 años que son menores y están perfectamente de acuerdo y, además, deseándolo. Incluso si te descuidas te provocan”.

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 17:08
Si le mariage gay vous débecte, rien ne vous oblige à épouser un gay !

Il ne faut pas dire que la votation suisse est xénophobe ; que les électeurs F-Haine le sont aussi ; et que ceux qui s’opposent au mariage pour tous sont bornés. Ceux-là même qui ironisent sur la bienpensance doivent être traités avec indulgence. Variante peut-être de l’appel de Jésus « Pardonne-leur mon père car ils ne savent pas ce qu’ils font » ? En témoigne cet « entre nous » de G. Malaurie, empreint de bénévolence.

Nouvel Obs 20-02-14

Nouvel Obs 20-02-14

Votre « entre nous », « conflit de famille », fait preuve d’une indulgence envers les contempteurs du mariage pour tous qui, de mon point de vue bien sûr, frise la complaisance. « Sachons reconnaître à ceux qui (…) hésitent et s’interrogent le droit d’avancer à leur rythme… ». Et pour appuyer votre propos vous nous citez un lecteur « militant CGT » qui était en 1968 contre « le droit à l’avortement ».

 

Faut-il rappeler qu’en 1956, Jeannette Vermeersch, épouse de Maurice Thorez, vice-présidente de l'Union des femmes françaises (PCF), prenait parti contre le "contrôle des naissances" : "Le « Birth control », la maternité volontaire, est un leurre pour les masses populaires, mais c'est une arme entre les mains de la bourgeoisie contre les lois sociales". Et, anticipant sur Jean Foyer, se battant contre la Loi Neuwirth, pour ne pas donner aux pauvres les vices des riches, elle ajoutait : « Depuis quand les femmes travailleuses réclameraient le droit d’accéder aux vices de la bourgeoisie ? Jamais ».

 

Donc, si vous vouliez dire que le conservatisme moral n’est pas l’apanage des cathos-tradis, pas plus que les références à de prétendus modèles anthropologiques (c’est fou de voir des prélats jouer aux experts en anthropologie), soit !

 

"Avancer à son rythme"

 

Mais s’agissant pour chacun, comme vous dites, d’avancer à son rythme, en quoi, un nouveau droit ouvert les en empêche ? Que je sache, aucun couple marié, catholique ou pas, n’est obligé de divorcer. Que je sache, aucune femme n’est obligée d’utiliser un contraceptif chimique ? Que je sache et a fortiori, aucune n’est obligée d’avoir recours à l’IVG ? Votre militant CGT-PSU, inquiet devant la « libération sexuelle » n’était pas obligé d’en user. Et même, tenez-vous bien, les couples homosexuels ne sont pas forcés de se marier !

 

Autrement dit, des lois ont permis successivement le divorce dit « par consentement mutuel », la contraception, l’IVG, le mariage pour tous et, à chaque fois, l’église catholique s’y est fermement, pour ne pas dire plus, opposée. Cherchant donc à imposer à l’ensemble de la société ses propres préceptes qui ne sont pas anthropologiques mais théologiques.

 

Au lieu de s’attendrir sur les braves gens qui piétinent devant des évolutions, il faut leur dire et redire qu’elles ne touchent pas à leur libre arbitre, à leurs intimes convictions. Catholiques, musulmans, juifs, etc. fervents, suivez les règles de vos religions, tant qu’il vous plaira. Si pour vous la capote est à l’index ne l’enfilez pas (et, cela va de soi, évitez les conduites à risques). Mais n’imposez pas vos dogmes et vos interdits à ceux qui ne partagent pas votre foi.

 

 

Pour compléter : La cerise sur le catho

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13 février 2014 4 13 /02 /février /2014 19:18
NON AU MUNICH IDEOLOGIQUE

« L’adjectif qualificatif, épithète ou attribut, s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom qu’il qualifie ». Cette règle est, on le conçoit, doublement inacceptable. D’abord et avant tout avec ce genre qui a le fumet peu ragoûtant d’une théorie honnie. Mais même avec ce nombre qui implique le pluriel, c’est-à-dire ce pluriculturalisme cher aux bobos soixante-huitards attardés et aux naufrageurs de notre identité nationale, cibles du grand philosophe Finkielkraut.  Il faut donc souhaiter qu’au plus vite, sous le souffle invincible du Printemps Français, avec la bénédiction de nos chers Prélats, l’Académie Française décrète que l’adjectif qualificatif est désormais invariable, ancré solidement dans l’humus fertile de notre refus inoxydable et insubmersible du genre et des dérives du relativisme multiculturaliste qui sapent les fondements même de notre République dans son unicité. Halte au communautarisme grammatical !

Un peu caricatural ? A peine !

Le mot genre est devenu quasi tabou. Ainsi un ouvrage intitulé «  Déjouer le genre : pratiques éducatives au collège et au lycée  », aux éditions SCEREN-CNDP, a été retiré de la diffusion et de la distribution. Il était sorti le 4 septembre 2013, après avoir été validé à plusieurs reprises par les commissions ad hoc du CNDP. Sa diffusion avait fait l’objet d’un avis très favorable avant l’été, avec demande à l’auteur de mettre en chantier un deuxième ouvrage portant sur le primaire.  Mais, le 14 septembre, le patron du CNDP bloque le bouquin, au prétexte que le mot « genre » dans le titre, ainsi que la 4e de couverture, risque d’alimenter la polémique sur l’ABCD de l’égalité. Un bel exemple de terrorisme verbal réussi avec en corollaire un bel exemple de lâcheté institutionnelle.

 

N’accablons pas le pauvre Directeur général du CNDP, M. Merriaux (d’autant que la Cour des comptes est d’une grande sévérité envers son organisme) car dans le même temps on modifie un intitulé de conférence et une mission sur égalité et genre devient égalité fille/garçons. Le mot « genre » est à proscrire !

Peillon, après être resté sur la défensive, semble se rendre compte du danger : « Quand on interdit les mots, on interdit les pensées. On a connu cela à d’autres époques. L’épuration de la langue est le premier acte. Après on fait la chasse aux livres. Puis la guerre aux professeurs et aux valeurs républicaines. » (Libération 12/02/14)

 

Il était temps de dire Non à un Munich éducatif !

La police des mots

 

La police des mots fait également disparaître embryon et fœtus. A peine la petite graine du papa a-t-elle réussi à féconder le bel ovule dans les entrailles de la maman, qu’il est né le divin enfant. Entonnons le cantique, non plus le 25 décembre mais le 25 mars, quand le saint-esprit est venu cocufier Joseph. Aussi l’IVG revient à assassiner le petit enfant dans le ventre de l’indigne maman. CQFD !

 

D’autres mots sont diabolisés. On l’a vu de l’innocente théorie qui, associée au satanique genre, ne prend qu’un sens péjoratif d’ensemble de spéculations, d'idées gratuites présentées de manière plus ou moins scientifique, alors que ce mot désigne un ensemble de lois formant un système cohérent et servant de base à une science, ou rendant compte de certains faits. Le doux mot d’euthanasie, sous la plume des Hutin, devient quasi synonyme d’éradication des vieillards. Le droit à une mort digne et sereine serait une menace pour les plus vulnérables.

 

Mais, avec les mots bannis ou déformés, c’est le débat qui est enterré. Les nouvelles chaisières de la manif anti mariage pour tous – Ludivine de la Rochère et Béatrice Bourges – ont à peine fini de vitupérer, que l’on enterre une timide loi sur la famille. Loi où il n’était pas question de PMA et encore moins de GPA. Gageons que la refonte de la Loi Léonetti sera aussi repoussée aux fameuses calendes grecques. Et pendant ce temps-là, en toute impunité, ressurgissent des slogans des années 30. Parfois avec la complicité quasi goguenarde d’esprits supérieurs.

Il serait plus que temps que, comme Peillon, tous les ministres, le PS, la gauche républicaine, prennent conscience que les reculades ne font que renforcer les tenants de l’obscurantisme et de l’intégrisme. Sinon, le Munich idéologique qui se dessine risque d’aboutir à un néo-Pétainisme*.

 

* « Le pétainisme continue d'imprégner les discours, à travers cette façon indigne de parler des étrangers comme d'une menace, cette nostalgie de la France des clochers, cette exaltation du travail comme rédempteur, cette peur des pulsions, ce pistage des dangers, ce mépris des intellectuels, cette haine des fonctionnaires… » G. Miller

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21 janvier 2014 2 21 /01 /janvier /2014 22:23
Les cagots se lâchent !

Les cagots se lâchent !

M. Vingt-Trois !

30/09/16 : Alors que les ultra-conservateurs de la très "catholique Pologne" veulent interdire TOTALEMENT l'IVG, ce monseigneur, qui s'était déjà distingué par des propos déplacés après l'assassinat d'un prêtre à Saint-Etienne-de-Rouvray, ose parler de "totalitarisme" en défense de sites mensongers, style Professeur Lejeune !

Qu’est-ce que la charia ? une loi religieuse que des fanatiques veulent imposer à tous ! Tentation de toutes les religions. Il faut manger hallal. Donc il faut que tous mangent halal. Il ne faut pas divorcer. Donc il ne faut pas de divorce. Il faut refuser la contraception et, a fortiori l’IVG ! A tous !

 

  Mangez hallal tant qu’il vous plaira. Ou du poisson le vendredi. Ne divorcez pas (mais ne trucidez quand même pas toute votre famille, n’est-ce pas M. Dupont de Ligonnès ?). Ne pratiquez pas l’IVG, même à la manière du Curé d’Uruffe. Capote à l’index, bien sûr. Bien que ce soit une pratique longtemps tolérée – mais les temps changent -  évitez de trop vous intéresser aux petits n’enfants  ou adolescents sous votre coupe ! Surtout quand, comme au Canada ou en Irlande, c’est pour les martyriser. Ou comme en Espagne, les vendre.

Autrement dit, votre id(th)éologie est totalement respectable. Respectez, tant qu’il vous plaira, ses préceptes.

Mais, de grâce – ce mot devrait vous attendrir – ne nous les imposez pas.

Ne nous faites pas subir une régression de 40 ans.

 

Nous ne disputerons pas des apparitions de la vierge à Lourdes, ni des miracles. Chacun-e a le droit d’y croire. Vous pouvez croire aussi que dès qu’un spermatozoïde a fécondé un ovule – même le plus artificiellement possible - il y a un embryon intouchable. Mais n’imposez pas cette croyance à tous. Nul chercheur catho n’est obligé de travailler sur des cellules souches.

 

Combien de fois faudra-t-il rappeler aux bigots que le cléricalisme - cette obstination à vouloir « subordonner la société civile à la société religieuse, à vouloir étendre à la société politique les règles et méthodes de cette Église, à utiliser des armes spirituelles à des fins temporelles, à se servir du pouvoir politique pour imposer sa vision morale, individuelle ou collective » (Marc Ferro) – est proscrit depuis la loi de 1905.

 

 

Après nous avoir fait subir vos manifs anti-mariage pour tous, vous récidivez, quasiment en pire, curés et évêques en tête –en chantant les louanges d’une loi espagnole liberticide promue par des nostalgiques du franquisme, poussés par l’Opus Dei. Une fois encore vous provoquez un climat d’affrontements. De haine. Jouant un jeu politicien cynique. Oubliant d’ailleurs que ce cléricalisme éhonté paraît comme une justification aux fanatiques qui s’en prennent, non seulement aux athées de mon genre, mais aux chrétiens.

 

Arrêtez de pratiquer votre charia !

 

 

 

La « charia » c’est eux ! les cagots !

Cette pancarte est un exemple typique du degré de réflexion de ces manifestants - à croire que pour certains la différenciation des cellules-souche s'est bloquée entre les deux oreilles.

Certes, l'espèce humaine, après fécondation naturelle ou artificielle, va donner un embryon. Mais, à part Dolly, la brebis clonée, des manifestants paysans auraient pu accrocher la pancarte à leurs moutons, veaux, vaches, cochons mais pas couvées.

Pour autant, la proposition n'est pas réversible. Tout embryon de mammifère n'aboutit pas à un petit de son espèce. De tout temps, l'espèce humaine a connu des INVG - Interruptions non volontaires de grossesse - qui, implantations ratées, pouvaient passer complétement inaperçues , qui, d'autre fois, donnaient des fausses couches sans oublier les enfants morts-nés*. Ne parlons pas des embryons surnuméraires issus de la fécondation in vitro.

Donc si toute personne humaine a commencé comme embryon, tout embryon n'est pas, pour autant, personne humaine. 

 

 

* Le limbus puerorum (limbe des enfants) doit recevoir les âmes des enfants morts-nés, donc non baptisés, pour les catholiques.

 

 

 

Une certaine "Laurence", qui n'est certainement pas d'Arabie, mais plus sûrement une disciple de Renaud Camus, m'a fait l'honneur de commenter cet article.

Je lui dédie cet extrait du Canard Enchaîné qui la situe parfaitement bien.

Canard Enchaîné 10-09-2014

Canard Enchaîné 10-09-2014

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