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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 14:58

Charlie-hebdoLuz

Je ne sais pourquoi, en lisant Schneidermann, Birenbaum, Marcelle, B. Roger-Petit, j’ai revu le trio de faux-culs Demorand, Guetta et Legrand (De-Gue-Le), au Grand Journal de Canal +, en train de se payer Didier Porte, après sa chronique où il faisait dire à Villepin qu’il empapaoutait le nabot.

 

Mêm’ pô drôle !

 

Passons sur Birenbaum accablé à l’idée d’avoir à soutenir un journal dont les locaux venaient d’être anéantis par les flammes (« J’en ai eu marre d’avance… »). Le propos est totalement décousu.

 

Schneidermann est lui explicite : « Quand on a vu passer (…) la couverture fatale de Charlie Hebdo (…), la question s'est posée: la signaler ou non ? (…) Ce fut non. Pas envie de faire de la pub à cette provocation pas drôle. La dénonciation de toutes les charias, les vraies, les fausses, les réelles, les imaginaires, est un fonds de commerce comme un autre. C'est un placement sans risque (enfin disons, ce matin, sans trop de risque).*** »

Du De-Gue-Le tout craché, avec le « sans trop de risque », pensez-donc, tout l’outil de travail foutu en l’air...

La conclusion est à la hauteur : « Qu'une poignée de cons balance un cocktail Molotov, et l'abstention devient interdite. Nous voilà enrôlés, qu'on le veuille ou non, sous la banderole de la liberté menacée par les cons. Et amenés, (…) à rappeler ceci: oui, on a le droit de dessiner Mahomet à la Une, même si on n'est pas drôle, comme on a le droit de moquer, tant qu'on veut, les imams, les curés et les rabbins, (…) oui, on a même le droit (…) de faire la Une sur la Charia (…) alors que chez nous, en France, à Paris, à quelques stations de métro des locaux de Charlie Hebdo, d'autres cons (se réclamant, eux, du catholicisme) tentent par tous les moyens d'entraver les représentations d'une pièce qui ne leur plait pas, (…) Nous soutenons hautement le droit de Charlie Hebdo à faire la Une sur ces cons-ci, plutôt que sur ces cons-là. C'est dit. On peut passer à autre chose ? »

Pour soutenir, Schneidermann soutient… comme la corde soutient le pendu. Inutile de dire que les commentaires sur Arrêt sur images furent pires encore, avec notamment quelques imbéciles prétendant que Charlie-Hebdo n’attaquait pas les autres religions. Outre que dans le même n° charia une page pratiquement était consacrée aux cathos intégristes évoqués, Charlie venait de gagner un procès intenté par un groupuscule catho-facho  sur son n° spécial-pape.

Charlie-auxchiottes

 

« …que Charlie ne me fasse plus rire devrait, dites-vous, m’empêcher de condamner ? Vous rigolez, là ? Je condamne les atteintes à la liberté d’expression, tiens, comme Voltaire, dans sa scie fameuse : «Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.»Je condamne avec la plus grande fermeté, ce qui, venant d’un citoyen comme moi résolument athée, ne mange vraiment pas de pain. »

Là c’est du Marcelle, dont on voit toute la dérision de son prétendu soutien. Comme il fait un parallèle avec les ratichons et cagots qui essaient de saboter une représentation théâtrale, il s’en prend aux « pleurnicheries de Castellucci clamant que sa pièce très chiante, loin d’agresser la religion catholique, ne constituait à son endroit qu’un brame d’amour ». Autrement dit, l’auteur de la pièce essayait en vain d’expliquer aux fanatiques qu’ils n’avaient rien compris à une pièce qu’ils n’avaient ni vue, ni lue ! Marcelle nous a donc produit du super De-Gueu-Le !

Faire parler les morts

Le plus marrant dans le lot fut Bruno Roger-Petit, dit BRP, un transfuge du Post (filiale du Monde) au PLUS (annexe du Nel Obs). Car lui fait parler les morts. Guéant, Copé et même Jeanne-Marine Le Pen, toute auréolée de son brevet de laïcité décerné par Mme E. Badinter, se sont sentis obligés, comme dit Schneidermann, d’apporter leur soutien, évoquant sans doute, comme Marcelle, la « scie fameuse » de Voltaire. « Est-ce que le professeur Choron* aurait accepté cela sans rien dire ? » demande le chapô de l’article.

 

Charb et Luz s’expriment par des dessins mieux que par le verbe, mais ils ont cependant ironisé sur ces soutiens. Et, quant à dénoncer des souteneurs suspects, pourquoi BRP n’a-t-il pas mis en relief les identitaires souchiais, à commencer par Riposte soi-disant laïque ?

Charlie suspects

J’étais tenté de reprendre la conclusion d’un excellent article de Jean-François Julliard (Reporters sans frontières), mais comment résister à la tentation de citer Siné-mensuel : « Bien que nos rapports soient assez tendus**, il va sans dire que toute la rédaction de Siné Mensuel trouve dégueulasse et inadmissible l’incendie des locaux de Charlie Hebdo par des extrémistes dégénérés. Nous serons toujours du côté de ceux qui conchient toutes les religions. » En quelques mots tout est dit et nous console des tartuffes qui feignent de soutenir Charlie pour mieux le descendre.

 

* Je ne suis pas sûrs que les jésuites Birenbaum, Schneidermann, Marcelle et B. Roger-Petit trouveraient drôle Harakiri, le seul, le vrai, le mensuel des années Pompidou-Marcellin.

 

** Siné, lui-même, est plus fielleux.

 

 

Charlie maurice

Merdilège

En cadeau « bonus », quelques extraits de commentaires glanés sur « Arrêt sur images » (@si) et sur le + du Nel Obs. En principe donc des internautes sélectionnés, puisque @si est un site payant et le + oblige à avoir un compte fesseubouqueu ou touiteur pour, en principe, trier le lecteur (depuis peu les abonnés aussi peuvent s’inscrire directement, miracle).

Certains de ces commentateurs, qui se la jouent porte-parole du « peuple », font partie de l’agence de notation de la « vraie gauche », la seule à pouvoir attribuer le AAAAA et vous décorer de l’ordre de la grande andouillette gauchesque (proche de l’ordre de la grande gidouille ubuesque).

NB Les pseudos sont indiqués, les patronymes – souvent faux d’ailleurs – ne comportent que les initiales. Les extraits sont parfois tirés de plusieurs commentaires du même auteur, certains étant particulièrement logorrhéiques ! Il s’agit de copiés-collés : ortografe et saint-axe d’origine.

@si

> ce Charlie que je ne lis plus depuis qu'il a choisi de surfer sur la vague anti-Arabe qui sévit en France depuis quelques années, s'acoquinant pour ce faire avec de très droitiers danois et s'emplissant les poches par la même occasion Ndjocka

> des provocations ras-du-gazon entraînent des réactions ras-du-gazon Djac baweur

> C'était une entreprise de marketing. Tant que l'enquête n'est pas bouclée, il est difficile d'affirmer quoi que ce soit et de crier à l'attentat à la liberté d'expression. Il est possible que ce soit plus compliqué que ça. Yanne

> Une seule religion semble déranger les rigolos de Charlie : les musulmans.
Un peu comme le gouvernement. Dont le big boss nous rappelle que la France est un pays "de tradition chrétienne". Non mais sans blague. Je me demande si à Charlie ils auraient eu la niaque de mettre en une : dalaï-lama hebdo, ou torah hebdo...
Mais ils sont pas antisémites, chez Charlie, la preuve : ils ont viré Siné. Et ils défendent les tibétains... Alors.. Sans doute Charlie avait-il besoin de pognon, voilà donc une occase de faire parler de lui, après l'affaire des caricatures de Mahomet. Ce qui est dommage, à mon avis, c'est que Charlie soit rentré dans le rang des bien-pensants, et écrive désormais dans le sens du vent... à la place des journalistes de Charlie, je serais très mal à l'aise d'être soutenue par toute la clique d'extrême droite. En tous cas, la rédac de Charlie doit être vraiment aux anges d'être "soutenue" par Marine Le Pen et consorts... Gavroche

> Cette union sacrée entre ceux qui s'attaquent à l'Islam au nom de la laïcité et ceux qui s'attaquent à l'Islam au nom de nos (prétendues) racines chrétiennes est en effet assez bizarre... et très dangereuse, car on peut parier que ce qui va surnager de cette confusion et emporter le jackpot, ce sont, bien entendu, nos fameuses (et fumeuses) racines chrétiennes. Cultive ton jardin

> Du story telling discount.
Une blague pourrie.
Un dessin bâclé.
Des cocktails Molotov, plus cheap ça n'existe pas à part des allumettes. Poisson

> J'ai autant de mal à soutenir Charlie dans ses délires islamophobes, que j'en aurais à soutenir Minute ou Rivarol dans leurs délires antisémites. Charlie a fait ce numéro spécial pour provoquer des réactions violentes de la part des extrémistes musulmans. Ils ont réellement souhaité ce qui leur arrive, ça faisait partie de leur stratégie. G. M.


> Charlie Hebdo, plus personne n'achetait ce torchon d'où cette une, bien entendu sur les Musulmans, c'est une manière de se faire de l'argent...
Charlie Hebdo comme les extrémistes de droite ont un point commun, ils s'enrichissent sur le dos des immigrés sous prétexte de liberté d'expression... Sémir

> Et si finalement cet incendie était une aubaine ? Et si c'était l'effet recherché ? Et si on attendait le résultat de l'enquête ? Le fiscalite

> Charlie nous enfume. Charlie la bonne conscience à deux balles. Charlie qui sait qu'une fois le processus engagé, ce sera le bordel absolu, la foire d'empoigne. Mais putain, que faut-il avoir dans le ciboulot pour se laisser entrainer dans de telles situation.
Charlie tu ne nous plais plus, mais alors plus du tout. C. A.

> La liberté d'expression a bon dos, fort d'avoir gagné son procès pour les caricatures de Mahomet infectes, moches, pas drôles, Charlie Hebdo récidive. Bysonne

> Le blasphème est dans la volonté de l'équipe de charlie de faire un buzz * commercial , préparé de longue date , sur le dos des Tunisiens ,
Le blasphème est dans la solidarité journalistique sans nuance : parler de liberté d'expression au lieu de signaler la grossièreté d'un humour ** qui a disparu de ce journal  Mona 

> est-ce qu'une vilaine caricature dans un journal satirique, par sa facture grotesque si semblable à celle du juif sous Vichy ne saurait évoquer les dérives du feu Crapouillot? Après l'intervention très controversée de l'OTAN, Il semble qu'ici la cible de la moquerie crée un fâcheux malentendu qui touche plus à l'image du monde arabe en lutte, qu'au caractère religieux. P. N.

Le + du Nel Obs

> Les Faux Subversifs de Charlie Hebdo hébergés par le "Groupe Rotschild / Libération / Demorand", la boucle est enfin bouclée et tous les masques de la Manipulation tombent. Que vous le vouliez ou non, sans cette affaire qui tombe à pic, ce journal était au bord de la faillite. FreezBee - Treize - XIII

 

> Me lever de bon matin pour entendre MM. Guéant et Mougeotte appeler à l'union sacré derrière l'ancien journal de M.Val, et bien que voulez-vous, je me suis dit : mon petit père, tu n'es plus un bisounours, cette histoire pue la provocation; et je n'ai pas encore changé d'avis. P. G.

 

> si Charlie Hebdo n'a plus de corps, il n'a plus non plus d'esprit.
Claude "Maximilien Aue" Guéant a embrassé sur la bouche l'opîme dépouille : on peut la jeter maintenant à la fosse commune...P.L.

 

> on ne peut pas rire d’israël et des sionistes.
Alors pourquoi peut t on rire d'une religion sachant que attisera la colère et la haine de millions de musulmans ?
Lorsqu'on provoque une personne dans la rue en ce moquant de sont appartenance religieuse, avec un peu de chance il ne nous cassera pas la figure.
Mais faire sa a grande échelle dans un média, a quelques centaines de millions de musulman sur terre, c'est forcé qu il y en ait un parmi eux que sa ne fasse pas rire et qui en vienne au mains Lynxd Islamd

 

> leur "humour" n'a plus rien de subversif et faire rire gras, au premier degrés les beauf et les fashos

as-t-on le droit de penser que Charlie est passé de l'autre coté du manche que le titre "charia hebdo" est de l'humour gras qui plait avant tout aux beaufs, aux racistes ordinaires que nos compatriotes de cultures musulmanes doivent se coltiner tous les jour au boulot ou dans les bistrots?

N'importe quel enquêteur ayant un minimum de bon sens envisage toujours comme une hypothèse solide l'incendie volontaire. Attention, je n'accuse pas, je n'en sait rien, pas plus que n'importe qui, mais je m'étonne cependant que 100% des chroniqueurs foncent dans le scénario criminel alors que statistiquement dans pareil cas, le scénario "volontaire" est quand même assez courant.
Ca manque cruellement d'équilibre et de recul tout ça! Blabla 4444

 

> A qui profite le crime... ventes dopées, pub internationale gratuite, seul du matériel assurable touché... j'attends d'en apprendre + avant de juger. VC

> En fait, il y a un réel problème de fond dans ce qu'a fait le Charlie Hebdo, cela concerne l'étiquette "Liberté d'expression" qu'on lui colle. Ce problème est que, la liberté n'existe pas réellement. Si liberté et démocratie signifient : " dire ce que l'on pense et faire ce que l'on veut " Alors il y a une énorme confusion avec le mot " ANARCHIE " Atom Light

 

> Entre "pour un droit au..." et "utiliser ce droit"...il y a quand même un monde. Personne n'est obligé de blasphémer, non plus. On peut rire des chansonnier, de l'humour, même un peu poussé, mais faire "exprès" de blasphémer parce que c'est un droit... c'est une question d'éducation aussi.
Il me semble nécessaire de garder tout de même un minimum de décence. E. M.

charlie pape

 

Pour finir une petite attaque me visant (avec une pseudo traduction bretonne du prénom) : le petit faraud qui prône l’anonymat s’est fait remonter les bretelles par une autre intervenante :

 

Déjà que pour mettre son vrai nom sur un blog pareil, doit pas être futé le JeanFanch..ou bien y croise pas les DRH... Jakez P.

Tragique épilogue le 7 janvier 2015

*** Sans vergogne, le même Schneidermann qui, donc, affirmait, après l'incendie des locaux de Charlie-Hebdo, que la dénonciation de toutes les charias était un placement sans trop de risque écrit maintenant : "On pouvait estimer que les dessins de Charlie flirtaient parfois avec l'islamophobie. On ne s'en est pas privés ici. On ne le regrette pas." Comme si les accusations assez abjectes de faire de la lutte contre les fanatismes un fonds de commerce relevaient du débat.

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 14:49

La question me titillait un peu :  le Jean-François, du Canard enchaîné était-il le fils de Jacques, du Nouvel Obs* ?

 

Ce Jacques Julliard que j’avais côtoyé, j’allais écrire naguère mais autrefois s’impose, au bureau du sgen-CFDT où j’étais le modeste secrétaire de la branche PEGC-Voie III**, alors que lui-même était membre du bureau de la CFDT.

 

La note de lecture ci-dessous du dernier Canard (28/11/07) m’a enfin incité à lancer une recherche. J’y ai découvert que de fait ce Jean-François là (car il y a un autre journaliste homonyme) est bien le fils de son père, Jacques Julliard.

Le moins que l’on puisse dire est que sur l’éducation leurs approches divergent. Alors que le père donne dans le sous Finkielkraut, le fils ne cache pas son hostilité envers les « cavaliers de l’apocalypse scolaire » !

 
* Passé depuis à Marianne

** Branche que j’ai moi-même scié en faisant voter un texte de création du « grand second degré », seul titre de gloire (?) de mes trois ans de bureaucrate syndical, car « L’école en lutte » Petite collection Maspero 1977 dont j’ai été le « scripteur » n’a même pas été citée dans une brève histoire du sgen du regretté J. George

 

Déterminants et articles

Or donc, le 30/11/06, un an demain, le camarade Julliard commettait cet article, dont je ne cite que le 1er paragraphe (le masochisme a des limites) :

 

Sauver la grammaire


Un rapport prend le contrepied des linguistes en folie qui ont semé la panique dans le sujet-verbe-complément

 

Enfin ! Il fallait bien qu'éclate une fois en pleine lumière le grand divorce qui, depuis plus de trente ans, oppose les Français à l'enseignement officiel de la grammaire. Il fallait bien qu'à la fin on s'attaque à l'improbable galimatias qui, au pays de Molière et de Descartes, nous en tient lieu depuis qu'une bande de linguistes en folie et de cuistres de collège ont semé la plus inutile des révolutions dans le petit monde bien ordonné sujet-verbe-complément. Les inventeurs sont avant tout des nommeurs, dit Nietzsche, et l'on ne voit pas très bien en quoi la substitution des «déterminants» à l'article, de «groupes propositionnels obligatoires ou non» au classique complément circonstanciel, etc., ajoute à la connaissance de la langue. En outre, ces nomenclatures, variant d'un linguiste à l'autre, d'un manuel à l'autre, introduisent le désordre dans les esprits et le désespoir dans les familles….

Vous pouvez lire la suite : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p20061130/articles/a325774-.html

 

Réaction immédiate de votre serviteur, avec ce courriel :

 

Brighelli-Julliard, même combat

 

"Sauver les lettres", dit l’un, sauver la grammaire répond l’autre. Et si Jacques Julliard nous épargne les khmers rouges chers au matamore logorrhéique, il ne cède rien dans l’invective et l’insulte, d’autant plus courageuse qu’elle vise d’anonymes « linguistes en folie et cuistres de collège ». Leur ennemi commun est là : « le lobby pédagogiste » qui a provoqué, par son « scientisme naïf » des « désastres mentaux ».

Quelques formules véhémentes ne sont pas à négliger, même si elles utilisent de vieilles ficelles rhétoriques : « La grammaire est à la langue, ce que la logique est à la pensée », « ce rapport n’est pas seulement une bonne action, c’est une délivrance » sans oublier la « cause nationale » conclusive.

Et cela fait trente ans que la « grammaire textuelle » commet ses « ravages » soit à peu prés avec l’instauration – encore assez théorique à l’époque (et même maintenant)  – du collège unique.

Dans le peu d’exemples qu’il donne (deux), il arrive néanmoins à commettre une erreur : « déterminants » n’est pas synonyme d’articles : eût-il consulté la neuvième édition du dictionnaire de l’Académie Française, qu’il eût appris que le déterminant est un « mot précédent le substantif, de même genre et de même nombre que lui, qui le caractérise, en précise la valeur dans la phrase. Les articles, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs et numéraux sont des déterminants. »

En tout cas avec JJ la grammaire est loin d’être une chanson douce, ça tient plutôt du clairon à la Déroulède !

Jean-François Launay
Cuistre de collège retraité
Luçon

 

Une ou deux semaines après, le responsable du courrier des lecteurs donnait une sélection des réactions des lecteurs. L’une, de la présidente de l’AFEF, d’une hostilité très nuancée, les deux autres tout à fait favorables à l’éditorialiste. La 3e était censée venir d’un vieux couple de profs de collège qui enseignait clandestinement la grammaire modèle 1930, mais le samedi car les inspecteurs ne viennent pas ce jour-là !

 

Julliard et la grammaire

Votre sélection du courrier sur l’édito de Jacques Julliard aux accents brighelliens semble un peu biaisée. Le 1er extrait – qui rappelle l’étrange parenté du titre de l’article avec la dénomination d’un groupe des plus réactionnaires – est suivi d’un passage sur la terminologie où vous citez à nouveau une pure niaiserie de Julliard sur « la substitution des «déterminants» à l'article ». Or le dictionnaire de l’Académie Française dans sa 9e édition* (faut-il soupçonner nos académiciens d’être des « linguistes en folie » ?)  dit plus que clairement que déterminants et articles ne sont pas synonymes et qu’on ne peut substituer l’un à l’autre, puisque l’article fait partie des déterminants (pour le 2e exemple, il faudrait entrer dans une argumentation un peu technique qui ne manquerait pas d’être taxée de cuistrerie).

 

Quant à l’extrait final, de professeurs de français dans un petit collège rural, il est totalement bidon : clandestins depuis 30 ans, alors que l’observation raisonnée de la langue date des programmes de 2002, cela relève du pur délire ou du mensonge et quand on sait qu’on risque une inspection tous les 6 ou 7 ans, que cette inspection est annoncée une semaine avant, quel besoin de placer une heure de grammaire le samedi (à la plus grande joie des élèves, bien sûr) ; et ce couple d’enseignants si consciencieux ne tiendrait pas de cahier de textes (que ne manque pas de consulter l’Inspecteur) ou le maquillerait. Tout cela n’est pas sérieux !

Mais le but est atteint : la citation finale sera en faveur de l’édito.

JF launay
Ex-cuistre des collèges (PEGC lettres-histoire-géo)

 

* Le déterminant est un « mot précédent le substantif, de même genre et de même nombre que lui, qui le caractérise, en précise la valeur dans la phrase. Les articles, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs et numéraux sont des déterminants. »

 

Cavaliers de l'apocalypse scolaire

 

En revanche, et ce n’est pas la 1ère fois, Jean-François Julliard ne s’en laisse pas conter par les rétropenseurs de tout poil.

 

La nouvelle question scolaire par Eric Maurin

(Editions du Seuil) 268 p., 18 €.

Trahison ! Etudes à l'appui, un économiste ose s'en prendre aux experts qui célèbrent sur tous les tons la « faillite de l'école ». Pour eux, l'accès massif au bac et à l'université est un fiasco conduisant à jeter sur le marché du travail des cohortes d'incultes (de « crétins ») aux diplômes bradés, dont le chômage ne fera qu'une bouchée.

Patient et rigoureux (lui), Eric Maurin s'est appuyé les 25 « enquêtes emploi » que l'Insee a réalisées entre 1982 et 2006, période durant laquelle le nombre d'étudiants a pratiquement doublé. Verdict : décrocher son bac ou un diplôme en fac décuple les chances de trouver un travail. Ainsi, en 1990 comme en 2000, « le taux de chômage des diplômés du supérieur est resté trois à quatre fois plus faible que celui des non-diplômés ». Et les jobs des premiers sont beaucoup mieux payés (50 % de mieux en moyenne) et nettement moins précaires que ceux des seconds.

Et chez les voisins ? Soutenu, là encore, par de volumineuses études, l'auteur prouve que la démocratisation scolaire a produit les mêmes bénéfices en Suède, Norvège, Finlande et Angleterre. Comme en France, elle a permis « l'accès d'un plus grand nombre d'enfants de milieux défavorisés à de meilleures carrières ».

Une démonstration anti-élitiste qui fera grincer quelques dents chez les cavaliers de l'apocalypse scolaire qui prônent le retour à un système de filières courtes et d'"orientations" précoces. Sauf pour leurs propres enfants.

J.-F. J.

 

Le fiston était quand même un peu à la bourre, car s’il avait lu l’hebdo du papa, il aurait découvert dès le 30 août 2007, des bonnes feuilles du livre dE. Maurin :

 

Ecole : vive la démocratisation !
Exclusif. Le sociologue et économiste publie une grande enquête, «la Nouvelle Question scolaire», qui bouscule nombre d'idées reçues. Extrait par Eric Maurin

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2234/articles/a352965-.html

 

nelobs.jpg  Mais dès la semaine suivante les cavaliers de l’apocalypse scolaire arrivaient au triple galop, avec une « une » cataclysmique, une Caroline Brizard, d’ordinaire nuancée, déchaînée et une série d’articles de la même encre que « Sauvez la grammaire ». Petite réaction dès le lendemain :

Une en noir - et tu porteras le deuil de l'école - "le scandale de l'illettrisme" ! Bon, la rentrée des classes, c'est le marronnier incontournable, et il faut bien un titre accrocheur (à tout point de vue) pour attirer le client.

Mais de là à concocter un "dossier" que Robien (ou Brighelli) aurait pu signer, voilà qui étonne et détonne.

Un grand spécialiste, dont on n'avait pas entendu parler pendant que la polémique sur l'apprentissage de la lecture faisait rage, y va de son couplet sur la méthode globale. Un sondage nous apprend qu'une majorité de français pense qu'on n'enseigne plus la grammaire, etc. Etonnant, non, qu'à force d'entendre dire cela, y compris par un ministre, ils finissent par le croire.

Que l'illettrisme ait un taux plus élevé chez les plus âgés que chez les plus jeunes, importe peu : le catastrophisme fait vendre. Pourtant, ce n'est peut-être pas en prônant le retour à des méthodes du passé (passé d'ailleurs largement mythique) que l'on combattra l'illettrisme et plus globalement l'échec scolaire (dont les causes sont aussi socio-économiques comme le rappelait Eric Maurin... où ça ? mais dans le Nel Obs de la semaine dernière).

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2235/dossier/a353656-le_scandale_de_lilletrisme.html

 

Réponse illico presto, mais entre temps je roulais vers d’autres cieux :

Cher Monsieur,

Vos interventions sont d'ordinaires plus pertinentes, comme en témoigne vos parutions dans nos pages. Peu importe que Robien ait pu signer notre dossier. Le problème est de savoir s'il est vrai ou pas. Je vous joins le rapport éclairant du Haut conseil à l'éducation. Lisez le, et donnez moi des nouvelles. Quant à dire que nous ne faisons ce dossier que pour vendre, c'est plus que blessant. Bien sûr, nous préférons vendre que pas. Mais, pour l'essentiel ce n'est pas notre motivation principale   cordialement,

Jean-Marcel Bouguereau
Rédacteur en chef chargé de la "Parole aux lecteurs"

Ce n’est donc que 10 jours plus tard que je découvris cette réaction assez remarquable : gentille perfidie d’abord (interventions plus pertinentes : quoique intervention impertinente ne me déplaît pas) ; renvoi assez insultant au texte du HCE que je n’aurais pas lu ; faire dire, ce qui n’est pas dit (hélas, ce n’était pas « que pour vendre » qu’ils ont commis ce dossier !) ; surtout ne rien répondre sur le fond !

 

17/09 Profitant d'une liaison "wi-fi" dans un hôtel de Meknès, je dépouille les courriels et je suis surpris du ton "blessant" et surtout de l'absence d'arguments de votre réponse.
J'ai lu le rapport du HCE, ainsi que les dépêches et articles : pour l'AFP, si mes souvenirs sont bons, le chiffre mis en relief était 15 %, pour le Figaro 40 %...
Un sondage sur l'enseignement de la grammaire ou de la lecture a autant de valeur qu'un sondage sur le traitement de l'urticaire auprès de non praticiens : sous prétexte que tout le monde a peu ou prou fréquenté l'école, chacun peut donner son avis sur des questions "techniques" ; le cognitiviste qui nous ressort la nième diatribe sur la méthode globale, ça fait réchauffé !
Et on n'a pas attendu le HCE pour avoir des données sur l'école : le fait que l'illettrisme croît avec les tranches d'âge est avéré...
Et je redis que la couverture sur fond noir avec ce 40 % d'un jaune éclatant n'était pas innocente.
Et je redis encore ma surprise de lire un tel dossier une semaine après avoir publié quelques extraits du livre d'Eric Maurin bien plus éclairant* encore que le rapport du HCE. On peut relire aussi le livre de Forestier (membre du HCE) et Emin, bourré de données...
Très cordialement,
JFL
PS La pertinence d'une intervention est quelque chose de très subjectif...

* De mon point de vue, subjectif donc !

 

Réponse assez énervée de M. Bouguereau, mais toujours rien sur le fond (quand à la « ligne », je crois lui avoir répondu qu’il s’agissait de cohérence)

Excusez-moi si je vous ai blessé. Mais, comprenez moi, j'en ai un peu marre des pseudo-arguments les titres accrocheurs ou sur la volonté de vendre (style "  la couverture sur fond noir avec ce 40 % d'un jaune éclatant n'était pas innocente" ). Oui, nous preférons vendre que pas vendre !
C'est normal non ? Pour le reste je ne suis pas un spécialiste et je ne vois pas en le fait de publier ce dossier après l'article de Maurin vous gêne.
Vous préféreriez que l'Obs ait un "Ligne" dont il ne s'écarterait pas, quitte refuser de voir des pans entiers de la réalité
Cordialement,

Jean-Marcel Bouguereau

 

Presque un mois après, notre responsable du courrier mettait en relief (à côté de la miniature de la « une » du 06/09/07), la lettre d’un secrétaire général d’un obscur syndicat. Sachant que j’étais dorénavant classé dans les impertinents interdits de colonnes, j’ai interpelé directement M. Bouguereau :

Décidément ce dossier sur l'école vous tient à coeur.

Mis en relief, à côté de la couverture du n° du 6 septembre - et on est le 4 octobre - la réaction apparemment positive d'un certain F. Girard secrétaire général d'un syndicat dont on découvre, grâce à vous, l'existence, @venir.education.

Découverte qui nous permet d'apprendre que la CGC (Confédération Générale des Cadres) compte un syndicat enseignant.

Bien que non léniniste, on suppose, il semble mûr pour répondre à une des conditions : entrer dans la clandestinité, car, avant cette mise en avant, il ne doit pas y avoir beaucoup d'enseignants qui aient entendu parler de ce syndicat.

Alors comme réponse à tous ceux qui, comme moi, ont trouvé ce dossier plutôt indigeste (pour rester dans l'euphémisme), ce n'est peut-être pas si probant.

Et comme, cerise sur le gâteau, le Nel Obs de cette semaine offre du Finkielkraut pur jus (qui parle de l'école comme il parlait de l'équipe de France de football dans Haaretz), vous avez un autre renfort de poids !

Très cordialement,

JF Launay

 

NB Pour relativiser les affirmations du professeur Dehaene (qui n'a pas dû fréquenter depuis longtemps, d'autres collèges que le collège de France et encore moins d'écoles, car il saurait que la méthode globale pure - celle préconisée par Fourcambert - n'a eu qu'une vogue éphémère et limitée et est pratiquement inusitée maintenant) un texte signé de chercheurs reconnus : 22 Chercheurs affirment : Il n'y a pas lieu d'imposer une unique méthode d'enseignement de la lecture
http://education.devenir.free.fr/Lecture2.htm#22chercheurs

Voir aussi http://www.lscp.net/persons/ramus/lecture/lecture.html

Quant à la fiabilité des sondages ("Les familles ne s'y trompent pas" sic) si les 3/4 des parents qui, comme Mme Tatu, savent mieux que l'instit ou le prof comment s'y prendre, ne sont pas satisfaits de l'enseignement de la grammaire et de l'orthographe, ils sont autant à être globalement satisfait de l'école, score le plus élevé d'Europe occidentale disait Ouest-France...

 

Nous sommes loin de Julliard, fils et père, direz-vous.
Voire. Le Nel Obs semble bien traversé, s’agissant de l’école, par deux lignes antagonistes, que symbolisent bien les deux articles de Jacques et Jean-François, d’autant qu’Eric Maurin sera à nouveau présent dans le Nel Obs du 11/10/07 avec un Plaidoyer pour la démocratisation du supérieur présenté comme une réponse « chiffres à l'appui, aux «déclinistes» : oui, la poursuite des études est toujours rentable pour les jeunes et indispensable pour le pays ».

Donc d’un côté une ligne favorable aux cavaliers de l’apocalypse, Julliard père, Bouguereau, la spécialiste de l’éducation Caroline Brizard et quelques autres, de l’autre des responsables de la rubrique « réflexions », attentifs justement à des réflexions de fond et non à l’écume de leurs propres humeurs.

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