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25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 18:04

Éducation : pour une réforme globale

 

Alain Bentolila Ouest-France 25/02/09  (1)

 

Vingt pour cent de nos élèves quittent le système scolaire sans le moindre diplôme. Ils ont tôt endossé le costume de l'échec et ne l'ont pas quitté.
Vingt autres pour cent en sortent avec un CAP ou un BEP. Ce CAP ou ce BEP, si douloureusement obtenu, ils l'ont décroché parfois par défaut. Ils ont été orientés vers ces filières, non parce qu'ils avaient envie d'exceller dans un métier, mais parce que, « naturellement », c'était la voie qui leur était destinée. Encore vingt pour cent n'obtiennent aucun diplôme d'enseignement supérieur, après un bac qui n'a pas forcément mesuré leurs capacités d'analyse et d'argumentation. Ont-ils pu apprendre à mettre en mots leur pensée, à rédiger un rapport, à faire des synthèses claires ?

 

Comme d'habitude on nous assène des chiffres à la louche avec quelques approximations. Ainsi ce ne sont pas 20 % qui sortent du système scolaire « sans le moindre diplôme », mais 18 % qui sortent avec le Brevet (8%) ou rien (10 %, mais dans le lot certains ont été jusqu'en dernière année d'un cycle de formation post 3e - CAP, BEP, Bacs - sans décrocher le diplôme). Faut-il rappeler qu'à la fin des années 70 c'était 1/3 d'une classe d'âge qui sortait au mieux au niveau 3e ? Pour rester dans les 20 %, l'auteur sous estime les sortants avec un bac comme viatique, puisque ce sont 22 % (2), mais, gros mensonge, pas tous parce qu'ils n'ont pu obtenir un diplôme d'enseignement supérieur :  c'est le cas d'à peine la moitié d'entre eux ; le professeur de linguistique ignorerait-il que les bacs professionnels sont prévus pour déboucher directement sur la vie active ? Ce qui permet, au passage de dégonfler les mensonges habituels sur l'échec dans le supérieur : sur les 52 % d'une classe d'âge qui entrent dans l'enseignement supérieur, seuls 10 % échouent. Presque un sur cinq, c'est déjà trop, certes, mais on est loin des chiffres catastrophiques lancés par nos rétropenseurs !

Si l'on ne peut demander à l'Éducation nationale de faire disparaître les inégalités individuelles et sociales, on ne peut se résigner à ce qu'elle en soit le reflet fidèle. Sa vocation est d'essayer, dans la limite de ses contraintes, d'amener des jeunes à donner un sens culturel et moral au tumulte du monde et de les rendre moins vulnérables aux discours simplistes ou sectaires.

Évitons l'erreur qui consiste à vouloir transformer le système éducatif, morceau par morceau, sans se préoccuper des autres composantes qui le soutiennent et l'alimentent. Ce serait ignorer que nos étudiants ont été enfants de maternelle, élèves du primaire et du secondaire.

La nécessaire refondation du lycée et de l'université

La qualité de la formation intellectuelle et linguistique qu'ils y ont acquise conditionnera la hauteur des ambitions de l'université qui pourra les accueillir. En bref, l'autonomie nécessaire des universités engendrera, sans doute, une sélection plus exigeante ; elle risque d'être d'autant plus cruelle qu'elle aura été inconsidérément différée.


Sur quoi pourra s'appuyer la nécessaire refondation du lycée et de l'université ? Sur l'engagement de la maternelle à veiller à une réelle maîtrise du langage oral (et notamment du vocabulaire). Sur l'engagement de l'élémentaire à livrer au collège des élèves lisant, écrivant et s'exprimant avec pertinence. Enfin, sur l'engagement du secondaire à former de futurs étudiants capables de mettre en mots leur pensée avec précision, clarté et, si possible, aisance.

 

Apparaît  ici, au-delà d'une phraséologie vague et de quelques vérités premières (et oui, les étudiants sont passés par la maternelle, le primaire et le secondaire), d'abord le postulat d'un pilotage du système éducatif par l'aval : c'est en quelque sorte les exigences de l'enseignement supérieur qui déterminent ce qu'il faut enseigner à ... l'école maternelle ; et, incidemment, comme conséquence d'une nécessaire autonomie une non moins nécessaire sélection à l'entrée à l'université.

Surtout - et le linguiste n'a pu employer ce verbe par hasard - surgit un « livrer » révélateur : « l'engagement de l'élémentaire à livrer au collège des élèves... » ! Cela dénote une vision de l'élève comme un produit dont il faut assurer une livraison conforme au cahier des charges (sinon le « service qualité » refusera la livraison ?).

 

Sinon, nous aurons, à côté de quelques pôles d'excellence, des universités parkings, dans lesquelles seront maintenus artificiellement en vie universitaire des étudiants sans avenir culturel ni professionnel. Si, aujourd'hui, une véritable faille culturelle divise notre système éducatif, c'est parce qu'aucun responsable politique, aucun responsable syndical n'a osé sacrifier le confort d'un statu quo, sans cesse négocié, à l'impopularité des réformes globales nécessaires.
 

La conclusion montre surtout le mépris dans lequel Bentolila tient les étudiants « sans avenir culturel et professionnel » (car le "nous aurons" n'est qu'une clause de style). Et les « universités parking », comme il dit, ont un bel avenir devant elles puisque, si l'on suit son raisonnement, ce ne serait que dans 15 ans que de maternelle en terminale, les premiers étudiants bien formatés seraient livrés à l'enseignement supérieur.



(*) Professeur à l'université Paris Descartes. Dernier ouvrage : Quelle école maternelle pour nos enfants ? (Odile Jacob 2009).

 

 


 

 1 http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-education-pour-une-reforme-globale-_3633-838121_actu.Htm

2 Tous ces chiffres sont tirés de L'état de l'école 2008 http://media.education.gouv.fr/file/etat18/17/0/etat18_41170.pdf  (chapitre 09 Le niveau de diplôme, tableau 01 Répartition des cohortes de sortants de formation en fonction de leur diplôme le plus élevé)

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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 17:01

Puis-je avouer que la critique de Philippe Meirieu sur le film « Entre les murs » m'a paru un peu dogmatique ?

Certes, j'entends bien qu'il veut éviter l'amalgame entre le professeur toujours sur le fil du rasoir et les pédagogues vilipendés par Finkielkraut et la clique des rétropenseurs. Mais faut-il oublier qu'il s'agit d'un film de fiction et non d'un documentaire ? Que les personnages sont des acteurs (même si, comme on dit, ils jouent leur propre rôle, mais les élèves réels sont devenus les acteurs d'une classe fictive et François Marin est joué par François Begaudeau, coscénariste de son livre) ?

 

« Jamais je n'ai pu imaginer qu'un spectateur puisse penser qu'une telle densité d'événements arrive dans les cinq minutes que dure une séquence » dit Laurent Cantet, réalisateur, qui ajoute « À propos de la fonction de l'école de transmettre des connaissances, en tant que réalisateur, ce n'est pas ce qui m'a intéressé. » Dans cette confrontation avec deux professeurs (Libé 22/IX/08), il répond ainsi à l'une des deux qui déplorait que, dans le film, « la transmission du savoir et toutes les problématiques qui y sont liées - pourtant la grande affaire de l'école - » soient évacuées.

 

Le malentendu est flagrant. Même si le 2e professeur note lui qu'on voit les élèves travailler, que l'exercice de conjugaison n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe, Cantet recherchait « ces moments où la parole s'échappe,  où, d'un seul coup, on va apprendre quelque chose, mais questionner le fait même d'apprendre ».

 

On peut disputer sur le fait que ces moments soient ceux « où la classe se transforme en école de démocratie ». Mais pas de savoir, si le prof du film « a un cours structuré, avec une notion à transmettre, des activités bien précises ».

 

Il est symptomatique d'ailleurs que les critiques croisées se centrent sur le seul François Marin. Pourtant, les élèves-acteurs sont entrés dans la peau de leurs personnages avec un talent inouï !

 

On peut reprocher à Cantet d'avoir filmé la marge, mais c'est la marge qui tient la page.

 

P.S. Dans le même style de critique que celle de Philippe Meirieu, mais nettement plus dogmatique, on peut ranger une opinion parue dans Le Monde du 25/IX/08 qui décerne au film « La palme des malentendus », lui reprochant de masquer la réalité de la ségrégation scolaire et de dédouaner l’état de ses responsabilités, comme s’il s’agissait d’une enquête sociologique ou d’un essai sur la politique éducative, alors que c’est un film, et pas une thèse.

Sur le livre "Entre les murs", on peut lire un entretien de François Begaudeau accordé au sgen-CFDT

 

Voir aussi :

"Entre les murs" : réactions

Finkielkraut et "Entre les murs"

"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

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21 juin 2008 6 21 /06 /juin /2008 17:31
Panel d’élèves entrés  en 6eme en 1995

Panel d’élèves entrés en 6eme en 1995

Que la clique des rétropenseurs récuse toute donnée, toute étude qui ne conforte pas ses préjugés, cela ne surprend guère. Un éminent mathématicien, qui voyait dans les inspecteurs de tout poil des khmers rouges, affirme que le bac actuel est d'un niveau inférieur au certif des années 30. La rigueur démonstrative qu'impose sa discipline s'évanouit immédiatement dès qu'il s'agit de déblatérer sur le système éducatif : l'argument d'autorité, aussi grossier soit-il, lui suffit. Mais que le HCE annonce qu'à l'issue du primaire 15 % des éléves connaissent des difficultés sévères ou très sévères et que 25 % ont des acquis fragiles cela se traduit par 15 % d'illettrés et 40 % n'ayant pas le niveau en 6e ! La manipulation des chiffres peut aller jusqu'à la totale incohérence : ainsi Mme Brizard, journaliste d'un hebdo de centre-gauche, compare le pourcentage de bacheliers sur une classe d'âge en 1936 avec le pourcentage d'admis par rapport aux inscrits au bac 2007 ! Et un sondage récent nous apprend que 60 % des sondés jugent que le niveau du bac a baissé : sauf que la majorité d'entre eux n'a jamais passé le bac.

 

Mais que celui qui est la cible privilégiée de tous les réacs finkielkrautiens affirme : « Je pense qu'en effet il y a une baisse du niveau », a priori, surprend. Outre que ce mythique niveau, depuis Socrate au moins, ne cesse de baisser, sans atteindre l'étiage, le je pense interroge. S'agit-il d'une opinion ? S'agit-il d'un fait avéré ? L'affirmation est cependant nuancée, la baisse n'est pas globale et porte surtout sur l'orthographe et la grammaire ? PIRL, mais aussi une étude faite à partir d'une dictée qu'un Inspecteur primaire faisait passer dans les écoles de l'entre-deux guerres montrant une baisse nette avec le test précédent dans les années 80 (où là le bilan était positif par rapport aux années 30, ce qui met à mal les diatribes sur mai 68) étayeraient l'affirmation sur l'orthographe.

 

Mythique orthographe de nos ancêtres.

Quand j'étais gosse, on nous donnait en exemple l'orthographe supposée parfaite des grands pères et grands-mères. Sauf qu'une étude sur les millions de cartes postales qui se sont échangées pendant la Grande Guerre a révélé que les valeureux poilus et leurs belles prenaient des libertés gigantesques avec l'orthographe et la syntaxe.

Baisses ici, mais progrès nulle part ? Impossible de tenter de démontrer, avec Hervé Hamon et quelques sociologues, que globalement le niveau monte, sans provoquer des ricanements ?

 

En arrière-plan, le procès des IPES et, en particulier, des indicateurs bac.

Le « café pédagogique » - oubliant un peu que ces indicateurs s'étaient substitués au palmarès traditionnel qui mettait sur le même pied  les « grands » lycées au recrutement hyper privilégié et les lycées banlieusards (pas Neuilly mais Drancy) ou de nos profondes provinces - leur a opposé un travail de Georges Felouzis*, commandé par ceux-là même qui ont lancé ces IPES. Felouzis fait ressortir que les résultats du Brevet sont un facteur plus pertinent dans le calcul de la valeur ajoutée que ceux employés (âge et origine socio-professionnelle). Mais ces résultats du Brevet sont peut-être à relier au PCS (même si les scores aux évaluations dites 6e seraient plus pertinentes). On peut aller ainsi jusqu'au doublement du CP. Où il restera le noyau dur : PCS, à moins que ce ne soit l'origine ethnique ?

 

Ethnique, mot tabou ! Felouzis est payé pour le savoir. Ses travaux sur la sur-ghettoïsation dans les collèges (à partir des collèges bordelais) ont provoqué chez les Républicains, avec un r majuscule, un tollé. Comment - avec en plus un indicateur indirect (le prénom) faute de données plus précises - se focaliser sur l'origine ethnique des élèves, alors que l'Ecole de la République ne reçoit qu'un élève abstrait sans couleur de peau, sans conditions de vie familiale, sans origine pour tout dire (nos compagnies Républicaines de sécurité qui pratiquent industriellement le contrôle au faciès ont dû oublier cette noble abstraction et comme disait Coluche « tous égaux, mais il y en a qui sont plus égaux que les autres »). « La ségrégation ethnique au collège », ainsi ose-t-il titrer un article résumant ses travaux. 

 

Car ce rejet des indicateurs chiffrés se double, outre de cette fiction prétendument républicaine de l'élève ou du citoyen abstrait, du mythe de Big Brother.

Une évaluation de fin de CM2, sur un échantillon de classes suffisamment large pour que des études sur des sous-groupes (par académies, PCS, etc.) gardent leur pertinence, a été lancée. En quatrième partie les élèves étaient invités à répondre à un questionnaire. Levée immédiate de boucliers. Ainsi, demander à l'élève quelle langue était pratiquée à la maison relevait du viol de l'intimité enfantine. Comme si le croisement anonyme entre résultats à ce test et pratique ou non du français au sein de la famille était inintéressant.  Comme Darcos partage avec les uns ou les autres la méfiance des études tendant à l'objectivité (sa réaction au rapport Obin-Peyrieux - « double ânerie » - en témoigne), la partie IV est passée à la trappe.

 

Le suivi de cohorte  est aussi sur la sellette. Là encore, mais non plus sur des classes, mais sur des élèves désignés par tirage aléatoire, il s'agit de suivre cet échantillon d'entrants à un niveau donné, suffisamment large (dans la nouvelle campagne 25 000 je crois), pour avoir des sous-groupes représentatifs, jusqu'à la fin de leur scolarité. La cohorte précédente a nourri, de paliers en paliers (fin 3e, fin CAP-BEP, fin Terminales...) des tas d'études. Les élèves désignés sont nécessairement suivis nominalement, mais l'exploitation des résultats est anonyme. Des questionnaires très complets sont envoyés aux familles des enfants. Cela a évidemment déclenché des réactions indignées, dont le Canard Enchaîné s'est fait l'écho.

 

Bien sûr, une majorité d'enseignants, pour qui la note est au centre du système bien plus que l'élève noté, ont accueilli avec scepticisme les évaluations nationales. Celle de seconde a été sabotée. Celle de 6e sous exploitée.

 

Le vœu que la notation cède justement le pas à des évaluations (absolument indispensables) s'apparente au mythe de Sisyphe : quand on croit atteindre enfin le but, Robien ou Darcos aidant, on se retrouve plus bas qu'au point de départ. Et si l'on doit, une fois de plus, essayer de remonter la pente, il vaut mieux que les évaluations préconisées soient le mieux critériées possible, si l'on veut, c'est le but, que l'élève concret puisse en faire son miel.

 

Reste la sempiternelle opposition quantitatif vs qualitatif.

Peut-on mesurer le qualitatif ? Absurde. Voire.

L'émergence d'un sujet n'est pas quantifiable.  Bien. Mais si c'est la mission essentielle faut-il s'en remettre à la pifométrie pour savoir si elle est remplie ?

Commençons peut-être par fixer des objectifs plus modestes : plus de responsabilité personnelle, d'autonomie par exemple. On pourra ainsi plus facilement déterminer quelques critères précis permettant de mesurer les progrès dans l'acquisition de cette autonomie.

Mais ce sujet en devenir est un sujet social. Il n'est peut-être pas impossible, dans une classe au climat délétère, par exemple, d'essayer avec les premiers concernés, les élèves, de fixer quelques buts, dont découleront des indicateurs (osons le mot) qui permettront de mesurer si le vivre ensemble prend corps.

 

La tentation technocratique de tout mettre en chiffres et en fiches est certes prégnante. La façon dont la LOLF a été mise en place (alors que l'Académie de Rennes avait démontré qu'elle pouvait être un outil au service d'objectifs pédagogiques) en est la preuve.

Mais elle n'est pas directement couplée à la régression manifeste des programmes et à la réduction des horaires du primaire (on surcharge la barque et on allège l'horaire, en toute logique).

 

Loin de crier haro sur les évaluations, en particulier globales, on devrait plutôt se désoler d'avoir vu disparaître le remarquable HCéé, remplacé par un HCE dont les missions ont été bridées.

 

* Les indicateurs de performance des lycées : une analyse critique ftp://trf.education.gouv.fr/pub/edutel/dpd/revue70/article5.pdf (Felouzis démontre que le niveau scolaire de départ - en s'appuyant sur les résultats des épreuves du Brevet - est un facteur plus pertinent ; il n'était pas pris en compte faute d'un fichier national du Brevet)

 

 

Bilan des résultats de l'école 2007 _ HCE
http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/40.pdf

Chiffres bruts et honnêteté intellectuelle
http://deblog-notes.over-blog.com/article-13458782.html

 

 

Base élèves du 1er degré : une pétition peu fiable
http://deblog-notes.over-blog.com/article-17916710.html

 

 

Vingt ans après, l’état de l’école française
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=1138

 

 

Indicateurs et pilotage
http://deblog-notes.over-blog.com/article-13631317.html

 

 

La ségrégation ethnique au collège
http://www.islamlaicite.org/IMG/pdf/G.Felouzis.pdf

 

 

Quelle stratégie pour les militants pédagogiques aujourd’hui ?
http://www.meirieu.com/ARTICLES/militants_pedagogiques_sphoto.htm

 

 

LOLF et pilotage
http://education.devenir.free.fr/lolfpilotage.htm

 

 

Avenir de l’école : la messe est dite ?
http://deblog-notes.over-blog.com/article-15420531.html

 

 

Évitons la catastrophe ! Appel lancé, à l’initiative d’Antoine Prost
http://www.cahiers-pedagogiques.com/article.php3?id_article=3794

 

 

Le Haut Conseil de l'évaluation de l'école : tous les avis et rapports
http://cisad.adc.education.fr/hcee/index.html

 

 

NB La photo d’Antoine Prost est empruntée au Café Pédagogique

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16 juin 2008 1 16 /06 /juin /2008 21:01
"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

Bizarre, bizarre : Cannes est déjà loin, la palme d'or d' « Entre les murs », rangée aux rayons des souvenirs glorieux, mais le Nel Obs du 12/06 nous offre, sous la plume de Mme Lancelin, un portrait du « Prof à la palme d'or ». Plutôt à charge. Et, pour compléter le critique cinématographique tacle vicieusement le film.

 

« S'il est une chose qui ne doit rien au hasard pourtant, et tant à l'énergie déployée tous azimuts depuis cinq ans par l'auteur, acteur principal et coscénariste d'«Entre les murs», le film de Laurent Cantet, c'est bien ce sacre cannois. » ne craint pas d'affirmer Mme Lancelin. Chronique d'une palme annoncée ? alors que le film a été ajouté in extremis à la sélection française et qu'avant la proclamation du palmarès, sauf erreur, aucun critique n'avait prévu ce film comme lauréat.

Mais ce qui compte c'est de brosser, de touche en touche, le portrait d'un ambitieux calculateur. Certes, c'est un « polémiste hors pair ». Mais il bénéficie d' « Une exposition maximale à tous les courants d'air d'une branchitude huppée qui n'est pas sans susciter nombre de commentaires rugueux chez ses confrères écrivains. »

Et si l'on n'avait pas vraiment compris, elle cite un ancien et anonyme membre d'une revue co-fondée par Begaudeau qui assène : «Au moins Rastignac était un personnage sombre... Le problème de François, c'est qu'il en a l'arrivisme, sans la négativité. Il est terriblement «en phase» avec l'époque. Au fond, c'est un animateur socioculturel plus qu'un artiste.» Il est évidemment défendu par ses éditeurs : le évidemment qui tue !.

On n'échappe pas à la bien-pensance (elle est là black-blanc-beur, mais elle peut être socialo bobo ou humaniste béatifiante) ? Pour enchaîner sur une mesquine attaque du logorrhéique héraut de la rétro-pensée spécialiste de la crétinerie et qu'elle présente comme l'auteur d'un rude pamphlet contre les fossoyeurs de l'école de la République, alors que son torche-cul fait partie de la sous-littérature catastrophiste. Brighelli, puisque c'est de lui qu'il s'agit, se livre à une de ses attaques ad hominem dont il est un champion.

Après avoir noté dans son œuvre une fascination pour les dispositifs totalitaires, noté aussi que tel Pialat, « François Bégaudeau a aussi dressé un poing rageur, mais plutôt à la manière d'un hooligan victorieux un soir de Ligue des Champions. » Mme Lancelin conclut : «  Et puis il s'est tenu en retrait, ostensiblement* dissimulé par plusieurs rangées de jeunes élèves métissés. Un double jeu* qui ressemble bien au nouveau premier de la classe. »

 

Avec M. Mérigeau, on frise le surréalisme. Il note bien pourtant que « sans attendre d'avoir vu le film, tout le monde se déclare d'accord », mais pour nous expliquer ensuite que le film est tellement bien fait - solidement dialogué, habilement scénarisé, aucune cheville ne fait défaut et quelques clichés bien compris ne manquent pas non plus (le compliment glisse dans la pure vacherie) - que chacun bat des mains.

Soit ce brillant critique n'a pas encore assimilé le principe de non contradiction, soit il veut dire que chacun a raison de l'applaudir (sauf quand même la fine fleur des rétropenseurs) car il est fabriqué pour plaire à tous et chacun l'a pressenti sans même le voir ! 

Pour conclure, le bougre n'y va pas par quatre chemins : « Trop superficiel pour encourir le reproche de démagogie, trop prudent pour prendre parti, voulant trop fédérer pour s'autoriser la nuance, «Entre les murs» en s'ouvrant à tous vents s'offre à toutes les récupérations. C'est dans l'art du commerce une vertu cardinale. »

 

Tout cela est un peu puant. Et qui ressort de la branchitude de ceux qui la jouent critique oblique, pas franche du collier, vicelarde même, pour faire miroiter leur distance hautaine du vulgum pecus !

 

* C'est moi qui souligne

 

Voir aussi :

"Entre les murs" : réactions

Finkielkraut et "Entre les murs"

Entre les murs et les "pédagogues"

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29 novembre 2007 4 29 /11 /novembre /2007 14:49

La question me titillait un peu :  le Jean-François, du Canard enchaîné était-il le fils de Jacques, du Nouvel Obs* ?

 

Ce Jacques Julliard que j’avais côtoyé, j’allais écrire naguère mais autrefois s’impose, au bureau du sgen-CFDT où j’étais le modeste secrétaire de la branche PEGC-Voie III**, alors que lui-même était membre du bureau de la CFDT.

 

La note de lecture ci-dessous du dernier Canard (28/11/07) m’a enfin incité à lancer une recherche. J’y ai découvert que de fait ce Jean-François là (car il y a un autre journaliste homonyme) est bien le fils de son père, Jacques Julliard.

Le moins que l’on puisse dire est que sur l’éducation leurs approches divergent. Alors que le père donne dans le sous Finkielkraut, le fils ne cache pas son hostilité envers les « cavaliers de l’apocalypse scolaire » !

 
* Passé depuis à Marianne

** Branche que j’ai moi-même scié en faisant voter un texte de création du « grand second degré », seul titre de gloire (?) de mes trois ans de bureaucrate syndical, car « L’école en lutte » Petite collection Maspero 1977 dont j’ai été le « scripteur » n’a même pas été citée dans une brève histoire du sgen du regretté J. George

 

Déterminants et articles

Or donc, le 30/11/06, un an demain, le camarade Julliard commettait cet article, dont je ne cite que le 1er paragraphe (le masochisme a des limites) :

 

Sauver la grammaire


Un rapport prend le contrepied des linguistes en folie qui ont semé la panique dans le sujet-verbe-complément

 

Enfin ! Il fallait bien qu'éclate une fois en pleine lumière le grand divorce qui, depuis plus de trente ans, oppose les Français à l'enseignement officiel de la grammaire. Il fallait bien qu'à la fin on s'attaque à l'improbable galimatias qui, au pays de Molière et de Descartes, nous en tient lieu depuis qu'une bande de linguistes en folie et de cuistres de collège ont semé la plus inutile des révolutions dans le petit monde bien ordonné sujet-verbe-complément. Les inventeurs sont avant tout des nommeurs, dit Nietzsche, et l'on ne voit pas très bien en quoi la substitution des «déterminants» à l'article, de «groupes propositionnels obligatoires ou non» au classique complément circonstanciel, etc., ajoute à la connaissance de la langue. En outre, ces nomenclatures, variant d'un linguiste à l'autre, d'un manuel à l'autre, introduisent le désordre dans les esprits et le désespoir dans les familles….

Vous pouvez lire la suite : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p20061130/articles/a325774-.html

 

Réaction immédiate de votre serviteur, avec ce courriel :

 

Brighelli-Julliard, même combat

 

"Sauver les lettres", dit l’un, sauver la grammaire répond l’autre. Et si Jacques Julliard nous épargne les khmers rouges chers au matamore logorrhéique, il ne cède rien dans l’invective et l’insulte, d’autant plus courageuse qu’elle vise d’anonymes « linguistes en folie et cuistres de collège ». Leur ennemi commun est là : « le lobby pédagogiste » qui a provoqué, par son « scientisme naïf » des « désastres mentaux ».

Quelques formules véhémentes ne sont pas à négliger, même si elles utilisent de vieilles ficelles rhétoriques : « La grammaire est à la langue, ce que la logique est à la pensée », « ce rapport n’est pas seulement une bonne action, c’est une délivrance » sans oublier la « cause nationale » conclusive.

Et cela fait trente ans que la « grammaire textuelle » commet ses « ravages » soit à peu prés avec l’instauration – encore assez théorique à l’époque (et même maintenant)  – du collège unique.

Dans le peu d’exemples qu’il donne (deux), il arrive néanmoins à commettre une erreur : « déterminants » n’est pas synonyme d’articles : eût-il consulté la neuvième édition du dictionnaire de l’Académie Française, qu’il eût appris que le déterminant est un « mot précédent le substantif, de même genre et de même nombre que lui, qui le caractérise, en précise la valeur dans la phrase. Les articles, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs et numéraux sont des déterminants. »

En tout cas avec JJ la grammaire est loin d’être une chanson douce, ça tient plutôt du clairon à la Déroulède !

Jean-François Launay
Cuistre de collège retraité
Luçon

 

Une ou deux semaines après, le responsable du courrier des lecteurs donnait une sélection des réactions des lecteurs. L’une, de la présidente de l’AFEF, d’une hostilité très nuancée, les deux autres tout à fait favorables à l’éditorialiste. La 3e était censée venir d’un vieux couple de profs de collège qui enseignait clandestinement la grammaire modèle 1930, mais le samedi car les inspecteurs ne viennent pas ce jour-là !

 

Julliard et la grammaire

Votre sélection du courrier sur l’édito de Jacques Julliard aux accents brighelliens semble un peu biaisée. Le 1er extrait – qui rappelle l’étrange parenté du titre de l’article avec la dénomination d’un groupe des plus réactionnaires – est suivi d’un passage sur la terminologie où vous citez à nouveau une pure niaiserie de Julliard sur « la substitution des «déterminants» à l'article ». Or le dictionnaire de l’Académie Française dans sa 9e édition* (faut-il soupçonner nos académiciens d’être des « linguistes en folie » ?)  dit plus que clairement que déterminants et articles ne sont pas synonymes et qu’on ne peut substituer l’un à l’autre, puisque l’article fait partie des déterminants (pour le 2e exemple, il faudrait entrer dans une argumentation un peu technique qui ne manquerait pas d’être taxée de cuistrerie).

 

Quant à l’extrait final, de professeurs de français dans un petit collège rural, il est totalement bidon : clandestins depuis 30 ans, alors que l’observation raisonnée de la langue date des programmes de 2002, cela relève du pur délire ou du mensonge et quand on sait qu’on risque une inspection tous les 6 ou 7 ans, que cette inspection est annoncée une semaine avant, quel besoin de placer une heure de grammaire le samedi (à la plus grande joie des élèves, bien sûr) ; et ce couple d’enseignants si consciencieux ne tiendrait pas de cahier de textes (que ne manque pas de consulter l’Inspecteur) ou le maquillerait. Tout cela n’est pas sérieux !

Mais le but est atteint : la citation finale sera en faveur de l’édito.

JF launay
Ex-cuistre des collèges (PEGC lettres-histoire-géo)

 

* Le déterminant est un « mot précédent le substantif, de même genre et de même nombre que lui, qui le caractérise, en précise la valeur dans la phrase. Les articles, les adjectifs possessifs, démonstratifs, indéfinis, interrogatifs, exclamatifs et numéraux sont des déterminants. »

 

Cavaliers de l'apocalypse scolaire

 

En revanche, et ce n’est pas la 1ère fois, Jean-François Julliard ne s’en laisse pas conter par les rétropenseurs de tout poil.

 

La nouvelle question scolaire par Eric Maurin

(Editions du Seuil) 268 p., 18 €.

Trahison ! Etudes à l'appui, un économiste ose s'en prendre aux experts qui célèbrent sur tous les tons la « faillite de l'école ». Pour eux, l'accès massif au bac et à l'université est un fiasco conduisant à jeter sur le marché du travail des cohortes d'incultes (de « crétins ») aux diplômes bradés, dont le chômage ne fera qu'une bouchée.

Patient et rigoureux (lui), Eric Maurin s'est appuyé les 25 « enquêtes emploi » que l'Insee a réalisées entre 1982 et 2006, période durant laquelle le nombre d'étudiants a pratiquement doublé. Verdict : décrocher son bac ou un diplôme en fac décuple les chances de trouver un travail. Ainsi, en 1990 comme en 2000, « le taux de chômage des diplômés du supérieur est resté trois à quatre fois plus faible que celui des non-diplômés ». Et les jobs des premiers sont beaucoup mieux payés (50 % de mieux en moyenne) et nettement moins précaires que ceux des seconds.

Et chez les voisins ? Soutenu, là encore, par de volumineuses études, l'auteur prouve que la démocratisation scolaire a produit les mêmes bénéfices en Suède, Norvège, Finlande et Angleterre. Comme en France, elle a permis « l'accès d'un plus grand nombre d'enfants de milieux défavorisés à de meilleures carrières ».

Une démonstration anti-élitiste qui fera grincer quelques dents chez les cavaliers de l'apocalypse scolaire qui prônent le retour à un système de filières courtes et d'"orientations" précoces. Sauf pour leurs propres enfants.

J.-F. J.

 

Le fiston était quand même un peu à la bourre, car s’il avait lu l’hebdo du papa, il aurait découvert dès le 30 août 2007, des bonnes feuilles du livre dE. Maurin :

 

Ecole : vive la démocratisation !
Exclusif. Le sociologue et économiste publie une grande enquête, «la Nouvelle Question scolaire», qui bouscule nombre d'idées reçues. Extrait par Eric Maurin

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2234/articles/a352965-.html

 

nelobs.jpg  Mais dès la semaine suivante les cavaliers de l’apocalypse scolaire arrivaient au triple galop, avec une « une » cataclysmique, une Caroline Brizard, d’ordinaire nuancée, déchaînée et une série d’articles de la même encre que « Sauvez la grammaire ». Petite réaction dès le lendemain :

Une en noir - et tu porteras le deuil de l'école - "le scandale de l'illettrisme" ! Bon, la rentrée des classes, c'est le marronnier incontournable, et il faut bien un titre accrocheur (à tout point de vue) pour attirer le client.

Mais de là à concocter un "dossier" que Robien (ou Brighelli) aurait pu signer, voilà qui étonne et détonne.

Un grand spécialiste, dont on n'avait pas entendu parler pendant que la polémique sur l'apprentissage de la lecture faisait rage, y va de son couplet sur la méthode globale. Un sondage nous apprend qu'une majorité de français pense qu'on n'enseigne plus la grammaire, etc. Etonnant, non, qu'à force d'entendre dire cela, y compris par un ministre, ils finissent par le croire.

Que l'illettrisme ait un taux plus élevé chez les plus âgés que chez les plus jeunes, importe peu : le catastrophisme fait vendre. Pourtant, ce n'est peut-être pas en prônant le retour à des méthodes du passé (passé d'ailleurs largement mythique) que l'on combattra l'illettrisme et plus globalement l'échec scolaire (dont les causes sont aussi socio-économiques comme le rappelait Eric Maurin... où ça ? mais dans le Nel Obs de la semaine dernière).

http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2235/dossier/a353656-le_scandale_de_lilletrisme.html

 

Réponse illico presto, mais entre temps je roulais vers d’autres cieux :

Cher Monsieur,

Vos interventions sont d'ordinaires plus pertinentes, comme en témoigne vos parutions dans nos pages. Peu importe que Robien ait pu signer notre dossier. Le problème est de savoir s'il est vrai ou pas. Je vous joins le rapport éclairant du Haut conseil à l'éducation. Lisez le, et donnez moi des nouvelles. Quant à dire que nous ne faisons ce dossier que pour vendre, c'est plus que blessant. Bien sûr, nous préférons vendre que pas. Mais, pour l'essentiel ce n'est pas notre motivation principale   cordialement,

Jean-Marcel Bouguereau
Rédacteur en chef chargé de la "Parole aux lecteurs"

Ce n’est donc que 10 jours plus tard que je découvris cette réaction assez remarquable : gentille perfidie d’abord (interventions plus pertinentes : quoique intervention impertinente ne me déplaît pas) ; renvoi assez insultant au texte du HCE que je n’aurais pas lu ; faire dire, ce qui n’est pas dit (hélas, ce n’était pas « que pour vendre » qu’ils ont commis ce dossier !) ; surtout ne rien répondre sur le fond !

 

17/09 Profitant d'une liaison "wi-fi" dans un hôtel de Meknès, je dépouille les courriels et je suis surpris du ton "blessant" et surtout de l'absence d'arguments de votre réponse.
J'ai lu le rapport du HCE, ainsi que les dépêches et articles : pour l'AFP, si mes souvenirs sont bons, le chiffre mis en relief était 15 %, pour le Figaro 40 %...
Un sondage sur l'enseignement de la grammaire ou de la lecture a autant de valeur qu'un sondage sur le traitement de l'urticaire auprès de non praticiens : sous prétexte que tout le monde a peu ou prou fréquenté l'école, chacun peut donner son avis sur des questions "techniques" ; le cognitiviste qui nous ressort la nième diatribe sur la méthode globale, ça fait réchauffé !
Et on n'a pas attendu le HCE pour avoir des données sur l'école : le fait que l'illettrisme croît avec les tranches d'âge est avéré...
Et je redis que la couverture sur fond noir avec ce 40 % d'un jaune éclatant n'était pas innocente.
Et je redis encore ma surprise de lire un tel dossier une semaine après avoir publié quelques extraits du livre d'Eric Maurin bien plus éclairant* encore que le rapport du HCE. On peut relire aussi le livre de Forestier (membre du HCE) et Emin, bourré de données...
Très cordialement,
JFL
PS La pertinence d'une intervention est quelque chose de très subjectif...

* De mon point de vue, subjectif donc !

 

Réponse assez énervée de M. Bouguereau, mais toujours rien sur le fond (quand à la « ligne », je crois lui avoir répondu qu’il s’agissait de cohérence)

Excusez-moi si je vous ai blessé. Mais, comprenez moi, j'en ai un peu marre des pseudo-arguments les titres accrocheurs ou sur la volonté de vendre (style "  la couverture sur fond noir avec ce 40 % d'un jaune éclatant n'était pas innocente" ). Oui, nous preférons vendre que pas vendre !
C'est normal non ? Pour le reste je ne suis pas un spécialiste et je ne vois pas en le fait de publier ce dossier après l'article de Maurin vous gêne.
Vous préféreriez que l'Obs ait un "Ligne" dont il ne s'écarterait pas, quitte refuser de voir des pans entiers de la réalité
Cordialement,

Jean-Marcel Bouguereau

 

Presque un mois après, notre responsable du courrier mettait en relief (à côté de la miniature de la « une » du 06/09/07), la lettre d’un secrétaire général d’un obscur syndicat. Sachant que j’étais dorénavant classé dans les impertinents interdits de colonnes, j’ai interpelé directement M. Bouguereau :

Décidément ce dossier sur l'école vous tient à coeur.

Mis en relief, à côté de la couverture du n° du 6 septembre - et on est le 4 octobre - la réaction apparemment positive d'un certain F. Girard secrétaire général d'un syndicat dont on découvre, grâce à vous, l'existence, @venir.education.

Découverte qui nous permet d'apprendre que la CGC (Confédération Générale des Cadres) compte un syndicat enseignant.

Bien que non léniniste, on suppose, il semble mûr pour répondre à une des conditions : entrer dans la clandestinité, car, avant cette mise en avant, il ne doit pas y avoir beaucoup d'enseignants qui aient entendu parler de ce syndicat.

Alors comme réponse à tous ceux qui, comme moi, ont trouvé ce dossier plutôt indigeste (pour rester dans l'euphémisme), ce n'est peut-être pas si probant.

Et comme, cerise sur le gâteau, le Nel Obs de cette semaine offre du Finkielkraut pur jus (qui parle de l'école comme il parlait de l'équipe de France de football dans Haaretz), vous avez un autre renfort de poids !

Très cordialement,

JF Launay

 

NB Pour relativiser les affirmations du professeur Dehaene (qui n'a pas dû fréquenter depuis longtemps, d'autres collèges que le collège de France et encore moins d'écoles, car il saurait que la méthode globale pure - celle préconisée par Fourcambert - n'a eu qu'une vogue éphémère et limitée et est pratiquement inusitée maintenant) un texte signé de chercheurs reconnus : 22 Chercheurs affirment : Il n'y a pas lieu d'imposer une unique méthode d'enseignement de la lecture
http://education.devenir.free.fr/Lecture2.htm#22chercheurs

Voir aussi http://www.lscp.net/persons/ramus/lecture/lecture.html

Quant à la fiabilité des sondages ("Les familles ne s'y trompent pas" sic) si les 3/4 des parents qui, comme Mme Tatu, savent mieux que l'instit ou le prof comment s'y prendre, ne sont pas satisfaits de l'enseignement de la grammaire et de l'orthographe, ils sont autant à être globalement satisfait de l'école, score le plus élevé d'Europe occidentale disait Ouest-France...

 

Nous sommes loin de Julliard, fils et père, direz-vous.
Voire. Le Nel Obs semble bien traversé, s’agissant de l’école, par deux lignes antagonistes, que symbolisent bien les deux articles de Jacques et Jean-François, d’autant qu’Eric Maurin sera à nouveau présent dans le Nel Obs du 11/10/07 avec un Plaidoyer pour la démocratisation du supérieur présenté comme une réponse « chiffres à l'appui, aux «déclinistes» : oui, la poursuite des études est toujours rentable pour les jeunes et indispensable pour le pays ».

Donc d’un côté une ligne favorable aux cavaliers de l’apocalypse, Julliard père, Bouguereau, la spécialiste de l’éducation Caroline Brizard et quelques autres, de l’autre des responsables de la rubrique « réflexions », attentifs justement à des réflexions de fond et non à l’écume de leurs propres humeurs.

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15 novembre 2007 4 15 /11 /novembre /2007 14:08

C’est dommage !

Mais les rois mages

Puent le fromage !

Ça c’est du mich’teau !

Je ne sais pas pourquoi la lecture du Chagrin d’école de Daniel Pennac m’a remis en mémoire cette plaisanterie de potaches répétée infatigablement en 7e.

Inutile de faire l’article pour un bouquin que j’avais acheté à peine paru et que je viens de racheter avec, du coup, le bandeau du Renaudot. Grand lecteur de journaux, je les laisse s’accumuler sur le canapé, jusqu’à ce que pris d’une sorte de bouffée rangeatoire, j’entasse le tout dans un sac jaune du ramassage sélectif (papiers, cartons). Cette fois-là, le lendemain, impossible de remettre la main sur mon Pennac : noyé au milieu des Ouest-France, Libé et Monde, il avait dû en subir le sort, à peine sorti des presses et déjà recyclé !

 

Donc la lecture des deux premières parties me renvoie dans cette 7e de St Jo, école privée de garçons, dont le maître, un laïc, M. Bimier je crois, devait subir à longueur de journée, notre ritournelle :

C’est dommage !

Mais les rois mages

Puent le fromage !

Ça c’est du mich’teau !

Ritournelle qui venait perturber ses leçons, d’autant qu’il tentait en vain de raisonner l’infernal gamin que j’étais. Renvois chez le directeur, sermons rugueux, rien n’y fit. Il fallut donc débarrasser le malheureux, à la limite de la dépression, de ma présence. Mais dans le contexte de guerre scolaire qui sévissait à l’époque, pas question d’un renvoi qui m’aurait propulsé à la laïque, je fus donc envoyé dans une classe, assez bâtarde, qui venait d’être formée avec des élèves qui poursuivaient vers le certif, baptisée 5e, pour créer un Cours Complémentaire, l’école publique venant de créer le sien ! En plein milieu d’année, avec des « grands », dans une classe d’à peine vingt élèves, je ne faisais plus trop le malin.

Mon plus proche complice, lui, devait se retrouver en apprentissage chez l’imprimeur du coin, prénommé Jean-Baptiste, ce qui donnait, bien sûr :

Jean-Baptiste

Plus ki boit, plus ki pisse !

J’arrête là, n’ayant pas le talent de faire concurrence à Pennac. J’étais un autre spécimen de la ménagerie scolaire, non pas le cancre, le chahuteur, mais qui, comme lui finalement, voyait cette étiquette lui coller à la peau. Une petite dernière et j’arrête : plus tard, au Lycée David d’Angers, dans une immense permanence aux fenêtres déjà occultées (elle servait aux projections en 16 mm de films instructifs et moraux tel que Henri Dunant, fondateur de la Croix Rouge), le pion en retard déboule dans un déchaînement de cris et dans l’obscurité – un plaisantin ayant tout éteint – lumières rallumées, doigt accusateur

 « Launay, une heure de colle !

-         Mais, M’sieu

-         Deux heures

-         Mais

-         Trois heures !

Je m’étais pourtant bien gardé de toute manifestation, il avait dû croire reconnaître ma voix…

Mes mésaventures potachères doivent expliquer, en partie au moins, ma profonde méfiance envers tous ces rétropenseurs qui voudraient me faire croire que « c’était bien mieux de mon temps ».

N’exagérons pas dans l’autre sens, même si, interne, de consigne en consigne, je ne rentrais au domicile familial qu’une ou deux fois par trimestre, ce n’était pas l’enfer ! Mais de là à vouloir me faire croire que c’était l’âge d’or…

 

Revenons à Pennac. Je ne sais s’il a appartenu à un quelconque mouvement pédagogique, mais la lecture de chagrin d’école devrait être recommandée à tous (et particulièrement à ceux qui accablent de leur mépris impudent les élèves).


Deux phrases au hasard : « L’idée que l’on puisse enseigner sans difficulté tient à une représentation éthérée de l’élève. La sagesse pédagogique devrait nous représenter le cancre comme l’élève le plus normal qui soit : celui qui justifie pleinement la fonction de professeur puisque nous avons tout à lui apprendre, à commencer par la nécessité même d’apprendre ! »

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28 octobre 2007 7 28 /10 /octobre /2007 16:58

2°) Polémiques

Je vais parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Celui, pré 1981, où un certain François Mitterrand, candidat malheureux devant Giscard d’Estaing, était 1er secrétaire du PS et où Pierre Mauroy, encore maire de Lille, était son second. Epoque aussi où l’union de la gauche « était un combat », c’est-à-dire où un PC, dirigé par l’inimitable Georges Marchais, poursuivait le PS de sa vindicte.

Courait la petite histoire suivante :

Une brève paraît dans l’Humanité disant que le bruit se répandait à Lille que son Maire poursuivait les petites filles. Mauroy, rouge de colère, va trouver Mitterrand, le journal à la main. Celui-ci le calme en lui conseillant de ne pas tomber dans le piège d’une aussi évidente provocation.

Le lendemain, l’Humanité publie en une : « Un silence qui vaut un aveu ! ».
Du coup Mauroy, fou de rage, lance un communiqué de démenti.

Le soir, Le Monde titre : « Pierre Mauroy relance la polémique avec le Parti Communiste ».

Un récent ministre de l’éducation nationale, hobereau picard – que Claude Allègre doit remercier pour lui avoir soufflé le titre de ministre le plus calamiteux – avait décidé de se mêler de dire comment il fallait apprendre à lire.

Syllabique contre globale : de ces grands débats, sans rime et surtout sans raison, lancé sous l’influence de quelques rétropenseurs qui avaient une tête de pont dans son cabinet. Le ministre se targuait d’avoir l’appui de chercheurs : deux d’entre eux ayant manifesté apparemment leur accord pourquoi ne pas leur demander de préciser leurs positions, puis de les confronter à celles d’autres chercheurs qui eux avaient manifesté leur opposition. De fil en aiguille, tout cela a constitué un dossier toujours consulté.

Ce dossier a néanmoins était taxé de polémiste car il traduisait un désaveu net des foucades ministérielles…

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