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5 mai 2017 5 05 /05 /mai /2017 07:37
Ruffin la Haine et sophismes ninistes

Quand on lit ça – « Vous êtes haï, monsieur Macron » - on hésite sur le qualificatif entre grotesque et ignoble. Ruffin n’est plus. Il hait !* Macron n’est même pas élu qu’il vomit cette haine délirante. Mais il n’est que la caricature extrême d’un discours de ninistes qui expliquent que la politique ultralibérale que mènera Macron ne peut qu’aboutir dans cinq ans à la victoire du FHaine.

Monsieur Ruffin, je lis dans Le Monde votre « Lettre ouverte à un futur président » (édition du 5 mai), et, à mesure que j’avance dans sa lecture, la haine qui en transpire, rythmée par un refrain on ne peut plus explicite (« Vous êtes haï, vous êtes haï, vous êtes haï »), antienne que, pour ne pas vous-même l’incarner, vous prêtez à ce « peuple » qui parlerait à travers vous, oui, à mesure que j’en mesure la noirceur, cette haine qui vous habite me donne la nausée.

Serait-ce qu’entre vous, monsieur Ruffin, et Marine Le Pen, la différence morale ­serait infime ? Que vous seriez, comme elle, un vecteur de vulgarité, de haine et de violence ? "

Jean-Pierre Le Dantec

A lire ces délires, on se prendrait à croire que nous sortons de cinq années de plomb, comme on disait au Maroc, du temps d’Hassan II.

Le pauvre Valls est devenu l’objet d’abjection. Le 49.3 est la marque d’un régime dictatorial. La loi dite El Khomri  nous ramène au XIXe siècle pour le droit du travail.

Inutile d’arguer que le 49/3 n’est pas cette arme diabolique qu’on prétend qu’elle est, ni que, dans la loi Travail, il y a des avancées notables. Et que la seule organisation syndicale qui ne l’a pas vouée aux gémonies ne s’en tire pas si mal au point de vue représentativité. Nos BOGÔs, détenteurs autoproclamés de la vraie gôche, savent mieux que ces salariés aliénés qui ont amenés la CFDT à la 1ère place du privé, quel est leur bien !

Ruffin la Haine et sophismes ninistes

Et si le FN monte, c’est de la faute à qui et à quoi ? à Valls et Hollande et à leur politique ultralibérale bien sûr qui jette les classes populaires dans les bras de Marine.  Outre qu’on se demande pourquoi ça ne les jette pas plus vers les insoumis de Mélenchon et leur dégagisme poujadiste, on notera que cette mécanique fatale – libéralisme donne extrème-droite xénophobe – joue beaucoup moins dans des pays à la politique libérale plus affichée.

Certes l’UKIP a fait une percée, mais timide et fragile, au Royaume-Uni, et sur une base anti-européenne ; certes Pegida et l’AfD en Allemagne ont un peu prospéré mais sur une base xénophobe et surtout musulmanophobe ; l’Espagne à l’austérité économique bien plus marquée a vu naître un mouvement d’extrême-gauche puissant, Podemos, mais pas d’extrême-droite…  Et ni l’UKIP, ni l’AfD, ni aucun de leurs cousins européens ne remettent en cause une économie libérale bien plus ancrée que chez nous. Le moteur de leur croissance relative est l’anti-Europe et la xénophobie. Et, pour le FN aussi, l’attraction qu’il exerce repose d’abord et avant tout sur ce prurit nationaliste et sur la haine de l’autre, de l’étranger (voire du gauchiasse, des merdiacrates, etc.).

Le lien de causalité mécaniste avec une prétendue politique hyper libérale relève du fantasme idéologique.

Ruffin la Haine et sophismes ninistes

Anne-Sophie Jacques - chroniqueuse d'Arrêt sur images - semble ici atteinte d'une variante du syndrome de La Tourette. Il est vrai qu'elle ne fait que reprendre servilement le propos de Ruffin !

Et quant à prétendre que Macron va se lancer dans cette politique hyper libérale, c’est un mensonge.

Certes, sous prétexte de déverrouiller une économie bloquée, il propose un catalogue de mesures touchant au code du travail, à la défiscalisation des heures sup, etc. ; il semble vouloir réduire le rôle des syndicats ; au pire, une politique à la Schröder. Mais on est loin du libéralisme débridé et agressif des années Thatcher et Reagan.

C’est aussi faire comme si le possible futur président n’aurait pas à composer avec un parlement pas obligatoirement tout-à-fait acquis à sa cause et un mouvement syndical qui ne va pas se laisser dépouiller d’un rôle de partenaire social au niveau national.

Autrement dit, les péremptoires prophètes à cinq ans, qui préfèreraient le FHaine aujourd’hui, fabriquent une fausse causalité – quand ce n’est pas, comme les imposteurs Todd et Onfray notamment, une équivalence extrême-droite=centrisme libéral – feignent d’oublier que les motivations des citoyens ne sont pas déclenchées mécaniquement, qu’on ne peut faire de prophéties alors que personne, pour le moment, ne peut prévoir à un peu plus d’un mois le résultat de législatives et que ce qui peut se passer dans un quinquennat est très largement aléatoire.  

 

 

* Formule empruntée à Nicolas Domenach (qui, lui, visait Onfray).

PS1 Nos ninistes ‘insoumis’ – qui feraient quand même bien de se méfier pour les législatives car, à piétiner la discipline républicaine, ils risquent d’être aussi victimes du ninisme – ne maudissent guère les idées mortifères de la dame Le Pen ! Non ils se disent harcelés par les donneurs de leçons qui jouent les directeurs de conscience. C’est-à-dire ceux qui osent essayer de convaincre les électeurs – eux comme les autres - que Le Pen et Macron, ce n’est pas vraiment la même chose. Essayer, comme Ruffin (suivi d’ailleurs par un Eric Brunet, journaliste de droite extrême) de nous faire croire que Macron, ce Bayrou rajeuni, ce centriste, est une menace quasi totalitaire qui ne mérite que haine est une infamie qui, en revanche, ne les fait pas frémir, les gazelles effarouchées par notre harcèlement.  

PS2 "Un président de la République qui a démontré, lorsqu'il participait au gouvernement « socialiste », sa capacité à s'attaquer à tous les conquis sociaux pour lesquels nos parents et grand-parents s'étaient battus" : à peine élu, le nouveau président est voué aux gémonies par un blogueur insoumis ! Eh oui ! rendez-vous compte, les 'conquis' sociaux de nos parents et grands parents ont été attaqués par l'ex-ministre de l'économie. Autrement dit et en résumant : les conquêtes de 36, celles de la Libération, puis de 1981 enfin de 2000 ont été attaquées ! Exemple caricatural mais qui illustre bien la spirale délirante et haineuse à la Ruffin qui aspirent nos BOGÔs dans leur constante surenchère verbale.

 

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5 juillet 2016 2 05 /07 /juillet /2016 15:06
Guillaume Peltier, Christian Estrosi, Jean-François Copé et Eric Ciotti s'en prennent à une décision prise par François Fillon, alors ministre de l'Education Nationale

Guillaume Peltier, Christian Estrosi, Jean-François Copé et Eric Ciotti s'en prennent à une décision prise par François Fillon, alors ministre de l'Education Nationale

Dans le grand CONcours des Ripoublicains à qui sortira la stupidité la plus démagogique, sur fond de xénophobie, déguisée en anti communautarisme, quatre quasi ex-aequo.

En tête Copé-le-cynique 10h36, suivi d’Estrosi dit bac-5 à 14 h 21, marqué à la culotte par le frère ennemi de la côte, Ciotti-la-grirouette (Fillon un jour, sarko le lendemain) à 14h56, mais qui pour gagner la mène se fend en plus d’un communiqué, enfin le petit Peltier-baby-Buisson à 16h19, un 4 juillet à marquer d’une pierre noire, mais pas celle de La Mecque !

Objet de leurs cris d’orfraie : la Maison des examens de l’île-de-France conseille de reporter au lendemain les oraux de rattrapage pour les élèves qui invoqueraient la célébration de l’Aïd-el-Fitr qui marque la fin du ramadan..

Fin du ramadan et surenchère musulmanophobe des Ripoublicains

Les touittes se succèdent !

Nos xénophobes s’appuyaient sur un article de BFMTV, assez puant il est vrai et dénotant un total manque de déontologie de la part de son auteur.

En effet ce David Namias n’hésite pas à écrire : « La Maison des examens, qui gère l'organisation des épreuves du baccalauréat en Ile-de-France, a pris une initiative dénoncée par certains comme un excès de zèle, voire une manière de provoquer la polémique avant qu'elle n'advienne. Comme la fin du ramadan, la grande fête de l'Aïd-el-Fitr, risque de tomber (la date est fluctue d'un jour à l'autre) pendant le début des oraux de rattrapage du bac, l'administration offre aux élèves concernés la possibilité de remettre au lendemain leur examen. C'est peu dire que cette note adressée le 30 juin aux proviseurs des lycées des académies de Paris, Versailles et Créteil, est contestée dans son principe (…) c’est une atteinte à la laïcité ».

Sauf que cette recommandation – dont je m’étonne en tant qu’ex chef d’établissement qu’elle ait pu être sournoisement dénoncée par le SNPDEN (pour le SNALC ça ne me surprend pas) – est l’application logique et normale d’ailleurs d’une circulaire du 18 mai 2004 dont l'objet, tenez-vous bien, est le RESPECT DE LA LAÏCITÉ ! En effet, il s’agit de la circulaire d’application de la loi du 15 mars 2004 interdisant le port « ostensible» de signes religieux au sein de l'école publique, dite Loi Stasi. Circulaire ayant notamment pour but de mettre à jour les Règlements intérieurs des établissements.

Circulaire pas laxiste pour un sou, puisque, outre ces fameux signes ostentatoires, elle rappelle que les convictions religieuses des élèves ne leur donnent pas le droit de s'opposer à un enseignement ou encore ne sauraient être objectées ni contre l'obligation d'assiduité, ni contre les modalités d'un examen (J.P. Rosencveig).

Cependant, comme cela était d’ailleurs déjà l’usage, elle dispose que des autorisations d’absence doivent pouvoir être accordées aux élèves pour les grandes fêtes religieuses* qui ne coïncident pas avec un jour de congé et dont les dates sont rappelées chaque année par une instruction publiée au B.O. (les deux Aïd y sont bien sûr, mais aussi des fêtes juives). Plus encore, elle exige que l’institution scolaire et universitaire, de son côté, [prenne] les dispositions nécessaires pour qu’aucun examen ni aucune épreuve importante ne soient organisés le jour de ces grandes fêtes religieuses. A la limite donc, l’oral de rattrapage devrait être suspendu le jour de l’Aïd-el-Fitr !

  Entretien de F. Fillon à RTL le 6 juillet 2016

 

"- RTL : Est-ce qu'il faut permettre aux élèves musulmans concernés par les oraux de rattrapage [du Bac] de reporter leurs épreuves à demain, après la fête de l'Aïd, l'une des fêtes les plus importants du calendrier musulman ?

- François Fillon : Mais évidemment, c'est une tradition française depuis toujours ! C'est le Général de Gaulle le premier qui avait pris des décisions pour que les fonctionnaires français qui étaient de religion juive ou de religion musulmane puissent, lorsqu'il y avait des fêtes religieuses importantes, ne pas travailler ces jours-là.

 

- RTL : Tout le monde à droite n'est pas d'accord avec vous...

- François Fillon : Oui bah pour une raison simple, c'est qu'il y a un certain nombre de gens à droite qui ont une sorte de réflexe pavlovien : dès qu'on parle des musulmans, ils se mettent à éructer."

Dans le palmarès de l’indécence j’allais oublier la sarkozyste Annie Genevard , déléguée à l'éducation de Les républicains qui interpelle Najat Valaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale en clamant avec les quatre autres :

"C'est à l'islam à s'adapter à la République et non l'inverse. Il ne faut aucune complaisance à l'égard du communautarisme et fortifier au contraire l'unité nationale dont notre pays a tant besoin".

La laïcité, n’a rien à voir avec ces réactions qui, sous prétexte d’attaquer le communautarisme, ne s’en prennent qu’aux musulmans. Les chrétiens n’ont aucun souci pour célébrer leurs fêtes. Il n’est pas anormal que les juifs, les musulmans, ou d’autres religions, dans des limites clairement définies, puissent célébrer les leurs. La circulaire de 2004 le rappelle très légitimement et que des élus qui se prétendent républicains puissent le contester montre la dérive inquiétante de leur parti vers les thèses xénophobes.

 

 

* Fêtes religieuses (hors fêtes catholiques ou protestantes, fériées):

 

Communauté arménienne :

Ÿ Théophanie (fête de la Nativité)

Ÿ Fête apostolique arménienne des Saints Vartanants

Ÿ Commémoration des événements marquant l'histoire de la communauté arménienne

 

Confession orthodoxe :

Ÿ Théophanie :

- selon le calendrier julien

- selon le calendrier grégorien

Ÿ Grand Vendredi Saint

Ÿ Ascension (selon le calendrier julien)

 

Confession israélite :

 Chavouot

Ÿ Roch Hachanah

Ÿ Yom Kippour

 

Confession musulmane :

Ÿ Al Mawlid Ennabi

Ÿ Aïd el Fitr

Ÿ Aïd el Khebir

 

Fête bouddhiste :

Ÿ Fête du Vesak (jour du Bouddha)

 

Faut-il rappeler que les fêtes religieuses catholiques tombant le dimanche (Pâques, Pentecôte) sont assorties d'un lundi férié et que les autres fêtes religieuses (Toussaint, Noël, Ascension) sont fériées !

 

Pour compléter une intéressante mise au point historique de Jean-Louis Auduc, cité par Claude Lelièvre, qui rappelle que la CGT, en 1905, s'était opposée à un amendement de la loi de séparation des églises et de l'état, supprimant les fêtes religieuses chômées, les considérant comme des acquis sociaux !

Dès 1907, Georges Clemenceau sortit un premier texte concernant les fêtes juives. Puis ces "jours protégés" furent étendus aux fêtes musulmanes et arméniennes, après la 1ère guerre mondiale. Enfin en 1998, ces jours protégés concernèrent des fêtes orthodoxes et une fête boudhiste.

Ainsi, à l'ineffable Jacques Myard, le Charasse de la droite bornée, qui s'inquiètait de ces autorisations de droit pour les fonctionnaires, contraire à son sens au principe de laïcité, F. Sauvadet, Ministre de la Fonction publique, répondait : « Cette pratique administrative de délivrance d'autorisations spéciales d'absence pour fêtes religieuses est conforme au principe de laïcité, qui, s'il repose sur la stricte séparation des religions et de l'État, garantit aussi la liberté de conscience individuelle et le droit de chacun à pratiquer son culte d'appartenance (art. 1er de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État). Les autorisations spéciales d'absence pour motifs religieux marquent donc la volonté du Gouvernement de permettre la liberté de culte et, par conséquent, la neutralité de l'État vis-à-vis des différentes religions. » (Journal Officiel 29/11/2011)

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2 juin 2016 4 02 /06 /juin /2016 20:32
Au secours la droite revient

Robert Ménard, l’ex-cofondateur de Reporters sans frontière, a tenté de réunir les droites à Béziers fin mai. Les droites surtout extrêmes. Il a fait adopter à cartons bleus levés, sous le signe de « Oz ta droite », par un échantillon représentatif de la droite rance, 51 marqueurs de la droite, la vraie !

Avec des prolégomènes qui affirment notamment que la France a besoin d’identité et d’autorité, qu’à force de naturaliser en masse, on dénature en bloc, que mieux vaut faire des enfants que les importer, le ton est donné, droite dure, identitaire, xénophobe. D’autant que le petit maire de Béziers avoue que son Oz ta droite, ce n’est pas un programme, c’est une frontière.

Midi Libre

Midi Libre

Sur ses 51 fameux marqueurs, beaucoup sont de fait communs aux candidats aux primaires LR comme suppression des 35 heures, retraite à 65 ans, priorité aux économies dans le domaine de l’État-providence…

L’ex Président de Reporters sans frontière ne voue pas un amour immodéré aux journalistes et à la presse puisqu’il préconise l’abolition des privilèges (sic) par la suppression de l’abattement fiscal des journalistes et surtout la suppression de toutes les aides publiques, directes ou indirectes, à la presse ; autrement dit la mort programmée de la presse écrite.

Education le grand bond en arrière

En ce qui concerne l’éducation, il reprend une proposition chère aux libéraux modèle Madelin : un chèque éducation qui supprime de fait l’école de la République ! Un grand bond en … arrière avec la suppression du collège unique lancé par Haby en 1975 et réellement mis en place par Alain Savary – un des plus grands ministres de l’Education nationale – à partir de 1981. Et la sélection à l’université ce qui fera encore régresser la France pour l’accès à l’enseignement supérieur. De quoi enthousiasmer l'UNI !

Inutile de dire que le quasi born again catho qu’est devenu Ménard, sous l’influence de sa dernière épouse, prône la suppression de la diabolique loi Taubira (sans rétroactivité tout de même). Plus fort encore il veut interdire la Gestation par autrui (GPA) qui … n’est pas autorisée ! Quant au PACS, il compte le remplacer par un contrat d’association ouvert à tous ceux qui vivent sous le même toit (serait-ce la porte ouverte à la polygamie contractuelle ?).

On pourrait mettre sur le compte d’un prurit sécuritaire son dangereux et dispendieux projet de création d’une Garde nationale composée de volontaires sélectionnés, âgés de 25 à 50 ans, sans double nationalité – autrement dit beaufs de souche garantis purs gaulois - et constituée sur une base départementale, pour un effectif total de 100 000 hommes et femmes si ce n’est que ça vient s’ajouter à de prétendues zones de « non France » dans laquelle il veut installer un poste de gendarmerie permanent, couplé à des moyens juridiques spécifiques et conséquents ! On serait curieux de connaître la carte de ces 100 (oui cent tout rond) zones.

Au secours la droite revient

Des mesures xénophobes et anti-musulmanes

En tout cas les populations qui y vivent sont clairement identifiées et visées par une série de mesures xénophobes ! Ce n’est pas pour rien que Renaud Camus le barde du grand remplacement a fait un tabac auprès des soi-disant invisibles, tandis que Rioufol du Figaro se faisait siffler pour avoir osé dire qu’il ne fallait pas rejeter tous les musulmans.

Dans la salve de mesures anti-musulmanes on notera une délicieuse autorisation : autorisation du voile islamique au seul espace privé ; autrement dit une mesure à l’iranienne ou à la saoudienne, mais inversée : là-bas le port du fichu est obligatoire, pour Ménard et ses sbires l’interdit remplace l'obligation, c’est la même logique liberticide. Le moratoire sur la construction de mosquées n’est qu’un amuse-gueule, car derrière il y a l’artillerie lourde : instauration de la priorité aux Français pour les logements sociaux et l’emploi ; suppression du droit au regroupement familial pour les étrangers non communautaires ; suppression de la double nationalité hors Europe ; déchéance de la nationalité bien sûr et expulsion des étrangers condamnés en fin de peine ; et surtout un rétablissement du droit du sang et limitation des naturalisations aux cas d’assimilation ! Selon la méthode ménardesque, ce « rétablissement » d’un droit qui a de tout temps existé (un enfant de parents français même né à l’étranger est Français) veut dire en fait la suppression du droit du sol* qui fait qu’un enfant de parents étrangers nés en France peut obtenir la nationalité française.

La fin de l'état de Droit

Mais le marqueur, comme il dit, le plus dangereux est celui qui affirme le principe de supériorité du politique sur le juridique : limitation du contrôle de constitutionnalité. Dans son style habituel, il envisage, en fait, la suppression de l’état de droit. Cela apparaît d’ailleurs dans d’autres items comme l’élargissement de la notion de légitime défense pour les forces dites de l’ordre, en passant par la très poujadiste simplification radicale des normes et obligations administratives pour les agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales, PME mais surtout la dénonciation de l’adhésion de la France aux articles de la Convention européenne des droits de l’homme qui privent la police et la justice françaises des moyens de mener à bien leurs missions. On voudrait bien connaître ces articles qui empêcheraient police et justice de mener à bien leurs missions !

Au secours la droite revient

On peut bien sûr ironiser sur ce rassemblement d’un ramassis de catho-tradis, de nostalgiques de l’OAS, de desouche forcenés et de racistes à peine masqués, ironiser sur son échec à faire venir ne serait-ce que Zemmour ou de Villiers, à qui il avait servi de paillasson avec son « Béziers libère la parole », ironiser sur son intellectuel de service, l’ineffable Tillinac, sodomiseur de rossignol, qui s’est encore surpassé, ironiser encore sur le départ de Marion Maréchal-la-voilà-plus-Le Pen qui n’a pas supporté qu’il prétende ne pas être le marchepied du FN alors que le FN lui a servi de tremplin pour conquérir Béziers. On peut donc arguer que ses marqueurs ne représentent que lui-même et une groupusculaire droite encore plus extrême que le FN. Sauf que les candidats à la primaire de droite, à commencer par le très lisse Le Maire – on ne parle pas de Morano Nadine notre Sarah Palin, ni de Myard le Charasse de la droite -  le non moins lisse Fillon, sans oublier Copé et encore moins Sarkozy, font assaut de propositions outrancières qui ne risquent pas de provoquer l’agit-prop, promis par l’agressif maire de Béziers, contre ceux qui ne s’inscriraient pas dans ses marqueurs.

Il n’est donc pas tout-à-fait interdit de relativiser les griefs dont on accable la gauche de gouvernement et de se souvenir que la droite, la vraie, c’est autre chose ! Quelque peu plus pire !

 

 

 

 

 * Patrick Weil fait remonter le droit du sol à 1515 ! Pour avoir un aperçu historique voir La citoyenneté et la nationalité dans l'histoire. Voir aussi l’état actuel de l’acquisition de la nationalité française.

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12 mai 2015 2 12 /05 /mai /2015 16:33
Todd, le corrélateur fou

Ô manifestant du 11 janvier, toi qui croyais dire non à la barbarie assassine, oui à la défense de la liberté d’expression, dans un hommage silencieux à Charb, Wolinski, Cabu, Tignous et les autres, Todd est là pour te déciller. Eh oui, afficher « Je suis Charlie » voulait « dire que caricaturer la religion des autres est un droit absolu – et même un devoir ! –, [surtout] lorsque ces autres sont les gens les plus faibles de la société », c’était revendiquer le « droit inconditionnel à piétiner Mahomet, "personnage central d’un groupe faible et discriminé". » Et « la simple exclusion du Front national de la manifestation allait signer l’absence des ouvriers. »

 

Historien et démographe, anthropologue même, Emmanuel Todd a une haute opinion de lui-même : « Mon livre est un missile Exocet magnifiquement construit, un chef-d’œuvre de maîtrise intellectuelle… ». Et il excipe de sa scientificité - je suis un scientifique plutôt qu’un idéologue ou un politique – pour user de l’arme la moins scientifique qui soit, l’argument d’autorité.

Face à Joffrin, il assène : « Je m’excuse, mais lorsque vous dites un truc du genre : «Cela ne tient pas debout, l’analyse anthropologique et ces trucs sur la sphère familiale» [ce que n’a d’ailleurs pas dit son interlocuteur], vous êtes un facho, là », après lui avoir rétorqué « Ce que vous dites ne présente rigoureusement aucun intérêt… » ou « vous n’aimez pas les progrès de la science… Vous avez une attitude antiscientifique. »

 

Ce qui ne l’empêche pas d’émettre des stupidités. Ainsi de cette double affirmation : « François Hollande est un catholique zombie typique, avec un père catholique d’extrême droite et une mère catholique de gauche. Et, d’ailleurs, Manuel Valls lui-même vient de Catalogne, province de famille souche différentialiste, et, qui plus est, lui aussi vient d’un milieu catholique catalan parmi les plus durs. » Un fonctionnement au stéréotype, tel qu’autrefois le Breton était têtu (tête de cochon), l’Auvergnat rapiat, comme le Normand au demeurant, le Briard gueulard, le Marseillais hâbleur…

Car même en admettant que sa théorie des deux France ait quelque fondement en déduire mécaniquement que l’origine individuelle assigne un destin inéluctable à chacun est à peu près du niveau de Ménard et des identitaires racistes qui assignent à une personne dont le patronyme a une consonance maghrébine sa religion !

 

"Démontrez que les coefficients de corrélation sont pourris !" lance Todd à Joffrin.

 

Le coefficient de corrélation est un indice qui mesure la relation linéaire entre deux courbes statistiques. Ce coefficient de corrélation varie de -1 à +1. Un coefficient de corrélation de -1 indique une relation inversement proportionnelle entre deux courbes (quand l’une est au plus bas, l’autre est au plus haut). La valeur +1 au contraire indique une parfaite similitude entre deux variables. A zéro, il n’y a aucune corrélation entre les variables.

 

 

Mais ce n’est pas parce que deux courbes se ressemblent qu’il y a un lien entre elles

Die Zeit  cité par le Courrier International : Les corrélations de l'absurde

 

Le prétendu historien a une vision assez fixiste de l’histoire, une histoire assez caricaturale.

« D’un côté nous avons la vieille France laïque et républicaine – le Bassin parisien, la façade méditerranéenne, etc. –, la France qui a fait la Révolution en somme. De l’autre, il y a la France périphérique : l’Ouest, une partie du Massif central, la région Rhône-Alpes, la Lorraine, la Franche-Comté. Ce sont les régions qui ont résisté à la Révolution et dans lesquelles l’imprégnation catholique est restée très forte jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. » Et selon que vous êtes né ici ou là, dans la vision manichéenne et quasi janséniste de Todd, vous avez la 'grâce suffisante', l’onction sacrée républicaine et laïque et sinon vous resterez un éternel catholique zombie, errant dans les ténèbres extérieures.

Sauf que, quand on regarde de plus près la réalité historique, on s’aperçoit que, par exemple, en Vendée, le pays des Olonnes est resté républicain et a résisté à l’armée catholique et royale et le Sud Vendée, resté Républicain aussi, a élu en 1871 Emile Beaussire, député républicain. Donc dans un département qui peut paraître comme le prototype de ces régions qui, dans toute l’histoire de France (sic), ont combattu la laïcité, il existait des poches républicaines solides voire inexpugnables. L’Anjou voisin va présenter, au moment de la Révolution un véritable dimorphisme avec Baugeois et Saumurois adhérant à la Révolution à l’Est, Segréen et surtout Mauges contre-révolutionnaires, à l’Ouest. Siegfried, un peu le fondateur de la géographie électorale, dans son étude de l’Ardèche, la résumait : « La montagne vote à droite, la pente et la vallée vote à gauche ».  

Todd, le corrélateur fou

Sa vision fixiste passe aussi par le prisme des structures familiales telles qu’il les a lui-même répertoriées. Ainsi, non seulement Manuel Valls a le tort d’avoir eu un grand-père ultra-catho, mais il est né dans une province de famille souche différentialiste, c’est-à-dire inégalitaire. Qu’en France, au moins, le code civil ait réglé sur tout le territoire les successions de manière égalitaire et cela depuis deux siècles, rien n’y fait : inégalitaire furent vos ancêtres, ce sceau d’infamie est inscrit à jamais dans vos gênes.

 

Le FN parti des ouvriers ?

Et si la carte des empreintes et pratiques religieuses ou celle des structures familiales ne suffit pas à jeter l’opprobre sur ces millions de personnes manifestant prétendument pour le droit de blasphémer sur la religion d’un groupe dominé, reste la bonne vieille vulgate pseudo-marxiste. Car, quoiqu’il dise, la manif la plus massive fut bien sûr celle de Paris. Elle mobilisait largement comme il se doit le bassin parisien qui, dans la classification toddienne, est une terre républicaine grand teint.

Mais « Quand on observe la carte des manifestations, la première chose qui frappe, c’est ce que l’Insee appelle avec élégance la prédominance des «cadres et professions intellectuelles supérieures». Eh oui, mobilisant quarante années de recherche, notre démographe peut déterminer, sur une carte la composition sociologique des rassemblements. Il y a donc eu une surmobilisation des catégories moyennes et supérieures de la société couplée avec une formidable dynamique d’exclusion : exclusion des électeurs du FN – ce qui en termes sociologiques signifie aujourd’hui l’exclusion des ouvriers – et exclusion des enfants d’immigrés !

A en croire Todd, le FN serait devenu le parti des ouvriers. Ce qui est faux. Certes aux européennes une majorité relative de suffrages ouvriers a opté pour le FN, mais la grande majorité des ouvriers s’est abstenue. Et l’exclusion n’a évidemment pas pu porter sur des « électeurs », mais sur les dirigeants. Quant à l’exclusion des enfants d’immigrés, c’est un mensonge délibéré. Qu’ils n’aient pas été massivement présents est un fait, mais qui n’implique aucune exclusion. Prononcée par qui, d’ailleurs ?

Le PS noyauté par les catholiques zombies

La méthode Toddienne se déploie dans une analyse du PS dont la malhonnêteté intellectuelle ferait frémir de jalousie le pire mélenchonniste. « A la veille des années 1960 et 1970, le PS n’en était qu’une composante secondaire [de la gauche], très forte dans le Sud-Ouest, région d’héritier unique qui ne croit pas à l’égalité. » Faut-il rappeler que ce Sud-Ouest, taxé d’être inégalitaire car ayant pratiqué, bien avant la Chine, la doctrine de l’enfant unique, est d’abord une terre radicale-socialiste, radsocs qui eux, ont toutes les vertus républicaines que Todd dénie au PS ? Faut-il rappeler que Gaston Deferre avait fait de Marseille son fief, comme Augustin Laurent, Lille ? que le Pas-de-Calais, depuis 1945 était présidé par un membre de la SFIO, à commencer par Guy Mollet ?

Mais avec Todd, le pire est toujours sûr donc, dans la montée en puissance du PS, « notre illusion fondamentale, notre erreur à tous, ça a été alors de se dire que c’était la gauche qui avait conquis les régions catholiques, au moment même où c’étaient les régions catholiques qui faisaient en réalité la conquête de la gauche. Il y a eu une subversion de ce qu’était la gauche française. » « C’est une gauche qui n’adhère pas aux valeurs égalitaires, et qui n’est pas claire sur la question de l’homme universel, au contraire de la vieille gauche républicaine communiste ou radical socialiste. »

Inutile d’objecter qu’une telle affirmation est sans aucun fondement. Todd vous rétorquera que cette valeur d’inégalité est nichée dans le tréfonds subconscient et inconscient des catholiques zombies. Il y a une sorte d’inconscient collectif. Autrement dit quel que soit le discours prononcé, les actes affirmés, le catholique zombie, par un juste retour des choses en quelque sorte, est affligé du péché d’origine, tache indélébile. Le Nantais qui depuis Chenard (1977) à nos jours a voté PS, les Bretons qui ont maintenu le PS à la tête du Finistère ou de l’Ile-et-Vilaine, ne sont mus que par les valeurs sociales latentes du catholicisme (les valeurs d’autorité, d’inégalité, de différenciation humaine).

Todd, le corrélateur fou

La xénophobie universaliste

Là où ça devient franchement nauséabond, c’est quand le prétendu anthropologue se livre à une analyse de l’antisémitisme et du racisme.

Comme le cholestérol, il y a le bon antisémitisme et le mauvais. Le mauvais, on l’a deviné, c’est celui, inconscient, de nos cathos zombies, héritiers des anti-dreyfusards et des vichystes. Le bon – ou tout au moins celui qui est issu de sains principes – c’est celui des républicains de toujours. C’est « un antisémitisme que j’appelle égalitaire, universaliste […] ce qui est reproché aux juifs, ce n’est pas de vouloir devenir comme vous, c’est de vouloir rester différents. […] La France est formidable avec ce concept d’homme universel. Mais être universaliste, pour un anthropologue, c’est penser que les gens sont les mêmes partout. » Ce qu’il justifie ici c’est en fait la xénophobie de pseudos républicains, modèle Riposte prétendument laïque avec ce concept complètement délirant d’homme universel qui aboutit à ce qu’il appelle la xénophobie universaliste. Qu’il oppose à une «xénophobie objective», c’est-à-dire une xénophobie qui n’a pas conscience d’elle-même.

Avec Todd, l’antiraciste n’est qu’un raciste qui s’ignore.

Todd, le corrélateur fou

Puisqu’Emmanuel Todd fait une fixation sur les origines, on peut légitimement se demander s’il aurait eu la moindre audience s’il n’avait été le fils d’Olivier Todd et le petit-fils de Paul Nizan.

L’ingénieur de recherche de l’INED n’a jamais vu ses travaux reconnus par l’Université qui les a rejetés, a priori prétend-il. Ses partisans disent même qu’il a été barré par les syndicats ! Mais le Collège de France qui est totalement indépendant n’a pas su non plus distinguer ses éminentes qualités auto-proclamées. Et Hervé Le Bras, avec qui il a co-écrit quelques ouvrages, ne veut plus collaborer avec lui pour des désaccords sur la méthode de travail.

Tous ses propos démontrent d’ailleurs qu’il est totalement imperméable au doute méthodologique, doute qui est à la base de toute vraie démarche scientifique.

Alors, si Todd n’avait pas eu une origine de nanti de l’intelligentsia parisianiste, il est peu probable que ses illuminations sur le flash totalitaire que fut pour lui le 11 janvier eussent mérité autre chose que la corbeille à papier.

 

Voir aussi Viveret répond à Todd : "L'insulte est contreproductive"

 

PS Un exemple de la haute scientificité des propos toddien que ce "Il n’a jamais été prouvé qu’une société pouvait vivre sans croyance". Ce qui ne l'empêche pas de décrire une société française "dominée par des classes moyennes qui ne croient plus à rien, qui ne savent plus où elles vont, qui se sont seulement lancées dans la construction d’un euro qui ne mène nulle part." (L'euro est sa bête noire, les joies de l'inflation et des dévaluations lui manquent).

On admire donc la logique implacable du penseur qui décrit une société dominée par ceux qui ne croient plus à rien tout en s'interrogeant sur la possibilité d'une société sans croyance.

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20 février 2015 5 20 /02 /février /2015 19:00
ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Horreur et putréfaction, honte et scandale, un certain Reynié, politocrate omniprésent avec sa tambouille sondagière, comme dit Schneidermann, a osé, sur les ondes complaisantes de France Inter, lancer des attaques assez ignobles contre Mélenchon et le Front de gauche. Les taxant d’antisémitisme. Cris d’orfraie, bien sûr, du côté du Parti de gauche. Et si on y regardait de plus près.

 

Il faut dire que Dominique Reynié, qui dirige un think thank, Fondapol, proche de l’UMP, n’y va pas par le dos de la cuiller : "La France comprend trois foyers d'expression de l'antisémitisme très forts. Le premier ce sont les proches du Front National et les électeurs de Marine Le Pen [...] Le deuxième groupe ce sont parmi les Français musulmans [...] Et puis le troisième groupe ce sont les proches du Front de gauche et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon 2012, où là aussi on trouve, à un degré moindre, et sur des ajustements ou, je dirais des agencements différents, l'expression d'un antisémitisme fort". "On a [dans ce 3e groupe] une adhésion beaucoup plus forte que la moyenne à des préjugés qui relèvent de cet antisémitisme anticapitaliste et antiglobalisation. Cette idée que les juifs contrôlent l'économie. Qu'il y a un capitalisme cosmopolite, que le monde de la finance est un monde cosmopolite". Et il en a rajouté une couche en s’attaquant à Mélenchon – crime de lèse-Imprecator – en rappelant ses propos sur Moscovici, à l’époque Ministre des finances, à propos de la crise chypriote : "C'est le comportement de quelqu'un qui ne pense plus en français… qui pense dans la langue de la finance internationale" clamait Mélenchon, "c'est le genre de formules qui, au fond, élasticise l'espace public et la parole", commente Reynié.

 

Le sondage, sur lequel s’appuie Reynié date de Novembre 2014. L’actualité hélas le remet sur le devant de la scène. Il a été réalisé par l’IFOP, présidée par Mme Parisot, qui appartient aussi à Fondapol. Intitulé L’antisémitisme dans l’opinion publique française Nouveaux éclairages, il repose sur un sondage en ligne de 1 005 personnes représentatif des Français âgés de 16 ans et plus et sur un questionnement dans la rue de 575 personnes déclarant être nées dans une famille de religion musulmane, françaises ou non, vivant en France, âgées de 16 ans et plus.

 

S’agissant du questionnaire en ligne il démarrait par une sorte d’échelle de Richter en soumettant aux sondés des préjugés les plus éculés de l’antisémitisme :

  1. « Les Juifs utilisent aujourd’hui dans leur propre intérêt leur statut de victimes du génocide nazi pendant la Seconde Guerre mondiale »
  2. « Les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de l’économie et de la finance »
  3. « Les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine des médias »
  4. « Les Juifs ont trop de pouvoir dans le domaine de la politique »
  5. « Il existe un complot sioniste à l’échelle mondiale »
  6. « Les Juifs sont responsables de la crise économique actuelle »

 

Le degré de préjugé est mesuré par le nombre de réponses positives, de 0 (pas du tout antisémite) à 6 (très antisémite).

Être ou ne pas être antisémite, telle est la question.

 

Nonna Mayer, sociologue (« Il faut parler d’antisémitisme avec rigueur ») objecte qu’en ne proposant que des clichés négatifs le questionnaire introduit le biais d’acquiescement systématique (« yes saying »). Bien que non expert, on est un peu pantois : comment peut-il y avoir un acquiescement systématique sur des propositions qui commencent par « Les Juifs » ? Comme si toutes les personnes d’origine juive formaient une entité monolithique ! La deuxième objection porte sur le côté binaire du questionnaire 0/1, d’accord/pas d’accord. Il ne permet pas de mesurer l’intensité, comme le fait la formulation habituelle : « Diriez-vous que vous êtes tout à fait d’accord, plutôt d’accord, plutôt pas d’accord ou pas d’accord du tout avec l’opinion suivante ? ».

On pourrait donc être modérément antisémite et tout aussi modérément non antisémite.  « Je serais tenté de penser que les Juifs utilisent parfois la shoah à leur profit », diraient les uns ;  « Je ne suis pas tout-à-fait d’accord » répondraient les autres ! Le primaire quasi primate que je suis considère avec une grande étroitesse d’esprit que souscrire à l’une quelconque des propositions c’est être antisémite.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Indicateur d'antisémitisme (nombre d'items)

Même en admettant que le ‘yes saying’ ait fait quelque ravage on peut considérer qu’à partir de deux réponses positives l’antisémitisme est avéré.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Antisémitisme et préférences politiques

Ce tableau ventile les réponses en fonction des sympathies politiques déclarées par les sondés.  Bizarrement ce sont ceux qui n’affichent aucune préférence politique qui seraient les moins antisémites, suivis d’EE Les Verts. Globalement la gauche est moins antisémite que la droite. On peut supposer au Modem et à l’UDI la survivance de la judéophobie catholique contre le peuple déicide. Mais on note surtout les décrochages du Front de gauche (–17) et encore plus du Front national (-28) au degré 0 de l’antisémitisme.

 

Le Front National reste bien le parti antisémite de Jean-Marie Le Pen, malgré le ripolinage de la fille.

Deux groupes (qui se recoupent pour une part bien sûr, mais qui divergent un peu) sont distingués : ceux qui se disent proches du FN et ceux qui disent avoir voté pour elle en 2012.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Le FN face aux clichés antisémites

Sur tous les items, les frontistes sont très significativement au-dessus de la moyenne des sondés. On retrouve les poncifs antisémites des années 30 (banque et presse juives) auxquels s’ajoutent les propos du patriarche sur le « détail de l’histoire », reflétés dans la réponse largement majoritaire sur le statut abusif de victime.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Pas de Président juif

Les deux sous-groupes divergent ici – l’électorat mariniste serait un peu moins viscéralement antisémite que les sympathisants – mais, dans tous les cas, on est largement au-dessus de la moyenne.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Français à part entière ?

L’antisémitisme nourrit la xénophobie : les trois quarts des sympathisants du FN estiment que le Français d’origine immigrée n’est pas un Français à part entière, mais entièrement à part.

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Indicateur de xénophobie

Ce tableau est déjà globalement terrifiant : la moitié des sondés estiment qu’il y a trop de maghrébins, plus d’un tiers trop de noirs, un cinquième trop d’asiatiques. La lepénisation des esprits est bien en marche. Et le FN est bien un parti xénophobe, quasi unanime à l’encontre des musulmans.

 

 

Le Front de gauche n’a heureusement rien à voir sur ce plan de la xénophobie  avec le FN

 

Le 1er sous-groupe, celui des sympathisants déclarés, regroupe sans doute des proches du NPA et de LO qui n’étaient pas proposés en choix. Ce qui expliquerait la divergence avec les électeurs déclarés de Mélenchon en 2012.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Préjugés antisémites

Globalement les électeurs sont proches de la moyenne, tandis que les sympathisants sont significativement plus sensibles à quelques préjugés antisémites.

 

SIONISME, subst. masc.

 

Mouvement politique et religieux né de la nostalgie de Sion, permanente dans les consciences juives depuis l'exil et la dispersion, provoqué au XIXe s. par l'antisémitisme russe et polonais, activé par l'affaire Dreyfus, et qui, visant à l'instauration d'un Foyer national juif sur la terre ancestrale, aboutit en 1948 à la création de l'État d'Israël.

 

Sionisme religieux, socialiste. Il est (...) plus d'une sorte de sionisme: sionisme sentimental et philanthropique, sionisme « culturel », sionisme politique, d'accord seulement sur la renaissance de l'« ethnos » d'Israël et sur ses possibilités d'avenir (Weill, Judaïsme, 1931, p. 68).Ce petit livre [l'État juif] est comme le faire-part de naissance du sionisme politique, celui pour lequel Herzl luttera sans trêve, pendant les huit années qui lui restent à vivre (R. Neher-Bernheim, Hist. juive de la Renaissance à nos jours, Paris, Durlacher, t. 2, 1965, p. 372).

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Ce qu'est le sionisme ?

NB Plusieurs réponses possibles.

 

Fondapol tend ici à relier antisionisme et antisémitisme, l’hypothèse étant que l’antisionisme expliquerait la sensibilité plus grande aux préjugés antisémites. La divergence la plus notable porte sur le caractère raciste du sionisme ; sinon pour le lobby Juif international, ils y croient moins que les verts.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Aussi Français qu'un autre

Reste que la relative porosité aux préjugés antisémites ne se traduit absolument plus en xénophobie, puisque les électeurs déclarés de Mélenchon sont plus de 9 sur 10 à estimer qu’un Français d’origine juive était Français à part entière et qu’ils sont plus de 8 sur 10 à affirmer la même chose pour les Français dits musulmans.

 

Ce que confirme le tableau suivant

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

Moins xénophobes à gauche

On est loin, très loin, de la xénophobie du FN ou même de l’UMP.

ANTISÉMITISME : L’AF-FRONT DE GAUCHE

xénophobie à droite

Là, Reynié est moins prolixe : l’UMP, dans le rejet de ‘l’étranger’, est significativement au-dessus de la moyenne des sondés. Pas encore au niveau de xénophobie du FN, mais cependant en (mauvaise) voie de lepénisation.

 

A partir même des éléments de son étude, Reynié a donc tort de mettre sur le même plan, comme foyer d’expression de l’antisémitisme, le FN et le Front de Gauche, même s’il corrige par à un moindre degré pour le deuxième.

Les sympathisants FN sont très majoritairement xénophobes et très largement racistes et sont restés antisémites.

En revanche, ceux qui se sont déclarés proches du Front de gauche*, s’ils semblent avoir une porosité un peu plus grande à certains préjugés antisémites que les autres sympathisants de gauche, ne sont absolument pas xénophobes.

Quant au rappel des propos imbéciles de Mélenchon sur Moscovici, malgré sa défense malhabile où il feignait de confondre l’origine Juive de Mosco avec une appartenance religieuse, ils n’en faisaient absolument pas un antisémite. Son parler dru et cru, comme il dit, rappelait « le parti de l’étranger » de l’appel de Cochin, quand Chirac taxait Giscard de politique anti-nationale.

 

 

* Coquerel,  porte parole du Parti de Gauche,  dans sa contre-attaque a eu beau jeu de rappeler que dans un sondage portant sur un millier de personnes, les sous-divisions en sympathies politiques déclarées aboutissent à des échantillons réduits où l’intervalle de confiance devient énorme.  Mais c’est le lot de tous les sondages dès, qu’au-delà de résultats globaux, ils essaient de cerner, par exemple, ceux de diverses catégories sociales.

On peut regretter - mais peut-être l'ai-je mal cherchée - que l'IFOP ne mette pas en ligne la fiche technique complète de ce sondage, avec notamment le chiffrage de chaque sous-groupe. La seule indication qu'en-deça de 40 c'est fragile est un peu courte.

NB La partie la plus controversée de l’étude est celle portant sur un échantillon de 575 personnes déclarant être nées dans une famille de religion musulmane, françaises ou non, vivant en France, âgées de 16 ans et plus, administrée en face à face dans la rue.

Selon l’observatoire des sondages, l’effectif est « insuffisant (575 sondés) pour que les résultats soient significatifs statistiquement, et encore plus lorsque 51% d’entre eux affirment par exemple que "les juifs ont trop de pouvoir en politique" (...). Autre aspect critiquable. Comme il n’existe aucune donnée permettant d’établir et définir démographiquement la population "musulmane” (la collecte de données dites "ethniques" est interdite en France), les extrapolations "maison" faites par l’Ifop à partir des données de la population "immigrée" de l’INSEE sont douteuses, comme la manière dont en pratique ont été sélectionnés ("identifiés" ?) les "musulmans" sondés. Et Nonna Mayer d’ajouter très justement que sur un sujet aussi sensible la rue n’est pas le lieu le plus indiqué pour poser des questions. »

 

Dominique Reynié s’est défendu en faisant remarquer que Nonna Mayer écrit sa nette préférence pour la méthode utilisée par les auteurs du livre Français comme les autres ? (Presses de Science Po, 2005). Il leur laisse donc la conclusion : « Les Français originaires d’Afrique ou de Turquie penchent plus souvent du côté des réponses présumées antisémites que leurs homologues de l’enquête miroir (…). Les écarts varient entre + 19 points pour la question sur le pouvoir des juifs en France, + 15 pour les questions sur la responsabilité à l’égard du conflit israélo-palestinien et sur “on parle trop de l’extermination des juifs”, et + 7 pour l’opinion “pour les juifs français, Israël compte plus que la France” », et plus loin :  « Les actes antisémites n’impliquent qu’une proportion marginale de la population, mais force est de constater que les préjugés antijuifs ne sont pas un épiphénomène. » Autrement dit, il suggère que cette étude recoupe le sondage de l’IFOP.

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