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28 mars 2012 3 28 /03 /mars /2012 21:21

Jusqu’à maintenant, sauf un « chapô » ou un commentaire final, j’ai publié les contributions de Gilbert comme elles me parvenaient.

Mais là, non ! Les divergences – pour employer un euphémisme – ne peuvent justifier, à mon sens bien sûr, des attaques personnelles outrancières et des mensonges délibérés. J’ai donc ajouté, au fil du texte quelques remarques et précisions. Le social-traître que je suis, mou comme il se doit, ne pousse cependant pas la complaisance jusqu’au masochisme.

 

I have a dream… Je crois être le seul participant au DeblogNotes à ne pas considérer Jean-Luc Mélenchon comme un velléitaire prétentieux, à côté de tant de nobles prétendants à l’Élysée. Pas haut peut-être, mais tout seul, je m’y recolle, après les « rodomontades de Méluche » signées Jean-François Launay. Ce vieil ami social-démocrate a contracté très jeune un strabisme convergent, qui a ôté de son champ de vision tout ce qui s’écarte du rocardisme primitif. Il faut aider les handicapés, même légers, et notre mot d’ordre est « solidarité ». [« strabisme », « handicapé », bien sûr, ça doit être de l’humour Front de gauche.]

 

Mélenchon n’est pas plus l’avatar de Georges Marchais que François Hollande n’est celui de Guy Mollet. Et Jérôme Cahuzac, avec sa modestie de Ministre des Finances du Lot-et-Garonne, n’est pas davantage l’épigone du génial DSK, que ses amis socialistes, si nombreux en avril 2011, encensaient avant de se barrer comme des rats quittant le Sofitel. S’il fallait un palmarès des Rodomont* de gauche (à droite, c’est fait !), on hésiterait entre le timide Manuel Valls, la douce Ségolène Royal ou la tendre Martine Aubry [un peu d’amalgame, vieille ficelle]. Mais, bon, il faut respecter ses amis de gauche, des fois qu’il y aurait des alliances entre les deux tours…

 

Qui est candidat ?

 

Traiter ses concurrents de fiers-à-bras ou de Matamores** (ignorons le sens propre du mot !) n’est pas la meilleure façon de se concilier des gens dont on pourrait avoir besoin. Au-dessus de 10 %, snober le titulaire devient de l’idiotie politique. Même à 5 %, on peut discuter… Et le camarade Hollande pourrait bien avoir besoin du Parti de Gauche, présidentielles et législatives incluses. Sinon, il devra se contenter du superbe accord avec EELV, et des scores fleuves de sa copine Éva.

Puisque le camarade Launay veut parler fric, allons-y ! Mais pas avant d’avoir rappelé que le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent, n’est pas le candidat du Front de Gauche, alias Jean-Luc Rodomont. « Au-dessus de 30 000 €, je prends tout ! ». Qui a dit ça ? Personne ! [Sur le propre blog de J.L. Mélenchon est mis en ligne une vidéo d’un entretien dudit avec Aphatie où il dit « Il est prévu que tout ce qui sera au-dessus de 30 000 euros sera pris » et la vidéo ci-dessous dit la même chose] La référence au Georges Marchais des années 70, Rodomont authentique, et son « Au-dessus de 40 000 francs, j’prends tout ! », est donc fausse.

 

 

 

Deuxième observation préalable, je confirme que Pierre Laurent « n’est pas un orateur ». Quant à son père, méchamment cité (Qui est responsable de ses parents ?) et que j’ai personnellement connu, il avait en effet une « lente diction », mais un discours précis. [« méchamment cité » on frise le puéril, mais de fait pour le discours « précis » le fils a des progrès à faire]

 

Aphasique ou apathique ?

 

Donc, sur une mesure fiscale, Pierre Laurent se serait « emmêlé les pinceaux » à la radio. C’est vrai. Et alors ? En pleine émission « Mots Croisés » sur France 2, le vaniteux Jérôme Cahuzac se fait prendre en flag d’ignorance crasse quand Yves Calvi lui annonce la tranche au-dessus du million d’euros imposable à 75 %, que François Hollande vient de sortir de son sac sans prévenir ses copains. L’ami Launay l’a-t-il déblognoté [question stupide : lémédias, comme dit Schneidermann, ont suffisamment relevé le couac, ce qui n’est pas le cas pour Laurent] ? Tu me fais les archives, coco, et tu me sors un mémo…

Sur les taux d’imposition et la réforme fiscale, le programme du Front de Gauche indique des principes, pas des chiffres. La discussion sur les 360 000 euros annuels, par revenus individuels ou par foyer fiscal, est donc hors de propos. [c’est beau comme de l’antique : réécouter l’entretien de Laurent sur RTL permet de l’entendre – certes il n’est pas candidat, mais quand même secrétaire général du principal parti du FdG – parler des 360 000 euros, comme Mélenchon d’’ailleurs, voir plus haut, mais nier l’évidence est un vieux truc] Quant au spécialiste fiscaliste Jean-Michel Aphatie, dont la science financière s’arrête au casino de Biarritz, ses questions sont à son image : Rodomont avec les invités inexpérimentés, Sancho Pança avec ses employeurs. [aucune sympathie particulière pour Aphatie, mais ni le casino de Biarritz (?) ni ses employeurs n’ont grand-chose à voir avec une question tout-à-fait basique : part ou foyer]

Politiquement et juridiquement, cette querelle est byzantine. Une imposition à 100 % est un taux confiscatoire, et Jean-Luc Mélenchon ne l’a jamais proposé. Le lui attribuer relève donc de l’ignorance ou de la mauvaise foi. Pourquoi pas les deux ? [le mensonge délibéré poussé à ce point devient du grand art : « nous proposons de prendre tout au-dessus de 360 000 euros annuels » dit Laurent, Mélenchon promet à Ferrari de lui prendre 760 000 euros et il n’aurait jamais proposé un taux d’imposition à 100 % ?]

Enfin, je dois confesser que je n’ai rien à foutre des affres de spoliation de gens qui gagnent 30 000 euros par mois. S’ils ont tellement la trouille, qu’ils lancent une pétition ! Jean-François Launay demandera-t-il à François Hollande de la relayer ? [ce genre d’attaque ad hominem, sur un sujet dont on vient de nous expliquer – faussement – qu’il n’a jamais été porté par le candidat est absurde et ce n’était d’ailleurs pas le sujet de mon article]

 

Bienvenue à Canossa !

 

Quant aux propos sur le comportement de Mélenchon à l’égard de Cuba et de la Chine, ils sentent le rance. On n’est pas obligé de chanter laudes pour Fidel Castro en regrettant que le peuple cubain soit victime d’un embargo américain, inacceptable en droit international, et cependant ignoré par le PS. Il rejoint par là Benoît XVI, qui dit comme son prédécesseur polonais que Cuba doit s’ouvrir, mais omet de demander la clef à Obama.

Cette détestation constante d’une gauche successivement qualifiée de stalinienne, anti-européenne, nationaliste, protectionniste [où ai-je employé ces termes ? c’est au bateleur et aux bogôs que je m’attaque] et pour tout dire stupidement sectaire, risque de se heurter à la réalité. Celle d’un Front de Gauche crédité d’un score à deux chiffres fin avril, et dont les électeurs deviendraient d’un coup fréquentables, voire précieux. Je dois reconnaître que François Hollande, sauf ses bêtises anticommunistes à Londres, se garde d’invectiver ses concurrents de gauche [si le tribun avait pu s'inspirer de cette attitude, cette polémique n'aurait pas eu lieu]. Certains de ses soutiens médiatiques sont moins prudents. Ils devraient se calmer en regardant une carte d’Italie. Ils y verraient que Solferino n’est pas si loin de Canossa…

 

Gilbert Dubant

 

 

Petit rappel : faire de moi  « un soutien médiatique » du candidat des primaires citoyennes me flatte, cependant je ne suis mandaté par personne et j’exprime toute l’antipathie que je ressens pour Mélenchon en dehors de toute considération tactique.

 

 

* RODOMONT Personnage du Roland furieux de l'Arioste ; son nom signifie « ronge-montagne ». Ce roi d'Alger, brave mais altier et bruyant, rejoint sur les scènes comiques la famille des capitans italiens, insolents, fanfarons et toujours prêts à se targuer d'exploits imaginaires. De là, l'utilisation du terme de rodomontades pour caractériser le comportement de ces guerroyeurs forts en parole et prompts à prendre peur.

 

**MATAMORE Personnage comique du théâtre espagnol qui a les caractéristiques du Capitan de la commedia dell'arte : hâbleur, fanfaron mais pleutre devant la moindre menace. Son nom signifie tueur de Maures ; ses origines peuvent remonter au théâtre latin, où on trouve déjà ce personnage sous les traits du miles gloriosus de Plaute. Corneille l'introduisit en France dans L'Illusion comique, et il fut assimilé par les Italiens aux côtés de Rodomont, Fracasse, Fierabras.

Ce vantard peureux est devenu un type, et le nom commun de matamore désigne ceux qui se glorifient d'exploits imaginaires (exemple "Je vais terroriser les agences de notation").

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17 mars 2012 6 17 /03 /mars /2012 19:31

Une nouvelle contribution de Yoland Simon : ça se passe dans les années cinquante du côté de Cherbourg et déjà les Wauquiez de l’époque dénonçaient les assistés.

cartier-bresson01 

Oh, pauvres nous ne l’étions pas. De vrais pauvres, nous en connaissions. Eux manquaient de nourriture, de charbon. Ils avaient froid et faim, comme dans les livres de la bibliothèque verte : Sans famille, Olivier Twist. Le rachitisme les touchait presque tous, la tuberculose rôdait. Les journaux, les magazines de mon père photographiaient leurs logements insalubres, leurs rues privées de soleil. Et l’été, dans de tristes banlieues, on voyait des enfants torse nu, toutes côtes découvertes, toutes omoplates déployées, pataugeant dans l’eau sordide des caniveaux. Eux ne partaient pas en vacances. Parfois, pourtant, d’autres sourires, d’autres gosses se bousculaient aux portières des trains pour un dernier au revoir, un ultime cliché  La sollicitude de bonnes municipalités avait pu sauver ceux-là.

 

ecolier-sabotSans doute, dans nos petites villes, la misère était plus traitable. Les familles nécessiteuses étaient connues, un peu aidées. À chaque rentrée, Rousseau, le dirlo, drôle de Père Noël, leur distribuait des fournitures gratuites et une paire de galoches, une par gosse car on n’y reviendrait pas pour le même prix. Ainsi pourvus du nécessaire, chaussés et munis de livres, de cahiers et de porte-plume, ils pouvaient s’adonner au superflu. Dépendre de la charité publique, ne les empêchait pas de fréquenter assidument le cinéma du quartier, d’oublier leur triste condition en pleurant devant Cet Ange qu’on m’a donné, en admirant les espoirs d’Harry Baur en Jean-Valjean, en s’esclaffant devant les balourdises Des Deux nigauds aviateurs et en rêvant des bouleversantes amours de Jean Marais et de Madeleine Sologne dans l’Éternel Retour.affiche-L-Eternel-retour-1943-1

 

Tant de sérénité nous étonnait. Les pauvres de nos livres étaient courageux, humbles, un tantinet larmoyants. Ils n’avaient pas en tout cas ce toupet, ce culot que Madame Malassis dénonçait avec véhémence. Ainsi nous découvrions les mystères de l’indigence. Ça n’aurait, sans la commune, rien à se mettre sur le derrière, mais un étrange aveuglement les ramenait régulièrement vers les salles obscures. Fallait-il vraiment défendre ces gens-là ? Mon père répondait en termes de contradictions, de dialectique, il décrivait des cercles vicieux, des spirales infernales. C’était beau, trop beau et mon père était bon, bien trop bon avec ces gens-là : les Merlin de La Glacerie, les Caron de la Cité des fleurs qui profitaient sans vergogne, d’aides variées, de la manne des allocations familiales, quand on pensait par ailleurs au mal qu’on se donnait et comme il fallait se décarcasser. Si les parents n’avaient été si fort scandalisés, nous les aurions presque enviés nos vrais pauvres. Et nous rêvions de pouvoir comme eux, sans honte et sans retenue, nous offrir tous les samedi soir, les délices du Rex, les fastes du Kursaal et les troublants reflets de Martine Carol et de Rita Hayworth.

 

Yoland Simon

In Hier Chantaient les Lendemains. L’Harmattan, 1991

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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 16:43

sondage_instituts.jpg

 

J-F Launay a raison de rappeler quelques évidences sur les sondages d’opinion, y compris les contradictions dues à une période préélectorale. En gros, les Français s’y intéressent sans être passionnés et disent ne rien prédire tout en ayant des souhaits et des opinions. Ce n’est pas nouveau. Mais, pendant que les « gros medias » se servent des sondages quand ils arrangent leurs patrons et leur tordent le bras en cas contraire, les « instituts », autrement dit les supposés thermomètres, utilisent les mêmes techniques pour donner des résultats différents, avec des écarts amplifiés selon le media qui paie et publie. Rappel de banalités politico-friquées.

 

Un sondage d’opinion classique porte sur un échantillon « représentatif » d’environ 1000 personnes représentant l’éventail de la population française. Elles sont consultées par téléphone ou Internet, avec des panels établis. La marge d’erreur est estimée à plus ou moins deux points, en s’affinant quand les scores s’écartent de 50 % vers le haut ou le bas. L’incertitude centrale est énorme, environ 4 points.

 

Publication minoritaire

 

Les spin doctors, formés aux sophismes, objectent qu’un résultat unique au moment T est moins fiable que l’évolution des résultats sur des semaines ou des mois. Dont acte. Ils ont découvert qu’un Powerpoint est plus bavard qu’une photo. Ils oublient, et s’en défendent comme des chacals devant un autre carnassier, que les sondages existent parce que des medias publics ou des entreprises privées les achètent. Ces mêmes bienfaiteurs auraient des intérêts politiques et financiers différents que cela ne surprendrait personne, sauf l’accro à TF1 ou BFMTV.

Les sondages « politiques » sont très minoritaires par rapport aux mesures d’opinion liées au business et à la consommation, et l’ensemble est majoritairement non publié. La question est donc de savoir pourquoi certains résultats sont rendus publics, en particulier avant élections.

 

Apport de buzz très apprécié…

 

D’abord parce qu’ils ont valeur prédictive, niée mais réelle, pour les publics des medias, quoi qu’en disent les « conseillers spécieux ». Ils ont donc une influence sur les choix définitifs, primaires PS incluses. Ségolène Royal en a profité en 2006, François Hollande en 2011 après la chute de DSK. Un « bon » sondage (donc inhabituel, genre « croisement des courbes ») fait vendre du papier, attire les connexions et les spectateurs des envoyés spéciaux auprès du téléphone. D’autre part, il crée du buzz professionnel en faveur du media qui publie. C’est tout bénef et pas très cher en investissement.

Ensuite parce qu’ils influencent directement les fameux « corps intermédiaires » qui font écran entre le peuple et le vrai chef, ces clans de professionnels de la politique, des medias, de la justice, de la culture, des universités et autres mammouths éducatifs, ces intellos nuisibles sans lesquels le Führerprinzip pourrait descendre directement vers le Frankreichsvolk.

 

Venus Institut, bien profond

 

Certains juristes, évidemment corrompus intellectuellement, appellent cela referendum et disent qu’il est rare de pouvoir répondre à une question politique par « oui » ou « non ». Ces casuistes feraient mieux d’appeler un chat un greffier. Le nom exact est « plébiscite », et c’est en effet la plèbe qui doit répondre « oui » au chef. C’est plus clair que les consultations filandreuses avec des « échantillons » de peuple.

Enfin parce que les sondages d’opinion sont comme la chair humaine et certains métaux : flexibles et donc malléables. Suivant la conclusion que je veux publier, je ne vais pas travailler avec la même boîte, et surtout pas avec les mêmes questions. Il y a une légère différence entre « Voulez-vous que François Hollande soit élu ? » et « Désirez-vous la défaite de Nicolas Sarkozy ? ». À remarquer : la part « nsp » (ne sait pas) est carrément virée dans certains titres. Je vais donc choisir l’institut qui conviendra le mieux à mon genre de beauté, de préférence là où j’ai des amis fidèles, ceux qui aiment ma signature sur les chèques. Ils ne vont pas me saouler avec des commentaires fielleux sur la pertinence ou le flou des questions, pas plus que sur les critères pifométriques de « redressement » statistique des frontistes. Si le président change, ce qui est probable, je travaillerai volontiers avec d’autres, qui deviendront de vieux potes. Comme disent les sondeurs, seuls les imbéciles ne changent pas d’avis…

 

Gilbert Dubant

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7 mars 2012 3 07 /03 /mars /2012 21:42

francois-hollande02Nouvelle contribution et nouveau contributeur. BA, comme il signe ses courriels, est un camarade syndiqué, passé lui aussi dans les rangs des pensionnés. Inutile de préciser que je ne partage pas sa critique du dernier livre de F. Hollande qui tourne souvent au réquisitoire.

Pour compléter quelques extraits du livre. Un article substantiel, donc.

 

Camarade,

 

changer-de-destin01Tu pardonneras certainement à l’ancien militant du PS le camarade et le tutoiement. 

 

Je me suis efforcé de lire ton livre Changer de destin, et je ne le regrette pas, car si je m'étais contenté de ce qu'en dit la presse, le contenu de cette missive eût certainement été différent . 

 

Ma première impression, en le refermant, c'est que tu ne pars pas à la légère, que tu as mûrement réfléchi et peaufiné ton projet et tes arguments. 

La deuxième, c'est que tu ne réussis pas, à mes yeux, à faire oublier que tu faisais partie des dirigeants du PS quand il a tant déçu le peuple de gauche, ni à effacer toutes les contradictions de ton positionnement, qui apparaissent en outre au fur et à mesure que la campagne avance (comme la tranche d’imposition à 75%, qui a surpris tout le monde, pour ne citer qu’un exemple : ce qui me choque , ce n’est pas que l’on taxe les « riches », c’est que l’on puisse avoir de tels revenus !).

 

Certes on peut trouver dans ton livre quelques soupçons d'autocritique:

- sur la génération Mitterrand (J'en suis fier, même si j'ai parfois pris mes distances (p.12), J'ai adhéré au devoir d'inventaire que Lionel Jospin avait installé comme un préalable (p.152), les 35 heures appliquées parfois avec trop de rigidité (p.152))

- sur la compromission de la sociale-démocratie avec le néo-libéralisme (p.47: La gauche a fini par douter d'elle-même)

- sur l'échec de 2002 (p.14), et l'affaire du traité constitutionnel européen (p.96).

Mais rien sur ce qui a fait fuir nombre de militants: l’incapacité du PS à définir et appliquer une politique qui soit clairement de gauche, la bataille des égos et l'insuffisance de démocratie interne et d’exemplarité au sein du PS (même si tu dénonces le sinistre congrès de Reims (p.16)).

 

francois-hollande03Les citoyens ont changé le regard qu'ils portaient sur moi, écris-tu p.18. Je t'en donne acte dans une certaine mesure. Mais bon sang là n'est pas la question!

Tu n’as pas encore réussi à me convaincre du fait que le Président d'un petit pays comme la France (oui, je sais, une grande nation, qui a marqué l’Histoire…) va à lui seul contrer l'oligarchie au pouvoir dans le monde et que ton projet, qui se refuse à "changer le logiciel" social-démocrate, va contrer les méfaits patents des excès du capitalisme!

Tu parais bien conscient du décalage entre l'immense espérance du peuple de gauche et la crédibilité des forces politiques qui se partagent les pouvoirs publics (La désespérance est si grande au sein du peuple (p.15), Je n'avais pas saisi toutes les colères des français (p.20), et La défiance s'est installée à un niveau rarement atteint (p.106)). Tu insistes sur le fait que la confiance est la condition de toute gouvernance. Mais pourquoi, après avoir été tant déçu par le PS, te ferais-je tout à coup confiance? Je te sais trop intelligent pour ne pas croire que l'électeur va te donner un chèque en blanc sur du déclaratif! Alors ta légitimité ne repose que sur une chose, d'ailleurs non négligeable: tu es le candidat désigné aux Primaires. Et comme les sondages te sont favorables, tu pourrais être tenté de croire que ton tour est venu, que tu n'as plus qu'à dérouler ton programme, et que l'affirmation forte de ce tu veux faire te suffira à trouver une majorité législative. Et ce sera reparti pour un tour, en oubliant une dimension essentielle de la politique, et qui explique tous les échecs jusqu'ici, la participation citoyenne et celle des forces vives de la société civile à l'élaboration et au contrôle des mesures politiques à mettre en œuvre ! Comme tu le dis, le président doit donner la direction, celle qui fait sens. Mais il ne peut et il ne doit pas arriver dans sa fonction avec un programme tout fait qui soit à prendre ou à laisser, car tu sais très bien que la conjoncture et les obstacles vont forcément le faire évoluer. Alors pourquoi ne pas te tenir à ce sur quoi tu ne transigeras pas: Ma mission consistera (...) à définir les grands objectifs (p.108) ? Et laisser ouverte la discussion et l'élaboration collective (p.10: Je crois en l'action collective), notamment dans l'économie, sur les mesures à prendre ? Tu l'envisages (p.123: Il existe évidemment d'autres propositions. La campagne est l'occasion d'en discuter.), mais pourquoi uniquement au cours de la campagne ? Dommage. Et une phrase m'a bien fait sourire: Je demande qu'on réfléchisse aussi à la politique proposée par mes concurrents (p.123), quand je vois comment tu les « assaisonnes » dans les pages qui suivent...

 

francois-hollande05Quant au vote utile, je laisse cet échappatoire à ceux qui refusent le débat sur le fond (et tu rentres dans ce jeu p. 128 : à revenir vers une gauche plus à gauche, on peut risquer de laisser la droite au pouvoir)! Jusqu'à l'isoloir du 22 avril, le devoir de la gauche est de débattre, avec ses adversaires, bien sûr, mais aussi à l'interne, et ce n'est pas l'appauvrir ou lui faire courir un risque, bien au contraire: c'est pour moi la seule façon de regagner la confiance populaire!

 

En conclusion, le prof que j’ai été te dit : encore un effort, camarade, tu es en bonne voie !

 

 

Bernard Arnaud, proviseur retraité, membre d'A gauche autrement. 

 

 

 

 

 

 

 

P.S. : Ci-après, j’ai épinglé quelques phrases qui m'ont donné envie de réagir.

 

Francois-Hollande06Sur les valeurs 

C'est tout à ton honneur de vouloir moraliser la politique, et c'est sans doute pour cela que tu fais de la vérité la première des valeurs, avant le mérite, la solidarité n'arrivant qu'en troisième.

Malheureusement la vérité et le mérite sont des mots tellement ambigus et galvaudés que tout homme politique devrait s'interdire de les utiliser sans dire ce qu'il met derrière. De même pour la devise républicaine: il est clair que les extrémistes de tous bords n'ont pas la même conception de la liberté, de l'égalité (que tu distingues de l’équité) et de la fraternité.

J'apprécie beaucoup que tu déclares que nos principes de laïcité ne sont pas négociables (p.84).Mais pourquoi faire un cas particulier de l'Alsace-Lorraine, comme si certaines "provinces rattachées" pouvaient se soustraire à la loi commune? C'est pourtant toi qui martèles: La gauche (...) c'est la loi, toute la loi, rien que la loi (p.82).

Je veux surtout dire, mais je sais que je ne t'apprends rien, que le langage performatif n'a jamais fait advenir que des illusions. Le président sortant en est le champion.

De même, je ne suis pas du tout sensible à ta tirade sur le patriotisme (surtout qu’il semble se résumer à un républicanisme, cf. p.76), sur la grandeur de la France, et à tes références gaullistes et mitterrandiennes. L'expérience, et l'Histoire elle-même, prouvent qu'il n'y a pas de leçons de l'Histoire. On peut en faire beaucoup de lectures différentes, et c'est comme ça que les mêmes "grands hommes" sont cités par des adversaires politiques antipodiques. De Gaulle et Mitterrand ont incarné des moments marquants de notre histoire, mais de là à les statufier… Tu rappelles très bien que la société sous de Gaulle était une société corsetée, autoritaire, archaïque, que Mai 68 allait bousculer (p.11); tu es moins loquace sur les zones d’ombre de Mitterrand, dont la gauche ne peut être fière…

J'ai bien compris que tu retenais en de Gaulle l'homme d'honneur qui a redonné sa fierté à la France. Et en Mitterrand celui qui a fait pleurer de joie la gauche en mai 81. Mais comment oublier que cette joie a vite été remplacée par une déception qui n’a fait que s’amplifier au fur et à mesure des participations socialistes au gouvernement de la France ? Il n’est pas étonnant dans ces conditions de trouver un sondage qui indique qu'une majorité d'électeurs a perdu confiance en les politiques, de droite comme de gauche, pour améliorer leur vie. C'est ça le fond du problème.

Et fallait-il remonter jusqu'à la monarchie capétienne d'Henri IV, qui changeait de religion comme de maîtresse, pour trouver un modèle, sans se demander à quel prix il a réalisé l'unité du royaume de France?

Heureusement tu cites Jaurès, Blum, Jean Moulin et Mendès, figures historiques incontestables, et plus généralement les quarante-huitards, communards et autres soixante-huitards, dont tu retiens les aspirations démocratiques et républicaines (bien sûr dans l’acception populaire, et non péjorative, du suffixe –ard…).

De Mitterrand, tu retiens également la phrase: La France est notre patrie, l'Europe est notre avenir (p.145). Mais combien faudra-t-il de patriotismes avant que les hommes prennent conscience qu'ils sont citoyens solidaires d'un même monde dont ils sont coresponsables?

 

francois-hollande01Sur le modèle social 

Ainsi la social-démocratie serait la seule à même de conjuguer égalité et liberté (p.48). Mais au nom de quelles expériences, de quels pays où elle aurait réussi ce qui a échoué ailleurs? Ce que je vois, comme tous les observateurs qui essaient d'être objectifs, c'est que la crise atteint tous les pays et tous les soi disant modèles. Tu sembles en désaccord avec le constat d'un Pierre Larouturou (Pour éviter le krach ultime, dont j'extrais ceci de la préface: Non, la crise n’est pas finie et la crise financière n’est que la partie émergée de l’iceberg. Non, le chômage et l’accroissement des inégalités ne sont pas des conséquences de la crise ; ils en sont la cause fondamentale. Non, la mondialisation n’est pas coupable, même s’il est urgent de l’humaniser. Non, la croissance ne reviendra pas et il est vital d’inventer très vite un nouveau modèle de développement. Pour éviter que l’Histoire ne se répète).

Tu sembles vraiment avoir un problème (non résolu à ce jour) avec la richesse: Il faut aussi des riches dans une société, s'ils ont mérité  leur fortune (p.22). Les fortunes acquises par le travail et l'investissement sont légitimes (p.23). Je ne me lancerai pas dans l'éradication de la richesse (p.131).Mais les millions de pauvres, qui sont majoritaires  en France avec ta définition (fluctuante, selon les moments et les lieux...) de la richesse, ont-ils mérité d'être pauvres? Car, hélas, tu ne sembles traiter ici que la richesse de l'argent ou du pouvoir, comme si acquérir ce type de richesse était le but ultime de la vie, et comme s'il n'y avait pas d'autres richesses permettant aux humains de s'épanouir?

Et tu as aussi un problème avec le mérite (est-ce ton éducation?): La République, c'est la récompense du mérite (p.41). Et aussi: J'ai franchi, une à une, les étapes de la méritocratie française (p.11). Quel aveu! Le mérite suffirait-il à justifier les inégalités? La méritocratie française, comme tu dis, n'est-elle pas qu'une entreprise de reproduction (tu en es conscient: Je suis issu d'un milieu plutôt favorisé (p.22))?  Et que signifie "avoir du mérite"? Qui l'évalue et sur quels critères? Ne pourrais-tu laisser ce concept flou à la droite, où il a une acception qui renvoie plus à la morale, à la culpabilité, et à l'arbitraire des inégalités individuelles?

Ton contrat social semble se limiter à deux principes: A chacun selon son travail (p.26) et Le travail doit conduire à une vie meilleure (p.41). Mais au moment où le toyotisme, cet avatar du taylorisme, fait des ravages chez les salariés des multinationales et des grandes administrations (où il s’appelle aussi RGPP…) ne crois-tu pas, sans revenir à l'aliénation dénoncée par Marx, qu'il faudrait réinterroger la valeur travail, et lui redonner toutes ses dimensions ? 

Enfin crois-tu qu'il suffira d'une conférence nationale sur les revenus et d'une vaste réforme fiscale plus redistributive (p.54) pour changer de destin?

Je t'avoue que j'ai du mal à voir à quel type de société tu aspires.

 

francois-hollande04Sur le modèle économique 

Tu dénonces l'empire de l'argent, et tu veux réindustrialiser la France. Bravo! Et ton credo est: Il n'y aura pas de redressement solide sans retour à la croissance (p.31). Aïe! Mais de quelle croissance s'agit-il? Tu en donnes ta définition p.131, une définition certes intéressante mais toute théorique. Toute la question est dans le comment on va pouvoir concilier la sauvegarde de la Terre nourricière avec une "croissance raisonnée" qui participe à une entreprise mondiale de codéveloppement (tu en parles à propos de l'Afrique p.147) dans le respect des droits humains? Cet enjeu considérable, cet impératif catégorique (comme tu le dis toi-même p.150) mériterait bien plus qu'une réforme de l'OMC (au passage comment ne pas dénoncer l'appartenance au PS de celui qui dirige l'organisation de la marchandisation capitaliste mondiale?) et la création d'une organisation mondiale de l'environnement (p.150).

Tu dis par ailleurs que le redressement ne viendra pas de l'austérité (p.135). C'est de bon augure, mais alors comment qualifier l'effort nécessaire de chacun pour redresser la France avant de se partager les fruits de la croissance?

J’ai bien noté que tu souhaitais privilégier le travail, et pas le capital, mais ne serait-ce pas plus facile à réaliser si on ne laissait pas au privé la propriété de tous les grands moyens de production ?

Et si la gauche, c'est la confiance dans le progrès (p.165), de quel progrès s'agit-il? Encore un mot-valise que tu ne devrais pas agiter sans en préciser le contenu. Claude Allègre croit au progrès, il n’est plus de gauche…

 

Et le reste ?

Tout ce qui précède, c'est sans compter sur ce avec quoi je suis globalement d'accord (sauf sur ton refus de programmer l’arrêt du nucléaire, et celui de la Vème république…), et qui n’est pas rien. C’est ainsi que j’approuve totalement ta priorité sur la jeunesse et l'éducation (en espérant que cela ne se limitera pas à des postes supplémentaires d'enseignants, et que tu ne réserveras pas le service civique, cette chance extraordinaire pour tous les jeunes d’expérimenter la citoyenneté en vraie grandeur, aux jeunes en échec scolaire (p.158)!

 

 

changer-de-destin02Changer de destin. Robert Laffont. 166 pages. 9 €.

Version numérique 6,99 €

 

 

 

 

 

 

 

"Changer de destin", le nouveau livre de François Hollande

 Francois-Hollande07

Un livre pour présenter l'homme qu'il est et le président qu'il veut être. François Hollande vient de publier "Changer de destin", disponible en librairie depuis le 23 février. Il le présente ainsi :  

« Pour que les Français me fassent confiance, ils doivent davantage me connaître. Ainsi, je veux leur parler franchement de mon parcours, de notre avenir et, surtout de mon projet pour la France. »


Dans cet ouvrage, le candidat évoque sa vocation politique, ses valeurs, son choix de se porter candidat, ses attentes pour les Français et la France. Et "surtout une volonté : celle de faire de la France un exemple parmi les nations". Voici quelques extraits.


Mon père, ma mère
"J'ai très tôt choisi de m'engager pour mon pays, peut-être à cause de mes parents qui ont sans le vouloir, déterminé cette vocation. Mon père parce que ses idées, à l'opposé des mienne, m'obligèrent à construire ma pensée, à affuter mes arguments. Partisan de l'Algérie française, il profesait ses convictions qui heurtaient celles qui naissaient dans mon esprit. Sans doute est-ce une éducation que d'aller contre celui qu'on aime. Mais au fond, je l'en remercie car cette confrontaton a aussi forgé mon caractère. Ma mère a rendu cette épreuve plus douce. (...) Elle a fait plus que m'élever, elle m'a donné confiance. Elle m'a soutenu à chaque moment et je lisais dans son regard la fierté qu'elle éprouvait. (...) Elle ne connaîtra pas la suite de cette histoire qui lui doit tant: elle est partie au moment où je prenais ma décision."


Changer le destin de la France, n'est-ce pas un but inaccessible?
« Je suis candidat pour changer le destin de la France. En écrivant ces lignes, je pèse la lourde responsabilité qui est la mienne. Changer le destin de la France ? N’est-ce pas un but inaccessible ? N’est-ce pas une ambition présomptueuse quand tant de contraintes pèsent sur la nation ? N’est-ce pas hors de portée quand tant de mes concitoyens doutent de la politique ? Eh bien non ! La France se trouve à un moment décisif de son histoire. Dix ans de pouvoir conservateur l’ont conduite là où elle est, c’est-à-dire au bord d’une rupture avec elle-même. Elle doit changer de voie. Entre la fuite en avant dans les excès et le redressement dans la justice, elle doit choisir » (p.7-8)


La France est à la traine
« Cette politique aurait pu avoir une excuse si elle avait fonctionné. Or si l’on a dit : « Travaillez plus ! », on n’a rien produit…de plus. La croissance française depuis 5 ans est l’une des plus médiocres en Europe. Le déficit extérieur atteint des niveaux records. Le pouvoir d’achat stagne pour toutes les catégories. Le chômage a atteint son niveau le plus élevé depuis douze ans. La France est à la traîne. » (p.43)


La sécurité... une inégalité de plus
«Les classes aisées, même si la police fait défaut, proviennent tant bien que mal à se protéger par la technologie, par leur retrait dans des quartiers bien surveillés et par le recours de plus fréquent aux officines de sécurité privées. J'ai été effaré d'apprendre il y a quelques années que ces entreprises officieuses employaient plus de salariés qu'il n'y a de vrai policiers en France. Voilà une démission de la République, voilà une inégalité de plus." (p.112)


 Je remplacerai la loi Hadopi
«Je remplacerai la loi Hadopi, qui n'apporte rien aux créateurs et tend surtout à les opposer à leur public, par une lois qui signera l'acte 2 de l'exception culturelle française, élaborée en lien étroit avec tous les professionnels du monde de la culture. Ma proposition repose sur deux idées: développer l'offre culturelle légale sur Internet en simplifiant la gestion des droits et imposer à tous les acteurs de l'économie numérique une contribution au financement de la création artistique. (...)

Le sursaut est civique, d'où l'enjeu de l'école
« Ce qui nous menace, c’est moins une nouvelle révolte des banlieues, comme en 2005, que l’éclatement, la fragmentation, l’enfermement dans des espaces délimités. Bref un conflit de territoires, une géographie de la stratification sociale et ethnique. Aucun citoyen ne doit s’en accommoder. Car cette dérive est mortifère pour la nation. Le sursaut n’est pas qu’économique. Il est civique, d’où l’enjeu de l’école, l’insertion, de l’accompagnement vers l’emploi. » (p.78-79)


L'Europe ne se fera pas sans les Européens
« Voudra-t-on poursuivre dans la voie d’une Europe de marché sans autre garde-fou que les disciplines budgétaires ? Ou bien le bon sens et le respect de l’esprit démocratique finiront-ils par l’emporter ? L’Europe, ses responsables doivent s’en convaincre, ne se fera pas sans les Européens. » (p.101)


Le président ne doit pas être au four et au moulin.
« Le président ne doit pas être au four et au moulin. Il ne doit pas interférer dans le détail du travail des ministères. Il n’a que faire des jacassements de la rumeur. Mon rôle ne consistera pas à squatter ou à phagocyter par les moyens les plus incongrus, par les annonces les plus factices, les journaux télévisés en remuant l’air volatil de la communication. Ma mission consistera, si les Français en décident, à définir les grands objectifs et à m’y tenir. A dire à la nation la vérité sur sa situation. A mobiliser les énergies du pays pour affronter les défis. » (p.108-109)

« S’il est une mission décisive, s’il est une tâche présidentielle, s’il est un sens à l’action collective, c’est de rendre un avenir à cette génération qui en est tellement privée. Et s’il est une ambition sur laquelle je souhaite être jugé, à la fin de mon quinquennat, ce sera celle-là. Changer le destin donné aux enfants. Changer leur vie. » (p. 162)

 

francois-hollande-en-couverture-du-nouvel-obs

 



[1] Chez Robert Laffont

[2] les citations sont en italique

[3] C’est moi qui souligne

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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 14:25

GD-quatuor.jpg
Rien à dire, sinon du bien, à propos du Philippe Val décrit comme « serin » par J-F Launay. Ce gauchiste de salon Louis XV est ambitieux, arrogant, amoral, carpette s’il le faut, brutal s’il le peut, bref  un courtisan à la Saint-Simon du pauvre. Ne pas oublier deux détails : c’est un journaliste politique et, privilège du service public, son patron s’appelle Sarkozy. Banalité : la politique est l’inverse du rugby. Il paraît que ce dernier est un sport de voyous joué par des gentlemen.


Pour nombre d’intellectuels habitués du studio de maquillage, les lucarnes françaises sont des miroirs sarkozystes. Pour les copains de Nadine Morano, les radios et télés du service public sont des repaires de criminels néo-trotskistes. Tous oublient une évidence : les journalistes, chroniqueurs et humoristes, sont des salariés, en CDI ou à la pige. L’emploi est sacré. Dire « J ‘encule mon patron ! » fait-il garder son job ?


L’audiovisuel public me fait penser à l’Occupation, avec ses deux bouts de l’omelette. D’un côté, les loufiats de la droite, extrême ou moins, les clones de Mougeotte Figaro-TF1. De l’autre, des journalistes à sympathies PS, Front de Gauche, CFDT, CGT ou pire, qui font des reportages sur le verglas en février et les baignades en juillet. Au milieu, la majorité bien de chez nous, les résistants de la 25e heure gavés dans le marché noir, les Pujadas, Delahousse, Namias, Gessler, qui font là où on leur dit parce que le journaliste doit être objectif, Môssieu, ce n‘est pas moi qui dirige les conférences de rédaction, et puis, j’ai une famille à nourrir, comme vous !

L’art du faux équilibre

GD_cdanslair.jpgParmi ces futurs héros, adaptables à tous les retournements, certains sont plus malins. Yves Calvi est de ceux-là. Ses plateaux de « C dans l’air » ou « Mots Croisés » sont des merveilles de faux équilibre. Tous les partis sont représentés, mais avec des dosages différents, au bénéfice évident de Sarkozy, Bayrou et Hollande. Parmi les syndicats, FO et SUD dominent, au détriment de la CFDT et de la CGT. Et suprême habileté, les hommes politiques, au moins dans « C dans l’air », sont remplacés par des journaleux, genre Barbier, Thréard, Rioufol, Dély, qui tiennent le même discours que leurs tauliers, ou des « spécialistes », philosophes comme Dominique Reynié, sondeurs tel Jérôme Sainte-Marie, économiste à la Jean-Pierre Gaillard. On y pose  souvent de bonnes questions et on fournit des réponses qui vont à la plupart, sauf bien sûr aux extrémistes. La dette publique frappe tout le monde, chacun devra faire des sacrifices, et on va causer des chiffres après la virgule pour montrer la pluralité des opinions. Conclusion : il y a de bonnes idées partout, sauf chez les excités, et l’union nationale est une solution de bon sens. Le drame est que Calvi a des talents d’animateur, qu’il a oublié d’être idiot, et qu’il vendrait des steaks à un végétalien.

Pujadas sur le sable !

GD_david-pujadas1.jpgAu dernier étage avant les antennes sur le toit, les dirigeants du service public. La gauche a hurlé sur leur nomination par l’Élysée. C’est hypocrite. Quand la Présidence tient le CSA, quelle est la différence ? Rémy Pflimlin, Philippe Val, quelle que soit leur origine politique, ont aujourd’hui deux points communs : ils doivent démontrer tous les jours le bien-fondé de leur nomination, et leur siège est éjectable à tout moment. C’est injuste ? Oui, et alors ? Quel dirigeant a dit vouloir changer l’audiovisuel public ?
Le plus grave est le mépris du payeur de redevance audiovisuelle. Que David Pujadas ressemble à un faux-derche de terminale ne serait pas grave s’il ne débitait à longueur de JT des contre-vérités unilatérales. On n’est plus dans la préférence politique, mais dans la bêtise. Ouvrir un journal sur des palmipèdes surfant sur la glace de la Saône, un micro-trottoir débile sur le prix du « petit noir » à Paris, en reléguant la Grèce après un fait divers en Meurthe-et-Moselle, sont non seulement des fautes professionnelles, mais des insultes à l’intelligence des spectateurs.
Un changement de présidence permettrait-il de nettoyer ces écuries de crétins au profit d’infos et de programmes qui donneraient une image convenable des medias publics français, dont nos collègues étrangers en poste hexagonal sourient avec politesse ? Je n’ai vu trace nulle part de projets de ce genre. Alors que Pujadas serait tellement mieux à sa place dans un reportage sur la Grande-Motte au mois de juillet, avec d’espiègles bambins et des Hollandaises bien rouges…

Gilbert Dubant

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 12:07

Une nouvelle contribution de Yoland Simon

 

Quelques remarques sur l’interview sur France Inter du candidat du Modem (7/9 12/01/12).

 


Évoquant la nécessité d’une Union nationale, Bayrou invoque le précédent de 1945. Il convient de rappeler que le tripartisme réunissait les communistes, les socialistes, l’U.D.S.R de François Mitterrand et de Capitant, les radicaux, toute une nébuleuse de petits partis plus ou moins centre gauche et enfin le Mouvement Républicain populaire. Ce M.R.P. rassemblait des gaullistes et ce qu’on pourrait appeler des démocrates chrétiens. Tous ont accepté le programme du C.N.R. qui n’était pas d’inspiration vraiment droitière et qui faisait dire à une droite plus dure que les chefs du M.R.P. étaient sans doute des poissons rouges mais qu’ils nageaient dans l’eau bénite, ce qui rassurait… un peu. Faut-il rappeler à Bayrou que le reste de la droite s’était largement discrédité pendant la guerre ? N’en disons pas plus ? Parler d’Union nationale est donc assez fallacieux alors que l’un des blocs, les droites qui s’assument comme telles, furent en fait laminées quand elles ne furent pas mises en cause par l’épuration.

Venons-en à ce qui pourrait ressembler aujourd’hui à une Union nationale sous la houlette du bon François. Il lui faudra bien sûr une majorité parlementaire. Sauf à rêver une déferlante du Modem, voire un Modem installé dans un improbable groupe charnière, la gauche ou la droite aura la majorité. Pourquoi la partageraient-ils avec le bloc minoritaire ? Imagine-t-on Copé, par exemple, à la tête d’une majorité de députés proposant de partager le pouvoir avec une gauche minoritaire, et sur quel programme ? Une fois de plus Bayrou vend du vent.

Enfin ce matin, on l’a vu s’opposer à la redéfinition du quotient familial avec d’étranges arguments. Déclarant notamment que c’est à l’impôt de rétablir la justice fiscale. Comme si le quotient en question n’était pas précisément une mesure fiscale. Une fois de plus le mot de Mitterrand sonne toujours aussi juste : « Le Centre n’est ni de gauche, ni de gauche. »

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 21:49

Une nouvelle contribution qui renoue avec la tradition de la poésie didactique en alexandrins classiques.

candide-et-pangloss 2 

Comment Candide, rencontrant son ancien maître,

découvrit notre système scolaire

et ce qui advint de son optimisme…

 

J’ai eu peur mon cher Maître, de vous avoir perdu,

Après toutes ces années, qu’êtes-vous donc devenu ?

 

Je dirige, Candide tout un système scolaire

Le plus grand, le plus beau de notre système solaire !

Lis donc ces documents et vois notre talent

Pour prendre des mesures en à peine cinq ans.

 

(Deux heures plus tard)

 

Ayant lu avec toute l’attention qui se doit

J’avoue ne pas comprendre certains de vos exploits.

Pourquoi vous refusez l’accès en maternelle

A des petits auxquels ça eut donné des ailes ?

 

Me crois-tu devenu soudain irresponsable 

Pour les avoir privés de leurs jolis cartables ?

Je t’assure qu’ils sont plus heureux chez leur nourrice

qu’entassés et pleurant dans une classe à 36 !

 

M'en direz-vous autant pour tous ces lycéens

Dont les parents soucieux s’inquiètent au plus haut point ?

Où est donc l’intérêt, puisqu'on les ratatine,

D’appliquer un rangement réservé aux sardines ?

 

Tu penses comme au passé ignorant désormais

Que nous ne craignons plus les cohortes élevées.

Nos parcours aujourd'hui sont « personnalisés »

J'ai une formule magique : « individualisez » !

Ne nous abaissons plus à penser quantité,

Quand nous avons pour guide la noble qualité !

 

Ça ne doit pas être aisé pour vos jeunes professeurs,

Surtout quand ils ne voient plus un seul formateur.

Pourtant les étudiants se plaignaient à raison

Même en IUFM d'un manque de formation.

 

Lancés dans le grand bain des pires situations

Nous verrons mieux ainsi tous ceux qui surnageront.

Crois-tu qu’en formation différence il y a

Qu’on la reçoive par l’État ou sur le tas ?

 

Pourquoi avoir supprimé la classe du samedi ?

La semaine de 4 jours recueille bien des lazzi.

 

Car avant de devoir se retrousser les manches

Chacun souffle en famille puis… boulot le dimanche !

 

Vous avez imposé l’aide personnalisée

Aux élèves les plus faibles, ceux en difficulté.

Matin, midi ou soir, on frôle l'overdose,

Quand les autres enfants jouent ou bien se reposent…

 

Encore une belle idée que j'assume pleinement :

Aux élèves les plus faibles d'être les plus résistants !

 

Mais comment justifier ce qui semble être un drame,

Avoir encore une fois modifié les programmes ?

 

Si nous avions voulu vraiment les appliquer

Il aurait trop fallu de choses chambouler.

Les programmes qu’ils soient scolaires ou politiques -

Sont écrits pour rassurer l’opinion publique !

 

De toutes les nations de notre continent

Vous affichez le pire des taux d'encadrement !

 

Je respecte le Grenelle de l’environnement !

Les élèves entassés se chauffent mutuellement.

Et le bilan carbone pendant mon ministère,

Restera dans l'histoire comme étant exemplaire !

 

Vous manquez tout de même souvent de professeurs

Et c'est bien Pôle emploi qui joue les recruteurs.

Comment expliquez-vous de devoir appeler

De simples étudiants et même des retraités ?

 

Ainsi les étudiants entrent dans la vie active,

Et nos vieux sortent enfin d'une vie trop passive !

 

Vous deviez diviser par trois l’échec scolaire.

Or, c’est bien des RASED qu’il ne reste qu'un tiers.

 

Isolés, démunis face à l'échec scolaire,

Les profs progresseront  pour se tirer d'affaire !

 

Et pendant les vacances, au lieu d'être à la mer,

Ces stages pour les enfants en échec scolaire ?

 

Une remise à niveau...mais du pouvoir d’achat

Pour nos chers enseignants au salaire raplapla !

 

Oui, vos professeurs sont très mal rémunérés,

Est-ce trop demander que de les augmenter ?

 

En maintenant si basses leurs rémunérations,

Ils connaissent bien la vie de la population.

Ils ressentent mieux ainsi chaque difficulté,

Tout comme quand un médecin est déjà enrhumé !

 

C'est fini la retraite à cinquante-cinq ans

Il faudra patienter encore près de dix ans ?

 

Il faut gérer ensemble des problèmes similaires,

Qu’on ait l’âge d’un enfant ou celui de grand-mère

Car dans chacun des cas au final il ne reste

Que deux priorités : les couches et puis la sieste ! (rires)

 

Maître, vous me troublez, votre humour est cynique

Et fausse ma vision du devoir étatique.

Je compte encore sur vous, apportez vos lumières :

D'où vient la suppression de la carte scolaire ?

 

Si tu vois dans quel état de délabrement

Sont restés certains de nos établissements,

Tu comprendrais alors que nous encouragions

Les meilleurs à tenter cette forme d’évasion !

 

Je reconnais mon maître qui a réponse à tout.

Mais j’aimerais poser mes questions jusqu’au bout.

Pourquoi diable évaluer des élèves en janvier

Sur des notions qu’ils n’ont pas encore étudiées ?

Et cette notation que vous appelez binaire,

Je la juge franchement on ne peut plus sévère !

 

Tu ne mesures pas leur chance en vérité

De découvrir  la suite en exclusivité !

Quant à la correction voulue au ministère

Elle vient récompenser les meilleurs du primaire.

Enfin grâce à nos primes de quatre cents euros

Chacun a su faire une bonne tête aux totaux !

 

Vous avez la dent dure et des termes vengeurs

Quand vous vous en prenez aux désobéisseurs.

Vous faites réellement preuve de méchanceté

En affirmant qu’ils se sont trompés de métier !

 

Tu n' sais pas tout Candide. Avant la politique,

J’apportais mes services au monde des cosmétiques.

Ensuite j'ai présidé aux destins du tourisme !

J'ai donc, comparé à ces barbus gauchistes,

Une grande expérience du changement de métier

Que j'aimerais à mon tour les amener à goûter !

 

Et pour les jours de grève, vous imposez en somme

A toutes les communes le service minimum ?

 

A ma grande surprise, quand il y a des grèves

Les gens s’en aperçoivent, et vois-tu, ça m'énerve !

Le service minimum va les rendre invisibles

Et même pour tout te dire, en partie inutiles.

En évitant aux profs d'aller manifester,

C'est leur pouvoir d'achat que je veux préserver !

 

Tout de même, je sursaute, quelque chose m'affole,

Vous réintroduisez la morale à l’école ?

 

Ah... l’argent fait régner partout la corruption,

Tu serais effrayé du nombre de biftons !

En ayant pour bagages la morale à leur guise,

Nos élèves seront moins tentés par les valises !

 

Mais comment justifier qu'il y ait moins d'EVS

Pour tant d’handicapés qui sombrent dans la détresse ?

 

C’est que nous avons fait le difficile pari

De développer chez eux  toute leur autonomie !

 

Sans vouloir abuser, vous voulez de l'anglais,

Dans les classes maternelles tout au long de l'année.

Or je lis, étonné, dans le même moment

Que vous faites la chasse à vos intervenants !

 

Tous nos maîtres d'école, miraculeusement

Ont eu, non sans surprise, soudain leur agrément !

Avec moins d'assistants, ça devait être pire,

Or nos instituteurs parlent la langue de Shakespeare !

 

Si tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes

Pourquoi toutes ces banderoles sur les façades qui grondent ?

 

Nous voulions que les maîtres, en art soient bien à l'aise

Pour garder l'exception culturelle française !

 

Je dois prendre congés et vous fais confident.

En secret Cunégonde porte caché notre enfant.

Dites-moi juste le nom du pays si brillant

Où l'on vous a laissé exercer vos talents.

 

Je t'invite à y vivre,  malgré ton ignorance !

Réfléchis grand dadais, ce pays c’est la France !

 

Merci pour ce conseil, je saurai l’éviter,

Et j’emmène Cunégonde en Finlande accoucher !

 

Sylvain Grandserre

 

Biographie : Né en 1968 à Rouen, Sylvain Grandserre a connu un parcours scolaire sinueux allant du CAP à la première place du concours académique de professeur des écoles. Il enseigne dans la campagne normande et participe aux travaux du groupe Freinet. Il participe au débats sur l'éducation (textes, articles, émissions).
Il est aussi rédacteur au JDPE (Journal des Professionnels de l'Enfance) et chroniqueur à RMC depuis septembre 2007 dans l'émission des Grandes Gueules. Autres centres d'intérêt : Réflexions sur la pédagogie, le rôle de l'éducation. Interesser le grand public aux questions scolaires. 


Bibliographie
- "Ecole : droit de réponses", lettres d'un jeune maître d'école, éd. Hachette, août 2007 (Prix Louis Cros de l'Académie des Sciences Morales et Politiques et Prix René Devic des Amis de la Mémoire Pédagogique)

- "Faire travailler les élèves à l'école - Sept clefs pour enseigner autrement", éd. ESF, 2009


Tiré de prof en campagne

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 11:17

Décidément, le temps est propice à la découverte de documents. Après les archives inédites du Duc de Saint-Simon, je viens de retrouver dans un collège de Saxe dont je tairai le nom, à la demande des son Oberdirectrice, cette correspondance d'une jeune Française tenue entre avril et mai 2007 et qui est susceptible de vous intéresser.

Yoland Simon
Docteur en historiologie contemporaine

 

Coralie à Veronika,

Notre maîtresse nous a dit que nous étions assez grandes pour avoir une correspondante. Elle nous a donné des adresses J’ai choisi la tienne parce que j’ai trouvé que Veronika, c’était très joli. Moi je m’appelle Coralie. Je ne sais pas si tu trouves ça joli. J’aurais mieux aimé m’appeler Mathilda qui est le nom de ma meilleure amie. J’espère que tu vas le devenir aussi. Même si mon grand frère qui s’appelle Patrick dit qu’une meilleure amie on n’en qu’une. Mais ça, c’est pour m’embêter.

 

Coralie à Veronika,

2007 SRoyalIci, en France, on a un gros problème parce qu’il faut qu’on élise un nouveau Président. Maintenant y’en a plus que deux qui peuvent l’être. Une femme qui est jolie et qui s’appelle Ségolène et qui aussi est assez grande. Mais beaucoup de gens disent qu’elle n’aurait pas la stature. Et puis, il y a un homme qui2007 sarkozy-presidentielle s’appelle Monsieur Sarkozy qui est plus petit mais qui lui l’aurait la stature. Je ne sais pas trop ce que ça veut dire cette histoire de stature et pourquoi c’est le plus petit qui l’a, et pas la dame. On m’a dit que chez toi, c’est une femme qui est la Présidente et que, elle, elle l’a la stature. Et mon père, il dit que ça prouve bien que c’est pas une question d’homme ou de femme pour choisir le Président.

 

Coralie à Veronika,

Tu me dis que tu as vu dans Le Bild, le journal de ton pays, une photo de Ségolène et qu’elle est bien plus jolie qu’Angela qui est la chef de chez vous. Peux-tu m’envoyer une photo d’Angela et puis une de toi aussi ?

 

Coralie à Veronika,

2007 debat-Royal-sarko

Hier, il y a eu un grand débat à la télévision entre les deux qui veulent devenir Président. D’abord, ils ont dit que c’était la femme qui avait gagné, mais aujourd’hui, ils ont demandé aux Français, des sondages, ça s’appelle, et on a bien vu que c’était Monsieur Sarkozy qui était le vainqueur parce que Ségolène, elle avait été trop méchante avec lui. Et mon père, il a redit que ça prouvait bien qu’elle n’avait pas la stature, la péronnelle. Péronnelle, je sais pas non plus trop ce que ça veut dire, mais je trouve ça plutôt joli. Et toi ?

 

Coralie à Veronika,

2007 sarko-fouquetsQuelle journée ! Les Français, ils ont voté, hier, dimanche exactement comme ils ont dit qu’ils allaient le faire dans les journaux et c’est Monsieur Sarkozy qui a été choisi. Le soir, il était très content. À Paris, il y avait plein de monde sur une place qui criaient tous qu’ils étaient contents, eux aussi. Sur l’estrade, il y avait les meilleurs chanteurs du pays et que tout le monde connaît, même ma grand-mère. Il y en a un qui s’appelait Enrico qui est un nom espagnol parce qu’il vient d’Algérie. Il a chanté Mon Dieu qu’elles sont jolies, les filles de Sarkozy, même que c’étaient pas ses filles, mais comme il s’en était beaucoup occupé, c’était pareil. Après le nouveau Président, il est allé au restaurant, je me rappelle plus le nom, mais il paraît que c’était un bon. La dame qui avait été battue, elle avait l’air assez content, elle aussi. Là, ça prouve, il a dit mon papa, que vraiment, elle avait pas la stature.

 

Coralie à Veronika,

Il paraît que le nouveau Président, il faut qu’il se repose parce que c’était une chose importante de l’avoir été élu, Président et qui faisait même presque peur. D’abord on a pensé qu’il irait dans un monastère. C’est comme une sorte de grande église avec des gens qui sont des sortes de curés et qui sont là pour prier parce qu’il n’y a rien d’autre à faire et même pas la télé. Mais c’est peut-être pas une bonne idée parce que les monastères, c’est plutôt pour ceux qui s’occupent du Bon Dieu et du Petit Jésus et qu’ont pas peur de s’ennuyer.

 

Coralie à Veronika,

2007 Paloma-sarkozyOh la la ! Quelle histoire encore ! Notre Président que tout le monde maintenant il appelle Nicolas qui est son petit nom, on ne savait plus où il était. Il était parti sur la mer dans un grand bateau qu’on lui avait prêté et où il pouvait réfléchir sans être embêté par trop de gens autour. Et puis, finalement, le bateau, on l’a retrouvé. C’était un vraiment très grand, un yacht ça s’appelle, et dessus le Président Nicolas, il pouvait aussi se bronzer avec auprès de lui, sa femme, Cecilia la vraie mère de ses fausses filles et qui est encore plus belle que Ségolène. Il y a des gens qui râlent que le bateau, il est quand même trop beau et les amis de Nicolas, quand même trop riches aussi. Et pourquoi ? C’est vraiment trop gentil que ces amis riches là, ils veulent bien lui prêter leurs affaires à Nicolas. Pas comme certaines qui sont dans ma classe. Et puis, mon père, il a dit que le Président de la République française, il allait tout de même pas se balader sur l’eau en pédalo. Nous, avec mon frère, on a trouvé ça très rigolo parce que du pédalo, on en avait fait l’année dernière, à Saint-Brévin-les-Pins.

 

Coralie à Veronika,

2007_depart-chirac.jpgFigure-toi, on regarde la télé toute la journée. Sur la Première chaîne, mais ailleurs c’est pareil. Parce que le Président Nicolas, il est devenu complètement Président parce que celui d’avant est parti. C’était triste un peu aussi quand il a fait un petit coucou avec sa main par la fenêtre ouverte de sa voiture, pour nous dire au revoir. Mais mon père aussi il a fait un geste, dans le genre bon débarras. Je ne sais pas pourquoi parce qu’avant, il l’aimait bien et qu’il l’avait même voté. Il a oublié, faut croire. Après ça, tout le monde est entré dans le Palais où il va vivre le Président et qui est encore plus beau que le bateau. Mais faut que je mette la table, je te raconte demain.

 

Coralie à Veronika,

2007 cecilia-et-les-autresBon, comme, je te disais hier, tout le monde, il est allé dans le Palais avec Nicolas. Ils ont fait des discours, ça c’était un peu barbant, et maman en a profité pour faire la vaisselle. Mais ce qui était très chouette, c’est que toute la famille du Président, elle est arrivée. Il y avait Cécilia avec ses deux vraies filles qui sont pas celle de Nicolas, deux grands et beaux garçons qui sont ceux de Nicolas mais pas ceux de Cécilia, et puis un autre garçon, mais de notre âge, et qui lui est celui de Nicolas et Cécilia. Enfin tout le monde était là, sauf la première femme de Nicolas, qu’est la mère des grands garçons et que personne connaît, et non plus le père des filles de Cécilia qu’est un peu fâché avec Nicolas et qu’est malade aussi. En tout cas, Cécilia, c’est rien de dire qu’elle était belle. Avec une robe qui brillait tout plein, Prada m’a dit maman, c’est la marque. Enfin les filles, elles étaient pas mal non plus. Et puis, le Petit Louis, c’est celui qu’a notre 2007 baiser cecilia et nicolas sarkozyâge, Il a regardé un magnifique collier qu’on a offert à son papa, quelque chose tu verrais. Mais le mieux, c’est quand Nicolas, il a embrassé Cécilia, sur la bouche, enfin sur le coin. Mais, tout de même. Le journaliste il a dit que c’était inouï, c’est le mot qu’il a répété, oui c’était inouï de voir ça, car jamais avant aucun Président, il ne l’avait fait d’embrasser sa femme sur la bouche et devant tout le monde, tu comprends ça, toi.

 

 

 

 

 

 

 

 

Coralie à Veronika,

Tu me dis que dans le Bild, on voit Nicolas et ton Angela qui s’embrassent aussi, mais pas sur la bouche. C’est chouette quand même. Parce que des fois, entre la France et l’Allemagne, la maîtresse d’école elle a dit que ça avait été la guerre. Alors si Nicolas et Angela, ils s’entendent, c’est mieux, non ? En plus l’ancien Président, il aimait bien aussi les chefs de ton pays et même qu’il aimait bien leur bière. D’ailleurs, mon père aussi. Et le tien ?

 

Coralie à Veronika,

Là, cette fois, c’est triste ce que j’ai à te raconter. Le Président, il est allé à un monument et là on lu la lettre d’un jeune homme qu’on avait tué pendant la guerre. C’était un jeune et un communiste. Pourtant les communistes, il les aime pas Nicolas. Mais celui-là, comme on l’avait tué, c’était pas pareil. Alors le Président, il a pleuré un peu. Ecrasé une larme, il a dit le journaliste. Et ça, ça prouvait bien qu’il était humain. Et nous, les enfants, j’ai demandé à maman, Est-ce qu’on est aussi des humains ? Bien sûr, elle m’a répondu. Alors on a pleuré un petit peu. Je dis pas ça pour qu’on soit fâchés mais il paraît que c’est des gens de chez toi qui l’ont tué, Guy Moquet, c’est comme ça qu’il s’appelle le pauvre jeune homme. Mais c’était avant on a dit. Du temps des méchants. Maintenant y’en plus ou un peu moins. Et puis ils ont dit aujourd’hui, nous avons l’Europe. Et ça, j’ai pas bien compris. Et mon père, il a pas su expliquer.

 

On n’a pu retrouver la suite de cette correspondance qui à vrai dire fut peut-être interrompue.

 

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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 21:21

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Passé le temps de savourer ce triomphe aux Présidentielles de 2012 où, à la suite de nouvelles émeutes de banlieue qui effrayèrent les braves gens, Marine Le Pen accéda au second tour, oui, passé ce temps, Nicolas Sarkozy ne tarda pas à s’ennuyer. Une sotte révision constitutionnelle, adoptée quelques années plus tôt, lui interdisait de se représenter en 2017. Dès lors, à quoi bon s’agiter ? Ces déclarations fracassantes, ces dénonciations sans appel, ces lois empilées comme des assiettes, ces sommets où régulièrement il sauvait la France, l’Europe et le monde, rien de cela n’avait de sens s’il ne contribuait à sa réélection. Et puis, il en avait assez de payer sans cesse de sa personne et de mouiller toutes ses liquettes, sans qu’on lui en sache toujours gré. Au demeurant, il finissait par se lasser devant la répétition lancinante des mêmes problèmes : la crise qui perdurait, le chômage qui s’aggravait et, pire, les agences de notation qui continuaient de nous tancer. De plus en plus souvent, il laissait le champ gueantclibre à Claude Guéant, ce nouveau maire du Palais qui, depuis Matignon, dirigea quelques opérations mémorables contre des armées de Maures et de Roumains qui attaquaient régulièrement notre beau pays. Mais d’autres ennemis menaçaient la tranquillité du Président. Ils se réunissaient régulièrement dans des cercles plus ou moins secrets, dans des clubs aux appellations ronflantes, des écuries présidentielles où l’on se flattait de miser sur le bon cheval, pour l’échéance de 2017. Le plus dangereux de ces prétendants était sans contexte Jean-François Copé, dont Nicolas s’efforçait d’enrayer l’irrésistible ascension. Peine perdue. Soucieux de flatter le nouvel homme fort de la majorité, la piétaille des députés multipliait les escarmouches. Même les ministres du gouvernement n’en faisaient plus qu’à leur tête et envoyaient promener les conseillers de l’Elysée, naguère si puissants et dont maintenant, on se moquait éperdument. Certes, les fins stratèges du sarkozysme pur et dur tentèrent bien de placer François Fillon en embuscade. Mais lorsqu’il ne put s’imposer JFCopeà la tête d’une U.M.P., rebaptisée Union Pour le Renouveau, l’affaire fut pliée. Et un congrès extraordinaire fit un triomphe au cher Jean-François qui tint pour l’occasion un de ces discours historiques dont on recueille plus tard les fruits dans les urnes de la République. Il souleva l’enthousiasme des militants en dénonçant une démocratie confisquée par des éminences grises qui décidaient de tout, derrière les murs du château. Évidemment, il épargna Nicolas, qu’il n’appelait plus que l’actuel Président, à qui il rendit des hommages appuyés, tout en réaffirmant qu’il fallait tourner certaines pages et rompre avec l’opacité de certaines pratiques. Pour tenter de contrarier les visées de ce dangereux arriviste, le Président se résolut à de grands changements. xavier bertrandIl fit appel à Xavier Bertrand, plus souple, pensait-on, et moins arrogant que l’austère Claude Guéant. La manœuvre fit long feu et des sondages calamiteux ne tardèrent pas à déconsidérer ce Premier ministre doucereux, marionnette d’un Roi usé et dont ne parvenait pas à freiner l’inévitable déclin.


Bientôt, les soucis domestiques accrurent le désarroi de Nicolas : Quelques démêlés avec son fils Jean, qui ne supportait plus la tutelle des Balkany, et surtout le départ de Carla qui avait traîtreusement profité des obsèques de Berlusconi, pour demeurer en Italie. L’événement dégrada fortement l’humeur du Président et, depuis ce jour fatidique, il connut de longs moments d’abattement et souffrit de terribles migraines. On tenta de le consoler et Jacques Séguéla entreprit de dénicher une nouvelle première Dame dont la République ne pouvait se passer. En vain. L’hôte de l’Elysée demeurait muré dans son chagrin. L’action, seule, pouvait le remettre d’aplomb. Il lui fallait se retourner vers les Français qui l’avaient élu et réélu. Reconquérir une popularité qui s’effritait inexorablement. Régulièrement, il reprit ses prêches télévisuels, s’invita sur TF1. Mais la première chaîne avait beaucoup perdu de sa superbe et même le retour de P.P.D.A. n’avait pas réussi à relever une audience qui devenait si confidentielle qu’il arrivait qu’Arte la dépassât. Comble de l’impertinence, dès qu’il avait fini de parler, on demandait son avis à Jean-François Copé ou à un de ses hommes liges qui dispensaient des commentaires aussi sournois que fielleux. Mais le plus abominable forfait fut la couverture d’un CarlaBruniParis-Match où l’on voyait Carla filer le parfait amour sur une plage de l’Adriatique avec son nouvel ami, un des fils cachés de Mike Jaeger, si l’on en croyait Voici. La publication mit en fureur Nicolas qui exigea des sanctions contre le Directeur du périodique. Mais un Tartuffe de service rétorqua que, si l’on pouvait comprendre son mécontentement, on n’entendait pas pour autant déroger au principe de la liberté de la Presse. Comble de l’ignominie, le même Paris-Match, consacra à ce filou de Copé, un reportage de vingt pages où l’on voyait l’étoile montante de la droite, trôner dans son bureau de l’Assemblée, s’activer dans sa mairie de Meaux et pique-niquer en famille sur une plage du Touquet où il prenait ses vacances en toute simplicité, lui. Sans doute, pour renouer une fois encore avec un pays profond dont il vantait toujours les mérites, le Président continuait de visiter les coins les plus reculés de nos belles provinces. Mais là où naguère, à Landerneau ou à Romorantin, il fallait mobiliser des milliers de gendarmes et de policiers pour endiguer la ferveur populaire et tenir à l’écart des manifestants un peu moins bien intentionnés, il suffisait aujourd’hui de quelques gendarmes locaux pour contenir derrière des barrières les maigres bataillons de nostalgiques qui avaient accompagné les victoires de 2007 et de 2012. Pire, les cohortes de Sud ou de la C.G.T, les troupes du N.P.A ou de Lutte ouvrière négligeaient de déplacer leurs banderoles et leurs haut-parleurs.


 Cependant, le Président connut deux belles occasions de reconquérir l’opinion. Ce fut d’abord la disparition de Jacques Chirac où il apparut sur toutes les chaînes du P.A.F. et prononça, dans un grand moment d’émotion, le magnifique discours d’Henri Guaino qui célébrait la mémoire de ce grand Républicain, digne héritier du Général de Gaulle, et comparable aux plus grandes figures de la République : Blum, Jaurès ou Clemenceau. Quelques semaines plus tard, Giscard d’Estaing succomba à son tour. On recourut cette fois à Frédéric Mitterrand qui rédigea un admirable panégyrique où il fut question de Mazarin, de Louis XV, de la Reine Astrid et du shah d’Iran. N’étaient les circonstances, ce fut pour Nicolas une grande satisfaction de se tenir aux côtés de Bernadette, toujours aussi courageuse, puis d’Anémone toujours aussi discrète, et de retrouver tous ces chefs d’état à qui il avait si souvent tapé dans le dos ou qu’il avait, comme Angela, embrassé maintes fois. En ces deux circonstances, quelques thuriféraires qui n’avaient pas encore changé de camp chantèrent les mérites d’un Président qui avait indéniablement changé et revêtu, définitivement, les habits de sa fonction. Bonheur de courte durée car, immédiatement, Nicolas dut essuyer une nouvelle rebuffade : l’élection sous la coupole de Dominique de Villepin, au fauteuil de Valery Giscard d’Estaing. À cette occasion, le flamboyant Dominique fit, comme il est d’usage, l’éloge de son prédécesseur dont il loua la distinction, l’élégance, la grande culture et surtout, perfidie évidente, la haute stature.


Au moment où j’écris ces lignes, le quinquennat tire à sa fin, la campagne électorale bat son plein. Le Président a assuré de son soutien celui qui a repris le flambeau et qui porte les couleurs de sa famille politique. Jean-François Copé, vous aviez compris. Mais si l’on vous dit que, parfois, il rencontre François Bayrou qui plus que jamais croit à son destin, ou qu’il a noué quelques contacts avec la gauche qui pense qu’enfin son heure est arrivée, oui si vous lisez cela dans certaines gazettes ou sur Internet, n’en croyez rien. Ce sont d’infâmes rumeurs.

 

Saint-Simon2.jpgNouvelles mémoires de Saint-Simon

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11 décembre 2011 7 11 /12 /décembre /2011 09:25

Une nouvelle contribution de Gilbert Dubant qui a dû fumer la moquette !

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Le parti se renforce en s’épurant. C’était le discours des procès de Moscou, repris par les Khmers rouges. Le camarade Jean-François Launay était jusqu’à présent plus connu pour son humour et son sens de l’équilibre du centre-gauche que par ses envolées d’avocat général. Mais changement d’herbage réjouit les veaux, dit-on, et Hollande semble avoir bien accroché les potes à Rocard. Bayrou s’en étrangle de solitude.

 

Voici donc le chroniqueur vendéen sommant le bourguignon Arnaud Montebourg de dire pour qui il roule. Et que ça saute, avant d’avoir la croix des traîtres au revers de sa veste de renégat et la croix des vaches sur la gueule pour avoir fait gagner « celui qui fait président » !


Au risque de concurrencer les guignols de Marianne qui passent leur temps à expliquer que Sarkozy est fou, ce qui n’a vraiment aucune importance, lançons-nous dans des spéculations intra-socialistes !

 

Démasquons le serpent !

 

Première évidence à la vision de ses prestations depuis 2006, Montebourg est une tête à claques doté d’un humour dévastateur. Le « compagnon de Ségolène » en avait pris une giclée dès le départ, la primaire de 2011 n’a rien arrangé. Le petit marquis, qui se dit descendant de boucher d’Autun et de grand-père d’Algérie, agace par son vocabulaire châtié (Ah ! ces impétrants !), son ironie d’avocat bobo condescendant envers la partie adverse, son physique de danseur de tango qui a séduit la belle Audrey Pulvar et sa mauvaise foi digne des collègues politiciens, tous collèges confondus.


Deuxième observation, ses arguments tiennent debout, qu’on les partage ou non. Dénoncer le rôle des banques, de la finance internationale et la soumission boudeuse de la social-démocratie européenne, sent le pâté au PS, mais est-ce inexact ? 17 % de salopards infiltrés conjointement par Mélenchon et Sarkozy lui ont donné la troisième place aux primaires. Il est temps de faire le ménage dans ce parti qui tolère vraiment n’importe quoi.


Le sinistre Arnaud Montebourg ne se contente pas de propos iconoclastes. Il mord la main qui le nourrit, le resto du cœur de la rue de Solférino. Après avoir terni la réputation de l’honnête Jean-Noël Guérini, qui vend des poubelles et des ordures avec son frère embastillé, uniquement pour les pauvres des Bouches-du-Rhône, le voilà qui s’en prend au temple de la blancheur politique, le Pas-de-Calais, ses beffrois, ses chtis, ses frites, sa fédération et son député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida.

 

Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?

 

Kucheida est accusé d’abus de biens sociaux et de détournements de fonds par un sale type que le PS avait eu la mauvaise idée de faire élire maire d’Hénin-Beaumont, et qui est en taule. C’est évidemment par hasard que cet ex-socialiste d’élite accuse son ex-camarade de gestion. S’occuper de trois sociétés qui font dans le logement social n’amène jamais à distribuer de la thune à ses amis en se servant un peu. Ce n’est pas la lilloise d’adoption Martine Aubry qui donnerait dans la calomnie envers ces amis du 13 et du 62 auxquels elle doit d’être première secrétaire du PS après une élection un peu chahutée et des cartes d’adhésion fraichement imprimées.


Il est évident que parler de politiques pourris au PS est aussi calomnieux que d’imaginer Édouard Balladur touchant des rétro-commissions pakistanaises, ou Nicolas Sarkozy s’asseyant sur l’usage et la légalité pour se faire de l’oseille et caser sa famille. Mais l’implacable Jean-François Launay ne s’arrête pas dans sa juste dénonciation de l’infâme Montebourg, même s’il tente de défendre l’indéfendable en voulant qu’on ne dénonce pas les escrocs. C’est suicidaire.


Avant Jean-Luc Mélenchon comparant l’ami Hollande à un capitaine de pédalo, l’avocat marron l’avait déjà traité de « flanby ». Et histoire de charger la mule avant la visite du Corrézien à ses potes du SPD, il anoblissait Angela Merkel en l’égalant à Otto von Bismarck. La plupart des Français, même de gauche subtile, ignorent que la comparaison est flatteuse en Allemagne. En France, un peu moins, c’est vrai.


La situation est donc claire. Arnaud Montebourg, en flétrissant les dérives du PS à Liévin ou à Marseille, en défendant son point de vue et ses 17 %, n’est qu’un suppôt de la réaction. Il nous prépare un nouveau 21 avril en faisant monter les cocos et Marine Le Pen.  Son parti construit, lui : il a signé un bel accord bien électoraliste avec Cécile Duflot, indéfectible copine de la juge psychorigide Éva Joly, qui se serait occupé de Guérini et Kucheida on aurait vu comme…


La conclusion s’impose. Il faut barrer la route à ce fasciste rampant. Cherchez partout, fadettes, empreintes ADN, corruption financière, pratiques sexuelles pénalement réprimées, cherchez bien et susurrez… Et si rien ne marche d’ici janvier 2012, il faudra se résoudre à une solution qu’un grand socialiste nommé lui aussi François n’aurait jamais utilisée : faire flinguer cette crapule. On peut passer par Roland Dumas. Il connaît plein de mercenaires africains au chômage, et il en va de l’avenir du pays…

 

Gilbert Dubant

 

 

Pulvérisé, le fameux point Godwin, sauf que là Hitler et les nazis sont remplacés par Staline (« les procès de Moscou ») et les Khmers rouges. Le camarade Montebourg joue les épurateurs ? mais non, c’est moi qui suis l’avocat général. L’ami Gilbert feindrait-il de défendre Arnaud Montebourg pour mieux descendre le PS et Hollande ? Au prix de quelques amalgames et contre-vérités.


Passons sur l’attaque personnelle qui me prête des attirances coupables pour Bayrou. Bon, je le confesse, cédétiste depuis 1962 ou 63, membre du PS dès 1973, rocardien certes je le fus. La discipline républicaine, le social-traître que j’étais, l’a toujours appliquée, même quand il fallait déposer le bulletin de vote pour Larmanov de Gisors, PC grand teint, dans la IVe circonscription de l’Eure (devenue Ve). J’ai ouï dire que dans une élection partielle en janvier 1981, alors que mon candidat PS dépassait enfin Larmanou, le « vote révolutionnaire* » a été déclenché : pure calomnie sans doute.


Bon, « les arguments [de Montebourg] tiennent debout » : pensez il « dénonce »… s’il faut dénoncer les moodytes agences de notations, andouillettes AAAAA à la main, je dénonce aussi !  Il a fait 17% aux primaires citoyennes, qui le nie ? Mais en s’y inscrivant, il acceptait explicitement la règle du jeu : le vainqueur devient le candidat de ces primaires. Il a immédiatement bafoué cette règle.


Pour ce qui est de la fédération du Pas-de-Calais, il y a un ex-maire PS (inculpé pour fraudes diverses) qui accuse un député-maire. La Justice ne peut qu’être saisie. On peut faire confiance à Jeanne-Marine La Pen pour orchestrer l’affaire, si besoin était. Pour le moment M. Kucheido – la cible du bel Arnaud – ne fait pas l’objet de poursuites. On peut – même si ça relève du déni de présomption d’innocence – dire tout et n’importe quoi sur cette personne. Le PS, quant à lui, a le devoir d’examiner les comptes de la fédération. Montebourg a le droit de le rappeler. Pas sur la place publique.

 

De mon point de vue !

 

JFL

 

PS Quant aux négociations PS-Verts, elles n’ont absolument rien à voir avec ce débat. Gageons d’ailleurs que le PCF a su, sait et saura négocier aussi. Et que le jeu compliqué qui s’engage pour le PCF qui, pour éviter la déculottée de 2007, a opté bureaucratiquement pour le tribun Mélenchon, est quand même d’espérer la victoire de Hollande.

 

 

* L’histoire ne se répète pas, elle bégaie. En 1978, lorsque le « programme commun » s’est transformé en « l’union est un combat », les apparatchiks du PCF ont promu le « vote révolutionnaire » (Pierre Juquin, ancien membre du bureau politique du PCF, a expliqué cette stratégie dans le film de Mosco Boucault, Mémoires d’ex). Il pouvait se résumer par « Mitterrand, c’est pire que Giscard ». Voter Giscard, c’était donc barrer la route du pouvoir aux sociaux-traitres. C’était travailler à l’avènement de la révolution prolétarienne qui ne pouvait survenir que si la droite restait aux affaires. Comme qui dirait que les attaques grotesques de Mélenchon envers Hollande sont comme un mauvais remake de ce lamentable épisode : Hollande, c’est pire que Sarko, vont bientôt dire – certains le disent déjà – les autoproclamés membres de la « vraie gôche » !  

 

 

 

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