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18 mars 2017 6 18 /03 /mars /2017 21:15
Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Touitte, a priori insolite de Philippe Meirieu : « Le "DICTIONNAIRE" de Buisson reparait bientôt : une mine ! Consultez-en déjà des extraits. »  En effet, le Dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson, dont la dernière édition date de 1911, est libre d’accès. Et, outre le fac similé à la BNF (Gallica, édition de 1887, peu lisible) une version électronique de la version 1911 a été mise en ligne par l’INRP.

Meirieu annonce une reparution dans la collection Bouquins, de l'édition première, en fascicules d'abord, celle de 1887.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

Ferdinand Buisson (1841-1932).

Il est directeur de l’enseignement scolaire de 1879 à 1897 et participe à l’élaboration des lois Ferry. Dreyfusard, il est en 1898 l’un des fondateurs de la Ligue des droits de l’Homme, qu’il préside de 1913 à 1926. Après la Première Guerre, il est un fervent promoteur de la création de la Société des Nations et du rapprochement franco-allemand : c’est notamment pour cette raison qu’il obtient le Prix Nobel de la paix en 1927, conjointement avec l’écrivain et homme politique allemand Ludwig Quidde (1858-1941).

Ferdinand Buisson est une des grandes figures de la 3e République. Fondateur de la Ligue française des droits de l’homme, il est aussi, en tant que Président de la commission dont Aristide Briand était rapporteur, l’un des pères de la Loi de 1905. Cet Inspecteur général de l’instruction publique en 1878, à partir de 1890 enseigne la pédagogie à la Sorbonne.  

Il sera de 1879 à 1896,nommé Directeur de l’Enseignement primaire par Jules Ferry.

Le Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, cathédrale de l’école primaire

Pierre Nora, dans Les lieux de mémoire, fera du « Dictionnaire de pédagogie » de Ferdinand Buisson, la cathédrale – mot un peu ironique pour ce protestant libéral et ô combien laïque – de l’école primaire. La première version, sortie en 1887, compte plus de 300 auteurs et 2600 articles. la seconde, plus ramassée, intitulée Nouveau dictionnaire de pédagogie, sort en 1911.

« Une œuvre monumentale (et improbable) qui, dans le mouvement général de réforme de l’enseignement populaire engagé après 1870, tente de rassembler pour les maîtres tout le savoir utile, entendu maximalement, encyclopédique et pédagogique, en engageant dans l’aventure, entre autres 350 collaborateurs, les meilleurs hommes de science du temps, les Victor Duruy, Gaston Maspero, Camille Flammarion, Lavisse, Marcellin Berthelot, Viollet-le-Duc… »

P. Dubois

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

C’est avec une certaine appréhension que l’on parcourt l’article Dictée, dans les extraits proposés par P. Meirieu, "la dictée, le plus beau et le plus intelligent (sic) des exercices" comme finkielkrautait Jacques Julliard, pour y lire avec gourmandise ces lignes qui font un sort anticipé à la fameuse querelle du circonflexe :

Ce serait grand dommage, à nos yeux, que de retenir de longues heures un [écolier] sur la question de savoir s’il devra écrire des à compte en deux mots ou des acomptes en un seul mot, comme le veut aujourd’hui l’Académie ; s’il devra unir les deux termes de porte-plume ou de porte-monnaie, à l’exemple de portefeuille ou de portemanteau ; si tels ou tels des fameux verbes en eler ou eter doubleront leur consonne ou prendront un è quand leur dernière syllabe deviendra muette ; si suprême, extrême doivent avoir le circonflexe, quand système et emblème n’obtiennent que le grave, etc., etc.

Nous ne voudrions pas non plus le voir se préoccuper outre mesure de la présence ou de l’absence d’une s quand il s’agit d’écrire de la confiture de groseilles ou de la marmelade d’abricot ; nous voudrions qu’il pût rester indifférent devant les problèmes qu’on a soulevés au sujet de la dictée récemment envoyée par le ministère de l’instruction publique aux candidats au brevet simple de tous les ressorts académiques : faut-il écrire des avocats en sabots et en casquette, casquette avec le singulier, ou bien casquettes avec le pluriel, quand l’auteur écrit lui-même quelques lignes plus bas : les hommes en grands chapeaux et les femmes en bonnets plats ? Nous souhaiterions que, pour notre élève de l’école primaire, ce fût tout un. Nous pensons, enfin, que c’est lui rendre un bien mauvais service que de lui torturer la cervelle avec des phrases baroques comme celles-ci : Les insensés ! ils se sont laissé mettre en désordre, ils se sont laissé envelopper et fait tailler en pièces sur les champs de batailles mêmes qu’ils avaient crus favoriser leurs manœuvres. Leurs stratagèmes, les ruses de guerre qu’ils avaient également crues devoir leur réussir ont tourné contre eux-mêmes ou ont eu une tout autre issue que celle qu’ils avaient pensé ; enfin, les villes qu’ils avaient jugées pouvoir leur servir de refuge en cas de retraite se sont empressées de fermer leurs portes aux fuyards, dès qu’elles se sont aperçues que la fortune s’était déclarée de notre côté, etc., etc. (nous avons suivi, sans prétendre la justifier, l’orthographe de l’auteur). Le temps employé à résoudre ces indéchiffrables logogriphes ne serait-il pas mieux employé à tant d’autres études plus utiles et plus élevées, qu’on n’aborde pas ou qu’on effleure à peine dans l’école, pour cette seule raison que les  heures manquent ?

NB C'est moi qui surligne

La version dite électronique de l’INRP – jugée fautive par des anti-pédagos qui ont essayé de récupérer Ferdinand Buisson – offre l’avantage d’un butinage au gré des centres d’intérêt ou de la seule fantaisie.

Il faut, évidemment, plonger dans le substantiel article sur la Pédagogie, complété par un autre article : histoire de la pédagogie.

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

 

 

 

Quant à la Laïcité, le dictionnaire de 1911 nous apprend que ce mot est nouveau

« Ce n'est que par le lent travail des siècles que peu à peu les diverses fonctions de la vie publique se sont distinguées, séparées les unes des autres et affranchies de la tutelle étroite de l'Eglise. La force des choses a de très bonne heure amené la sécularisation de l'armée, puis celle des fonctions administratives et civiles, puis celle de la justice. Mais la sécularisation n'est pas complète quand sur chacun de ces pouvoirs et sur tout l'ensemble de la vie publique et privée le clergé conserve un droit d'immixtion, de surveillance, de contrôle et de veto.

Un seul domaine avait échappé jusqu'à ces dernières années à celte transformation : c'était l'instruction publique, ou plus exactement l'instruction primaire L'enseignement primaire public restait essentiellement confessionnel : non seulement l'école devait donner un enseignement dogmatique formel, mais encore, et par une conséquence facile à prévoir, tout dans l'école, maîtres et élèves, programmes et méthodes, livres, règlements, était placé sous l'inspection ou sous la direction des autorités religieuses.

La législation française est la seule qui ait établi le régime de la laïcité d'une façon logique et complète : laïcité de l'enseignement, laïcité du personnel enseignant. C'est la séparation, si longtemps demandée en vain, de l'église et de l'école.

L'instituteur à l'école, le curé à l'église, le maire à la mairie.

Si par laïcité de l'enseignement primaire il fallait entendre la réduction de cet enseignement à l'étude de la lecture et de l'écriture, de l'orthographe et de l'arithmétique, à des leçons de choses et à des leçons de mots, toute allusion aux idées morales, philosophiques et religieuses étant interdite comme une infraction à la stricte neutralité, nous n'hésitons pas à dire que c'en serait fait de notre enseignement national. »

Extraits de la version 1911

Et certains articles ont une valeur historique. Ainsi de ceux consacrés soit à notre protectorat de Tunisie, soit au Maroc à l’aube, lui, du protectorat et qui décrivent leurs systèmes scolaires.

D’Abbot John à Zwingli Ulrich, en passant par Babeuf ou Rabelais, le Dictionnaire recense toutes les personnalités qui ont pu jouer un rôle dans le domaine de la pédagogie.

Cette cathédrale de l’école primaire a été aussi baptisée bible des hussards noirs de la République, les instituteurs. Témoignage d’une foi laïque ?

Peillon rappelle que Buisson, dans son propre camp radical et franc-maçon, se heurtait à ceux qui conçoivent la laïcité ou la libre pensée comme « une orthodoxie à rebours » : il craignait par-dessus tout un catéchisme républicain et rejetait l’orthodoxie laïque du « catholique à rebours qui fait de l’athéisme un credo ». (Ferdinand Buisson et La Foi laïque, Liliane Maury)

Ferdinand Buisson Dictionnaire de pédagogie

La couverture de la future réédition dans la collection Bouquins, présentée par P. Meirieu, annoncela première version, celle de 1887, plus ample, comme me le signale J. Baubérot.

Ainsi vagabondage électronique et feuilletage de la version papier se complèteront.

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4 octobre 2009 7 04 /10 /octobre /2009 17:26

Dans Le Monde (02/10/09), on peut lire deux réactions négatives de Philippe Meirieu, la bête noire des anti-pédagogues et de Jean-Paul Brighelli, imprécateur attitré de la rétropensée, à l’expérimentation d’une cagnotte anti-absentéisme.

 

Pour éviter les chiffres fantastiques, quelques données. En moyenne, en France, 5% des élèves du second degré sont absents plus de quatre demi-journées par mois, selon une étude menée en 2004 par la direction des évaluations et de la prospection (DEP). Mais cette moyenne couvre en réalité de fortes disparités. La moitié des établissements qui ont participé à l'étude comptabilise 2 % d'élèves absentéistes, mais un sur dix en enregistre 15%. Les lycées professionnels sont les plus touchés par ce phénomène (10 %), puis viennent les lycées d'enseignement général et technologique (5 %) et enfin les collèges (2%).

 

Sans entrer dans une analyse approfondie, on peut noter que très souvent, c’est le signe d’un malaise. « Je me souviens notamment d’un élève qui multipliait les absences et qui, lorsqu’il était présent, s’endormait en classe,  témoigne un professeur. En le questionnant, je me suis aperçu qu’il travaillait de nuit, aux halles de Rungis. » Dans certaines familles, il peut arriver que les filles prennent le relais des parents pour s’occuper de leurs frères et sœurs plus jeunes. Sur-responsabilisées, elles doivent jongler entre travail domestique et école. Plus globalement, une orientation non désirée dans telle filière professionnelle, peut expliquer l’absentéisme.

 

Martin Hirsch, haut-commissaire à la jeunesse, veut donc expérimenter la mise en place d’une cagnotte collective pour lutter contre l'absentéisme dans trois lycées professionnels de la région parisienne. Dans chacun des trois établissements, elle prévoit la mise en place d'une cagnotte collective par classe abondée jusqu'à 10.000 euros maximum afin de financer un projet. Si les lycéens respectent un "contrat" en termes d'assiduité et de comportement, ils pourront voir leur projet - permis de conduire ou voyage - financé en partie grâce à cette cagnotte.

 

Philippe Meirieu, cible d’attaques particulièrement ignoble d’un Finkielkraut, mais visé aussi par un Jacques Julliard, se dit viscéralement horrifié par cette initiative. Jean-Paul Brighelli, chef de file des réacs, vocifère, comme à son habitude : « C'est un comble. Un exemple déplorable, méprisable. » Mais le premier, loin de viser les viscères, incite à la réflexion : « La difficulté d'éduquer déclenche chez certains adultes une forme de panique, amenant à envisager les options les plus abracadabrantes. C'est aussi une des conséquences de l'obstination des adversaires de la pédagogie. A force de ne pas vouloir traiter sérieusement la question de la motivation des élèves, on en vient à ces aberrations. » Le second profère des énormités : « C'est un peu comme si on félicitait des élèves de venir en classe, d'écouter et de ne pas violer la prof sur le bureau (sic) ! On invoque le pragmatisme. Le recteur de Créteil va jusqu'à soutenir que cela responsabiliserait les élèves. Ahurissant ! » Et dans un grand élan rétrograde, il propose tout de go, de supprimer le collège unique !

 

Philippe Meirieu, avec vigueur, élève le débat au-delà de l’imprécation : « On nous dit que c'est pour financer des projets dans les classes concernées, mais ces projets sont bien subordonnés à une sorte de rémunération de la présence. C'est scandaleux. C'est galvauder à la fois la notion de présence et celle de projet. En phase avec un contexte général de marchandisation, c'est un renversement complet du sens de l'école, lequel ne serait plus donné que par une rétribution. C'est une atteinte à ce qui fonde anthropologiquement l'échange éducatif. Car cet échange doit donner à la personne le goût d'aller au-delà, de se projeter dans l'avenir. Ce qui fait grandir l'élève, c'est la gratification symbolique, pas matérielle. C'est la fierté d'avoir réussi, d'avoir relevé un défi, franchi une étape. Le registre matériel clôt l'échange alors que le symbolique l'ouvre. »

 

Alors, contrairement aux apparences, ce n’est pas Meirieu et Brighelli, même combat. Le gouffre, qui sépare la pensée réfléchie sur l’élève de l’un et la vocifération rétrograde et lassante de l’autre, n’est pas près de se combler. 

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24 septembre 2008 3 24 /09 /septembre /2008 17:01

Puis-je avouer que la critique de Philippe Meirieu sur le film « Entre les murs » m'a paru un peu dogmatique ?

Certes, j'entends bien qu'il veut éviter l'amalgame entre le professeur toujours sur le fil du rasoir et les pédagogues vilipendés par Finkielkraut et la clique des rétropenseurs. Mais faut-il oublier qu'il s'agit d'un film de fiction et non d'un documentaire ? Que les personnages sont des acteurs (même si, comme on dit, ils jouent leur propre rôle, mais les élèves réels sont devenus les acteurs d'une classe fictive et François Marin est joué par François Begaudeau, coscénariste de son livre) ?

 

« Jamais je n'ai pu imaginer qu'un spectateur puisse penser qu'une telle densité d'événements arrive dans les cinq minutes que dure une séquence » dit Laurent Cantet, réalisateur, qui ajoute « À propos de la fonction de l'école de transmettre des connaissances, en tant que réalisateur, ce n'est pas ce qui m'a intéressé. » Dans cette confrontation avec deux professeurs (Libé 22/IX/08), il répond ainsi à l'une des deux qui déplorait que, dans le film, « la transmission du savoir et toutes les problématiques qui y sont liées - pourtant la grande affaire de l'école - » soient évacuées.

 

Le malentendu est flagrant. Même si le 2e professeur note lui qu'on voit les élèves travailler, que l'exercice de conjugaison n'arrive pas comme un cheveu sur la soupe, Cantet recherchait « ces moments où la parole s'échappe,  où, d'un seul coup, on va apprendre quelque chose, mais questionner le fait même d'apprendre ».

 

On peut disputer sur le fait que ces moments soient ceux « où la classe se transforme en école de démocratie ». Mais pas de savoir, si le prof du film « a un cours structuré, avec une notion à transmettre, des activités bien précises ».

 

Il est symptomatique d'ailleurs que les critiques croisées se centrent sur le seul François Marin. Pourtant, les élèves-acteurs sont entrés dans la peau de leurs personnages avec un talent inouï !

 

On peut reprocher à Cantet d'avoir filmé la marge, mais c'est la marge qui tient la page.

 

P.S. Dans le même style de critique que celle de Philippe Meirieu, mais nettement plus dogmatique, on peut ranger une opinion parue dans Le Monde du 25/IX/08 qui décerne au film « La palme des malentendus », lui reprochant de masquer la réalité de la ségrégation scolaire et de dédouaner l’état de ses responsabilités, comme s’il s’agissait d’une enquête sociologique ou d’un essai sur la politique éducative, alors que c’est un film, et pas une thèse.

Sur le livre "Entre les murs", on peut lire un entretien de François Begaudeau accordé au sgen-CFDT

 

Voir aussi :

"Entre les murs" : réactions

Finkielkraut et "Entre les murs"

"Entre les murs", F. Bégaudeau et le Nel Obs

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20 mars 2008 4 20 /03 /mars /2008 18:29

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Honte à moi, qui ai, depuis 1995 (avec la complicité involontaire des mes secrétaires d’établissements successifs), honteusement fichés les enfants qui entraient dans les collèges que j’ai dirigés ! Eh oui, c’est cette année-là que fut mise en place une base élèves « Scolarité ». Sauf erreur, ça a dû commencer par l’envoi de disquettes vers l’Inspection Académique, avant de passer à un système d’échanges à heures fixes, puis enfin à l’internet. J’ai donc alimenté le minotaure insatiable dévoreur de données qu’il va brasser, croiser, décroiser, recracher pour mieux nous aliéner, du berceau au cercueil.

 

« Big brother rentre à l’école, tous les élèves seront fichés » et il l’était déjà dans nos collèges, sans qu’on s’en inquiète. La pétition, qui est bien sûr lancée, s’intitule « nos enfants sont fichés… » et, pour ceux qui ne comprendraient pas, dès la première phrase on réaffirme « tous les enfants en âge d’être scolarisés qui résident en France seront fichés dans le système Base élèves 1er degré » ; Big brother oblige, dans la foulée, on évoque d’hypothétiques possibilités de croisements avec d’autres fichiers, police et justice notamment ! « Des informations sur les enfants et leurs familles qui, jusqu’à présent, ne sortaient pas de l’école, deviennent partiellement accessibles aux maires, et remontent jusqu’à l’échelon académique, et même au niveau national avec un identifiant ». A vouloir trop prouver, on se trompe au mieux, on essaie de tromper au pire, car la CNIL rappelle que les maires, étant chargés du contrôle de l’obligation scolaire, ont accès à ces mêmes données depuis 1991 ! Quant à l’identifiant élève, s’il est différent de l’identifiant INSEE, c’est notamment pour éviter des croisements à partir d’un identifiant unique. Autre affirmation abusive : « La plupart des données individuelles nominatives seront conservées  quinze ans » or seules les données factuelles du cursus scolaire de l’élève sont conservées (école, classe, niveau (9 niveaux), apprentissage suivis).

 

Vient ensuite, évidemment, un amalgame assez grossier : « l’une des utilisations vraisemblables de ce système se trouve dans la Loi de prévention de la délinquance du 5 mars 2007 » or la pétition elle-même nous apprend que la demande d’autorisation du CNIL a été faite en 2004 : la diabolique administration de l’éducation nationale avait donc anticipé une loi de 2007 !

 

Que Philippe Meirieu, par exemple, se soit laissé piéger par un texte aussi peu fiable m’étonne.

 

 

Qu’il faille exiger des garanties précises quant à l’usage et au traitement des données recueillies certes. Encore aurait-il fallu se réveiller plus tôt, à moins qu’une base élèves n’ait pas besoin des mêmes précautions quand il s’agit d’élèves de 6eme ! Et surtout ne pas employer de gros mots comme “fichage d’enfants” alors que la base de données concerne les élèves.

 

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11 novembre 2007 7 11 /11 /novembre /2007 16:26

Par rapport à ses prédécesseurs, Xavier Darcos faisait bien propre sur lui. Pas d’obsession anti soixante-huitarde, pas d’apparente nostalgie des punitions collectives, pas de fixation sur la « syllabique », capable même de dialoguer avec le symbole du mal absolu pour les rétropenseurs, Philippe Meirieu.

Patatras, voilàtipa qu’un des premiers abonnés à ma déblog lettre m’envoie un long extrait du blog du « crétin de la fabrique » qui narre longuement une réunion dudit Darcos avec la fine fleur de la réaction la plus épaisse : Brighelli le conteur, lui-même et d’autres séïdes de Sauvez-les-lettres, Cordoba et Bellosta*, Sallenave, Le Bris, l’ineffable Boutonnet,  et j’en passe et d’aussi pires…  (avec cependant une mention spéciale pour Eric Zemmour, le vibrionnaire journaleux du Figaro, qui ferait passer notre vicomte – Le Jollis de Villiers de Saintignon – pour un aimable centriste).

 

Si l’on en croit le très suffisant narrateur, XD, comme il le désigne, préférerait se référer à la Corée du Sud et au Japon, plutôt qu’à la Finlande. Etant donné la vision très caricaturale que la clique semble avoir de ces trois pays, ça pourrait faire froid dans le dos si c’était avéré.

 

Heureusement, après cette lecture déprimante, ma BALE a reçu un courriel empreint d’un sain courroux :

« Les nouveaux croisés et les nouvelles croisées sortent des tranchées pour bouter ces pédagos d'où nous vient tout le mal et reconquérir le saint Graal de l'autorité, de la transmission, de l'effort et du fameux mérite. Ah le bon vieux temps où les élèves étaient obéissants et passifs, où les torchons populaires pouvaient être séparés des serviettes bourgeoises. En oubliant les cancres, les chahuteurs et tous ceux que l'on éliminait progressivement (devenus au fil du temps les incapables ou les orientés).
S'arrogeant le label de défenseurs de la République, ils osent promouvoir une République figée dans un passé où la colonisation des esprits l'emporte sur l'émancipation des personnes, où les pontifes défendent une culture cléricale et où la blouse ne cache pas seulement la pauvreté mais ligote dans un fixisme social…
Ne laissons pas les termes de refondation entre les mains de ces apprentis sorciers qui ne rêvent que du retour à un ordre intangible où le peuple n'est que vil et dangereux, où les enfants et adolescents sont des barbares prédélinquants.
 »

Le combat sisyphien contre la rétropensée continue (il faut imaginer Sisyphe heureux, écrivait Camus).

 

* Cordoba et Bellosta avaient largement colonisé le blog de Davidenkoff « carnet de correspondance ».


Sur le même sujet voir http://philippe-watrelot.blogspot.com

 

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7 novembre 2007 3 07 /11 /novembre /2007 18:40

Un collègue Principal me signale, un texte de Pierre Frackowiak, mis en ligne sur le site de Philipe Meirieu (http://www.meirieu.com/FORUM/frackowiak_inspection.pdf). P. Frackowiak avait été victime de menaces de sanction de la part du plus calamiteux Ministre de l’éducation nationale de ces dernières années (Allègre est furieux qu’il lui ait fauché le titre), Robien, le hobereau Picard.

IEN, il oppose pilotage et indicateurs à l’observation de l’acte pédagogique.

 

Je ne sais pourquoi, cela m’a rappelé deux Inspecteurs d’Académie.

Le 1er, appelons-le Jojo, m’a appris à cinquante ans – on apprend à tout âge – que les amis des amis ne sont pas obligatoirement des amis. C’était en effet un condisciple d’Ecole Normale, d’un de mes meilleurs amis, et nous avions dû, d’ailleurs, nous croiser chez cet ami commun au Maroc. Me présentant à lui, je tombais sur un personnage qui, pieds appuyés sur le fond de son bureau pour mieux se balancer sur son fauteuil, se balançait tout aussi visiblement de ce que je lui contais de mes expériences précédentes. Peu après, alors que je protestais pour m’être fait sucrer des heures de la dotation globale, j’eus droit à un adjudantesque « ce n’est pas ainsi qu’on s’adresse à son Inspecteur d’Académie ! » Et cet état d’esprit régnait dans tous les services. Notre Jojo ne s’embarrassait ni de pilotage ni d’indicateurs et encore moins d’autonomie des établissements.

 

Son successeur, lui, qui s’était choisi comme bras droit un remarquable IIO, était féru d’Indicateurs de Pilotage des Etablissements Secondaires (IPES*) dont j’étais devenu assez expert (http://donges.ac-nantes.fr/peda/ress/persdir/pindic.htm). Ce fut, pourtant, de tous les IA que j’ai croisés certainement la personnalité la moins imbue d’elle-même, la plus attentive aussi bien au bon climat de son Inspection Académique qu’à l’aide aux équipes de direction et aux IEN (favorisant le travail en bassin, en y associant les IPR, notamment). Son prédécesseur avait prétendu avoir refusé de succéder à Antoine Prost comme conseiller du 1er ministre (il est vrai que c’était Edith Cresson après Michel Rocard, les proportions auraient été respectées). Lui, s’est retrouvé au cabinet de Jack Lang, en 2000.

 

Donc pilotage, tableau de bord, indicateurs, etc. sont des outils indispensables, mais ne sont que des outils.

 

D’ailleurs le personnel de direction, lui, n’a officiellement aucun pouvoir sur les pratiques des enseignants. Même si, en réalité, c’est à nuancer quelque peu. Justement le pilotage par les résultats des élèves est un levier possible.

Dans ce collège, étaient instaurées de longue date, des épreuves communes aux quatre niveaux, en Français, Maths, Histoire-Géo et Anglais. En maths, nous avions touché un agrégé qui toisait ses collègues (l’un certifié, les deux autres PEGC) de haut et refusa de participer à quelque travail d’équipe que ce soit. Epreuves communes de 4e : un écart significatif entre la « sienne » et les deux autres (près de 3 points sur la moyenne). Conseil de classe : les résultats globaux des élèves  sont projetés, en même temps que chaque prof donne sa synthèse ; notre agrégé, devant la courbe de Gauss dont le sommet était vers 9, interpelle les délégués des élèves sur le manque de travail de leur classe et évoque les épreuves communes. Projection des résultats du niveau et de chaque division en maths, ce qui conforte le prof ; puis des résultats de cette division dans les trois autres matières où là ils étaient tout-à-fait en phase avec les résultats d’ensemble… Juste un petit commentaire quand même pour souligner que le problème ne se posait qu’en maths. La superbe de l’agrégé fut un peu ébranlée.

 

Plus globalement, l’information égale et lisible de tous les membres d’un conseil de classe est indispensable pour qu’il joue son rôle.

La mise en place d’épreuves communes n’instaurera pas le travail d’équipe, mais obligera à une progression commune et, par le biais de la mise au point du contenu précis de ces épreuves, à une réflexion collective sur ce qu’on veut évaluer.

 

Claude Thélot, évoqué par Pierre Frackowiak est justement le maître d’ouvrage des IPES, dont Jean-Claude Emin fut le maître d’œuvre avec son équipe.

Les personnels de direction n’avaient pas attendu, d’ailleurs, ces fameux IPES pour se doter d’indicateurs propres. Indicateurs qui permettent d’avoir une vue plus globale de la marche d’un établissement (d’une circonscription ?) et de situer le bilan d’une année dans son histoire. Mais les IPES, s’ils ne sont pas, par définition, spécifiques à tel établissement précis, permettent de se situer dans un espace plus vaste et surtout de se situer parmi des établissements comparables.

 

Reste l’ineffable, l’indicible, tout ce qui fait qu’une école, qu’un collège, qu’un lycée a son climat propre.

Il faut bien en prendre, cependant, la mesure qui n’est ni dans les PCS accueillies, ni dans les résultats obtenus par rapport à ceux « attendus », mais qui peut être le fruit amer de polémiques anciennes qui ont laissé des lignes de fracture souterraines, mais prêtes à s’ouvrir à nouveau sous les pieds du chef qui lance une idée qui a pourtant eu les meilleurs échos dans un poste précédent.

Mais dans cet impalpable même, l’image du pilotage qui implique non seulement d’être attentif aux cadrans du tableau de bord, mais surtout à la route à prendre et aux virages à négocier, me semble riche pour une équipe de direction.


*
Ipes et culture de l’évaluation

Les IPES (Indicateurs pour le Pilotage des Etablissements Secondaires) participent de ce que Claude Thélot  appelle une culture de l’évaluation. Ils ont connu, de la part des chefs d’établissement, la même méfiance vis-à-vis de ce cadeau de la « centrale » que celle d’Enée à l’égard de ceux des grecs. Cette batterie d’indicateurs standards offre - ce que les indicateurs propres aux EPLE n’ont pas – des références académiques et nationales (plus rarement départementales). Un premier malentendu vient de la confusion entre moyenne et norme. Surtout – et c’est là l’origine de beaucoup de réticences – avec la notion de valeur ajoutée, elle amène à s’interroger sur l’efficacité des EPLE : ainsi, à partir des « indicateurs bac », les lycées ont pu être, avec des outils statistiques rigoureux, répartis en quatre classes à partir des taux de réussite mais surtout de leur capacité de mener le maximum d’élèves de la seconde au bac. Deuxième malentendu : il ne s’agit pas de distribuer des bons points et des bonnets d’âne, mais d’inciter les personnels d’encadrement (recteur, IA y compris IPR, Personnels de direction) à analyser ces performances. Cet outil peut et doit être utilisé au sein de l’EPLE : outil de diagnostic pour le projet d’établissement, outil de bilan pour le rapport pédagogique annuel. Mais pour que tous les acteurs s’en emparent il faut qu’ils puissent comprendre ce qui sous-tend ces IPES, comment ils sont fabriqués, ce qu’ils décrivent. http://donges.ac-nantes.fr/peda/ress/persdir/pindic.htm

 

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